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lettres de la campagne

posté le 10-06-2011 à 11:49:10

Degas dramaturge.

Classé parmi les impressionnistes, parce qu'il exposait avec eux, Degas ne pratique pas le paysage qui est au coeur de leur préoccupations. C'est qu'il est essentiellement urbain et par le spectacle de la ville fasciné, traduisant la vie de la rue, des petites gens, du monde dont il est un témoin narquois parfois cinglant.
Le Viol est une de ses toiles les plus singulières, et contrairement à toute logique qui veut que l'impressionnisme évite le "récit peint" elle est une véritable page anecdotique que l'on dirait arrachée à l'oeuvre de Guy de Maupassant. Ou encore de ce théâtre réaliste qui fustige les moeurs bourgeoises. Un éclairage qui dramatise la scène, des attitudes tranchées, excessives, tant  dans l'expression de la désolation que du désarroi (non dénué de morgue, c'est encore la loi du mâle)
Degas s'y montre un extraordinaire metteur en scène, dans l'économie des moyens, l'efficacité de l'éclairage, l'intensité d'une atmosphère étouffante et aux limites du drame.
Pourtant, rien ne dit qu'il dénonce le viol, montrant la scène dans une sorte d'objectivité froide, de simple constat. Détaché de son sujet du moment qu'il a trouvé la note la plus juste pour nous en imposer l'implacable désolation. En en faisant une sorte d'icône qui résume tous les aspects du problème.

 


Commentaires

 

1. Nike TN  le 10-06-2011 à 12:55:21  (site)

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2. Saintsonge  le 10-06-2011 à 13:56:19

Je crois savoir que Degas n'en a jamais accepté ce titre, puisqu'il l'avait intitulé : "Intérieur" (ou : l'intérieur , de quoi d'ailleurs, de la chambre ou de la cassette rose-saumon "violée" par la forte lumière).... A ne pas montrer à DSK !...
Je fus éponyme du fils spirituel de Flaubert, Guy de Maupassant (ici, les yoles m'y refont souvent penser . LA sienne n'avait-elle pas nom "feuille de rose" ou quelque chose d'approchant ?)

3. Saintsonge  le 10-06-2011 à 13:57:23

Lire : je fus aficionado de l'éponyme fils de Flaubert

 
 
 
posté le 09-06-2011 à 14:29:57

La Carte du Tendre du Métro.

C'était un jeu largement partagé quand, pensionnaires, on nous lâchait  dans Paris (c'était le jeudi à l'époque). Par petits groupes, selon nos affinités, nous confions aux plans lumineux du métropolitain, qui indiquaient les itinéraires à suivre, le soin de nous offrir des destinations dont nous ne savions rien. D'un doigt aveugle on appuyait sur une touche et un itinéraire s'offrait à nous que nous suivions scrupuleusement.
J'ai découvert bien longtemps après, les propositions des situationnistes qui visitaient des villes en faisant usage du plan d'une autre.`
Eux choisissaient l'absurde, le désordre de l'orientation, nous, nous nous confions simplement au hasard, lui accordant la grâce de nous conduire là où quelque chose de miraculeux nous attendait.
On connaissait notre André Breton par coeur.
Je conseille aux couples amoureux en panne d'idées pour corser une promenade d'adopter ce principe qui a la mérite d'offrir la surprise qui est au coeur de toute quête amoureuse. J'avais envisagé, sans parvenir à le réaliser (paresse, incompétence ?) de créer une sorte de version moderne (urbaine) du "Songe de Poliphile" en s'appuyant sur ce jeu. Mais comment ne pas penser à "la Carte du Tendre", cette géographie du plaisir et de l'amour où l'on invente un paysage en mesure de la favoriser, peut-être de l'expliquer.
Alors on peut toujours rêver : Concorde nous conduit à la sérénité, Plaisance à la séduction, Monceau en de tendres jardins, Bonne Nouvelle chez moi.

 


Commentaires

 

1. Saintsonge  le 09-06-2011 à 15:08:13

Bon titre.
Ainsi visite-t-on mieux Venise, aussi, à se perdre pour mieux dénicher, car sans aucune carte en main, le Tendre attendant bien au hasard d'une Plazza !
Yves Tanguy prenait le Saint-Sulpice, pour gagner sa rue Coëtlognon, ligne commençant 92 rue de Rennes et finissant au 5 de la rue d'Assas;;
La Maison de l'O.R.T.F, dans le 16ème, av. du Pr. Kennedy, y êtes-vous allés ? Goûtiez-vous des cabarets artistiques, style Caveau de la République (1, boulevard Saint-Martin, à l'époque, dans le 3ème) ou Chez ma Cousine du 12, rue de Norvins - 18ème -, j'ai connu le Crazy Horse Saloon de l'avenue George V , au 12 , dans le 8ème puis le fameux Lapin Agile sis au 4 rue des saules, j'aimais l'endroit, l'adresse, le style de ce coin du 18ème... D'autres Patachou, d'autres Raspoutine, la Villa d'Este existe-t-elle encore par le 4 de la rue Arsène-Houssaye, via le 8ème ?... Quand je rentrais du Centre de tri de Nanterre, j'allais prendre la ligne 3 : Porte de Levallois où j'allai prémonitoirement rejoindre mon hôtel breton L'Arvor Le Gouestre dont je trouvais le nom chantant !.. Plaisance est après Pernety, c'est assez joli, on dirait la gouaille d'Arletty-Prévert car la gaieté les précède ou les suit, selon qu'on descend vers Porte de Vanves ou remonte vers les Invalides, par la ligne 14 !... Le ciel vous tienne en Bonne Nouvelle, donc, suite à Montmartre, et vous savez, sur la ligne que je prenais pour rentrer à mon hôtel , du Père Lachaise/Galieni - Porte de Levallois, ligne 3 ! AH Les Hasards, vraiment, que d'exquis "cadavres" (du passé), n'est-il pas ? Qu'allais-je faire à Bonne-Nouvelle, par la Gare St Lazare (où je draguais, d'ailleurs) ou à Villiers (autre Combray) ? Je ne m'en souviens plus....Les années 78/81 sont rangées dans les synapses, réveillées quelque peu par votre Carte du Tendre, à l'heureux coup !

2. katherine  le 09-06-2011 à 21:53:19

quelle façon originale de visiter Paris, en effet !

3. sorel  le 10-06-2011 à 11:47:05

j'aime bien cette évocation de vos itinéraires parisiens.
Je connais fort bien la maison de la radio parce que j'y travaillais. J'y ai produit des émissions sur la littérature et longtemps participé à l'émission les arts et les gens qui était hebdomadaire. Le Lapin agile est un peu trop touristique quand à Crazy je n'ai jamais eu l'occasion d'y aller.

4. Saintsonge  le 10-06-2011 à 13:46:26

Je n'avais pas oublié que vous étiez dans les murs de l' O.R.T.F..., je ne savais pas pour quelle émission par contre.... A l'époque, mes parents refusaient de regarder les émissions littéraires, donc n'ai pu "vous" voir, dommage, ma mémoire aurait ainsi eu un supplément d'âme suite à mon "itinéraire" parisien...
J'ai fait au mieux du souvenir...

 
 
 
posté le 09-06-2011 à 09:20:20

Olivier Brice met Rome à Paris.

Olivier Brice a revisité la statuaire des musées, donné un sens nouveau à des oeuvres qui sont des références culturelles et de sa pratique de la mode  il a tiré l'élégance de ses drapés qui enveloppent des figures antiques.
Il trouve sa juste place ici dans le climat du Sentier, voué à la diffusion du "fashion" donnant à la plus modeste (et ingrate) place du quartier l'allure héroïque d'une place romaine.

 


 
 
posté le 09-06-2011 à 09:09:43

Léonor Fini se déguise.

On la rencontrait dans l'escalier sombre et solennel du 11 rue Payenne où habitait également André Pierre de Mandiargues. Un voisinage pour entrer dans la légende et évoluant dans le même monde entre raffinement et culture perverse.
A quelques années de là, en un second temps, il aura suffit de traverser la rue et de son nouvel appartement Mandiargues à vue directement sur l'entrée principale du musée Carnavalet. De ses fenêtres on aperçoit les deux figures ailées qui encadrent le porche ; Léonor Fini, elle, est face au parc (à l'intérieur, contre un mur aveugle est dressée une statue de divinité marine (?) dont le drapé épouse la forme du corps)
L'escalier qui conduit chez elle annonce déjà son appartement grâce  à l'odeur âcre des chats qui y font la loi. Entre les chevalets et les meubles anciens chargés de  bibelots et d'étranges choses, Lénor Fini évolue avec la même ondulation câline que ses félins. Féline elle-même avec son visage mangé par des yeux immenses et scrutateurs. Même chez elle, dans l'intimité, elle aime se parer de vêtements bizarres rapportés de ses lointains voyages. Se déguisant aussi pour un plaisir égoïste.
Le déguisement est l'art suprême du corps. Il lui invente de nouvelles natures, d'impossibles mesures de folie, le projette dans ses rêves les plus secrets. Quand le vêtement du quotidien (imposé par des règles sociales, des conventions, des usages), est l'ombre de celui qui le porte, le déguisement devient l'expression de soi, la revanche sur la banalité imposée.
Qui n'aura vu Max Ernst figure sortie d'un conte germanique, et en folle de quelque culte secret Lénor Fini capable de faire d'un simple pancho le manteau d'une déesse des tropiques, ne peut comprendre que se déguiser est un art.

 


Commentaires

 

1. katherine  le 09-06-2011 à 11:09:38

je suis tout à fait d'accord avec vous sur la fonction du déguisement. Quelle jubilation quand soudain on peut revêtir des vêtements d'un autre temps, d'autres coutumes, on devient autre et on se sent pousser des ailes ! Aujourd'hui, on peut penser que la lingerie féminine est aussi une forme de déguisement !

