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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 02-07-2010 à 15:32:25

Lautréamont en cinq lettres.

D'ordinaire, la connaissance de la correspondance privée d'un auteur dont on veut connaître l'intimité, et juger de son tempérament, offre une ouverture qui a le mérite d'échapper à toute pudeur, toute hypocrisie sociale qui entoure et conforte la vie de chacun. On y fouille le quotidien, le pensée arrimée aux épreuves de la vie, les sursauts d'une douleur, les emballements d'une passion, comme en une sorte de sismographe d'une sensibilité mise à l'épreuve par les frôlements avec les autres et la prise de conscience progressive de sa nature propre.
En regard de la personnalité de Lautréamont, dont sont rares les repères et fluctuantes les appréciations, le recours à la correspondance reste vain.
Elle est constituée de 5 lettres. A son banquier, à son éditeur. C'est à dire dans le triangle obligé entre l'auteur et celui qui va assurer le financement de son ouvrage, Lautréamont étant condamné (comme Rimbaud et tant d'autres) au compte d'auteur.
Triangle périlleux parce qu'il engage la confiance, la reconnaissance de la chose écrite, l'avenir de celui qui s'y inscrit avec conviction et sans doute une forme d'innocence dont beaucoup auront d'ailleurs à se plaindre.
Nulle perspective affective dans cette absence de lettres intimes (et à qui ?)
Cela ne traduit-il pas une profonde et irrémédiable solitude ?

 

Commentaires

saintsonge le 02-07-2010 à 16:36:03
ah que oui !.. fait réponse à votre dernière question ; En lisant l'intitulé de votre article, à réception du mail, j'avais cru au mot de cinq lettres, non celui de Cambronne lancé à l'adresse de la Littérature en général, qui berce souvent d'illusions l'auteur qu'on trahit ensuite, mais justement à celui de

"C H A N T"...

Si tout dans la Passion fait solitude, car après tout, Mozart lui-même mourut seul, jeté en fosse, comme un vulgaire paquet (d'ailleurs, au fait, monsieur mon ami, s'il eût été psychanalysé, on eût jamais goûté d'entendre la moindre sonate, peut-être...), si tout amène jusqu' à ces déserts, que ne sommes-nous que des "marionnettes" de nos ambitions, fussent-elles les plus pures ?