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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 20-05-2010 à 19:51:07

Danton impérieux, carrefour de l'Odéon.

photo Palagret.

Pour celui qui tend l'oreille de la mémoire, de sourdes rumeurs enflent qui viennent s'enrouler comme une tornade autour de la maison qui s'élevait là, où Danton avait son appartement. Il tend un doigt vengeur (accompagnant une parole de tempête) dans ce qui fut sa salle à manger. En plaisante compagnie il recevait là ses amis du club des Cordeliers (voisin, l'école de Médecine occupe son emplacement) et le peuple venait sous ses fenêtres, par vagues ardentes, pour marquer ses colères.
Il est le dieu de la colère, impétueux, fracassant, entrant tout droit dans la mythologie de la Révolution. On l'honore en lieu de place de ce qui fut le coeur de sa vie d'action politique. Tout converge vers lui. Le boyau coloré du Passage du Commerce (où Marat avait son imprimerie), la rue de l'Odéon stricte percée mettant en valeur le théâtre alors tout nouveau, la rue de Condé allant frôler le bel hôtel particulier de Beaumarchais, la rue de l'Ancienne Comédie où le Procope subsiste qui voyait Diderot, et Jean Jacques Rousseau deviser, tandis que d'Alembert jouait aux échecs. En face il y avait le théâtre de la Comédie française noyé aujourd'hui dans un immeuble banal.
Les travaux du baron Haussmann ont bouleversé ce qui fut le quartier de toutes les intrigues politiques, de toutes les passions. Les autobus, lourdement chargés font halte au pied d'un Danton impérieux. Des étudiants farceurs inscrivent des mots doux sur le socle de la statue qui ponctue le long cortège des automobiles et je vois Benjamin Péret, en compagnie d'André Breton, siroter une boisson gazeuse à la terrasse du café l'Odéon. Le beau temps est au fixe. On parle de révolution comme d'un jeu. Ou un spectacle qu'on imagine plus beau que la banalité du quotidien.

 

Commentaires

saintsonge le 20-05-2010 à 19:58:56
Je prendrais bien ce doigt de "Danton" pour dire aux récents voleurs des cinq toiles de maîtres (matisse, picasso, modigliani....) : allez ouste, à l'échafaud des écervelés !... Votre article sur "Paris" semble tomber à point (sur la valeur des statues, déjà)

JE HAIS les voleurs de tableaux !!!

J'ai comme un relent révolutionnaire en moi, ce soir.... Pardonnez l'écart !