 
 
 
posté le 08-06-2011 à 15:11:11

La calamité des origines.

"Coït et sommeil réalisent le même but régressif : retour à l'existence intra-utérine et, au delà, à l'existence aquatique primitive." (Max Chaleil).
Vénus est née de la mer. On la voit surgir, triomphante des ondes qui caressent ses pieds alors qu'elle s'avance, comme marchant sur les eaux, vers ceux qui l'attendent. Mais, c'est, là, une vision aimable de la naissance qui connaît ses tourments, ses drames, ses pulsions tourmentées. Toute naissance est un drame virtuel, et menacé. L'être à venir surgit dans le chaos des entrailles, et dans les cris.
Parfois c'est un monstre qui s'annonce. La création n'est pas une affaire de tout repos. L'harmonie de la terre n'est qu'une élimination progressive de tous les déchets qui encombraient sa naissance. Comme l'être humain est le résultat d'une lente décantation de ses origines frustes et brutales
L'art n'est-il pas justement d'épurer du superflus ce qui devient sous la main  de l'esprit et du coeur une forme qui tend à la perfection.
Le coït (à l'instar du sommeil) est un état de vertige dans lequel on trouve le délice de s'oublier. Pour atteindre cette zone pleine de mystère d'où, nous le savons, nous sommes venus.
Mourir n'est pas nécessairement la retrouver. On se donne l'illusion d'y parvenir. Mais pourquoi le ciel est-il une ascension, et l'enfer une chute ?

 


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1. Saintsonge  le 08-06-2011 à 16:17:26

Tomber amoureux est une chute, comme forniquer c'est le for (intérieur) qui est niqué, ainsi commu-niquer c'est niquer en commun (lorsque nous dialoguons, nous faisons l'amour sans le savoir, cher ami, enfin je pense, étymologiquement parlant), créer, c'est s'élever, l'énergie qui va vers le haut quand, dans l'amour, elle descend vers le bas,
c q f d....Merleau-Ponty perçoit que "l'extéroceptivité exige une mise en forme des stimuli, la conscience du corps envahit le corps, l'âme se répand sur toutes ses parties", ça devient infernal, l'amour, en fait ! Toujours un désir qui cherche à combler un manque, depuis la séparation du foetus de l'antre amniotique !
Ma réponse convient-elle ?
L'espace du jour est noir de soleil !... Il fait trop chaud pour moi, qui reste à l'ombre de ma chambre-océan... Bien à votre "crachin" frais...s'il en est (en corps, encore)....Puissiez-vous reprendre vigueur !

2. katherine  le 09-06-2011 à 06:46:19

trop intellect pour moi, quand je fais l'amour (ou quand on me le fait) je m'abandonne, et le mystère de mes origines me passe alors par dessus la tête ! Vous devriez essayer : au lieu de retourner vers votre existence intra-utérine, fermez les yeux ! laissez le plaisir vous envahir ! lâchez prise !

3. katherine  le 09-06-2011 à 06:46:55

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4. katherine  le 09-06-2011 à 06:46:55

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5. katherine  le 09-06-2011 à 06:46:55

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6. katherine  le 09-06-2011 à 06:46:55

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7. katherine  le 09-06-2011 à 06:46:55

trop intellect pour moi, quand je fais l'amour (ou quand on me le fait) je m'abandonne, et le mystère de mes origines me passe alors par dessus la tête ! Vous devriez essayer : au lieu de retourner vers votre existence intra-utérine, fermez les yeux ! laissez le plaisir vous envahir ! lâchez prise !

8. katherine  le 09-06-2011 à 06:48:17

je crois que vefblog est d'accord avec mon commentaire : il vient de l'afficher six fois !!!!!!

9. katherine  le 09-06-2011 à 06:48:25

je crois que vefblog est d'accord avec mon commentaire : il vient de l'afficher six fois !!!!!!

 
 
 
posté le 08-06-2011 à 09:51:35

Duranty dans ses livres.

S'il est vraiment, comme le veut la légende (fort contestée) fils bâtard de Mérimée Edmond Duranty donnerait une explication à l'étrange mélancolie qui l'habite et le pessimisme de sa vision du monde. On le dira secret, assez éloigné des agitations de la vie encore qu'il monte au créneau pour défendre la peinture qu'il aime, et en premier lieu Courbet pour lequel il ira jusqu'à créer une revue, collaborant avec Champfleury engagé dans la même optique artistique. Pourtant, son amitié pour Manet (qu'il connaîtra avec Zola), le conduit vers l'art le plus vivant de l'époque : l'impressionnisme. Le voilà aux côtés de ceux qui bataillent pour se faire reconnaître, lui même, en critique d'art prenant leur parti.
Degas, quand il le peint, le voit dans son cabinet, enserré par les livres et comme isolé par eux de la réalité. Tout homme de mots qu'il fut, il était proche de la vie, Pourtant il est bon de s'arrêter à ce regard porté par le peintre, donnant aux livres la puissance, la force obstruante d'un mur qui isole. Ce qui serait en contradiction avec sa réelle mission qui est d'ouvrir au monde.
A moins que, en découvreur des forces données à une peinture qui sort de ses liaisons fâcheuses avec la tradition, Degas fasse usage des livres moins dans leur signification symbolique que formelle. Pour enserrer son modèle dans une architecture qui souligne le caractère enfermé de l'auteur. Ou faire contraste avec la gestuelle ample de l'écrivain et le tombeau qu'il se créé de trop s'y livrer. Mais on peut  alors se demander vers quel horizon se porte son regard.


 


Commentaires

 

1. nike free   le 08-06-2011 à 09:56:10  (site)

Je viens de recherche de ces informations depuis un certain temps.Près de 2 heures de navigation en ligne, enfin je l'ai vu dans votre message. Je me demande pourquoi Bing ne classent pas ce genre de sites Web de qualité dans le top SERP. Habituellement, les sites web en haut sont remplis de jonques. Peut-être qu'il est temps d'utiliser d'autres moteurs de recherche.

2. nike free 3.0   le 08-06-2011 à 09:56:49  (site)

Je suppose que vous avez fait quelques points assez intéressants.Pas trop de gens ne pensent vraiment ce ainsi que vous venez de faire. Je suis vraiment impressionné de voir que il ya tant de choses sur ce sujet qui a été découvert et que vous le faites si bien, avec tant de classe considérablement. encore en suspens, l'homme!Vraiment des choses spéciales ici.

3. nike free 3.0 v2  le 08-06-2011 à 09:57:09  (site)

Je pense que vous avez créé plusieurs points vraiment fascinant.Pas trop grand nombre de ppl fait réfléchir la direction que vous venez de faire. Je suis très impressionné de voir que il ya tant de choses sur ce sujet qui a été découvert et

4. nike free 3.0 v2  le 08-06-2011 à 09:57:09  (site)

Je pense que vous avez créé plusieurs points vraiment fascinant.Pas trop grand nombre de ppl fait réfléchir la direction que vous venez de faire. Je suis très impressionné de voir que il ya tant de choses sur ce sujet qui a été découvert et

5. katherine  le 08-06-2011 à 10:06:26

Ces murs remplis de livres me font penser à un autre intérieur, je prends quelques minutes dans mon travail pour venir vous saluer, j'aime beaucoup ce tableau de Degas, et je trouve ma foi que ce Duranty était fort bel homme. Moi, je crois qu'il regarde simplement par la fenêtre où un oiseau vient de se poser, alors immobile il suspend toute activité, concentré dans son observation. Ou peut-être cette fenêtre donne t'elle sur une autre fenêtre : la salle de bain d'une dame qui aurait oublié de tirer correctement le rideau, ou qui, pire encore, aurait fait exprès pour se faire remarquer de lui le laisser le jour passé à travers afin qu'il puisse l'observer dans ses ablutions ! Mais là je divague, je retourne tendrement à mes chiffres !

 
 
 
posté le 07-06-2011 à 10:12:30

Le progrès en art : un danger ?

Chaque génération d'artiste depuis les origines de la peinture a tenté d'améliorer la maîtrise de sa technique. Aller au plus près de la réalité que l'on voulait saisir. (Et au XIX° siècle Ernest Meissonier triomphe. C'est le règne des "pompiers")
Puis on a voulu s'exprimer, privilégier la manière de la montrer, n'en faire plus qu'un prétexte, s'imposer par rapport au sujet lui-même, jouer avec,  enfin pour "se dire" à travers lui. Et cela au moment même où la maîtrise de la technique picturale était à son état le plus parfait. Impossible d'aller plus loin. C'est le duel peinture-pompier impressionnisme.
Mais, tandis que le peinture exacte représentation était arrivée à son but, la photographie s'impose. Le peintre traditionnel (dont le souci esthétique peut être mineur et de toute manière vient en second plan) n'a plus qu'à ranger ses pinceaux.
Alors vagabonde la peinture comme instrument d'expression. Surenchère permanente pour favoriser l'ego  et conduire, en toute logique, à l'idée que le simple chois suffit. Duchamp sort son porte-bouteille.
On aura suivi le cycle (historique) comme une notion de progrès. Serait-il si difficile (comme dans les techniques) de faire machine arrière. Ou par provocation ou encore parce que certains peintres ne voient pas la nécessité de s'engager dans une course folle vers un soit-disant progrès qui entraîne la mort de son art.
Comme la pensée écologique peut être tentée de freiner les progrès techniques, sources de bien des problèmes d'aujourd'hui, irait-on vers une pensée artistique dégagée de toute référence historique et d'abandonner la peinture à ses fantaisies, le chacun pour soi, selon son tempérament, car l'art ne serait plus une affaire de culture mais d'instinct, de connaissance mais de passion intime.
C'est le règne de "l'art brut".


