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lettres de la campagne

posté le 08-03-2010 à 11:53:14

Alfred de Musset dandy.

Il ne pouvait en être autrement. Le romantisme qui sonde les affres du coeur,  ne pouvait échapper au dandysme qui est une manière d'affronter (sinon de défier) une société médiocre et veule, et parce que sortie de l'épopée napoléonienne, la société française n'offrait qu'une monarchie dévaluée, accrochée à ses préjugés et qu'une jeunesse ardente aspirait à des horizons plus flamboyants.
Si le dandysme va se développer sur la fin du siècle (autour de Barbey d'Aurevilly) il s'annonce dans le sillage du romantisme et comme la phase mondaine de sa propre volonté d'échapper à la pesanteur du quotidien.
Outre ses origines sociales (une aristocratie bourgeoise) Musset avait de surcroît ce charme presque ambiguë, cette beauté fragile (qui est celle d'un être maladif) qui lui donnait accès à des relations où tout se jouait sur le charme, et bientôt (presque inévitablement) sur la débauche. Il en fera un style de vie, en marge du monde et de la littérature qui se croisent autour du mythe de la femme et de l'amour. Musset en cultive les ressorts mélancoliques au delà des aventures galantes multiples et vaines. A quoi s'ajoute une anglomanie de l'époque à laquelle Musset n'échappe pas qui prend pour modèle Byron.
Il fréquente assidûment les Salons, les maisons de rendez-vous, les lieux de débauche (sexe et alcool), et le Boulevard (alors celui dit "de Gand").
Une recherche vestimentaire qui le distingue de l'homme condamné aux besognes  
serviles, une manière de signer sa présence autant qu'affirmer une certaine indépendance. Elle sera brève, comme si toute vie hors des normes était condamnée (ou maudite ?).

 


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1. Saintsonge  le 09-03-2010 à 04:29:33  (site)

Alfred était-il de sortie, en "dandy", n'ai eu votre article que... ce matin, heure des anges, trois heures passées d'une... Curieuse blogosphère, mondosphère, tout de même !...

 
 
 
posté le 07-03-2010 à 11:03:38

Alfred de Musset dessine.

Quand Musset dessine.
Sans prétendre avoir le talent d'un professionnel Alfred de Musset aime dessiner. On aura ainsi, grâce à lui, une petite rubrique de ses relations avec George Sand une manière de journal de bord d'amours qui furent délicates, complexes et malheureuses.
Cette "manie" de dessiner, sans prétention date de sa plus jeune enfance. Il tient un carnet de croquis où il note ce que l'oeil voit  et que la mémoire conservera pour en nourrir, ultérieurement, son territoire littéraire.
Le romantique naît dans la découverte du monde, et ses surprises, rien ne lui est indifférent mais des lieux, des monuments, des situations prennent valeur de références.  
Ce citadin découvre la campagne, ses châteaux tranquilles, ses vallons parfumés, ses bois habités. Ultérieurement il sera plutôt porté à un ton plus grinçant, narquois, axé sur les personnages de cette comédie humaine qui meublent la société mondaine dont il est une des figures adulées.
Son dessin n'atteint jamais la force et l'invention de Victor Hugo, unique en son genre et souvent sublime, mais il accompagne sa vie, en est parfois le reflet.
En dessinant le manoir de Bonaventure il fixe un temps heureux de son enfance. Le domaine fut le cadre de festivités culturelles où figuraient Ronsard. Une filiation, poétique qu'il privilégiait.

 


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1. Saintsonge  le 07-03-2010 à 16:15:53  (site)

Que n'aviez-vous placé ici les poèmes érotiques qu'ils se sont envoyés où il nous fallait lire toutes les deux lignes pour en comprendre et saisir tout le sens porteur !... Huit ans avec Chopin suffirent au musicien ! Femme en pantalon fumant le cigare , ça en dit déjà long sur la domination qu'elle eut sur les hommes... Et, tout ceci avant demain, faux jour J de la femme, bel hommage, via Musset...dont "ce qui est noir n'est peut-être qu'obscur" en ce dessin..., pour citer Hugo que vous nommer.

 
 
 
posté le 06-03-2010 à 11:24:22

Mabel Dodge Luhan parle de D.H.Lawrence.

Axé sur les séjours de D.H.Lawrence à Taos (sur son invitation) l'ouvrage de Mabel Dodge Luhan a valeur de témoignage de "première main". Il s'inscrit dans de vastes mémoires suivant la carrière mondaine et intellectuelle d'une femme ardente et fantasque avec laquelle Lawrence aura des rapports complexes et tumultueux. Mabel Dodge, après une vie mondaine à New York où elle tenait salon décide de se retirer au milieu des indiens du Nouveau Mexique et fascinée par leur mode de vie elle songe à Lawrence pour en faire une sorte de témoin, espérant qu'il mettrait sa plume au service d'une civilisation en perdition. D'autant qu'elle savait Lawrence lui-même engagé dans une sorte de combat contre la civilisation occidentale qui, selon lui, tuait les germes naturels de l'homme, et conduisait la civilisation à ses pires excès (cela au début du XX° siècle ce qui lui donne le statut de précurseur des problèmes évoqués aujourd'hui).
Lawrence qui pratiquait un quotidien fruste et "proche de la terre" sera d'abord sensible à l'exemple donné par un environnement enchanteur (quoique rude au quotidien). De son séjour naîtra l'un de ses livres les plus singuliers : "Le serpent à plume" et divers textes et nouvelles (dont "Matinées mexicaines").
Peignant Lawrence au quotidien Mabel Dodge démystifie grandement l'homme qui révèle à son contact ses faiblesses, la complexité de ses rapports affectifs étant compliqué par  l'hostilité de son épouse, l'encombrante Frieda, et la présence d'une admiratrice pittoresque, Dorothy Brett (qui laissera, elle aussi, de piquants souvenirs).
L'ouvrage qui a parfois des allures de règlement de comptes, n'échappe pas aux ragots et le caractère impulsif et bizarre de l'auteur, offre de Lawrence un portrait en creux. Pathétique jusque dans ses outrances, les faiblesses qu'il souligne, les traits mesquins qu'il révèle.


 


 
 
posté le 05-03-2010 à 17:29:07

Pierre Gaste / Michel Gérard frissons, fissures.

Frissons, fissures.

Pierre Gaste confronté à Michel Gérard explore le même espace exposé aux tremblements (ce doux tremblement évoqué par Max Ernst). L'un dans la texture végétale avec ses douceurs, ses enveloppements sensuels, ses explosions, ses germinations signe de renaissance, de vie en devenir, alors que Michel Gérard affirme et définie la mort. Fissures sur le minéral, les pierres tombales, les socles des statues dont il fait la matière de son  oeuvre.
Un monde d'incertitude, d'attente, où le temps semble suspendu. Souplement chez Gaste, regardant la nature ;  implacable et plein de menace chez Michel Gérard dont il semble que le sort est fixé. Il y a même les fragments d'une inscription, comme celles que l'on déchiffre sur les pierres extraites des chantiers archéologiques.
Frisson dans le chemin, fissure dans la pierre. A chacun ses blessures.

 


 
 
posté le 05-03-2010 à 11:59:27

Alde maître typographe.

