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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 16-04-2010 à 09:51:07

Marcel Duchamp du côte de Puteaux.

Ils étaient trois (Marcel Duchamp, Duchamp-Villon et Jacques Villon) enfants de la bonne bourgeoisie de Rouen, qui fuyant les facilités d'une vie sociale tempérée s'engagent dans le domaine alors bouleversé des arts.
Bouleversé ? C'est le début du siècle, et la conviction profonde que quelque chose va changer. Doit changer. La guerre s'en chargera. Mais le monde de l'art est aux avant-postes pour scruter de nouvelles formes, une nouvelle pensée. A trois ils s'y lancent, Marcel Duchamp avec le plus de résolution, l'humour en plus qui permet de jouer l'ambiguïté, l'équivoque, le scandale ;  Duchamp-Villon dont le nom sert de trait d'union entre ses deux frères. Sculpteur audacieux qui trouvera justement dans la guerre annoncée son calvaire et son golgotha.  Jacques enfin, adoptant le nom de Villon en référence, et pour mieux souligner le caractère scandaleux de son entreprise. Ce qui n'est pourtant pas le cas. Il est moderne, invente une nouvelle formulation, mais le fait avec la lenteur de la réflexion. Copiant d'abord les maîtres du passé (en gravure) et constituant progressivement son vocabulaire, si neuf qu'il n'aura d'audience qu'au soir de sa vie.
Ils sont à Puteaux, alors campagne aux portes de Paris, assemblant autour d'eux la fine fleur de l'art novateur. On y raisonne mais on y révolutionne aussi.

Guillaume Apollinaire,  l'oeil aux aguets, ne les rate pas, les suit et les commente. Il est le chantre de cet art qui fait le pied de nez aux valeurs bourgeoises encore arrimées aux académismes. Il faut toujours se méfier de l'engouement des mondains, des gens en place, des officiels, de la  mode.
Il n'échappe pas toujours aux complaisances qu'inspire l'amitié et parce qu'il pratique la critique d'art en journaliste, tout poète qu'il est. Le poète ne commente pas, il collabore. C'est un travail à deux voix, l'art doit aussi évoluer sous les ailes bienveillantes  (et inspirées) de la poésie.

 

Commentaires

Saintsonge le 16-04-2010 à 10:52:12
Décidément, le curieux phénoméne des intuitions entrecoupées, je viens de glisser dans la poste de verre mon Babil-Art, avec un clin d'oeil à ... Villon, et, j'ai aussi une amie à Puteaux à qui je viens de poster une lettre (réelle celle-là), via la recette postale, une petite maison en forme de garde-barrière qui fait office de Poste, voyez, tous les hasards, via Les Lyrides, bouquet d'étoiles filantes jusqu'au 26 de ce mois !