posté le 31-05-2010 à 16:46:39
Matisse vu par Henry Miller.
Au milieu de cette tourbe qu' Henri Miller nous inflige dans le "Tropique du Cancer" il y a des pages admirables qui soulignent ses émotions profondes devant divers aspects du réel (que d'élans purs pour décliner les fantaisies climatiques du ciel !) et rencontrant la peinture de Matisse il se surpasse en lyrisme sain et dynamique. "...je suis ramené entre les véritables limites de l'humanité. Sur le seuil de cette grande salle, dont les murs flamboient maintenant, je m'arrête un moment pour me remettre du choc que l'on ressent lorsque le gris habituel du monde se déchire subitement, et que la couleur vive s'étale en chant et en poésie. Je me trouve dans un monde si naturel, si complet, que je suis perdu. J'ai la sensation d'être immergé dans le plexus même de la vie, de me trouver au foyer central, quelle que soit sa place, la position ou l'attitude que je prenne."
Et de risquer une comparaison avec Proust.
"Perdu, comme le jour où je m'enfonçai dans l'ombre des jeunes filles en fleurs, et où je m'assis dans la salle à manger de ce gigantesque monde de Balbec, saisissant pour la première fois le sens profond de ces silences intérieurs qui manifestent leur présence par l'exercice de la vue et du toucher." Donnant, au passage une pertinente définition du "miracle Proust" : il " avait permis de déformer l'image de la vie au point que, seuls ceux-là qui, comme lui, sont sensibles à l'alchimie du son et du sens, peuvent transformer la réalité négative de la vie et lui donner les formes substantielles et significatives de l'art".
Séduisant parcours que celui-là, qui conduit de Matisse à Proust par le plus court chemin des métamorphoses du réel, ce que Miller fait si bien quand il ne s'attarde pas à des détails scabreux. La réalité à laquelle il veut échapper ?
Commentaires
Jeudi dernier, j'étais au.... Bois d'amour , une autre "limite de l'humanité".... Gauguin, le premier des naturistes (il se baignait nu dans l'Aven et aux Marquises, le saviez-vous ?)