Il y a une vision historique de l'aventure d'Alde Manuce, l'un des plus grands, typographes de son temps, et, opérant à Venise, faisant de celle-ci, du temps de la Renaissance, un des hauts lieux de l'édition.
Mais, ce savant adonné à grec et qui choisira le caractère grec pour certaines de ses éditions, le fera aussi pour des raisons pratiques. Sa forme même permettait de contenir plus de texte en moindre espace, d'où une économie, mais surtout parce que le grec  était, pour cette génération de savants, la langue la plus propre à conserver dans leur intégrité les textes littéraires de l'antiquité et ceux qui touchaient à la théologie.
On doit en particulier à Alde Manuce l'édition légendaire du "Songe de Poliphyle" l'un des textes majeurs dans l'histoire des jardins, et l'un des plus beaux livres, devenu aujourd'hui un exemple et une référence absolue.
La typographie est bien l'art de distribuer, organiser, baliser l'émergence dans l'espace de la page, des caractères qui sont comme les relais de la pensée. On peut imaginer l'équivalent des circuits  qui véhiculent le flux de l'électricité et ici  de l'esprit.
Dans cette sorte de forêt si admirablement architecturée, la pensée circule d'arbre en arbre, appuyant sur l'un, flirtant avec l'autre, menant son chemin avec constance. A penser qu'une belle typographie annonce un texte accompli, ayant lui aussi sa beauté. Un rapport forme et fond qui s'accorde à l'oeil au nom du plaisir.


 


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1. Saintsonge  le 05-03-2010 à 13:03:37  (site)

Où est l'ancre et le dauphin de cette somptueuse aldine ?

 
 
 
posté le 04-03-2010 à 14:45:13

Kopac entre l'art brut et le surréalisme.

Une première fois, ce fut dans la galerie que le photographe John Craven avait créée rue des Beaux-Arts (un espace lumineux, un accrochage désinvolte mais vivant). Une oeuvre de Kopac flamboyait sur le sol, sorte de totem narquois et un rien insolent. On apprenait (Michel Ragon le confirmera lors de sa présentation ultérieure à la galerie Mona Lisa) que Kopac avait été le secrétaire (sic) de l'institution dont Jean Dubuffet amorçait la création et qui devait être consacrée à l'Art brut. Venu de la galerie René Drouin, place Vendôme,  Kopac se retrouve dans ce charmant petit pavillon au fond du jardin de l'hôtel où s'est fixé Gallimard. Trop brève aventure qui s'achève sans éclat. Kopac menacé de disparition. Mais Benjamin Péret (qui s'était intéressé aussi à Gaston Chaissac) le redécouvre et avec Andre Breton lui donne une nouvelle chance dans la sulfureuse galerie "L'Etoile scellée" qui était devenue une étape de l'aventure surréaliste. Etrange parcours que celui de Kopac, reconnu comme artiste de l'art brut et célébré par les surréalistes. C'est dire combien est riche sa démarche et complexe son univers.
Pour compliquer encore l'approche de cette oeuvre on apprend qu'elle séduira Asger Jorn grand prêtre du mouvement Cobra et qu'il se plaisait à faire se côtoyer leurs travaux.
C'est que Kopac n'est pas qu'un peintre sur toile mais manipulateur de matériaux les plus divers. Ce en quoi il se rapproche des artisans de l'art brut.
Philippe Dereux (lui-même inventeur d'une technique de collage à base d'épluchures) ne manque de rappeler qu'il "utilise tour à tour - et souvent combinés- la pâte plastique, le ciment, le bois - de préférence usé, vieilli - le verre cassé, fragmenté - la lave, l'ardoise, la pierre, la brique, le papier, la serpillière, la terre - nous voulons dire la céramique - pour créer son univers". Et de conclure : " il est, dans des réussites les plus significatives, et si l'on considère dans sa ligne de force plus barbare que les arts barbares, plus primitif que les arts primitifs, comme si l'artiste, par un prodigieux recul de quelques millénaires, revenait aux sources de l'humanité"
C'est dire à la fois l'originalité (la singularité ?) et la fraîcheur d'une oeuvre qui échappe à toute classification tant elle parle à notre inconscient plutôt qu'à notre soit-disant bon goût de "civilisé".

 


 
 
posté le 04-03-2010 à 11:50:09

Olivier Brice dans les coulisses du musée.

Parce qu'elle s'appuie sur l'archéologie (d'où son attrait) et s'inscrit parfaitement dans l'esprit du musée, lieu de conservation, l'oeuvre de Brice se prête bien à des rapprochements, voire des confrontations, avec les plus méconnues des oeuvres entreposées dans les réserves de ces musées, les réveillant en quelque sorte, leur donnant un sens nouveau, et prêtes, dirait-on, à entrer dans son  propre univers (pour être, par exemple, voilées, comme le sont -sur copies- les antiques du Louvre).
C'est que le travail d'Olivier Brice repose principalement sur l'idée de la mort, son cérémonial, l'espèce de mise en orbite mythologique des êtres statufiés, modélisés pour défier le temps. S'il puise, parfois, dans une sorte de Pompéi ouverte à toutes les divagations de l'imaginaire, il est prêt à en créer de toute pièce avec des oeuvres qui passent directement de leur création à leur caractère "muséal".
 

 


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1. Saintsonge  le 04-03-2010 à 12:08:54  (site)

Magnifiques lunettes à la Joyce-Schubert..., quelque peu...

 
 
 
posté le 03-03-2010 à 10:46:01

Maupertuis un cadre pour Watteau.

On la devine de la route qui fait là une large courbe, quand on se dirige vers Coulommiers. Elle servait de passage sous la colline du temps où il y avait là château et parc où venaient deviser de philosophie tout ce que Paris comptait d'esprits libres et audacieux. On y inventait non seulement une nouvelle société, un nouvel art de vivre mais de nouveaux jardins qui sont toujours le miroir des sociétés qui les conçoivent. Ici dans le culte de l'antiquité, sa sagesse, ses mythes et ses mystères. On avait beau s'habiller de mousselines aériennes qui noient le corps dans un nuage, et de beaux gilets étincelants de brillants, sous le couvert du luxe et de la grâce il y avait des esprits bien faits quoique ardents au plaisir, mais à celui de l'esprit autant que de la chair.
Les vagabonds que nous sommes ne croisent pas, sinon dans l'imaginaire, ces figures de magasines que rien de la vulgarité du quotidien ne semblait atteindre. Seraient-ils dans un constant théâtre d'illusion comme ceux qu'invente Watteau leur contemporain, ou, à peu de temps près, les galanteries de Fragonard le fripon. A de tels jardins, dont il ne reste que des lambeaux, quelques pierres branlantes et pétries de mémoire, il faut un certain recul pour défier la banalité qui nous entoure et nous blesse. L'élégance qui conduit les êtres (et les cadres qu'ils se choisissent), vers ces monuments évoquant un lointain passé, n'est-elle pas le dernier maquillage devant l'horreur de l'Histoire qui se prépare et qu'on suppose et redoute. Pourtant les ruines qui en découlent ne sont jamais tragiques, et même, inspirent une sorte de douce mélancolie, et elles invitent à l'amour. Elles sont le cadre idéal pour se confectionner quelque beau souvenir.


