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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 14-05-2010 à 10:12:15

Pierre Louys courtise Aphrodite.

Avec Aphrodite (paru en 1896) Pierre Louys s'assure une réputation qui va se couler dans le sillon d'un érotisme teinté de culture antique. Aphrodite est bien la déesse de l'amour (et du plaisir) qui a autant de visages que de célébrants et brille dans son temple des feux d'une ardeur que démultiplie la troupe de prostituées chargées de diffuser son message. Il est intéressant de remarquer combien la vision de l'écrivain moderne face à un des aspects majeurs de la culture antique, croise les élans d'un érotisme débridé et d'autant plus ardent que l'époque maintient l'hypocrisie du savoir vivre qui occulte le monde souterrain de l'érotisme , ici mythifié.
Pierre Louys aura compris qu'il était aisé de faire passer le récit le plus hardi en jouant la culture comme creuset de ses fantasmes. L'antiquité aura séduit le Flaubert de "Salambo", ii et là le sujet offre à l'écrivain la possibilité de raffiner sur le vocabulaire. Louys ne s'en prive pas (et Flaubert non plus). Mais chez Louys le parti pris érotique l'emporte dans une histoire un  peu tarabiscotée. Une courtisane (Chrysis), un sculpteur (Démétrios) qui en est amoureux et qui commet de graves larcins pour obtenir ses faveurs. Un peigne sacré, un collier de perle ornant la statue d'Aphrodite dans le temple qui lui est dédié, un miroir d'argent appartenant à une autre courtisane, un ensemble d'objets propres à valoriser le corps de celle qui les exige, d'où cette exhibition un peu folle "devant la foule sur la phare d'Alexandrie et dans la nudité d'Aphrodite". Il s'en suit une arrestation, un emprisonnement, un empoisonnement (signe de la condamnation)  et, devenue le modèle du sculpteur, Chrysis morte devra incarner la vie immortelle.
Au cours du récit Louys multiplie les scènes propres à exciter son lecteur encore naïf. D'où ces scènes d'orgie (avec crucifixion d'une esclave), des séquences saphiques. Un brin d'orientalisme pour entrer encore dans les goûts de l'époque, dont la peinture académique nous a largement abreuvé.

 

Commentaires

Saintsonge le 14-05-2010 à 10:24:46
"Concha s'étendit à l'orientale sur une natte"... Déjà l'orientalisme dans "Le pantin"...