posté le 04-05-2010 à 09:20:00
Les stèles muettes de Fos.
Une version miniature de la Via Appia, mais sortie de la mer qui avait englouti, progressivement, par une lente montée des eaux, le port de Fos, comptoir commercial phénicien puis grec qui rejoignait, par un canal, Arles. Aujourd'hui port défiguré et voué à l'acheminement du pétrole qui aura tué l'esprit du village autant que son charme. Des ancêtres habilités à en gérer la quotidien n'y ont guère laissé de traces. Stèles muettes ou effacées par le temps (l'eau) à l'image d'une famille qui a perdu ses origines, dont la chaîne s'est brisée laissant à l'abandon une mémoire flouée, comme de n'avoir pas de père.
N'est-ce pas le comble d'une stèle que d'offrir le silence, l'effacement, et comme des remords. Il n 'y manque plus que les passants aux allures romantiques, les figurants d' amours impossibles qui s'appuient sur ce qui n'est plus que pierre à peine dégrossie. Quelques uns de ces voyageurs illuminés qui au XVIII° siècle faisaient "le grand tour" et s'abreuvaient de la sagesse antique. Les stèles en sont les bornes, ailleurs ornées de sentences qui en soulignent les points forts, ou rendant hommage à des ancêtres qui furent valeureux, héroïques ou couverts de gloire. Ici c'est le retour aux origines obscures. Stèles muettes. Stèles d'un cimetière d'absents.
Commentaires
Revenir de Dinard , accueilli par vos "stèles", c'est tout à fait symbolique !.. J'ai vu la "stèle" marine de Chateaubriand (enterré debout dans son grand Bey !), ah, Littérature d'outre-mer, tombe de tous les styles, je l'ai longtemps fixé, ce tombeau anonyme trop connu que sa dernière demeure ; autres stèles : les poèmes de Ségalen - "ceci n'est point du temps qui se mesure"...non plus !.. Bonsoir, allez-vous bien ?