 


 
 
posté le 02-03-2010 à 16:00:01

D.H.Lawrence et Frieda (il y a juste quatre vingt ans).

Il y a juste quatre vingt ans (le 2 mars 1930)  D.H. Lawrence meurt à Vence (Villa Robermont) où il voulait s'installer pour se reposer et tenter de juguler les effets néfastes de la tuberculose qui le rongeait.
Frieda, la terrible compagne, prendra en main la destinée posthume d'une oeuvre qui avait déjà fait ses marques dans le monde littéraire de l'époque mais demandait à être balisée, étudiée, rendue à sa place pour l'éternité.
Elle est aujourd'hui la proie des universitaires, nombreuses sont les études (souvent prétentieusement baignée de psychanalyse) qui pénètrent dans cette prose lumineuse mais sans doute "datée", fortement ancrée dans une vision panthéiste qui relève plus de la poésie que du monde romanesque. D'ailleurs les romans de Lawrence sont surtout d'amples et chatoyants poèmes de la vie au naturel, et d'une nature dont il savait admirablement extraire les moindres et émouvants détails (surtout dans l'ordre de la  botanique).

 


 
 
posté le 02-03-2010 à 15:31:49

Orlando c'est Vita Sackville-West.

En dépit de son énoncé, Orlando est une pure fiction, et des plus débridées, couvrant plusieurs siècles, nous faisant témoin de la métamorphose d'un  jeune seigneur en femme, jouant sur la bisexualité fort prisée et partagée par tous les tenants de Bloomsbury où Virginia Woolf tient une place prépondérante.
Victoria Sackville-West  est l'héroïne et l'inspiratrice de ce roman assez étranger à la manière habituelle de Virginia Woolf qui rendait là un hommage (un peu emphatique) à son amie-amante qui s'y trouvait plutôt flattée. Pourtant, au delà de ses connotations biographiques (on y trouve aussi une allusion marquée à Violette Trefusis personnage capital dans la vie de Victoria, et, elle même figure majeure de la vie mondaine culturelle et saphique de sa génération) l'ouvrage vaut par la manière qu'aura choisi Virginia Woolf pour le mener, d'un pas hardi et souvent narquois (pourquoi pense-t-on parfois à Laurence Sterne !), où elle traduit une admiration  (envieuse ?) devant l'étalage de richesse des Sakville-West en leur château de Knole qui est autant qu'un lieu un personnage important dans l'histoire d'Orlando, et, semble-t-il, dans les fantasmes de Virginia Woolf, qui montre là une sorte de naïveté un peu déconcertante.

 


 
 
posté le 02-03-2010 à 12:14:56

D.H.Lawrence, un érotisme sacré.

Les rituels érotiques.

D'une manière latente, constante, l'exaltation du corps, objet de désir et d'amour suit une ligne continue dans l'oeuvre de D.H.Lawrence et trouve son point culminant dans "L'Amant de Lady Chatterley", encore qu'il y glisse un problème de classe qui fait dévier le sujet vers un aspect  social, alors que dans sa crudité saine et franche il est autant un hymne à la nature qu'au désir. Les corps au naturel ne sont-ils pas ceux du paradis terrestre et perdu, d'où la naissance de l'érotisme qui est une manière de le retrouver, en l'inscrivant dans un rituel qui peut rapidement  choir dans la perversité, et sans doute l'alimente.
Aimer c'est aussi s'harmoniser à l'autre, se fondre en lui. Pour retrouver l'unité fondamentale évoquée par la Bible ?
Lawrence est imprégné de cette lecture de la Bible, ce qui donne à sa vision de l'érotisme un caractère sacré. Il n'était scandaleux (ou passait pour tel) que dans une Angleterre encore "victorienne" et pétrie d'une respectabilité hypocrite.
Elle est pourtant fragile la frontière qui sépare la sensualité harmonieuse d'un couple des déviances sexuelles accélérées par l'introduction de tiers, l'harmonie faisant la place à un théâtre expérimental où se jouent toutes les figures des fantasmes.
D.H. Lawrence ne l'a pas évoqué dans ses romans s'il s'y risque dans la,peinture.
Et pourtant, l'Histoire nous enseigne que dans des temples de l'Antiquité des filles publiques, jouant le rôle de prêtresses, se donnaient aux pèlerins dans un élan quasi religieux, en entrant dans les rites attachés au culte des divinités qu'elles honoraient. C'est sous l'angle religieux (mystique) que s'inscrit l'érotisme exalté par Lawrence.

 


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1. Saintsonge  le 02-03-2010 à 13:15:05  (site)

Savez-vous, au fait, que c'est un douarneniste qui joua le rôle de l'amant dans le film éponyme ?.. L'ai vu lors d'une projection-débat sur douarnenez même... Taille bûcheron !
L'érotisme à la Bataille, à la Bacon, à la Courbet, tout ce sujet est-il si différent dans sa perversité cachée par ce qui fait l'interdit moderne : la pensée intime et érotico-maniaque même, la seule déviance à mon avis, quand la pulsion charnelle est de nature vraie dûe à l'histoire de l'enfance de tout un chacun, l'homosexualité de notre auteur est-elle déviance ou forte attirance quand on sait que l'hétérosexualité de chacun n'existe pas à 100 %, après tout, Sodome et Loth sont bien des personnages "dérivés" de la Bible, non ?..

 
 
 
posté le 02-03-2010 à 10:50:57

D.H.Lawrence aborde la peinture.

C'est à la villa Mirenda (en Toscane) que D.H. Lawrence aborde avec fougue la peinture, et d'une manière toute fortuite. Il avait découvert un lot de toiles abandonnées par un précédent locataire et tout un arsenal de peintre en bâtiment laissé en plan après le départ des décorateurs".
Il avait, dans son enfance, copié avec soin et minutie,  des tableaux  anciens, mais, là, alors que dans le même temps il écrit "L'Amant de Lady Chatterley", Lawrence se donne avec fougue dans l'exécution de peintures d'une facture parfois naïve mais franchement figuratives et portant sur des thèmes bibliques ou d'un érotisme débridé. Ce qui lui vaudra, lors d'une exposition à Londres, ultérieure, des déboires avec la police.
Catherine Carswell, qui reste un témoin crédible, affirme que "quand Lawrence parlait de sa peinture, on discernait toujours une nuance de timidité un peu anxieuse, que je ne lui ai jamais connue quand il parlait de ses romans, mais qui se retrouvait un peu pour ses poèmes".
Dans sa peinture, et en dépit des maladresses d'un non professionnel, il se montre enjoué "et il se livre davantage que dans sa prose", affirmant qu'il s'était prodigieusement "amusé" à s'y mesurer avec la couleur et l'organisation des formes.
D'ordinaire, les amateurs d'art se montrent fort réticents et quelque peu sceptiques, estimant que ce sont des "croûtes" abominables. On ne peut effectivement les aborder (et les estimer) que dans une perspective littéraire et comme complément de son oeuvre écrite, une sorte de voie parallèle  où il se livre sans contrainte et avec une sorte de joie enfantine.

