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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 17-04-2010 à 10:13:00

Hermine David parmi les livres.

Quand le peintre se fait illustrateur, toute la science de son métier se concentre dans la mise en forme (en valeur) en espace réduit, d'un "discours" qui a pour fonction de faire contre-poids au texte. Un art spécifique et délicat qui a connu des heures fastes dans l'entre deux guerres quand la bibliophilie consistait à reprendre des textes déjà connus (souvent des classiques) et de leur donner un encadrement flatteur, souvent si riche qu'il peut être perçu pour lui-même et comme une finalité  du dessin qui en est le médium obligé.
Hermine David, qui fut la compagne de Pascin et si proche de lui dans une sensualité exacerbée, mais plus enveloppée d'artifices, des colifichets d'une femme bien ancrée dans son temps et ses séductions passagères, s'est imposée dans ce genre délicat et séducteur.
On la voit s'atteler à de nombreuses entreprises éditoriales avec un éclectisme qui témoigne d'un tempérament riche et généreux, ouvert et dispendieux.
On la voit passer de la religiosité un peu désuète de Marie Noël à la prodigieuse épopée mondaine de Proust, des petits bijoux de Tristan Derème à la préciosité baignée d'intellectualisme de Giraudoux, de la malignité décadente d'Huges Rebell à l'atmosphère étouffante de Mauriac, de l'élégance bourgeoise d'André Maurois, de Verlaine si abondamment scruté par le dessin de ses nombreux illustrateurs aux singularités psychologiques de la littérature anglo-saxonne à travers Pearl Buck  ou Mary Webb, en passant par Maurice Barres ou le savant André Billy.
Au delà des modes, des courants qui structurent l'histoire de l'art et témoignent de son développement c'est une rencontre savoureuse, aux charmes désuets.