 


Commentaires

 

1. saintsonge  le 07-06-2011 à 13:27:19

Nietzsche vous picore : "Comment l'art est-il seul possible en tant que mensonge ? Mon oeil, fermé, voit en lui-même d'innombrables images changeantes - celles-ci sont le produit de l'imagination et je sais qu'elles ne correspondent pas à la réalité. Je ne crois donc en elles qu'en tant qu'images, non en tant que réalités.
Surfaces, formes.
L'art détient la joie d'éveiller des croyances par des surfaces : mais on n'est pas trompé ! Car alors l'art cesserait...
L'art fait dériver sur une illusion - mais nous ne sommes pas trompés ?
D'où vient la joie dans l'illusion recherchée, dans l'apparence qui est toujours connue comme apparence ?...L'art traite donc l'apparence en tant qu'apparence, il ne veut donc pas tromper, il est vrai.
..... Tant que l'on cherche la vérité dans le monde, on se tient dans la domination de l'instinct : sans désir et sans instinct : l'artiste et le philosophe. Le monde sans apparence - le saint, l'artiste, le philosophe...." (du Livre du philosophe, 184)
Ouf, cher ami, il n'y a pas d'école d'art de (la) Poésie, il n'y aurait que des rimailleurs (sans progrès aucun) ; le ciel vous tienne en Joie des plus artistiques.

2. sorel  le 07-06-2011 à 15:10:07  (site)

vous me "soufflez" monsieur saint songe. Votre culture s'empare de tous les domaines. On est ici en Bretagne.Crachin mais sans mer.

3. nike free 3.0 ii  le 08-06-2011 à 09:57:53  (site)


Wow, il suffit de prendre conscience de votre blog via Yahoo, et trouve qu'il est vraiment éducative. Je vais être prudent pour Bruxelles. Je serai reconnaissant à ceux qui se rendent ce à l'avenir. De nombreuses personnes seront bénéficié de votre écriture. Merci!

4. nike free 3.0 v2 pas cher  le 08-06-2011 à 09:58:10  (site)

Un billet de blog magnifique, je viens de passer sur un workfellow ce qui faisait un peu d'analyses à ce sujet. Et il en fait m'a acheté le dîner parce que je l'ai découvert pour lui. sourire .. Permettez-moi de reformuler ma question: Je vous remercie pour le plaisir! Mais ouais Thnx de prendre le temps d'en parler, je crois fermement à ce sujet et de l'amour en apprendre davantage sur ce sujet. Si possible, que vous devenez expertise, auriez-vous l'esprit la mise à jour de votre

5. katherine  le 08-06-2011 à 09:59:25

Croyez-vous vraiment que la peinture et la photographie soient en concurrence et que l'une ait chassé l'autre ? il me semble au contraire que ce sont deux arts très différents, et que l'on ne recherche pas dans l'une ce qui fait le charme de l'autre !

 
 
 
posté le 06-06-2011 à 11:38:30

La recherche d'un visage.

Il est né d'un rêve. Dans l'espace qu'il va devoir conquérir ses pas sont hésitants, sa silhouette se glisse dans le buisson des choses et des gens comme un regret. Celui de la perte.

Lorsque Balzac reçoit la première "lettre de l'étrangère" il ne se doute pas qu'elle va considérablement modifier son destin et qu'à terme une histoire d'amour va en naître, croître, le dévorer. Il se met à l'aimer sans connaître son visage (et ce n'est guère un médiocre médaillon qui va le combler), jusqu'à la rencontre réelle des  corps qui est à la fois l'aboutissement de cet amour, et la frontière de son histoire charnelle. Epistolaire, elle a tout l'attrait d'une intimité comme murmurée au creux du lit, quand elle l'est au creux de la page. De là à préférer la page au lit !

Voici, sur l'écran, des mots qui glissent (comme ces poissons décoratifs que l'on admire dans un aquarium). Sinon qu'ils prennent sens en leur assemblage, que mis en chaîne ils l'enchaînent dans une histoire qui va croître en lui, mais sans que jamais une figure la domine. Frustré de ce manque il va broder les mots sur des images empruntées ici et là, au hasard.
Enfant, déjà puissamment  porté par le goût de l'évasion de lui-même, de sa prison de chair (c'était un enfant gâté, protégé, aimé), il découpait dans les catalogues des grands magasins des figures choisies pour leur beauté, leur charme, leur singularité, et composait des couples, agençait des histoires, s'élevait par le biais de ces figurines jusqu'aux cimes des rêves.
Pourquoi s'est -il ensuite passionné pour la mythologie (greco-latine), sinon qu'elle illustre toutes les situations que propose la vie. Une vie par procuration.

Les histoires qu'il composait finissaient toujours dans la cheminée familiale. Histoires de papier.
Les mots qui glissent sur l'écran et le nourrissent tant, vont-ils s'engloutir dans une panne d'électricité, une défaillance de son ordinateur.  C'est le drame de la perte.

 


Commentaires

 

1. Nike Free 5.0  le 08-06-2011 à 09:58:44  (site)

Je suis impressionné, je dois dire. Vraiment pas souvent que je rencontre un blog qui est chaque éducative et divertissante, et laissez-moi vous dire, vous avez mis le doigt sur la tête. Votre concept est remarquable, le problème est quelque chose que les gens ne suffit pas de parler sont intelligemment. Je suis très heureux que je suis tombé dans le présent dans ma chercher quelque chose se référant au présent.

2. nike free 5.0 v4  le 08-06-2011 à 09:59:07  (site)

Je ne comprends vraiment pas pourquoi quelqu'un serait en désaccord avec cela. Je pense que cela ressemble, il est quelque chose à regarder beaucoup plus attentivement. J'ai vraiment l'impression de temps en temps un grand nombre de personnes peut être assez étroit d'esprit quand il arrive que. Beau et c'est tout pour le moment, attendons avec impatience à un poste beaucoup plus et de l'information .. Parlez-en à vous les gars plus tard."Comme dans la vie, pour le plus grand Chill résultats»

3. nike free 5.0 v4 women  le 08-06-2011 à 09:59:22  (site)

WOW ils sont étonnants et doit avoir pris les âges vous mettre ensemble, bien fait et merci

 
 
 
posté le 05-06-2011 à 17:14:44

César Moro l'esprit d'enfance.

Il ne faut pas attendre d'un dessin de poète (et plus encore d'une peinture) qu'il ait la cohérence architecturale que lui donnerait un peintre qui domine mieux son instrument d'expression. C'est que le dessin de poète est un débordement des mots de son registre habituel, une aventure sans boussole dans une terre inconnue et dont le prestige est grand de cette ignorance. L'aventure à l'absolu et par voie de conséquence une aptitude à découvrir, inventer, ce qui reste au domaine réservé et si fugitif, de l'enfance. On vante dans le dessin d'enfant (et de fou, tout aussi décalé de la réalité) qui ne connaît pas encore le monde, mais le découvre, et un crayon à la main avec une superbe ignorance des lois qui nous ligotent à des préjugés, des oukas, des pudeurs dont il n'a rien à faire et dont d'ailleurs il ne connaît ni l'usage ni la force de dissuasion de se montrer en son entier, en sa nature profonde.
Et c'est tout le charme qu'aura su garder un César Moro peignant d'instinct et dans l'instant. Pour s'émerveiller, se conter des choses secrètes, s'inventer des mystères, et se promener sur la feuille de papier avec cette désinvolture qui frise la provocation mais engendre de minuscules miracles.  Ne dit- on pas que le génie de Klee tenait dans cette préservation de sa faculté à s'émerveiller ( vouloir peindre le chant de l'oiseau !)
César Moro est de cette famille qui débusque les petites choses qui font les grands mystères, indocile aux enseignements  il fabrique son théâtre d'émotions.

 


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1. Saintsonge  le 05-06-2011 à 17:20:42

Le dessin (du poète, du moins), c'est la main qui pense....
Le ciel vous tienne en ... émerveillements !

2. nike free 7.0 v2  le 08-06-2011 à 10:00:20  (site)

Great post, je conçois les propriétaires de blog doivent acquérir un lot de ce site son utilisateur cliquetis génial.

 
 
 
posté le 05-06-2011 à 17:02:19

Bomarzo, le jardin des supplices.

Mandiargues m'en avait parlé, un livre il en fera. Plus que tout autre le jardin de BOMARZO devait le séduire par l'étonnante invention perverse des figures qu'il mettait en scène. On est là dans les pages les plus cruelles des légendes mythologiques qui déclinent les atrocités accompagnant le cycle de la vie et de la mort, l'évolution du monde, ses métamorphoses et la célébration de la violence (de la cruauté) comme moteur de la dynamique de la vie.
Se promener dans un jardin suppose des rapports de sérénité avec la nature, alors que là elle vous interpelle, vous provoque, vous entraîne dans des délires fantasmatiques. Se perdre dans un jardin n'est-ce pas la réponse au drame d'avoir perdu "le paradis".

 


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1. Nike Free Run 2.0  le 08-06-2011 à 10:01:00  (site)

Salut, je pense que j'ai vu que vous avez visité mon site alors je suis venu "renvoyer l'ascenseur". J'essaie de trouver des choses à améliorer mon site web! Je suppose que c'est autorisé à utiliser certaines de vos idées!

2. nike free run 2 avis  le 08-06-2011 à 10:01:15  (site)

Je suis tellement contente d'avoir observé ce weblog. Merci pour les données. Vous faites une bonne affaire de grands points dans votre post. Évaluation de 5 étoiles!

3. nike free run 2 pas cher  le 08-06-2011 à 10:03:47  (site)


J'avais l'habitude de recommander ce blog par le biais de mon cousin. Je ne suis pas certain que cette mise en place est écrite par voie de lui comme personne d'autre ne comprends spécifiée sur ma peine. Vous êtes merveilleux! Merci!

4. nike free run 2 pas cher  le 08-06-2011 à 10:04:13  (site)


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posté le 05-06-2011 à 12:29:55

Les frères Limbourg, reporters.