 


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1. Saintsonge  le 02-03-2010 à 11:43:33  (site)

"des déboires avec la police", une phrase qui eût plu à Céline, lequel, vous l'admettrez sans doute, affirmait :"je suis à l'aise avec le pire"... De lui, alors je dirai oui à ces Fééries ou aux Conversations avec le professeur Y... Mais après les Bagatelles, qui semblent ici, les peintures de Lawrence, non ?.. M'enfin, vos réponses sur l'écrivain se sont sans doute perdues dans la blogosphère... De l'utilité des commentaires directement placés sur blog... Bonne journée (ensoleillée tel un Avant-Printemps Douarneniste, ici - j'ai ouvert grand ma double fenêtre aux six carreaux qui donne sur les premiers jardins, l'ondulation grise des toits et un lointain boisé en forme de pubis géant entre des biseaux de charpentes.... A cet instant du pli mailisé, des aboiements parmi l'assaut perçant d'un marteau-piqueur...)

 
 
 
posté le 01-03-2010 à 11:39:50

Les messages mystérieux de Robert Walser.

Retrouvés, dans les effets d'un Robert Walser décédé, une masse de papiers de formats variés, qui ne semblaient pas constituer un ensemble, ni une oeuvre inachevée. C'était, d'une écriture presqu'illisible, une série de notations, récits, fragments dont il fut entrepris de déchiffrer l'inextricable emmêlement graphique.
Ces micro-textes relevaient autant du journal intime que d'une oeuvre éclatée, dont le caractère fragmentaire accentuait la dimension mythique. Le rêve de tout écrivain d'ordonner ainsi le désordre de sa pensée ou, plutôt d'en constituer une sorte d'addition, frénétique autant que confidentielle, mystérieuse autant que maniaque.
Témoignant d'un rapport avec l'écriture qui n'est pas celle d'un fournisseur de textes à la demande mais d'une nécessité organique.
L'état du "support" en dit long aussi sur les relations entretenues avec le scripteur. Des récupérations diverses, des états variés, des formats sans nécessité, des trous enfin en pleine page, comme en quelque linge usé, une marque tangible du temps, des reprises, des intimités complexes, ou passionnées.
Il en fut ainsi pour Antonin Artaud, et André de Richaud, dont il existe de nombreux manuscrits ainsi troués comme de vieux draps qui ont une mémoire indéchiffrable.


 


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1. Saintsonge  le 01-03-2010 à 12:26:43  (site)

Ah Robert Walser, auteur que j'aime (beaucoup serait trop dire), tout une "vie de poète" qui me sert encore d'étendard, de fanion, de gwann a du, ici... Curieux n'est-il pas qu'il ait fini à mettre des petits pois dans les boîtes d'un asile (psy), ou de ramasser les feuilles mortes dans la cour dudit établissement spécialisé... Puisse cela m'être épargné (tant on ne connaît notre destinée !).. Dites, j'ai écrit au médiateur d'Overblog, racontant le fait que je pouvais lire vos réponses, il me dit que, peut-être, cela a chu dans mon "courrier indésirable", que ... j'efface sans voir, alors tout s'expliquerait, me défaisant aussi l'idée d'être un piètre informaticien...Bon Lundi (Luna Dies)

2. ooz  le 02-03-2010 à 02:23:53  (site)

C'est pourtant vrai que c'est déjà lundi. J'y vois un signe de notre destinée commune

 
 
 
posté le 28-02-2010 à 14:57:24

Garcia-Mulet, la débâcle des mots.

Venue de l'écriture (une familiarité avec la poésie) l'oeuvre picturale de Tonio Garcia-Mulet découle principalement d'un travail sur les mots. Leur donnant un espace qui leur est propre, les lançant dans une aventure spatiale où ils se disloquent, s'émiettent et trouvent un nouvel aspect. Comme s'ils s'échappaient d'une enveloppe (elle y est parfois, et, là, il est voisin de Thérèse Ampe-Jonas qui travaillait directement sur l'enveloppe et son contenu supposé), les mots s'égrènent, s'agglutinent, comme des poussées végétales exposées aux caprices de l'environnement, tremblantes et prêtes à choir. Ils réinventent de nouvelles formes, suggèrent des présences fantomatiques, s'imposent comme le vocabulaire d'un monde hanté. René Char a fortement soutenu ce travail autant séduit par son originalité que la rigueur (et la discipline intellectuelle) dont il est le résultat. Loin de tout choix élargi jusqu'aux prestiges de la mode, enfermé dans son monde, il n'émarge d'aucun mouvement et s'impose dans sa magnifique solitude.

 


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1. Saintsonge  le 28-02-2010 à 18:50:37  (site)

C'est la "débâcle" informatique, pour moi, vous allez me trouver pas trop bon, n'ai rien vu, même en cliquant comme vous m'avez dit : sur "contact", ce site est pour les visiteurs, certes, mais on n'y lit aucun message, excusez mon noviciat... , aucun lien avec un possible "message reçu", mystère !

 
 
 
posté le 28-02-2010 à 14:18:50

Ladislas Kijno à l'oeuvre.

Kijno à l'oeuvre.

Il faut le voir à l'oeuvre dans le grenier de sa maison bourgeoise de Saint Germain  en Laye, transformé en atelier.  Il travaille dans la passion, une ardeur qui transparaît dans l'oeuvre accomplie au delà d'une gestuelle qui n'est pas étrangère à cette formule contemporaine consistant à donner à l'acte de peindre une dimension physique.
Le papier (son support préféré) est au sol, il l'approche, le cerne, le conquière avec une violence qui n'est pas celle de la seule colère (elle n'est pas toujours étrangère) mais un sentiment fort qui est au départ de toute son oeuvre. Créer, pour lui, n'est pas finasser sur les bords, hésiter, revenir, mais foncer sur la forme au point parfois de la  blesser (donner à voir la blessure c'est aussi une manière de dire la société actuelle à laquelle il n'est pas étranger), jouant alors sur le "papier froissé", un de ses repères pour mieux exprimer le climat de passion qui l'inspire.
Il fut parrainé par Picasso, Pignon, et débutera dans le voisinage de la délicate et frémissante Germaine Richier (une sorte de Giacometti au féminin).
Mais l'appui des poètes entre aussi largement dans son évolution, et d'eux il tire les mots qui font mouche car il pratique une peinture qui vise droit, va au but et ne s'embarrasse pas de remords. D'où une certaine pléthore d'oeuvres, ce qui lui est parfois reproché. Elle s'accompagne d'une rare générosité. On sort rarement de son atelier sans un petit et précieux souvenir de sa main. En cela proche de son contemporain Olivier Debré. Voilà des peintres dans le feu de la vie, suivant ce long fleuve qui n'est pas tranquille. Ne demande-t-on pas à l'art de nous réveiller !

 


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1. Saintsonge  le 28-02-2010 à 18:53:07  (site)

Olivier Debré, expo vue sur Pont-Aven, il y a... deux ans, je crois. Le temps ne reste pas, comme en peinture !..

 
 
 
posté le 27-02-2010 à 11:32:40

D.H. Lawrence vu par Catherine Carswell.

Lawrence, le pèlerin solitaire.

