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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 28-05-2010 à 10:38:08

Salvador Dali, une tête à claque.

Salvador Dali, une tête à claque.

Philippe Soupault cultivait la haine de Dali qu'André Breton avait mis à l'ordre du jour en le baptisant Avida Dollars. Il portait la bonne parole surréaliste et applaudissait ceux qui, comme moi, portaient un égal mépris pour celui qui, après avoir brillé de tous ses feux, et apporté au surréalisme une part importante de sa vision onirique, cultivait la provocation primaire et quelque peu mondaine.
Quel bonheur aurait été de lui asséner une claque méritée, comme je fus tenté de la faire, c'était galerie André Scholler, pour une exposition de mon ami Recalcati.
Une envie réprimée par un sursaut de bonne éducation qui interdisait de manifester publiquement ses sentiments. Pourtant quel affligeant spectacle que ce vieillard postillonnant, roulant les R et agitant sa canne à pommeau d'or, jouant son personnage pour un public pourtant blasé mais qui trouvait en lui l'indispensable vedette nécessaire à toute événement artistique.
Ce que l'on reprochait au peintre (que l'on admirait) c'était cette fabrication d'un personnage sans rapport avec l'oeuvre et lui apportant même préjudice et qui voulait qu'un artiste fut un être hors du commun, dont le personnage fut "visible", au point que Dali amorçait  cette dangereuse tendance à confondre oeuvre et comportement au point de lancer un mouvement artistique (?) qui se résumait au comportement. Etre suffisant en soi, du moment qu'on en soulignait la singularité voire l'excentricité, substituant une performance gestuelle ( ou vestimentaire ) à l'expression, la construction d'une vision, la qualité d'une traduction et d'une maîtrise de la matière pour dire le monde, ses sentiments, sa pensée.
Va déferler toute une génération de pseudo artistes qui s'agitent et jouent uniquement la provocation, comme si choquer était en soi une fin suffisante, une preuve qualitative du statut d'artiste. Celui-ci, métamorphosé en clown, ne s'est-il pas égaré, en transformant le monde de l'art en piste de cirque ?

 

Commentaires

saintsonge le 28-05-2010 à 11:47:32
Enfant, je m'interrogeais de savoir qui était ce "fou du chocolat Lanvin" !... La claque eût été donnée, en ne publiant pas cet article puisque c'est encore l'honorer, non ?.. Ils adorent ça, d'être encensés, ceux qu'on déteste même... Ca prouve toujours un intérêt pour la haine de cette personne, et eux, ils ne voient que "leur personne" adulée, non la haine ou le mépris - d'ailleurs, de mon côté, je ne mettrai jamais un de ces tableaux qui fut pourtant de mes chouchou, ne citant même pas ici le titre, ce serait trop donné encore... A New York, aussi, dans un hôtel de luxe, il fit son "cirque" : vomitif à souhait !