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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 30-03-2010 à 11:57:55

Marie Antoinette sur le chemin du calvaire.

C'est à la mesure de la splendeur (un peu crispée) dans laquelle on l'aura célébrée qu'on montrera une Marie Antoinette allant à l'échafaud dans le plus misérable des appareils. Si David a su la croquer (d'une fenêtre placée sur le parcours, rue Saint Honoré) et donner là un des dessins les plus signifiants de l'horreur révolutionnaire, l'imagerie populaire va multiplier les fictions les plus larmoyantes, propres à diffuser la bonne parole, servir d'exemple, donner aux jeunes lecteurs une leçon d'Histoire qui va rejoindre les exigences de la morale.
Existerait-il une "morale historique" ? Nos livres de classe en sont le support, et selon l'orientation politique qui les parraine, ils donneront des personnages influant (sur le devant de la scène) qu'elle voit défiler un caractère conforme à un programme social donné.
 D'où les incroyables avatars de Jeanne d'Arc dont tous les régimes se sont emparé pour en faire une figure en conformité avec les idées dominantes.
Marie Antoinette, parce qu'elle a une vie publique offerte à tous les regards (d'où ses retraits au Petit Trianon, eux aussi jugés non conformes à son statut de reine), et le mystère qui plane sur la réalité de sa vie sentimentale, ne peut échapper à l'imagerie qui façonne, selon les humeurs des journalistes, l'esprit des pamphlétaires, un personnage qui sera, tour à tour, gracieusement impertinent, dignement hautain, suavement maternelle (le portrait de Vigée-Le Brun), puis, dans la fièvre révolutionnaire, canaille dans l'alcôve, sorte de Méduse avide devant l'opinion qui la charge de tous les maux dont elle s'est nourrie. D'ailleurs peu représentée, comme tant de femmes de l'époque, comme le pivot d' aventures sentimentales. Elle est l'anti du Barry.
On ne peut que lui prêter des amants, en désigner pour satisfaire à la curiosité du public, mais elle reste cachée derrière la parade, le luxe et l'ostentation du pouvoir dont elle se doit d'être le plus charmant ornement.
Victime elle ne peut qu'être à l'excès la repentante, l'envers de ce qu'elle fut, une figure de la désolation. 


 

Commentaires

Saintsonge le 30-03-2010 à 12:31:20
Domine, refugium factus es nobis, a generatione in generationem /ce chemin-là me rappelle que "les anciens du peuple tinrent conseil pour trouver le moyen de s'emparer adroitement de Jésus et le faire mourir... Ils vinrent armés de glaives et de bâtons, comme pour un brigand..Les prêtres et les pharisiens se réunirent en conseil pour s'emparer adroitement de Jésus et le faire mourir.. " Pour ces deux cas, je puis aussi dire qu' "au fond de moi-même, je sens mon coeur broyé et mes os se briser / Contritum est cor meum in medio mei ; contremuerunt omnia ossa mea... Voilà !

Pour une autre petite histoire de douleurs (quand je fus élève, tous mes livres de classe dont l'Histoire de France, savez-vous cher ami, je pensais que rien n'était vrai, que tout fut inventé comme d'un roman de Balzac, et déjà, je recherchai (à tort ?) l' Absolu, qui me guide encore... Taisez bien ce secret si aucun éditeur ne m'aide à me re-trouver, n'est-il pas , taisez-le bien ! Merci... Ah donc, c'était donc bien vrai, la Révolution, me dis-je vers... vingt ans (vous rendez-vous compte qu'en ayant, enfant, aucun interlocuteur réel, le rêve devint la matière de mes réalités, d'où phobie de la vie, sans doute...) Chuttt !