Comme nombre de ses admiratrices, Catherine Carswell a donné de précieux souvenirs sur D.H.Lawrence, perçant à jour son caractère entier et l'étonnante séduction qu'il exerçait sur son entourage (surtout s'il était féminin).
Elle s'attache tout particulièrement au rêve vainement partagé d'une colonie (un phalanstère) d'esprits susceptibles de s'enrichir à leur contact  réciproque et d'un affrontement sensuel et joyeux en dehors des lois d'une société étroite qu'il détestait et a toujours voulu fuir (d'où l'idée du pèlerin, sans toit, allant de maison en maison à la recherche d'un équilibre partagé avec quelques êtres de choix).
C'est le "Rananim" , un "rêve agréable mais auquel Lawrence persistait à s'accrocher comme à un projet réalisable".
Il projetait d'émigrer sur une île, en compagnie de son épouse Frieda, de l'ami Koteliansky, de Middleton Murry et son épouse Katherine Mansfield.
"Les événements de 1914-1918 contribuèrent à affermir chez lui cette croyance ferme et simple : la seule chose à faire était de partir ensemble, à plusieurs, vers quelque refuge lointain où naîtrait une ère nouvelle".
Précurseur de la grande utopie des années 60, fuyant une civilisation pourrie   craquelée de toutes parts, il rêve d'une ferme "au bout du monde" où la petite colonie choisie se livrerait aux innocents travaux des champs (n'y-a-t-il pas là un écho des rêves rousseauistes ?) et s'aimerait tout naturellement, aucune loi scélérate n'entravant cet élan sain et doucement viril. D'ailleurs il montrera un goût tout particulier (et jamais équivoque ) pour les amitiés masculines. Il aimait la chaleur des ententes et fécondes pour sa propre création.
L'échec va le conduire à s'exiler vers Taos, à l'invitation de l'excentrique Mabel Dodge Luhan, sorte de vampire intellectuel où il composera l'admirable "Serpent à plume". Période  étonnante d'une vie qui ne l'est pas moins.

 


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1. Saintsonge  le 27-02-2010 à 11:54:15  (site)

Il est toujours temps de "bâtir" cette "terre nouvelle" ; l'émerveillement est toujours une part d'enfance inviolée, non ?..
Le symbolisme est bien né d'un rêve anglais Préraphaéliste, après tout !

2. Saintsonge  le 27-02-2010 à 18:25:19  (site)

Zut, je n'ai pu (ou su) trouver votre réponse au sujet de Céline (est-ce ici, mais où faut-il cliquer ; j'ai donc encore des lacunes d'informatique) ; qu'en disiez-vous ?..

 
 
 
posté le 27-02-2010 à 10:40:20

Jacques Rivière, le modérateur de la NRF.

Jacques Rivière, le juste milieu.
Il fallait, à un navire partant en haute mer, un homme qui tint la barre. Après sa création, les grands parrains laissent la tâche à des "secrétaires" qui assurent la permanence, les relations toujours délicates avec les auteurs, et mission non moins ardue, en trouver et ne pas rater ceux qui promettent un bel avenir. Apparaît Jacques Rivière, André Gide ayant reconnu ses capacités à y répondre. Le voilà à la tête de la NRF en 1919, (qu'il avait abordée en 1911 avec l'aval de Gaston Gallimard),  après qu'une guerre apocalyptique ait modifié radicalement la société. Mais comme toute "après-guerre" c'est le règne de l'esprit et l'audace des aventures intellectuelles.
Dans le paysage ardent qui voit les "écoles" se suivre et se combattre Jacques Rivière sait  donner à chacun ses chances d'être au sommaire de la prestigieuse revue.
Catholique (sous la houlette rude de Paul Claudel), il cultive les amitiés de haute exigence. C'est le fameux "pentagone étoilé" : Proust, Claudel, Gide, Saint John Perse, Mauriac); mais ce fut aussi, avant la guerre, celle d'Alain Fournier (il épouse sa soeur Isabelle).
Jacques Rivière, par un mélange de détermination, une curiosité étendue, attire à la NRF tout ce qui compte, de "dada" à ce qui seront les grands classiques de l'époque comme Martin du Gard ou Malraux.
Curieux ? Le prouverait sa propre activité d'écrivain où on le voit passer de Baudelaire à Gauguin, de Bach à Ingres, de Wagner à Cézanne. Qui dira mieux en matière d'éclectisme ? Et la modestie du propos (Etudes) ne doit pas cacher l'essentiel. Jacques Rivière va au coeur du problème de la création.
Comment comprendre alors l'intensité de son étrange échange épistolaire avec Antonin Artaud, au comble de l'angoisse d'être et de le dire. Jacques Rivière y répond par le ton de la modération.

 


Commentaires

 

1. Saintsonge  le 27-02-2010 à 12:50:24  (site)

J'aime les lettrés de "haute exigence", et, en regard à votre article, ne peut-on dire, qu'en ces temps de moindre "paix", les éditeurs manquent "d'esprit et d'audace", tout un fatras de publications me navre bien souvent, pas vous ,.?

 
 
 
posté le 26-02-2010 à 11:07:29

Louis-Ferdinand Céline, un Léautaud maudit.

Tant par son mépris de son apparence, sa rudesse d'approche, son égotisme énervé il serait une sorte de frère maudit de Paul Léautaud.  Retiré de la société dans ce qu'elle s'offre comme vernis  pour camoufler sa vilainie naturelle. Méprisant l'hypocrisie, les idées toutes faites, la mauvaise foi.
Tout en verve mauvaise, en invectives prophétiques, et si dangereusement "hors des clous".Le modèle du politiquement incorrecte  
Ses haines ne sont pas hypocrites si elles sont nocives. Elles le furent dans un contexte historique qui leur donnait un sens bien plus violent quand, dans un moment de calme, elles n'auraient pas porté plus loin que celles d'un Léon Daudet par exemple qu'il faut relire pour en mesurer toute la force et l'intolérance qu'elles exprimaient.
Doit-on condamner celui qui  ne pense pas comme il convient et comme le veut la loi qui est le produit du plus grand nombre, son reflet.
La pudeur verbale est la maladie des civilisations qui vacillent sur leurs convictions et craignent tout courant étranger à leurs normes.
La polémique est un signe de santé morale. Tout argument est plausible s'il n'entraîne pas des déflagrations sociales ou  historiques. Céline, sous l'occupation nazie, était une arme dangereuse, en temps de paix elle n'est que l'expression d'une liberté de pensée qu'il faut respecter, même si on n'y adhère pas.

 


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1. saintsonge  le 26-02-2010 à 11:21:56  (site)

Ah Céline, Céline, je vous avais dit , au sujet de son écriture, son caractère et son humeur n'ont guère plus mon aval quoique je sois né à Hazebrouck (nord) où cet auteur (le saviez-vous ?) vint se faire soigner le 30/10/14 - le temps des espérances, janvier 1986 ; de François Gibault, mercure de france, chapitre IX, pages 151/153 si vous avez l'ouvrage...
Sombre ou salubre, son oeuvre parcourue seulement, par mes yeux paisibles !..En l'asile du Monde devenu "fou" lui-même, y a-t-il encore un Barnabu pour le soigner ?.. Bon joyeux vendredi (ensoleillé en douarnenez ; tiens, au fait,Céline vint à Rennes, quai de la Vilette, pour reprendre des études de médecine, juste à côté de la Poste !.. Je fus postier, à Rennes aussi, mais jamais sur les traces dudit personnage anarcho-révolutionnaire !

 
 
 
posté le 26-02-2010 à 10:44:05

Maurice Sachs et ses personnages.

