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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 30-05-2010 à 10:47:35

René Crevel un "dandy intérieur".

L'image qu'il donne de lui, plutôt flatteuse et répercutée par son entourage, l'effet de séduction qu'on lui reconnaît ou qu'on lui attribue faussent l'itinéraire de sa pensée. Je fus, le premier, victime de l'équivoque. Les nombreux témoins que j'avais rencontré (Valentine Hugo, Pierre Minet, Tristan Tzara) lors de l'Hommage que je voulais lui rendre (à travers la revue Temps Mêlés) m'a conduit à écrire une assez stupide introduction, ce qui n'échappa pas aux surréalistes du moment qui ne manquèrent pas de me clouer au pilori. Ils avaient alors raison. Mention honorable faite, revoyons le cas Crevel. Un écorché vif, le sang au fleur de peau et la mort qui rôde autour de lui (suicide du père) jusqu'à ce qu'elle le plaque au sol comme un lutteur affaibli.
C'est bien ce qui pouvait justifier le correctif engagé par les Nouvelles Littéraires rendant, à leur tour, un hommage à celui qui y avait assuré, dans les années 30, le rôle de secrétaire de rédaction. Je ne pouvais m'empêcher d'y songer lorsque j'y  étais, à mon tour, rédacteur, et dans les mêmes locaux, sans doute parmi les mêmes meubles car la maison jouait la carte de l'ancien, avec poussière garantie et complicité intérieure qui faisait d'un journal ( de modeste tirage) une plaisante famille. Insuffisant, sans doute, pour faire obstacle à la mort  d'un "dandy intérieur".

 

Commentaires

saintsonge le 30-05-2010 à 16:12:58
Le titre me ravit !..

Je présume que vous connaissez La photo de 1929 le représentant auprès des Tzara/Eluard/Ernst/Ray/Arp/Tanguy/

Breton et votre "ennemi" Dali...

J'ai de lui le caractère "d'imprimerie" ! (mais lui est né dedans, si je puis dire..par son père) "Mon corps et moi" ont des bouffées d'enthousiasme, suivi d'un désespoir venu de je ne sais où, sourire en italique, voix en Capitale de Solitude d'imprimerie - j'évite le "gaz" -,

avec cependant moins de cruauté aiguë dans le ton....Avec lui, je suis "docile aux voies souterraines", vous savez !

On me trouve austère, quand je prône le sérieux, puis sévère quand je vénère l'intransigeance...dans une "impossibilité de vivre" aussi, au coeur de ce siècle honorant la Vitesse !

Je Crevélise mes moments d'attention, donc j'ouvre mes yeux !

Un receveur des Postes m'a dit un jour :

- "Vous avez été reçu au concours difficile de receveur, et vous quittez votre beau métier pour l'écriture, si jeune ? Etes-vous fou ?...."

Voyez que j'avais du Crevel à ma petite trentaine, déjà !.