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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 26-06-2010 à 10:58:32

La théorie des traces.

De la manière de faire des livres.

J'admire jusqu'à les envier ces écrivains qui achètent à l'épicerie du village le cahier d'écolier de 100 pages, couverture ornée d'une Jeanne d'Arc virile, et dans un café, dans le brouhaha des parties de belote, suivent au fil de la plume l'histoire qu'ils ont dans la tête et se dévide, régulièrement, comme d'une pelote.
Un livre en sort, qui aura la cohérence de sa fabrication même, une logique et cette continuité fondamentale d'une écriture en continuité. Linéaire, ramassant au passage personnages, situations et décors pour en faire une histoire attachante.
Mon propos, la manière anarchique, éclatée de l'élaboration découle de l'ampleur (vaine ?) d'un projet qui veut construire une sorte de mosaïque où des pièces rapportées, assemblées, venues de tous les horizons, s'agencent peu à peu, dessinant un motif qui prend son allure générale, la forme souhaitée, au terme d'un nombre de manipulations indéterminables, nécessitées progressivement par des besoins qui surgissent et qu'on n'aura pas obligatoirement prévus.
Des incises s'imposent, des annexes doivent s'agglomérer, des échappées qu'il faut retenir. Un mixage épuisant et difficile, où écrire constitue alors à placer des balises, des poteaux indicateurs.
Un livre est un territoire fléché où le lecteur suivra l'auteur dans les méandres labyrinthiques de ses fantasmes, de ses propres investigations, car écrire c'est aussi  explorer, découvrir, se risquer dans l'inconnu de soi-même.
J'en confonds volontiers la pratique avec celle de l'archéologue qui fouille le sol apparemment vide et sans vie, pour en tirer des villes fabuleuses, des vies légendaires.
D'où le titre général donné à ce qui n'est ici qu'une parcelle indécise et largement ouverte sur le hasard, de THEORIE DES TRACES.

 

Commentaires

saintsonge le 26-06-2010 à 11:41:34
Ah mais je fais pareil, cher ami ! M'admireriez-vous pour autant ?... Mon ex venait me chercher dans l'un desdits cafés de Pérenchies (nord), me bousculant le coude de la main qui écrivait : reviens, reviens à la maison, ...

Je vous apprends ainsi que la concentration est à son maximum quand le travail d'écriture se poursuit (que j'interrompais, parfois, d'une partie de billard avec la clientèle m'y invitant - fût-ce le bon temps ?.. Maintenant, je suis un ours comme vous ( il faut dire que les douarnenistes n'aimaient pas me voir écrire dans l'un des bars de la ville, ils me cherchaient la castagne plutôt ! Aussi, un soir, cahier-manuscrit sous le bras, je le remis à l'entrée de la discothèque où j'allais m'encanailler (dirait l'autre) , lequel cachier, je repris, à 6 heures le matin, à la fermeture, pour le relire sur la plage d'ici... Qu'en pensez-vous ?)