A en croire ceux qui l'approchent (surtout à la fin de sa vie et dans sa période carcérale) Maurice Sachs écrit sans cesse. Et pourtant il n'est pas de ceux qui veulent construire une oeuvre, déballer un monde (Balzac, Zola). Il écrit par une sorte de nécessité maniaque, fébrile et probablement névrotique. Son terreau c'est sa vie (ses "aventures") . Il est alors là dans son registre. Celui de la notation perverse et d'une drôlerie parfois cruelle. Certains (les premiers livres) sont des sagas intimes suivant le cours du temps. Mais n'est pas Saint Simon  qui veut. Ses larges pages de souvenirs font passer devant l'écran de sa jeune mémoire des personnages saisis d'un pinceau acide sans que l'histoire de son temps en soit totalement et dans sa plus vaste étendue, bien perçue. Le monde se réduit au sien, à ses appétits, ses foucades, ses calculs car il y a de l'arrivisme et de l'opportunisme dans le jeu des relations. Ce serait la méthode de Cocteau mais au niveau du ruisseau. Le monde de Cocteau conserve sa dignité.
Quand il se targue de constituer une sorte de catalogue des figures qui représentent son époque, il passe naturellement par des pastiches, des caricatures où derrière le patronyme de fantaisie on devine le "tout Paris" des Années folles, drôlement classé en auteurs, peintres, gens du monde, des affaires, avec une prédilection pour le caractère glauque. Ce serait une sorte de catalogue de personnages prêts à entrer dans quelque chose qui ressemblerait à "La Recherche du temps perdu". Mais Sachs n'est pas Proust non plus.

 


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1. saintsonge  le 26-02-2010 à 10:48:05  (site)

"Tableau des moeurs de ce temps" me fait songer au Monde d'hier de Zweig !

 
 
 
posté le 25-02-2010 à 14:19:01

Un langage visible ?

Intitulé "visible langage" il ne l'est pourtant pas si l'on considère la nécessité de le lire pour le comprendre. La manipulation des lettres (venue du mouvement dada et des futuristes italiens au début du XX° siècle) rend le texte inaudible (ou à lire comme une affiche, dans l'esprit du slogan) et n'ayant plus de raison d'être que par sa simple matérialité. Une masse compacte que l'on affronte comme de très vieux manuscrits d'une civilisation disparue.
Si la graphologie est le miroir de l'âme (le sismographe de notre mentalité), l'écriture qui se contient dans son émergence sans obéir aux règles (et nécessités) de la lisibilité, peut traduire bien des choses contradictoires. Une exaspération de la main (comme la peinture gestuelle) ou, au contraire la mise en liberté de celle ci qui vagabonde comme un chien fou sur la page.
Signes perdus. Message chiffré, émergence de l'inconscient, tout est permis d'y voir en superposition et comme un signe d'angoisse. Et si les mots perdaient leur sens, devenaient inefficaces. Comme un lent engloutissement , un furieux incendie, un désastre qui gomme une civilisation.

 


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1. Saintsonge  le 25-02-2010 à 15:25:01  (site)

Illico, j'ai songé à l'écriture penchée et illisible de... Jeanne d'Arc !?.. Un concept de "simultanéité" à la Huelsenbeck, ici, comme plusieurs poèmes écrits les uns sur les autres, en même temps, dirai-je.., laissant toute idée de "bruitisme" aux dadaïstes du Cabaret Voltaire en quête du "calme de l'âme"... Bons derniers lambeaux de journée...

 
 
 
posté le 25-02-2010 à 09:50:24

La lecture selon Fernand Léger.

Les liseuses, plaquées comme les figures médiévales sur les parois des églises,  sont l'expression d'une calme grandeur. Cette dernière, pour n'être pas celle des saints, est celle d'une vie affranchie de toute angoisse et un rien crâne Même l'acte le plus anodin comme la lecture (est-il si anodin que cela ?) se visualise dans un énoncé calme et simplifié par souci de lisibilité. Point de manière pour enrober un geste rendu naturel comme le serait tout acte de la vie quotidienne (on aura rencontré, sous le même regard, des bâtisseurs, des baigneurs, des sportifs, des gens du commun dans leur quotidien).
Banalisant la vie Fernand Léger lui donne un aspect de saine franchise, appelant les murs, le gigantisme, pour rejoindre le rythme des façades modernes avec leurs néons, les affiches, cette imagerie qui nous domine et  nous parle de notre réalité.
On aura, plus souvent, perçu la lecture "sous la lampe", dans un climat douillet, une souci d'intimité  supposé favorable à sa pratique. Et la féminité y sera volontiers exaltée (Fragonard). Mais la lecture ainsi affichée n'est-elle pas celle qui domine dans un siècle voué à la modernité, la technologie, les forces humaines déployées au nom d'une vertu sociale.

 


 
 
posté le 24-02-2010 à 11:11:50

Bernard Delvaille, un dandy mélancolique.

C'est une bien singulière trajectoire poétique que celle de Bernard Delvaille familier aussi bien des bibliothèques que du macadam. Ici érudit, là piéton rageur à la recherche de sa vérité. Passant de l'un à l'autre, il diversifie ses options poétiques, élargissant son registre depuis les Symbolistes (dont il est un spécialiste reconnu) à la Beat Génération dont le lyrisme le laisse "pantelant".
Il venait de Bordeaux (dans les années 50), avec une poignée de poèmes dans la lignée de Laforgue, avec cette culture de la mélancolie qui porte au dandysme qu'il pratiquait avec élégance. Le poème chez lui est le produit de la vie, de ses épreuves, une sorte d'épanchement d'une sensibilité exacerbée et trouvant ses références dans la poésie du XIX° siècle, quand il s'ouvre à la modernité. Ce qui lui évite le passéisme sachant donner un timbre moderne à des thèmes qui y étaient en faveur mais sans héritage. Il balise son parcours par quelques figures emblématiques. On le voit réhabiliter l'oeuvre si novatrice (quoique mince ) de Cravan. Il s'attachera à Valery Larbaud dont l'univers s'accorde si bien avec le sien. 


 


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1. Saintsonge  le 24-02-2010 à 13:42:05  (site)

Si j'avais eu connaissance du titre "désordre" de ce poète, j'aurais pu répondre à POL que son motif de refus ne convenait nullement à mon manuscrit, accepté en première instance !...

 
 
 
posté le 21-02-2010 à 16:51:40

La Chambre haute promise à Man Ray.

En passant rue Monsieur le Prince nous avions évoqué Jules Laforgue qui vivait là sous les toits "tout près des étoiles". Man Ray déclarait que cette proximité avec le ciel était favorable à l'inspiration. Pure spéculation pour quelqu'un qui avait vécu au ras de la vie (même mondaine) et logeait au rez- de-chaussée. Mais j'en aimais l'idée et lui avais promis de réunir des poèmes sous le titre La Chambre haute et pour lequel il devait donner un dessin.
Projet sans suite, hélas. Et je ne connus des mansardes que celle d'un modeste hôtel de la rue de Vaugirard, et fort peu de temps. Voici venue l'heure de vivre enfin le projet. Un vaste grenier, ouvrant sur un jardin et le frémissement des arbres par une lucarne (qui n'est pas ovale comme celle de Pierre Reverdy, mais ne manque pas de charme). Il va falloir pour tenir les promesses faites à Man Ray, faire crépiter la machine à écrire. En fait, l'ordinateur qui a des mollesses de star fatiguée. Mais les mots s'y inscrirent dans leur relative et furtive vérité. Un rien et ils disparaissent. N'est-ce pas le sort de tout écrit ?

