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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 10-06-2010 à 10:21:42

Lautréamont sur le Boulevard.

Publié à part, le Chant premier de Maldoror le sera chez Balitout, rue Baillif entre la rue de la Croix des Petits Champs et celle des Bons Enfants. L'édition définitive, complète, sera confiée à l'éditeur Lacroix, boulevard Montmartre (les Poésies paraîtront à la librairie Gabrie passage du Verdeau). C'est baliser, du même coup le champ d'exploration piétonne de Lautréamont qui tient à un espace réduit, que le Second Empire avait il est vrai doté de tous les prestiges. Ce sera le mythe des Bopulevards.
Lautréamont n'avait pas a aller bien loin pour se tenir au courant de l'actualité littéraire. C'est du temps où il habitait la rue Vivienne (plus tard ce sera celle du faubourg Montmartre) qu'il peut découvrir à la vitrine de l'éditeur Michel Levy, les nouveautés.
Ce solitaire hautain et splendide, errant sur le boulevard, frôlant les passants comme des ombres quasi irréelles " subissait le sortilège de la grande ville, captant ses messages et, la démarche somnambulique, cherchant de la rue Vivienne à la rue de la Paix, l'ombre des héros de ces romans noirs dévorés dans la solitude de Bazet".
Descendu de sa chambre d'hôtel, il est la proie de toutes les fantasmagories qui le harcelent, la solitude le rendant moins impropre au contact d'autrui,  que porté par le pouvoir de transfigurer dans son espace imaginaire les remous du réel, dans une autre dimension.
Fondu dans le foule il en extrait des forces suffoquées de cruauté ou d'angoisse, et la portée de son texte est si périlleuse qu'il le publiera d'abord dans l'anonymat le plus complet (les trois étoiles !) avant de se camoufler derrière un nom d'emprunt.

 

Commentaires

Fanny39 le 10-06-2010 à 11:23:07
Certainement un écrit à lire
saintsonge le 10-06-2010 à 10:56:38
"Je n'écrirai pas des mémoires" (phrase de Lautréamont préférée par JMG Le Clézio) ; dans Rebelote (avec Jean Pierre Léaud) "Je remplace la mélancolie par le courage, le désespoir par l'espoir, la méchanceté par le bien, les plaintes par le devoir, le scepticisme par la froideur du calme et l'orgueil par la modestie", vous avez eu un chant de Mal d'aurore, par le nouvel habit de votre lapsus , dévoilant "le mythe des Bopulevards"... Lord Byron est dans la strophe de l'océan du chant 1 ! Votre dernière phrase sur le camouflage me fait songer à Paul Ricoeur sur le fragment d'une inscription de "soi-même comme un autre"... Vrai : " il n'est pas donné à quiconque d'aborder les extrêmes, soit dans un sens, soit dans un autre...." Enfants, et famille, enfants sadiques, aussi, amitiés masculines, guerre en 1846 entre l'Argentine et l'Uruguay, tous ces chants dans les paysages de l'Humanité : beau ! (de l'air, déjà ?)