Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 24-03-2010 à 11:43:14
Les Goncourt : un laboratoire de méchanceté
Les vieux garçons.
Leur mode de vie confine à la culture en laboratoire de la méchanceté (intelligente), de la médisance portée à l'art de faire des portraits d'une incroyable cruauté, de donner de leur époque, de leur société, une image assez effarante et somme toute, fort éloignée des grands drames sociaux qui en étaient le cadre.
L'Histoire chez eux passe par le filtre d'un égoïsme fraternellement partagé. Et pourtant, quel régal que la lecture de ce Journal pléthorique qui brasse le mode des écrivains, du théâtre un rien mondain (les soirées chez l'insupportable princesse Mathilde), Dans le coquet appartement de la rue Saint Georges, et le voisinage de courtisanes qui habitaient le même immeuble qu'eux, puis quand Edmond fut seul, dans le petit hôtel particulier d'Auteuil, le fiel se coule en mots choisis et rares, en une écriture qui s'est imposée comme "écriture artiste" mais ne manque ni de charme ni d'élégance. Le Journal mis à jour voilà les deux frères, face à face autour d'une table-bureau, décortiquant des figures du passé (Marie-Antoinette, la du Barry, quelques coquettes qui ont fait leur gloire sur les planches) et proposant un type d'étude historique s'appuyant sur des documents et prenant un ton de sérieux qui est aussi parfois celui du notaire (dont ils ont aussi l'aspect physique). On assure qu'ils partageaient les mêmes conquêtes féminines et pratiquaient volontiers les vices du lupanar. Un mélange d'austérité d'apparence, de méticulosité intellectuelle et de perversion cachée, ce qui était bien le cas du bourgeois de leur époque et ce en quoi ils sont bien de leur temps.
Commentaires
Toute méchanceté a sa source dans la faiblesse, quelle fut la leur ?