 


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1. Saintsonge  le 21-02-2010 à 17:06:19  (site)

Oui, pour répondre à votre question finale (finalement universelle), qui fait face à une autre : pourquoi écrire, en ce cas, le sachant ?.. Ah, donc vous connûtes aussi des projets avortés... Non Jef, t'es pas tout seul, me chantonne Brel à l'oreille, en sourdine.... Sourire de connivence au sujet de "la machine à écrire" (vous savez donc pourquoi)... Et, d'où je vous répond, dans ma chambre-océan (sans chauffage), je vois le ciel depuis une double fenêtre divisée en trois rangées de carreaux (six au total), les mouettes sont en grand concert dans le ciel gris du jour dominical. Man Ray : "l'art varie simplement dans ses sources d'inspiration et dans ses modes d'exécution..." Mon père, infect, au téléphone, hier : ouais, toi, tu sais pas calculer... Man Ray me réconforte : "il suffit de deux ou trois sources d'éclairage..." Bonne fin de dimanche... Merci de cet article, c'est à "la prière", aujourd'hui, que je pense - forcément, dimanche...

 
 
 
posté le 21-02-2010 à 15:13:37

L'art contemporain à Noyers sur Serein.

C'était dans les années 80. On allait, en groupe, comme pour un pèlerinage, à Noyers sur Serein (près de Tonnerre). Dans une maison  restaurée par ses soins Guillotin, artisan de son état, avait créé un  "centre artistique" avec la collaboration de  Jean Claude Meynioux. On était là au coeur d'une aventure plastique qui rimait avec passion et tournait le dos aux mode, et aux raideurs de la muséographie contemporaine si soucieuse de ne rien rater de ce qui est nouveau, promotionne n'importe quoi et souvent le pire.
Dans un climat de fête, un  certain tout Paris des arts (critiques, journalistes de la grande presse, galeristes, amateurs) se serrait les coudes pendant deux jours, entre un concert de jazz donné dans les jardins (Martial Solal, Daniel Humair était la vedette) et des banquets sous les arcades de la place principale au centre de ce minuscule et ravissant village qui somnole au bord du Serein avec ses belles maisons bourgeoises où l'on sentait frémir une vie un peu secrète.
C'est là que furent révélées des oeuvres autrement confidentielles comme celles de Jean Clerté ou Tonio Garcia-Mulet, et dans un contexte surréaliste, la légendaire reliure imaginée par Jean Benoit pour un ouvrage d'André Breton.
Quelques pas à travers le village, et l'on accédait au musée d'art naïf riche d'une collection agencée par le peintre Yankel. On y voyait aussi des oeuvres de Cartier-Bresson , un enfant du pays.

 


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1. Saintsonge  le 21-02-2010 à 17:08:16  (site)

Emouvant comme "serein"....

 
 
 
posté le 19-02-2010 à 11:14:11

La femme selon Lucien Clergue.

Natif d'Arles, il lui est resté fidèle, et l'a doté de son essentiel rendez-vous annuel consacré à la photographie. Devenu une sorte d'officiel ( d'être académicien semble paradoxale avec l'esprit même de son  art), on peut regarder son oeuvre dans une perspective qui l'aura défini. C'est tout d'abord aux rivages des étangs de la Camargue qu'il porte toute son attention. Rivages qui veulent dire cet amoncellement de choses (de détritus) qui parlent de la mort. Dont des cadavres d'animaux.  Une lecture précise et froide (objective) qui le projette vers le domaine de l'eau qui désormais sera son terrain favori. De l'eau, la légende le confirme, est née Vénus. Née de la vague la femme fait corps avec l'élément liquide dont elle a gardé la fluidité, les éclats, la douceur quand elle suit les courbes du corps, valorisant la chair qu'elle exalte.
C'est ce mariage intime du nu avec la vague qui devient le  sujet majeur de l'oeuvre de Lucien Clergue, s'attirant l'attention de Picasso, de Cocteau. Pour les poèmes de Paul Eluard il trouve les plus évidents équivalents photographiques.
Sans artifices, ni ajouts pittoresques, il célèbre la nudité féminine au naturel, avec l'évidence des premiers jours. C'est un nu des origines. De fait, intemporel, défiant la mort dont il est presque né. Il n'a aucun connotation érotique, ce qui le fait très éloigné de la production habituelle, passant si facilement du nu à l'esprit velouté ou canaille du "charme". Une oeuvre singulière et d'une beauté qui rappelle parfois celle de la statuaire antique.

 


 
 
posté le 18-02-2010 à 14:26:11

Les cathédrales de la culture.

Les cathédrales de la culture.

En même temps que se développe une architecture de verre et d'acier  (inspirée des serres) s'organise une nouvelle vie culturelle, plus largement ouverte sur le public et ne craignant pas le gigantisme qui démocratise la création et popularise les artistes. La fin du XIX° siècle voit fleurir un rite social (un peu mondain) qui veut que les arts plastiques trouvent leur meilleur présentation dans des bâtiments qui ne sont pas nécessairement conçus pour eux mais, de fait, accueillent toutes les manifestations où alternent les sciences, les technologies, le commerce.
Le Grand Palais, à Paris, va hériter de cette vocation. Il est le cadre de salons très divers (dont, un temps, celui de l'automobile), et de tous les aspects de la culture, de la mode à la littérature, des arts plastiques enfin qui y flamboient dans un aimable déballage qu'annonçaient ces expositions "fin de siècle" où les  réputations se faisaient, et le rite mondain exerçait ses festivités les plus courues.
On y allait moins pour voir les oeuvres que s'y "faire voir" et jouer sur la mode, les parures, le brin de snobisme qui accompagne toute manifestation culturelle (même aujourd'hui).
Cathédrale en raison de leur taille monumental, et modifiant considérablement le comportement du public face à la création. On y va pour la célébrer, donner des gages de sa propre culture, s'inscrire dans un jeu de codes, de repères, de références qui sont à l'égal de ceux d'une religion.

 


 
 
posté le 18-02-2010 à 10:44:04

L'écriture si tranquille de L.F.Céline.

L'ouverture d'un livre, l'attaque du texte, l'impulsion qui va déterminer le rythme de l'écriture, est un peu une manière de porte (ou de fenêtre) que l'on ouvre sur l'horizon. Quel est son aspect, de quelle matière est-il fait. On découvre ses lignes générales, ses cadences, sa manière d'exister dans l'espace et de déclarer sa nature.
Un manuscrit est à la fois le terrain de l'aventure littéraire et la conquête de l'espace qu'il s'est ouvert.
Le remplir, oui, mais de quelle manière. C'est là qu'intervient le style. L'écriture est le vêtement du style, sa parure.
D'où l'intérêt justement porté aux manuscrits des écrivains et l'assurance des aveux qu'ils nous abandonnent. On se penche sur l'intimité de la création, on peut y lire la joie (dans l'assurance, l'avancée rapide des idées, de leur formulation), ou au contraire, la souffrance (les manuscrits de Flaubert).
On le suit quand il musarde (les dessins en marge du texte), on y sent frémir les pulsions de l'inspiration, l'apaisement dans la régularité d'une graphie qui a trouvé son rythme, comme un corps qui marche à la mesure de ses possibilités physiques et "va à son pas",
Un manuscrit n 'est pas que le portrait de l'auteur (une simple lettre l'est). C'est plus que cela, l'entrée au plus intime de sa pensée, de la manière de la faire fonctionner, d'y circuler, d'y extraire les pépites par quoi elle s'affirme, s'offre au regard des autres, des lecteurs.
Alors on peut s'interroger. Que penser du manuscrit du "Voyage au bout de la nuit". Louis Ferdinand Céline le protestataire est là si tranquille au départ de sa terrible aventure littéraire !