Ils sont tous là, les familiers, cousins, clients, fripons, déguisés en courtisans, le corps trop pansu, faisant craquer les coutures de trop beaux habits qui portent hommage au seigneur et signe leur puissance chèrement acquise, férocement gardée. Les animaux sont de la fête, on leur jette les restes qui nourriraient des hordes de manants tenus à distance.
Au pied de la cheminée de son château (à Mehun sur Yevre ?) le fastueux duc de Berry, oncle du roi fou, étale ses richesses. On vante son faste et son bon goût dont de demander aux frères Limbourg d'immortaliser la scène. Ce sont des reporters, mais moins soucieux de la véracité de ce qu'ils montrent que de son effet pour éblouir le curieux, souligner le poids des puissances qui l'écrasent et contre lesquels  il ne peut rien.
Arme de propagande ?  Déjà.
Sinon que l'art y a sa part et c'est lui qui gagne au final. On ne regarde plus l'image pour ce qu'elle est censée relater, mais comme la plus achevée, la plus racée des compositions où finesse du dessin, luxe des détails, harmonie suprême des couleurs, composent ce qu'il faut bien qualifier de chef-d'oeuvre

 


 
 
posté le 05-06-2011 à 10:10:00

Pourquoi écrivez-vous ?

Les Surréalistes avaient posé la question à une bonne centaine de l'élite littéraire perçue dans son sens le plus large et privilégiant ceux qu'ils méprisaient, un peu par moquerie, surtout par provocation. Mais n'en n'est-ce pas une, fondamentalement. Et qui peut répondre avec la plus évidente honnêteté à une question qui est aussi bizarre que perfide.
Savoir pourquoi on écrit c'est déjà rendre possible qu'on ne le fasse plus. L'ignorant, on poursuit sa tâche, celle ci était justement le moteur de la question.
Avec son humour vachard et un peu facile, Willy avait pu déclarer : " Si l'Agriculture manque de bras la Littérature ne manque pas de pieds"  Et c'est sur cette lancée discourtoise qu'il peut distinguer quelques belles réponses à un questionnaire , de cet acabit qui fut lancé dans les années 1890 aux écrivains de toutes catégories et de divers talents.
L'humour est souvent au rendez-vous. Jean Ajalbert (bien oublié) avoue qu'il "se le demande" ; Max Jacob, avec sa mine de moine facétieux fait jouer l'humilité "Pour mieux écrire" affirme-t-il non sans ouvrir une voie intéressante au problème ; Pierre Mille qui avait alors la gloire développe une idée qui est un aveu "parce que je n'ai réussi dans aucune profession, même inavouable" ; et d'autres, plus naïvement, tombant dans le panneau tendu : "parce que j'ai ça dans la peau" affirme Eugène Montfort et Marcelle Tinayre sortant les cors :" parce que c'est ma vocation, comme un pommier porte ses pommes".
Toujours d'actualité la question pourrait être posée aux fabricants de best-seller d'aujourd'hui.
Combien avoueront que c'est pour conforter leur compte en banque ?

 


Commentaires

 

1. Saintsonge  le 05-06-2011 à 11:37:46

"Bon qu'à ça" avait répondu Beckett ; les "best-selleurs" n'écrivent pas, ils usinent , nuance fâcheuse, ils sont des contrevenants, contrebandiers, contrefaçons....
Sous une petite ondée qui minaude cette fois au ciel finistérien gris souris.

2. katherine  le 05-06-2011 à 12:26:13

alors est-ce à dire que les seuls écrivains passionnés sont les écrivains de l'ombre -ceux qui ne seront jamais publiés mais qui continuent quand même, ceux qui peu sûrs d'eux n'envoient jamais leurs manuscrits aux maisons d'édition ? Est-ce pour cela, qu'après voir écrit un best-seller, on se dit que l'écrivain recommence à chaque fois le même livre, pour recevoir les mêmes royalties ?

 
 
 
posté le 04-06-2011 à 18:26:10

Le choc des images chez Victor Hugo.

C'est souvent l'illustrateur qui situe (il le résume) le climat d'une oeuvre et lui donne sa dimension définitive au regard du lecteur.
La lecture enfantine peut s'appuyer sur l'image quand le mots ne sont plus que leur amorce.
En dépit de la force suggestive qu'ils prennent dans la poésie et la prose de Victor Hugo, ses mots gagneront d'autant plus de réalité  que l'image les poussera vers le regard dans un déchaînement gestuel et un rythme à son égal et qu'elle saura donner sens à l'impossible, attirer le fantastique dans le registre du possible, du plausible, à portée de main. Ce n'est pas une imagerie faite pour sertir la prose dans une zone de respectabilité, de grandeur qui l'éloignerait de la vraisemblance. Le fantastique chez Hugo est né dans une réalité soufflée par la force élémentaire, des phénomènes qui entrent dans notre quotidien, et s'il le faut dans une débauche de détails qui métamorphosent la réalité. Ainsi le gothique exalté dans "Notre Dame de Paris" atteint les limites de la vraisemblance architecturale, comme seul l'imaginaire peut doter la réalité de formes plus flatteuses et trouvant dans l'excès la force qui entraîne une plus forte mémorisation du sujet.
Quand le sujet est la force marine, c'est le rythme qui l'emporte et bouscule l'image sans la déformer, ni lui faire perdre ses attaches avec la réalité.
A l'exemple de l'auteur qu'ils illustrent, les artisans de l'image d'accompagnement de Hugo ne reculent pas devant l'excès, le déclamatoire, forçant l'attention plus que soucieuse de la flatter.
Déjà on pouvait parler du choc des images.


 


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1. Saintsonge  le 04-06-2011 à 20:29:52

Le "choc" des illustrateurs comme des "travailleurs" de l' amer ?

 
 
 
posté le 04-06-2011 à 11:51:42

Quarante-huit heures à Lariboisière

Il se présente noblement. Large façade avec, aux deux extrémités, des retours à angle droit, le tout relié par une colonnade recouvrant une galerie (souvent utilisée dans des séries de télévision, la manne pour programmer des restaurations ici et là nécessaires). C'est la vision qu'avait, de l'hôpital, le XIX° siècle qui découvrait la médecine sociale et le progrès pour lutter contre la mort.
L'Hôpital Lariboisière est planté dans ses terres dans le voisinage immédiat des voies ferroviaires de la Gare du Nord. La nuit, quand tout est calme alentours, on entend mieux le bruit métalliques des trains en partance et les annonces des lointaines destinations.
Aux arrières de cette architecture qui fait illusion,  est installé le service des urgences. La noble pierre de prestige est ici remplacée par la brique semblable à celle qui ceinture Paris par ses logements à loyers modérés, implantés sur le parcours des anciennes fortification de monsieur Thiers par la politique socialisante des années 30. Une brique terreuse, que l'on dirait plus lourde que celle, lumineuse, dont on fait les murets décoratifs des villas balnéaires.
Là s'engouffre à grand bruit l'ambulance qui amène un Valentin mal en point et repêché de justesse alors qu'il s'enlisait dans sa propre poitrine écrasée de douleurs.
Le service des urgences est installé dans une sorte de long couloir dont chaque côté est segmenté en des sortes de petites cellules isolées par un semblant de porte légère, coulissante, à la mode japonaise, le seul élément un peu plaisant dans un climat de gémissement et de fébrilité formulée dans toutes les langues.
Valentin, sortant de son hypnose sensorielle, découvre ses voisins. Un vieillard si silencieux, recroquevillé sur lui-même, qu'on le dirait  presque mort, et  par un effet de contraste digne du meilleur metteur en scène, dans la cellule adjacente un lascar portant beau un torse nu qu'il a sculpté des muscles du lutteur de foire et vitupérant, apostrophant de si énergique manière que des infirmiers appelés en secours le maîtrisent sur son brancard avec de larges lanières (on est passé d'un hôpital à un asile psychiatrique). Voisine, une petite dame couronnée de cheveux blancs avec des coquetteries de bleu qui passe en vagues douces comme un troupeau de nuages. Elle a le calme dans l'attente de celle qui aura connue les queues interminables pendant la guerre pour acheter sa part d'alimentation avec tickets de rationnement. Puis un gamin hilare qui danse sur son brancard et doit confondre hôpital et stade de sport. Un autre (comme la nature est variée) tout en pleurs et que famille et infirmières attroupées s'efforcent de calmer.
Valentin dénombre dans les lointaines d'autres présences plus difficilement identifiables, mais vers lesquelles se dirige en procession quelques éminents personnages du service. J'ai nommé le médecin et son associée (une femme future docteresse). Arrivé à la hauteur de Valentin, ce dernier peut l'examiner avec toute l'intense curiosité qu'il lui inspire. Sa blouse blanche largement ouverte sur son costume civile (c'est le privilège des chefs que de ne pas montrer l'exemple quand le personnel doit porter la blouse serrée au corps) révèle une excentricité vestimentaire qui doit en dire long sur le personnage. Il exhibe un frétillant noeud papillon d'un rouge éclatant sur une chemise, à carreaux noirs et blancs d'un curieux effet. Dans un visage avenant, d'une rondeur rassurante, deux grands yeux rieurs qui ont la particularité de s'animer en suivant un large cercle à l'intérieur de l'orbite si bien que c'est le blanc de l'oeil qui proémine subitement, offrant une insolite interrogation. Voit-il son interlocuteur ou se parle-t-il à lui-même. Décrivant dans un langage clair et direct son diagnostic. Celui de Valentin n'est pas du meilleur cru. Et d'apprendre qu'on va le retenir (comme un mauvais élève à la sortie du cours) pour des examens plus poussés. Et de là, voituré jusqu'à une autre salle sortie tout droit d'un concours d'architecture des années 30, dans un grand déploiement de courbes et de lignes droites qui s'emmêlent et ne savent plus où s'arrêter. On a pourtant contenu le tout dans une vaste salle demi circulaire qui tient plus de la salle des vente avec son haut comptoir central derrière lequel s'agite toute une troupe d'infirmières affairées sur des écrans d'ordinateur plus nombreux que les malades.
Là aussi, dans un souci d'économie de place, un agencement léger sur le pourtour de la salle, sa partie incurvée qui aligne les patients. A quoi s'ajoute pour créer un semblant d'intimité, de très légers paravents sur roulette (un tissu blanc tendu sur un cadre de métal)  que l'on  dispose devant chaque lit pour l'isoler.
La place voisine de Valentin fut longtemps sans occupant, et tard dans la soirée, dans un doux chuintement de roues caoutchoutée, un brancard livre un ultime patient. Qui se trouve être une femme que l'on dispose avec soin dans le champ visuel de Valentin qui n'en demandait pas tant. Pourtant le personnage ne manquait ni d'attrait, ni d'originalité, surtout dans ce contexte hospitalier.
Assise, fière, sur sa couche, c'était une femme à la peau d'ébène, au port altier, le torse saisi dans une extravagante veste tricotée avec un souci évident de faire jouer le maximum de couleurs. Quelque chose comme la parure d'un royauté lointaine (à moins qu'elle ne se soit échappée des pays lointains imaginés par Rimbaud).
Le regard intense de cette patiente insolite se portait ostensiblement vers Valentin
qui en fut presque gêné, quoique à la fois flatté et intrigué. Mais d'une main précautionneuse, un infirmier roula délicatement un paravent qui isolera la belle alors que, Valentin en avait acquit l'illusion, quelque chose devait les lier qui releverait d'une belle rencontre.
Valentin, assez volontiers porté à la dérision, surtout de lui-même, nota quand même l'incongruité de l'incident. Une simple feuille de paravent vous coupe d'un avenir virtuel.
La nuit venue tout change, et les bruits s'adoucissent quand des ronflements incongrus brisent ce qui pouvait devenir une harmonie.
Débarrassés de leurs contraintes les infirmières se regroupent autour d'un café et se livrent à d'innocents jeux de tendresse gestuelle tandis que la gente masculine s'agite autour des ordinateurs livrés aux recherches des jeux les plus incongrus.
On sent la ville frémir derrière les hauts vitrages, une rumeur de voyages et des sifflements annonçant de prompts départs.
A terme d'un périple nonchalant Valentin se retrouve, au petit matin, rendu à ses liberté d'homme ayant recouvré ses forces naturelles. Franchissant le seuil du service des urgences il croise, fier sur son brancard, cigarette à la  bouche, et hurlant des mots sans suite, un magnifique clochard recouvert d'une couverture de survie, dont le jaune d'or répondait comme dans un dialogue amorcé pour une belle journée avec le soleil levant. Le malheur entrait à l'Hôpital sur l'air de la dérision.


