posté le 26-06-2010 à 11:23:40
Lewis Carroll n'est pas pour les enfants.
C'est une bien étrange idée que de confier à la lecture d'esprits encore innocents, et surtout disposés à mieux sentir toute chose pour la sentir la première fois, les Aventures d'Alice (au pays des merveilles). Les adultes sont armés pour tous les coups, et les inventions diaboliques de Lewis Caroll ne le troubleront pas. Il regardera les aventures d'Alice comme une divertissement distingué, un peu bizarre, mais sans doute ainsi parce qu'anglais. On place l'humour anglais là où il se déploie avec le plus d'aisance, et surtout dans la montée en force des mots à double sens.
Dire qu'Alice est précipitée au "pays des merveilles" c'est placer le merveilleux non dans l'enchantement attendu mais dans l'incongruité, l'inattendu, l'espace des prodiges qui est aussi parfois celui des cauchemars. Où situer les aventures, les épreuves, les rencontres qu'Alice affronte, sinon dans un pays qui n'a pas nos règles (convenues) ni notre mesure (le poids des habitudes). D'ailleurs elle y parvient dans une longue chute. Premier indice qui retient l'attention des psychiatres amateurs. De là à évoquer la matrice originelle, quelque exploration dans la libido, il y a toute la distance entre un regard innocent et celui qui prenant ses distances peut établir des analogies, dresser des comparaisons auxquelles tout esprit encore vierge échappe.
Reste les animaux rencontrés, un bestiaire que n'aurait pas dédaigné Lautréamont non ? il se métamorphose en jeu de cartes. Comme quoi, disposer d'un bon jeu dans une partie (bridge ou poker), c'est un peu établir une alliance, un contrat, avec quelque force supérieure.
Peut-on se fier au chat du Cheshire Humpty ? Tous les illustrateurs l'ont vu grimaçant et pas loin de la morphologie d'un monstre.
Lewis Carroll lui-même est un bien étrange personnage, à double face. Quand il est le révérand Charles Dogson il est de figure sévère qui déplaît à ses élèves au point que circule une pétition pour se dispenser de ses cours (de mathématique), mais quand il est Lewis Carroll, et surtout en barque en compagnie de petites filles, il est l'homme le plus charmant, le conteur le plus captivant. Et quand on sait que c'est pour séduire quelques unes d'entre elles (le soeur Liddell), il devient l'homme le plus doux, le plus charmant, le plus séduisant. A-t-on assez bien noté que son conte est d'une violence assez calfeutrée, de ce confort un peu étriqué du sweet home britannique. Comme une main de fer dans un gant de velours.
Ajoutons la manie de photographier les petites filles assez dénudées et l'on aura un portrait plus ou moins ambiguë du charmant homme. Pour les photos on repassera un autre jour.
Commentaires
On rencontre souvent son petit lapin blanc, encore faut-il le reconnaître.
ah oui, avez-vous rencontré votre "petit lapin blanc ?"
Mais vous avez traversé le "miroir" ?... Je ne comprends plus, je reviens de m'inscrire sur votre planète autre, hier, et, vous revoici, repassant par là ! ... Que de traces dois-je suivre en ce moment , dites-moi ! Auriez-vous perdu votre "caverne" ?... ou du miel ?... Bien à vous de retour, donc, pour le fond de l'univers de ces pages que je lui préfère... Je viens de laisser un commentaire sous l'articles d'ici "traces"