 


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1. Saintsonge  le 18-02-2010 à 11:20:22  (site)

Cher ami, ce n'est absolument pas l'écriture de Céline du Voyage au bout de la nuit (manuscrit exposé et vu sur quimper le 21.01.02, de la bibliothèque Bolloré - chez Sotheby's, que vous avez sûrement...) : une écriture large, vive, penchée, peu de phrases (Hénaurmes, aurait écrit Flaubert) à travers une page, sur toutes, ah, non pas "tranquille" du tout, du tout (je sais que l'écrivain est double, voire triple, répondant à l'injonction de Racine : je trouve deux hommes en moi...) J'ai ainsi vu l'intranquillité d'être de Céline... Bonne journée, tranquillement...

 
 
 
posté le 17-02-2010 à 10:56:42

La Chronique de Maurice Sachs.

D'un livre à l'autre Maurice Sachs décline son quotidien, sa "nature" avec ce qu'elle a de fougueux, de perfide. Il s'analyse volontiers en parlant des autres. Ceux qui sont le miroir de sa propre difficulté d'être qui le conduit à ce désordre du corps et cette brouille de l'âme. La "Chronique joyeuse et scandaleuse" revient sur ses débuts crapuleux. D'étonnants portraits, comme celui d'Abel Hermant, qui fut un auteur à succès à la fin du XIX° siècle et au début du XX", qui "ébrouait sa moustache comme un dindon sa queue, gonflait ses joues et croyait sourire" ou de Jean Cocteau camouflé sous un pseudonyme transparent..
Avouant ses histoires d'alcôve Maurice Sachs n'hésite pas à compromettre ceux qu'il avait entraîné dans ses turpitudes et ses aventures sexuelles. Il règle des comptes au delà d'un présent qu'il vit avec une intensité suicidaire. Homosexuel, n'éprouvant pas de mal à "rendre ses devoir à une femme" il découvre peu à peu sa nature profonde, sans s'en émouvoir outre mesure, et même affirmant sa vérité jusque dans ses excès. 


 


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1. agenceweb  le 17-02-2010 à 12:45:33  (site)

Hébérgement gratuit pour chaque création de site vitrine chez CREATIVE DEVELOPMENT

Site vitrine :
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Contact : pro@creativdev-mada.com
http://www.creativdev-mada.com

 
 
 
posté le 16-02-2010 à 16:56:09

Pierre Reverdy, un poète cubiste.

Seul, mais point hautain, parmi les siens (les poètes) Pierre Reverdy fait entendre sa voix. Elle a de l'accent. Elle contient toute la rocaille de ce dur pays d'oc (du côté de Narbonne) qui a si fortement marqué son enfance. Un père viticulteur, une vaste propriété nichée dans les senteurs fortes d'un éternel été. Et les mots pour le dire trouvent leur espace dans la page mais ne l'encombrent pas. Ne la nient pas. Bien au contraire. Sans aller jusqu'à Mallarmé, qui réserve de vastes espaces du blanc de la page pour y poser des mots, comme si le vent avait posé des feuilles sur le sol. Et tout le vent encore qui tournoie autour des mots....
Pierre Reverdy joue si bien avec les mots (durs et forts, sonores et précis) qu'il construit une sorte d'architecture visuelle retrouvant celle des peintres ses amis (Braque, Juan Gris) et l'on a pu dire qu'il était le seul poète "cubiste".
L'austérité pour compagne, tant dans sa vie (et la pauvreté n'y est pas pour rien), et dans le voeu profond d'accorder la poésie à l'essentiel. Point de lyrisme, ni d'élans comme l'époque les aimait, mais une concision qui renforce la portée des mots choisis, ciselés. Serait-ce une poésie objective ?

 


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1. Saintsonge  le 16-02-2010 à 20:03:08  (site)

La terre ainsi "reverdie" en plein hiver avec votre page !.. Le Printemps n'est pas si loin...

 
 
 
posté le 16-02-2010 à 11:30:59

Depuis le Grenier des Goncourt.

D'un grenier l'autre.
Lorsqu'il s'achète cette bourgeoise maison du côté d'Auteuil (pour quitter le bruit "infernal" de la rue Saint Georges) Edmond de Goncourt décide de faire, de son grenier, l'antre de l'intelligence (et de la promotion littéraire !).
Ses amis, ses relations, s'y retrouvent. De nombreux témoignages permettent d'en retrouver l'atmosphère. Moins idyllique qu'on pourrait l'imaginer. C'est aussi la pire loge de concierge et le laboratoire de toutes les calomnies dont le Paris de l'époque va faire ses délices.
Mais, au milieu des livres rares, des bibelots chinés avec goût, passent les silhouettes d'Alphonse Daudet, Huysmans, Octave Mirbeau, les frères Rosny, Gustave Geffroy, Jean Lorrain, Léon Hennique, en fait tous ceux qui vont constituer l'Académie Goncourt chargée d'organiser le prix devenu l'un des événements de la vie littéraire) et cela suffirait à donner du prestige à l'endroit.
Rue des Grands Augustins, Picasso fera, de son grenier, l'atelier des années les plus passionnées de sa vie (l'amour de Dora Maar, Guernica,  l'occupation nazie, Eluard, La Main à Plume). On y donnera une de ses pièces (dans l'esprit d'Alfred Jarry), et voici réunis sous l'oeil narquois de Brassaï : Valentine Hugo, Jacques Lacan, Pierre Reverdy, Louise Leiris, Simone de Beauvoir, Jean Paul Sartre, Albert Camus, Jean Aubier, Michel Leiris. Il avait été, avant qu'il l'occupe, un espace où Jean Louis Barrault faisait répéter ses acteurs et Antonin Artaud en était un des fidèles visiteurs.
Le grenier est, d'ordinaire, l'espace des émouvantes découvertes que tout enfant, s'il est curieux, peut faire, dans la chaleur de l'été, quand il s'y sera réfugié, et dans des malles oubliées il recompose des vies à sa mesure. C'est ainsi que Bellmer découvrira sa poupée dont il tirera des effets stupéfiants.
Gaston Bachelard écrira là de bien belles pages pour nous introduire dans l'essence même du grenier, sans quoi une maison aura perdu son âme.
Pierre Reverdy, venu à Paris, chantera le grenier à "La lucarne ovale" où il niche sa pauvreté.  Il se retirera du monde et celui qui s'est réfugié dans un grenier, à sa manière l'aura fuit aussi.

 


 
 
 

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