 


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1. Saintsonge  le 04-06-2011 à 12:01:40

Ca sent le vécu....
Et, j'ai comme idée subtile que le Val-en-Teint pâle pour le coup, c'est vous.
Bien aise de vous savoir de nouveau parmi nous. M'enfin, la mémoire poético-picturale accompagnait vos synapses !...
Et...des rêves de femme, face à vous.
Le ciel vous tienne en meilleure disposition !

2. katherine  le 04-06-2011 à 12:25:55

ah que les hommes sont coquins, même quand ils sont dans les plus mauvaises postures !

 
 
 
posté le 04-06-2011 à 11:47:20

Un duo Chagall-Cendrars.

Ce sont deux crèves-la-faim, lui le poète, entre deux trains, Blaise Cendrars, l'autre le peintre Chagall installé à la Ruche, cet étonnant phalanstère planté au sud de Paris, sans confort, mais où des artistes venus de tous les horizons ont installé leur atelier. Chagall est l'un d'eux.
La misère, c'est à dire manger quand on le peut, vivre de rien (sinon d'alcool) mais dans la fièvre de la création. Chagall n'a jamais été aussi inspiré, brillant, sublime que dans ces années de vache-maigre mais de riches amitiés comme celle d'un Cendrars guère mieux loti et à la merci des rencontres qui lui fournissent commandes, soutiens et admiration.
On aura fait la légende de Montparnasse avec cette "faune" qui progresse dans la rencontre fécondante de la poésie et de la peinture. La misère, mais une formidable liberté d'aller au plus profond  de soi-même pour jeter sur la toile de fabuleuses images qui brassent le flot ardent de la mémoire, la culture de l'émotion  saisie comme un papillon dans le filet des couleurs.
Cendrars est aux côtés du peintre, l'oeil largement ouvert et le coeur à l'unisson car de telles alliances se font dans la culture du sentiment. Une complicité qui est celle des amoureux. L'amour inspire de belles choses. Mieux que la pensée.

 


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1. Saintsonge  le 04-06-2011 à 12:02:24

Tiens, Chagall....au Transsibérien !

 
 
 
posté le 03-06-2011 à 14:42:20

Le livre est un sexe de femme aimée.

Elle avait l'air d'une étudiante, elle en avait l'âge. Au fond de la librairie, au milieu des piles de livres à recouvrir du fin papier cristal qui leur donnerait droit de circuler en meilleure apparence que celle, défraîchie, marque de leur âge et de l'oubli d'où on les avait tirés, elle oeuvrait dans un silence quasi religieux. Des habitués (ces étudiants attardés qui traînent autour du boulevard Saint Michel) tournoyaient autour d'elle, nullement pour la tirer de son ouvrage ou lui conter fleurette, mais pour, avant qu'il ne soit mis en circulation, repérer quelque livre convoité. Par elle passaient des pièces recherchées, autant que le menu fretin des éditions courantes. A sa manière d'approcher le livre à couvrir, même sans voir celui-ci, on pouvait déduire dans quelle catégorie il était raisonnable de le placer.
Rompant le rythme, cassant la cadence, il lui arrivait de retenir un ouvrage et comme tout véritable amateur, de le palper, le sentir, l'ayant ouvert d'y plonger le nez, s'attarder en une sorte de rêverie comme pour s'imprégner de sa saveur, son odeur, sa mémoire ( tout livre d'occasion a une mémoire ) et d'atteindre à une sorte d'intime et secrète jouissance. On songeait aussi, en la voyant, à ces femmes à qui on offre un bouquet de fleurs et qui y plongent un nez ardent pour tirer toute la saveur de leur parfum, ou encore à ces hommes très amoureux qui nichent leur tête dans l'entrejambe de la femme aimée, pour trouver au contact de leur sexe toute l'odeur de la mer, trouver la source ultime.
 Tout amateur du livre en tant qu'objet comprendra cette attitude qui peut paraître insolite, voire grotesque, à celui qui ne connaît que le livre de consommation courante.  
L'amour du livre a une dimension sensuelle qui donne à la lecture un attrait supplémentaire, et sa séduction passe par sa matière même, le soin que l'on aura apporté à sa confection.
L'emballeuse de livre de la rue Saint André des Arts, (reconnaîtra celui qui veut) avait des rapports amoureux avec lui. S'en contenterait-elle longtemps  ou cherchait-elle, dans les livres, son destin de femme à aimer ?

 


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1. Saintsonge  le 03-06-2011 à 19:24:22

Bienheureux de vous savoir de retour (aux sources).... Ah quel article, il m'avoue dans combien de "sexe paginé" ai-je plongé la tête, à la manière de cette lectrice-ci (en ce cas de votre définition : lesbienne, toute lectrice ?) ...L'odeur de mer/ère... Tiens oui, encore l'idée de l'homme-qui-rétrécit (le film, si vous l'avez vu)... Bien bien.... Mais quel est le titre ici même de ce NRF ?... Le ciel vous retrouve en joie !

2. katherine  le 03-06-2011 à 20:57:44

A peine rentré vous voici déjà sur votre blog, à parler littérature, amour des livres, sensualité, je vous retrouve et j'en suis très heureuse !

 
 
 
posté le 25-05-2011 à 16:30:58

Colette à l'ombre de Willy.

Arrivée sur scène d'une petite paysanne délurée (Gabrielle Colette) grandissant dans une famille non conformiste où s'impose Sido. Déjà le goût des sensations naturelles (marcher pieds nus dans l'herbe, s'enivrer du parfums des fleurs, s'identifier à la force végétale) forment une future Colette dans les limites de son monde même s'il s'inscrit bientôt dans celui de Willy, la fanfaron connu de "Tout Paris", fils de famille (dans l'édition) et critique musical de renom qu'elle épouse. Mais ce n'est pas tout. Willy, épris de gloire et de mondanité, va créer un atelier d'écriture (une usine !) où des "nègres" affluent qui seront quelques unes des plumes les plus savoureuses du temps (Jean de Tinan, Curnonwsky, Paul Jean Toulet ) Devant l'espièglerie de sa jeune épouse Willy la pousse à écrire ses impressions d'écolière. Ce sera la naissance de Claudine (tour à tour à l'Ecole, en Ménage) et le succès assuré pour Willy qui signe  effrontément la prose de sa femme.
Outre la main mise sur le talent de sa femme, il se conduit en mâle à qui tout est permis (l'époque le veut), multipliant les maîtresses et favorisant les instincts saphiques de Colette qui devient avec son amie Misty (duchesse de Motny) le couple lesbien le plus scandaleux de Paris, surtout qu'il se produit sur les planches dans des mimes vaguement coquins.
Colette avec Willy devient elle même. Atteignant la gloire quand Willy, auteur (par captation de la prose de ses nègres) d'un nombre considérable d'ouvrage, reste une curiosité pour bibliophiles. C'est en surprise que l'on trouve parfois, chez les bouquinistes, des livres signés de lui, publiés à la va-vite, mais qui ont le charme des choses passées.

