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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 31-03-2010 à 09:50:49

Olivier Brice et les armoires de la sacristie.

Si l'atelier en dit long sur celui qui en a fait son laboratoire de création, celui d'Olivier Brice dénonce son appétit extraordinaire qui est souvent la marque du grand artiste. L'accumulation des oeuvres en cours, celles qui ont trouvé leur finalité, et les matériaux de celles qu'il envisage d'aborder, se confondent dans un mélange de "cabinet de curiosité".
Après avoir un  peu erré à la recherche de son droit chemin créatif Brice s'est axé sur l'enveloppement de statues dont la plupart provenaient de la Chalcographie du Louvre (dont il a été un client frénétique).
C'était l'axe de sa démarche, un affrontement direct avec une oeuvre du passé. L'enveloppement (il était pratiqué, dans le même temps par Christo), avait de multiples fonctions, et suscitait de multiples effets. Mise en valeur des formes proposées, ou, au contraire, mise en sommeil d'un geste évoqué, d'un symbole exposé. C'était la tactique du linceul qui a pour fonction d'envelopper jusqu'à la totale banalisation des formes et suggère poétiquement le grand voyage des morts. L'acte créateur de Brice s'organisait autour de cet enveloppement, il jouait de l'infinie diversité de ses effets, devenant une sorte de calligraphie gestuelle. Peintre, Brice aurait certainement pratiqué le "dripping" à la manière d'André Masson ou de Pollock, c'est à dire une sorte de danse (initiatique ?) autour de la toile posée au sol.
Autant que l'oeuvre terminée (l'enveloppe figée) comptait le temps de l''exécution. Il ne répugnait pas de travailler en public, retrouvant le climat festif du happening.
Seule la photographie pouvait alors en conserver le déroulement (comme il en sera pour les cérémonies de l'art corporel : Gina Pane et les viennois nombreux en ces années là). Une question s'impose alors. Ce cérémonial n'était il pas de caractère mortuaire. Il  nous introduisait dans le canal terrifiant de la mort annoncée.
Les statuettes de Brice, dans leur armoire, font vaguement penser à ces objets de culte précieusement enfermés dans les sacristies. Ne serait-ce pas là la preuve qu'il y avait chez lui un pas vers une certaine religiosité de l'art ?