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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 14-04-2010 à 13:31:35

Michel Ragon admirateur de Francis Jammes.

)Arrachant de son support  une feuille de lierre à la face brillante et luisante comme un émail, Michel Ragon me la tendait en racontant qu'en un pèlerinage littéraire à Hasparren il avait fait de même devant la maison qui fut celle de Francis Jammes. C'était une manière appropriée à son sujet et m'invitant à me rendre au coeur de cette oeuvre que le hasard m'avait jusqu'alors fait ignorer. Pourtant, il est des auteurs les plus en faveur auprès des cercles de bibliophiles qui confient à des illustrateurs le soin de confectionner quelque bel ouvrage, de ceux qu'on hésite à feuilleter les ayant extraits de leurs emboîtages où le poème est enfermé comme un papillon épinglé pour une observation scientifique, ou les feuilles d'un herbier. Ce qui, dans le cas de Francis Jammes, recoupe son univers, familier, et celui qui fit l'attrait de son oeuvre en ses débuts, avant qu'il ne soit touché par la grâce de la foi vécue dès lors avec une ferveur quotidienne et quelque peu encombrante, son oeuvre, amorcée comme celle du peintre Maurice Denis, dans les forces de l'innovation, de la modernité, se diluant dans une piété plutôt naïve. Comme quoi, même en s'égarant sur les terres de Paul Claudel (qui l'y pousse avec vigueur), il ne perd pas totalement les feux de sa nature épanouie au coeur de la nature, à son écoute attentive.
Il aura ouvert la poésie à de nouvelles sources, alors même que le symbolisme, dont il était un héritier, s'épuisait de ses formules trop sophistiquées. Portant la littérature au coeur d'un quotidien familier et vaguement mélancolique (suite à des déboires amoureux). Il donne le ton à tout ce courant de la poésie que ne séduisent pas les feux du scandale surréaliste et de ses incursions dans l'automatisme, l'inconscient, ces zones secrètes qui subsistent en nous quand, lui, ouvre les portes et les fenêtres, chante les matins tranquilles de la montagne et ses  lumières lavées comme un linge qui claque, disant le monde dans ce qu'il a d'éternel et de simple.

 "Les campagne qui "tressaillent comme des ventres de femmes enceintes" lui ont livré "l'obscure douceur des choses villageoises". Il pénètre la vie des villages, des hameaux, des fermes et s'introduit dans les foyers les plus modestes pour en restituer le charme. Il célèbre les travaux des champs soit  par touches rapides, soit dans de véritables fresques." (Robert Mallet).

 

Commentaires

Saintsonge le 15-04-2010 à 06:18:32
Levé tôt, lire : m'amenèrent...
Saintsonge le 15-04-2010 à 06:14:11
Est-ce "mon" emprunt de Satie qui vous inspira, autant qu'il l'inspira ?

Ayant vécu à Nantes, aurais-je pu le rencontrer ?.. Je fus aide-comptable, aussi , c'est d'ailleurs mes études de comptabilité-mécanographie-sténographie qui m'amena aux Littératures et divers Arts !.. Jammes fut aussi de mes auteurs préférés, tiens, vous m'apportez salive de le relire - que me conseillez-vous ?..