 


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1. Saintsonge  le 25-05-2011 à 20:28:25

J'avais justement en main , "pieds nus", cette après-midi, "le pur et l'impur"....
Le ciel vous tienne en joie !

2. sorel  le 25-05-2011 à 20:55:03

c'est ce que Breton appelle le hasard objectif !

3. Saintsonge  le 26-05-2011 à 06:59:00

Exact !..
J'adore les "hasards objectifs"... J'oublie souvent qu'ils peuvent encore exister ; à preuve que oui, hier...
A sortir de soi-même, on ne traverse que la porte de l'imaginaire ou de l'imagination, selon.
Le ciel vous tienne d'humeur équanime...

4. Saintsonge  le 26-05-2011 à 06:59:03

Exact !..
J'adore les "hasards objectifs"... J'oublie souvent qu'ils peuvent encore exister ; à preuve que oui, hier...
A sortir de soi-même, on ne traverse que la porte de l'imaginaire ou de l'imagination, selon.
Le ciel vous tienne d'humeur équanime...

5. Saintsonge  le 02-06-2011 à 20:31:40

Seriez-vous à "l'ombre" de quelque fâcheuse fatigue ?..En ce cas, bon "rétablissement"...

 
 
 
posté le 23-05-2011 à 23:30:57

Jacques Prévert au vrai.

Comme un souvenir lointain, celui d'avoir rencontré Michel Rachline qui ne m'avait pas laissé une bonne impression. Une assurance (très parisienne) de celui qui a ses entrées partout, sait tout, peut débiter des informations qui nourrissent les réputations (ou les défont) et que les maîtresses de maison un peu snob adorent avoir dans leur dîner. Un bouffon en somme.
Et puis un mince petit livre sur Jacques Prévert découvert chez Monalisait.
L'allusion à Prévert seule justifiait qu'on s'y arrête. D'ailleurs je n'avais même pas remarqué le nom de l'auteur étant surtout fort amateur de biographies.
Le charme opère tout de suite. Ce n'est pas une biographie ordinaire. C'est une déclaration d'amour. Simple emportée, traversée de souvenirs, et le mélange des souvenirs de l'auteur avec l'évocation du poète fonctionne très bien. On y gagne une présence de celui-ci. Sans concession, sans détours, avec la franchise qui était d'ailleurs dans sa nature. Rachline ne construit pas une icône mais nous fait entrer dans l'intimité d'une admiration-amitié qui a la franchise de son modèle. Ce serait ça l'image du vrai poète !

 


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1. Saintsonge  le 24-05-2011 à 02:41:08

Hölderlin : "l'homme habite en poète le monde"....
Je n'eusse pas aimé le Monsieur-je-sais-tout-sur-tout et partout, non, guère plus aimé....
Ah tiens, Prévert, que j'avais "vu" dans l'article de votre coeur (aimant les cours), ah tiens, qu'à me réveiller en pleine nuit, je vous lis....au pré vert de l'insomnie...."enraciné dans l'amour de l'humanité" , m'en retourne coucher, "heureux comme la truite remontant le courant" - de vous avoir lu.

 
 
 
posté le 23-05-2011 à 09:52:53

La symphonie de Proust.

Peu d'écrivains suscitent, comme Proust, une sorte d'amour fétichiste mêlant l'homme à l'oeuvre et sa souffrance comme le prix à payer pour la mener à bien.
A se demander si l'énorme entreprise de la Recherche n'est pas une manière de défier son mal de vivre, et sa mise à l'écart de la réalité qu'il aura, avant d'être terrassé par le mal, pris le soin d'observer en s'y mêlant non sans un mélange de flatterie et de cynisme. L'aurait-il, jeune, évitée, négligée, qu'il n'aurait pu s'appuyer pour écrire que sur l'instant de sa douleur, en rétrécissant progressivement son champ d'investigation, et, au final, s'asséchant sur lui-même.
Le miracle veut qu'il ait constitué une réserve fabuleuse d'émotions, de personnages, pour les assembler comme en un puzzle géant.
Alors que Balzac est proche du journaliste qui relate une chose observée de près et mise en musique par le génie du verbe, Proust construit sa musique sur le seul secours de la mémoire.
Peu à peu, et  Swann en ouverture du spectacle, voici que s'avancent les personnages recomposés dans le silence de la chambre tapissée de liège. C'est le formidable transfert dans une sorte de tapisserie chatoyante et finement brodée où les mots s'assemblent comme sur une partition musicale pour donner leur timbre le plus riche et le plus complexe dans les assemblages, la menée de la mélodie qui devient une vaste symphonie. Achevée.

 


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1. Saintsonge  le 23-05-2011 à 18:52:05

Vue ladite "chambre tapissée de Liège", la maison de Tante Léonie, seul avec l'amie qui m'accompagnait alors, le gardien nous ayant fait confiance, qui nous laissa, aller-venir, de la cuisine à la chambre, de ladite chambre, au jardin, du jardin à la salle-à-manger, de là, à la bibliothèque, au salon, etc , ah, ce fut bien étrange !... Cela me fait vous dire que Cocteau, lui, le visita tous les jours, au moment de la rédaction de son long manuscrit à paperolles, Proust au bord des larmes, une fois, de savoir qu'une certaine Comtesse refusait de lire les épreuves qu'il avait remises à Cocteau, pour un avis, ce que le Poète de Parade et autres Belle et Bête, et Sang, lui répondit : c'est comme si vous demandiez à un entomologiste de lui faire lire ses insectes et ses bêtes empaillées....! On ne connait pas la réaction de l'auteur de la Recherche - Un autre jour, dans un autre salon, quelqu'un crut reconnaître Albertine en quelque snobinard, lequel répondit : ah oui, moi ?...Non, nous étions plusieurs....! J'arrête ici avant le bug général ! Il est en souffrance, mon ordi ! Le ciel vous tienne en joie !

 
 
 
posté le 21-05-2011 à 11:29:00

Pierre Reverdy à Montmartre.

Gamin encore, et mal dégourdi, pris en main par un lointain cousin, grand d'Espagne et coiffeur de métier (il coupait les cheveux des stars du cinéma d'alors et me traînait derrière lui pour combler ma curiosité) je déambulais les jeudi et les dimanche dans les rues pentues de la Butte Montmartre dont il connaissait (en riverain) tous les secrets.
Sa culture était vaste et désordonnée. Il me faisait découvrir les traces des peintres et poètes qui avaient encore laissés là leurs souvenirs devenus des légendes (les choses ont bien changées). Il me faisait descendre l'escalier de mauvais bois du Bateau Lavoir, pour retrouver le souvenir de Max Jacob, de Domergue et de Picasso. Pour un peu on pourrait croire qu'il les avait rencontrés. Passant devant un  sobre immeuble dominé par une haut grenier et sa lucarne ovale il me déclarait : - c'est là que vivait Pierre Reverdy.
Il semblait porter une attention particulière à ce poète qui n'aura jamais atteint la gloire universelle s'il retient l'attention (et la passion) d'une élite.
C'est bien plus tard, dans le sillage de l'Ecole de Rochefort dont Jean Rousselot était alors le plus pressant ambassadeur, que je découvrais les poèmes d'une couleur quasi monastique qui ont séduits toute cette génération, et jusqu'aux surréalistes qui ont finalement leurs racines chez Valery (quel paradoxe) et Reverdy qui les avait accueillis dans sa revue "Nord Sud". Allusion à la ligne de métro qui portait longtemps ce nom et ralliait Montmartre à Montparnasse.
Les voitures bringuebalaient dans un jeu brillant de cuivre et d'émail avec le joli dessin 1900 des sigles du Métropolitain. Cordon ombilical des forces poétiques qui défient le temps.


 


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1. Saintsonge  le 21-05-2011 à 11:41:59

Etiez-vous dans les années 78/81 au Bateau Lavoir, époques où j'y allais ?... Alors, si je me souviens bien, je m'asseyais sur une des tables à gauche de la porte d'entrée, au milieu, ...
Collection que j'achetais en plus, à l'époque, aussi... J'en eus beaucoup....
Ce jour, ciel d'un bleu de Baïkal (le lac)..., sans "épaves" de nuages.
Qu'il vous tienne en joie poétique !...(par jeux d'images ; votre jour s'est-il aussi "déplié comme une nappe blanche" ?)
"Le poète est un four à brûler le réel..."

2. sorel  le 21-05-2011 à 18:50:12

Il est déplié puisque le ciel n'a plus de bords, ni de limites, à l'étal, aveuglant. Vous oubliez que je suis vieux. Je parle des années 45-48, peut-être n'étiez vous pas né.

3. Saintsonge  le 21-05-2011 à 19:13:44

aussi "létal et aveuglant" que le manteau de Jésus qui devint d'une blancheur éclatante alors qu'il priait auprès de ses apôtres choisis ?...
Que nenni, je n'oublie pas puisque mon ami Pierre Dhainaut me rappelle le sien dans son dernier courrier (j'ai longue, très longues correspondances avec lui depuis.... 1988 !..), mais le virtuel fait que vous n'en avez aucun !.. Ceci dit , né en 1957, je traînais dans les étoiles encore....au temps où vous flirtiez déjà les Muses !...
Point de bords célestes, itou, tout le jour, ici... C'est Hymne à l' Univers, dirait Pierre Teilhard de Chardin ! Le Bon Soir....!

 
 
 
posté le 20-05-2011 à 11:38:38

Musique, cour de Rohan.

