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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 22-04-2010 à 14:20:33

Henri Michaux et son ombre.

Si furtif qu'on pourrait penser à un rêve quand, au sursaut du lit on tente, non sans peine, à recomposer les images que l'on vient de quitter (ce sont elles qui nous quittent).
Voilà, une première fois, dans un couloir des studios (aux Champs Elysées) où l'on organise des pré-projections des films présentés sur une chaîne de télévision. C'était à propos du "Complexe de Pompéi". On discutait mollement alors que le invités s'installaient dans la salle minuscule. Je lui demande ce qu'il avait pensé du livre. Il regarde dans le vide, semble réfléchir, et lentement, comme s'il découvrait les mots au fur à et mesure qu'il les lâchait :  - Je crois que je m'en suis servi pour caler un meuble. Ce qui n'était pas répondre à la question, l'éluder ou peut-être simplement faire de l'humour.
Une autre fois, devant le haut et noble portail de son logis parisien, je vois un ami (A.M...) s'engouffrer non sans avoir préalablement regardé à gauche et à droite comme quelqu'un qui se serait senti suivi (observé?), ou qui se rendait en quelqu'endroit honteux (où il eut été honteux de se rendre). Saisi, je reste en observation (un temps relativement long) et je vois sortir Michaux lui-même.
Peu de jours après je rencontre A.M.. qui me dit ,non sans une pointe de vanité,
- J'ai rendu visite à Michaux l'autre jour.
Ce n'est qu'après que je me suis posé une question.  Pourquoi n'était il pas avec Michaux lorsque celui-ci sortait ?
J'ai trouvé la réponse. Comme Michaux n'existe pas c'est mon ami que je voyais sortir, il avait simplement pris l'apparence de Michaux, pour camoufler sa honte d'être venu dans ce lieu.

 

Commentaires

Saintsonge le 22-04-2010 à 19:34:42
Voyez le lapsus aveuglé de la lumière du soleil qui donne en plein dans mon oeil, vous écrivant, fenêtre ouverte, lire bien sûr : hallucinosique.
Saintsonge le 22-04-2010 à 19:33:21
Bonsoir, je reviens d'une marche face à l'île de Sein, la baie des trépassés et pointe du raz !.. C'est grâce de vous relire dans cet apport d'infini "turbulent" !.. L'ombre de Michaux vous a visiblement aveuglé comme dans cette lumière crue sur la grande page bleue immense qu'était la baie hallucisonique (pour reprendre un de ces termes)..! Freud vous aurait dit que vous avez fait un "oubli d'impression" !.. Et, pour vos rêves, seuls ceux des enfants, au lever, peuvent encore être interprétés, non ceux des adultes qui ne nous apparaissent que comme des lapsus calami (bris d'objets intérieurs, trop de secrets intimes inexplicables, par refoulements revenus en surface comme l'angoisse est un refus que "le moi oppose aux désirs refoulés",et, j'en ai connu des matins comateux pour savoir que les projections oniriques, dès le lever, ne sont que des interprétations mentales (le mental nous ment, tant, cher ami !), Michaux lui-même : "j'ai tenté de retenir et de noter mes rêves, hélas ! flous, gris et courts..." (I. T, p 173 - Nrf - si vous désirez aller y revoir !) Bonne soirée en bon domaine voisin !!!! (de blog à blog)