Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 25-05-2010 à 10:49:50
Henry Miller peint le rêve.
Peindre, pour Henry Miller, c'est rêver. Se laisser aller à son rêve. C'est donner à voir le phénomène de métamorphose dont il est le territoire idéalisé.
Dans "Big Sur" il le précise bien : "....les mondes, les créatures, les objets, les lieux, ont tous ceci en commun : ils sont perpétuellement en cours de transformation. Le suprême bonheur du rêve réside dans ce pouvoir de transmutation. Quand la personnalité se liquéfie, pour ainsi dire, comme cela se produit merveilleusement dans le rêve, et que la nature même de son être se trouve transmuée comme une opération alchimique, quand forme et substance, temps et espace s'étirent et se rétractent à la moindre sollicitation du désir ; celui qui s'éveille de son rêve sait, sans qu'aucun doute subsiste, que l'âme impérissable qu'il nomme son âme, n'est que le véhicule de cet éternel élément de transformation".
On retrouve dans cette formulation ce qui fait tout l'attrait d'une oeuvre autrement déconcertante par l'impudeur dont elle témoigne, et comme cet élan de fraîcheur qu'elle appelle de toutes ses forces au delà de la tourbe du réel, l'emprise diabolique du désir charnel qui ne saurait se contenter des solutions les plus primaires qu'elle dénonce quand elle les nomme.
Faisant référence à Jérome Bosch il peut encore préciser que la peinture dégage "cette réalité baignée de rêve qui nous échappe constamment et qui est la substance même de la vie."
Sa propre peinture, peu soucieuse de réalisme immédiat, distille cette force flottante et comme furtive (comme le rêve), mêlant tous les règnes du vivant, vie végétale, incidents mineurs et visages qui cherchent leur poids de vérité, tant la vérité dont ils témoignent est fuyante.