Il aura fallu s'engager dans l'étroit couloir pavé du Passage du Commerce. Celui qui a la mémoire des lieux croit entendre le bruit métallique de la presse de Marat qui imprime là sa feuille explosive (aujourd'hui derrière des panneaux de verre on expose des meubles design) et à quelques mètres plus loin c'est l'atelier où monsieur Guillotin expérimente sa terrible machine en sacrifiant des moutons venus d'une ferme du Loiret où il a ses habitudes. Puis, dans un coude des maisons souvent de guingois, l'arrière du Procope. On entend le murmure des voix, c'est Diderot qui discute avec Jean Jacques Rousseau. On y parle de Greuze. Le passé vous tombe dessus, comme une pluie d'orage quand vous vous attardez, freiné dans votre marche par un sol qu'eut aimé Proust qui butait sur les pavés de la cour de l'Hôtel de Guermantes.
Et puis, en surprise, un portail comme on en voit à l'amorce d'une noble allée dans les maisons de campagne que fréquentent les épiciers enrichis, uniquement en fin de semaine, en traînant derrière eux des flopées d'enfants sortis de leur pensionnat.
 Derrière, protégée, une cour entourée de  maisons austères qui portent des végétations grimpantes comme les bourgeoises en sortie, leur collier de perle.
Sima, le doux peintre ami de Jouve et de Roger Gilbert Lecomte avait là son atelier. On y parlait poésie et ésotérisme.
Un air à la fois sévère et d'une profonde mélancolie s'élève comme une odeur d'encens parmi les vignes vierges et la ronde des volets fermés, tant le calme est grand qui fait un écrin magnifique à cette musique surprenante en ce coeur de Paris alors qu'à quelques mètres à peine, le boulevard Saint Germain lâche ses cohortes de voitures agressives. J'y ai vu, attablé au café qui fit l'angle de la rue de l'Ancienne Comédie, le poète Benjamin Péret, sirotant avec gravité un haut verre d'une boisson teintée en vert. Pour donner des couleurs au poème qu'il mijote.


 


Commentaires

 

1. Saintsonge  le 20-05-2011 à 15:30:32

Gros souci informatique, ce jour - il se peut même qu'il rende l'âme sous peu, ce que j'avais cru être un nouvel ordi !... Vous transmets un bon Jour depuis la méditathèque Perros douarneniste, Poste 3, pour être précis - sur un Dell , tout aussi vieux d'âge, me signale le responsable -, ah,
que j'aime les cours où les arbres sifflotent du Prévert, aussi...
bien à votre fin d'après-midi, que le ciel vous tienne en bonne humeur...

 
 
 
posté le 19-05-2011 à 16:05:58

Mehun sur Yèvre, la déchirure.

Comme frappé par la foudre (il le fut) déchiqueté à la Révolution par un entrepreneur de construction qui en use comme d'une carrière de pierre, le château de Mehun sur Yevre s'inscrit dans le paysage comme une agression, l'affirmation  d'un pouvoir qui passera des mains du duc de Berry (un des oncles prédateurs du pauvre Charles VI) à Charles VII qui y meurt non sans y avoir exercé son mince pouvoir de prétendant dépossédé de l'essentiel de ses biens territoriaux. Jeanne d'Arc y passe, qui y reçoit des mains du souverain le titre de noblesse qui la distingue avant que la sainteté ne l'emporte et les partis politiques la prennent en otage.
Mehun sur Yevre en lambeaux et repaire à corbeaux, s'est posé comme un épouvantail au bord d'eaux dormantes sillonnées par des chemins aux allures de parc public. C'est un lieu arraché au temps, donné en pâture à la rêverie solitaire et la nuit à d'étranges ballets où la morale fait défaut.n

 


 
 
posté le 19-05-2011 à 15:21:46

La tapisserie de Bayeux, une icône de l'Histoire.

Elle se déroule sur 68 mètres 30, c'est la tapisserie de Bayeux. Ou, plus exactement, une broderie due à la reine Mathilde (selon une légende parfois contestée), commandée par Odon de Bayeux, demi-frère de Guillaume de Conquérant et qui relate (en lui donnant une allure mythologique) la conquête normande de l'Angleterre en 1066.
En neufs panneaux elle constitue une sorte de chronique où passent, et trépassent six cent vingt-six personnages, deux cents chevaux et une multitude d'animaux divers dans un décor de catastrophe mais traité d'une manière joviale, où la main d'une femme donne un peu d'humanité à ce qui n'est après tout qu'une histoire de bataille. Un ton familier, badin, avec de délicieux détails comme quoi la broderie qui est un art de la lenteur, de l'attention, de la rêverie maîtrisée, est le support d'une dimension imaginaire dans le rythme d'une vie casanière.
Même l'exaltation de l'héroïsme se fait sur un ton qui est plutôt celui du conte que de la rubrique guerrière.
La guerre désincarnée par le charme d'une femme qui la voit de son château, Elle s'offre des fantaisies (les animaux en bordure), détaille des aspects de la vie pratique, offrant ainsi un véritable  témoignage  de son temps.
On y voit parfois l'origine de la Bande dessinée, s'appuyant sur le principe narratif par cases successives. Une vision cinématographique aussi de l'Histoire.
Elle a une place unique et d'exception dans les Icônes de l'Histoire.

 


 
 
posté le 19-05-2011 à 11:39:34

Sade, la recherche d'un portrait.

Comme celui de Lautréamont le visage de Sade est resté inconnu (celui de Lautréamont a cependant été retrouvé dans les années 70 par J.J.Lefrère).
Sade encore dans les limbes de l'imaginaire de ceux (nombreux) qui tentent de reconstituer la présence physique de celui qui a si fortement marqué les esprits par la virulence de son verbe, la violence de ses idées, la soufre qui entoure sa légende.
Quand l'imagination se substitue à la réalité toutes les voies sont ouvertes, et celui qui dépeint son modèle en dit long sur lui.
A ce stade le portrait devient un autoportrait.
L'humour de Man Ray s'est distingué dans son portrait de Sade constitué par un amoncellement des pierres de la Bastille qui fut sa prison jusqu'aux premières heures de la Révolution  (dont il fut peut-être un des initiateurs !).
D'autres ont imaginé un seigneur de son temps dans un fouillis de dentelles et de luxe, afin de signifier son statut social (tout prisonnier qu'il fut).
Il est traité comme une icône.
Et le voici dans une ronde allégorique énumérant les diableries parmi les quelles l'illustrateur a voulu l'imaginer, non sans naïveté.

 


Commentaires

 

1. saintsonge  le 19-05-2011 à 15:41:48

Il est ainsi dans la lignée de Bouddha ou Mahomet Jésus dont on a aucun portrait ni écrit d'ailleurs ; le sang de Sade est une philosophie de boudoir, oeuvre qui emprisonne ou libère, selon ; j'ai toujours apprécier le portrait de Man Ray, qui correspond bien au sulfureux personnage qu'il dut être , empierré dans ses vices / vertus....
Le bon jour Quimpérois sous un ciel signé Magritte

 
 
 
posté le 18-05-2011 à 17:00:41

Miro dans la galaxie.

Joan Miro avait commencé comme tout peintre qui, débutant, s'embourbe dans la matière, lève de tonnes de couleurs qui s'encrassent. On sait (l'histoire nous le dit) que c'est à partir de "La Ferme" qu'il se découvre, faisant, de celle-ci, un émiettement de détails, chacun prenant son autonomie.
Dès lors, il était près pour occuper l'espace en des visions aussi vastes que ses rêves. Ce sont des plongées dans les galaxies, des abysses mouvantes, des danses exotiques et des gestes fous.
Lutins, corps en lévitation, étoiles chutant des sommets de l'infini, tout se met en branle et fait de chaque toile une fête.
Il est familier des galaxies, sorte de Charon mythologique qui fait passer le fleuve de l'espace pour conquérir des continents scintillants et ardents de neuves forces, à moins qu'il ne soit, tel Icare, filant vers l'infini, autrement dit un imagier d'espaces nouveaux où l'oeil aime à se perdre.

 


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1. Saintsonge  le 18-05-2011 à 17:13:24

Peinture aussi silencieuse que lui qui ne prenait quasi jamais la parole (au point que Man Ray lui a passé une corde au cou pour une photo, il continua son mutisme....)

2. sorel  le 18-05-2011 à 18:19:09

Dans le silence de l'infini il y a une musique que seules les oreilles attentives retiennent.
Ecoutez la nuit. Elle vous parle.

3. katherine  le 18-05-2011 à 19:00:35

très joli commentaire Monsieur Sorel, très bien dit, je suis admirative !

4. Saintsonge  le 18-05-2011 à 20:50:43

Alors, c'est assez curieux, figurez-vous que j'ai écrit , hier, sous le ciel étoilé, la troisième partie d' un recueil, rien qu'à la lueur de la pleine lune !!! Donc, forcément plongé dans le silence nocturne - une expérience à laquelle je m'étais habitué sur Douarnenez.... Rien de nouveau pour moi, en ce sens -
puisque j'ai utilisé cette méthode pour Lents Silences -, Vrai puissant silence que je connus aussi, pour un autre texte écrit à.... 2 200 mètes d'altitude, dans les hauteurs pyrénéennes (parti en groupe dans le soleil, nous atteignîmes une tempête de neige - ne jamais escalader une montagne en solo, et toujours aller à son rythme perso -), ce texte titré forcément : Hauts Silences (en écho à ce que je vous ai transmis).... Oui oui, rassurez-vous, outre les quiétudes monacales (cinq retraites en abbaye), outre le silence Pascalien de ma chambre-océan actuelle, je connais donc ces beaux silences de la nuit (hier encore, ça , c'est très curieux, par le fait de votre réponse - m'aviez-vous vu de si loin ? Il n'y avait qu'un .... chat, qui m'a fait sursauté, d'ailleurs.... J'écrivais, sur un carnet, nu sous une couverture polaire, ce fut très très ...mystico-mystérieux.... Mon écriture, à la retranscrire ce matin, elle est comme des vagues....) Bien à votre intuition juste, si je puis dire....

 
 
 
posté le 18-05-2011 à 11:23:33

Les Inscriptions de Restif de la Bretonne.

