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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 16-04-2010 à 14:16:15

Kafka chez les bibliophiles.

Ses textes annonçaient l'ère de la souffrance et de l'absurdité radicale du mal. On l'avait vu surgir, au milieu des diverses formes de nouveauté que proposait l'actualité éditoriale de l'époque. Mais tout restait à faire et l'Histoire avançait à grands pas qui forçait à continuer la prospection de l'oeuvre de Kafka (et sa traduction en français) dans la clandestinité. Jean Carrive était de ceux qui pouvaient en revendiquer l'apostolat. Il avait fait un passage furtif au sein du surréalisme et André Breton revendiquait son appartenance à une nouvelle forme de pensée qu'il veut diriger. Ce qui ne convient pas toujours à ceux qu'il attirait à lui et iront vers d'autres rivages. C'est le cas de Carrive qui ira du côté du Grand Jeu, et, là encore, simple passage.
Reste l'approche par la traduction (dont il fait son métier), de Kafka, et sa diffusion dans ces publications qui se posent alors contre la pensée générale, l'esprit de Vichy, une France qui vivait, justement, les fictions de Kafka sans le savoir.
L'émergence de Kafka dans le domaine français (passant par la traduction) se fera alors par des publications de nature confidentielle, jouant la carte de l'élégance éditoriale se substituant à une large diffusion. Ce sera la cas de "l'Arbalète", admirablement dirigée par Marc Barbezat, un éditeur comme seules les périodes de crise peuvent en générer.
Kafka revu par ceux qui l'admirent et veulent faire partager leur passion, s'inscrit ainsi dans une certaine forme de bibliophilie à laquelle il aurait été totalement étranger, lui qui demandait qu'on brûle ses manuscrits.
Il est curieux de noter que deux auteurs (lui et Artaud) sont ainsi révèles au public à travers des ouvrages de haute confidentialité, devenus des objets de bibliophilie.

 

Commentaires

Saintsonge le 16-04-2010 à 15:24:25
"qu'on brûle ses manuscrits", ah, voilà qui est enfin notifié (oui, j'y tenais quelque part, puisque souvent on l'ignorait, ou feignait l'oublier !) Vichy sous l'influence du "Château", et tous ces gens qu'on vient arrêter comme de sonner à la porte de qui verra la "métamorphose" arriver, oui, pourquoi pas cet étrange parralèle de l'Histoire la plus sombre !!! Logique du monde à l'envers où se déroulent les histoires de Kafka : "les chiens-volants sont parasites de tous côtés qui, sous prétexte d'art, se font nourrir par l'ensemble des travailleurs" ai-je lu en quelque livre. Opposition traditionnelle créateur / société ! Bien à vous ! Mais vous, ne brûlez rien (de vous !) Dites, votre "chambre" est-elle prête, enfin finie sur le chantier de l'écriture de ce nouveau livre évoqué quelques billets plus tôt ?