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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 08-05-2010 à 19:07:29

Judith sous l'oeil de Georges Bataille.

Ce que l'actualité nous offre quotidiennement, créant une saturation qui gomme l'essentiel des effets recherchés de nous émouvoir, la peinture, alors qu'elle était le seul médium visuel propre à véhiculer des informations autant que des opinions, et donner à voir jusqu'à l'insupportable, a laissé, dans les musées, arrachés à leurs sources historiques pour n'être plus que des oeuvres à regarder (et admirer), les grandes pages de l'Histoire avec ses horreurs, ses blessures, ses crimes et ses pleurs.L'effet esthétique (ici unique) nous occulte la force parfois protestataire du sujet.
Il faut connaître la Bible, qui en est pleine, pour retrouver la force d'une action assassine dont  Judith est l'héroîne. Celle-ci, citoyenne de la ville de Béthui (en Judée) assiégée par les troupes d'Holopherne, se glisse dans la tente du général syrien et obtient le privilège d'y venir chaque jour, pour négocier les modalités mettant fin au siège de sa cité. Un soir, profitant de l'ivresse d'Holopherne, Judith lui tranche la tête qu'elle portera dans un linge jusqu'à Béthui comme preuve de son acte inspiré par le souci de sauver les siens.
Un assassinat qui se veut exemplaire. L'art de la peinture dépasse rapidement le fait historique (si fort soit-il) lui donnant une portée générale qui l'éloigne de sa source réelle. Plus encore, dans sa mise en scène, l'éclairage (déjà cinématographique) , l'oeuvre débusque des instincts contraires, complémentaires ou se mêlent volupté et crime. Dans cette grande tradition d'un art dépassant les limites du réel pour plonger dans les forces de l'inconscient collectif. Il faudra aller du côté des proses sulfureuses de Georges Bataille pour en décrypter le sens réel, qui se camoufle derrière l'allusion historique, celle-ci n'étant peut-être que simple prétexte.    

 

Commentaires

Saintsonge le 09-05-2010 à 18:23:12
Les flots comme une armée/ Les flots bleu-acier/s'abattaient sur la ville/Ils s'écumaient/dans leur force tranquille/Sur les brisants sur les rives/venus d'aucune rive/Ils rugissaient/Ils rugissaient/dans le vent incivil/du beau soir pommelé/Dedans eux en piqué/Les oiseaux /Les oiseaux/pêchaient

- Je n'avais pas d'amour, l'amour m'avait trahi/par les grands flots/venus d'aucun pays

(je vous offre ainsi l'original du poème de ce soir, face à la mer océane...!) // Trahison d'optique
Saintsonge le 08-05-2010 à 22:09:02
Histoire'de l'oeil, en effet... Encore un article pour lequel je ne fus prévenu de rien... "Anxieux des choses sexuelles"...