A en croire des photographies faites à l'époque, l'Ecole, devenue obligatoire, était censée conduire l'enfant vers des valeurs sociales (morales) propres à en faire un bon citoyen. Sur les murs, entre le tableau noir et les belles cartes de géographie, représentant les continents, aux couleurs vives, étaient épinglés des cartons sur lesquels le maître avait calligraphié des phrases que l'on apprenait par coeur, maximes qui tirent toujours leur force de leur valeur poétique.
Cet art de l'économie des mots pour dire l'essentiel rejoint la poésie dans ce qu'elle a de plus distingué et de plus fort. René Char est passé maître en la matière.
Piéton inconditionnel et parce que ce genre de formulation jaillit souvent lors d'une marche et d'une conquête tranquille de l'espace, Restif de la Bretonne avait pour habitude (il était presque un riverain habitant la rive gauche) de faire le tour de l'Ile Saint Louis et d'y graver, dans la pierre des berges, des phrases (Mes inscriptions) qui relevaient de cet art de la brièveté.
Mais, en raison de la sensibilité excessive et démonstrative de l'auteur (bien de son époque), la maxime devient aveu, note hâtive, invective, une sorte de condensé de ce que pourrait être un Journal intime. Devient son journal intime. C'est "un ensemble de notes écrites pour saisir au vol une idée, garder mémoire d'un dîner, d'un malaise ou d'un rendez-vous, soulager sa colère ou adoucir son chagrin".
Dire une douleur c'est la chasser de soi. L'offrir sur l'autel de la déambulation pour que le passant d'un léger coup d'oeil puisse la recueillir, s'en soucier.
La légende veut qu'en cherchant bien on en trouve encore quelques unes, sensibles au toucher sur le grain de la pierre.
Les amoureux qui s'y accoudent les soirs d'été peuvent ainsi entre un baiser et une caresse recueillir la pensée vive et écorchée du pauvre Restif, l'homme de l'errance urbaine.

 


Commentaires

 

1. Saintsonge  le 18-05-2011 à 12:24:13

L'ancêtre du ..TAG et SMS ?...
J'aime quiconque va à l'essentiel et au centre de l'être, au moins, on gagne du temps et de l'espace....
Le ciel vous tienne en joie...

2. katherine  le 18-05-2011 à 12:51:09

il est dommage de ne pas en avoir écrit quelques unes à titre d'exemple ! (pour les incultes de mon espèce !)

3. Saintsonge  le 18-05-2011 à 22:14:10

de "mes inscriptions " :
" le soir, trompé : vu une femme, que je croyais tout autre....."
n'est-il pas ?

 
 
 
posté le 16-05-2011 à 21:08:28

La volupté de Matisse.

Curieux la différence de vision qu'ont de la femme  Picasso et Matisse.
Celle de Picasso est  (mise à part quelques exceptions) plus souvent agressive, pathétique, douloureuse, en état de tension et au bord de la tragédie.
Il n'est pas espagnol pour rien, héritier de Goya.
Matisse donne dans la douceur, la volupté, penchant pour des attitudes d'odalisques, de femmes au repos et comme offertes à la douceur.
Il peint moins le désir, générant la violence chez Picasso, qu'une une sorte d'extase amoureuse où le corps triomphe dans une disponibilité tranquille.  La femme est à l'égal de la fleur, une émergence naturelle de la nature, sa vitalité nonchalante.
La couleur est rayonnante, solaire, créant un climat de sieste éternelle, de volupté sans agressivité ni excès.
Le trait, chez Picasso évoque la blessure, il est nerveux, ardent, colérique, agressif, destructeur.  Chez Matisse il est aérien, voluptueux, élégiaque, et son absence parfois donne libre cours à la diffusion de la couleur comme une montée de la lumière aux heures chaudes de la journée.
Picasso tend vers la violence qui évoque la mort, Matisse cultive l'éternité du Paradis où l'idée de l'amour n'était pas freinée par celle du péché.

 


Commentaires

 

1. katherine  le 16-05-2011 à 21:49:05

L'actualité montre encore aujourd'hui qu'il y a des hommes qui cherchent à dominer les femmes, à les dominer quelquefois par la violence et d'autres hommes qui, tendrement et patiemment, construisent une relation de partage et de douceur ! Sans y penser peut-être, avez-vous fait un article qui colle à l'actualité !

2. Saintsonge  le 17-05-2011 à 08:25:27

Picasso a eu sa part de douceur dans la famille d'acrobates, en 1903, par exemple - très tendre, cet enfant sur les genoux de sa maman attentive, près du papa acrobate qui les regarde timidement, un singe fait office de frère factice, même (les animaux dans les tableaux de Picasso ont une fonction particulière).... En 1906 ? Késaco, de cette période qui rosit celle du bleu qu'elle efface, et même, de se savoir d 'aucun avenir pictural en espagne, de gagner Paris et, de là, déconstruire "la femme" comme vous dites (sont-ce les Parisiennes qui brûlent les yeux des hommes ?...En poète, j'eus mon (s)ex-périence !... Matisse, lui , gars du nord, comme moi, il eut sa mère du Cateau qui, sous ses yeux d'enfant, aimait à décorer les assiettes - ma question vers vous : sa "docile" main vient-elle de cet oeil-esprit de jouvence-là ?... Né dans une épicerie transformée en droguerie-grainetière à Bohain-en-Vermandois, d'une enfance dont on ne sait quasi rien sur vingt années, suite à la guerre 1870, ce vide biographique eût pu nous éclaircir mieux de cet artiste qui avait donc "le textile dans le sang" quand la rage d'un Minotaure était dans celui du Tauromachique Picasso !
Le ciel vous tienne en bonnes lecture et Joie....

 
 
 
posté le 11-05-2011 à 19:08:25

Proust-Joyce, un rendez-vous raté.

Quand deux "monstres" de la littérature se rencontrent, que se disent-ils. On a souvent cité le cas de la rencontre (furtive) de Joyce et Proust qui font un trajet en taxi dans Paris.
Un bref instant d'échange où sans doute il eut été difficile d'aborder de grands problèmes. De fait, curieux l'un de l'autre, ils s'en tiennent à une conversation que n'importe qui aurait alors, au devant de sa porte, en faisant la queue à la boulangerie de son quartier. Rien pour briller, ce n'était pas un championnat d'intelligence comme il est d'usage d'en entreprendre lors d'un dîner en ville (il y a des spécialistes de cet art de l'éphémère et de l'esbroufe et Proust dont on appréciait tant l'art de l'imitation n'est pas en reste). Barrière de la langue, timidité, refus de s'engager plus loin que les banalités de la politesse.
Le chauffeur de taxi n'aura pas eu l'impression de faire une course d'exception qui aurait pu être une page d'Histoire.
Une question reste sans réponse. Qui a payé la course ?

 


Commentaires

 

1. Saintsonge  le 11-05-2011 à 19:41:29

Beau duo ; il me fait songer à celui de Beckett et d'éminentes intelligences, au restauant où rien ne fut échangé ; à votre question dernière, j'émets cette suggestion :
- Le chauffeur de taxi, les ayant reconnu malgré tout, leur offrit la course !!!! Et Personne ne paya ("personne" étant Ulysse en un autre moment d'une autre histoire !!!) La bonne soirée !

2. sorel  le 16-05-2011 à 20:57:42

Pour Saint Songe (impossible d'ouvrir la rubrique commentaire et même contact) alors je me résigne à faire usage de ce blog pour dire que j'ai bien reçu, à la campagne, le volume de poèmes en forme de maxime. A revoir au calme. Merci en hâte.

3. Saintsonge  le 17-05-2011 à 08:07:54

Bonnes lecture / découverte, en ce cas, et, ma trilogie envoyée, elle devrait être arrivée ainsi, bien à la campagne, ravi que rien ne se soit perdu en chemin !.. De mon côté, plein de pluggs en forme de virus, l'informatique me déplait parfois, aussi....

 
 
 
posté le 11-05-2011 à 10:50:00

Au bal avec Marcel Proust.

Encline à se vanter de ses nombreuses relations (aussi bien dans le monde littéraire que politique) la princesse Bibesco ne pouvait se passer d'une prestigieuse relation (fut-elle ténue) avec Marcel Proust. A partir de quelques rares entrevues, mais un nombre plus important de lettres qu'elle met en valeur dans un petit volume (Au bal avec Marcel Proust), elle fait un portrait de Proust qui ne manque ni d'intérêt ni de subtilité.
On ne peu nier la force de certains de ses portraits, même s'ils sont toujours dressés comme un faire-valoir de sa propre personnalité.
Ainsi en est-il de sa première rencontre avec l'auteur de la "Recherche".
" J'éprouvais du déplaisir à la voir là. Pourquoi avait-il gardé son manteau en entrant dans le bal ? Ainsi vêtu, il jetait un sort. Dans une fête les gens vont et viennent, sont en mouvement, même ceux qui ne dansent pas ; l'air brûlant, léger est à la température des épaules et des bras nus. Que cherchait-il ici, cet homme étrange qui grelottait intérieurement ? Sa vue seule me donnait le frisson. Le corps pris dans une pelisse trop large, il avait l'air d'être venu avec son cercueil.... Dansant à l'autre extrémité de la salle, il m'apparaissait dans les intervalles laissés par les couples, avec sa face exsangue et sa barbe noire de Christ arménien au tombeau".

 


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1. Saintsonge  le 11-05-2011 à 12:02:49

Eût-il songé à ce bal, ce qu'il écrivit plus tard :"Le seul, le vrai, l'unique voyage, c'est de changer de regard". ; et, de là, l'imaginaire défile...et file....au fil à fil de la pensée des réminiscences.





 
 
 
posté le 10-05-2011 à 20:22:40

La femme flambée.

La manière de représenter la femme dénonce son statut social. Elle s'affiche dans l'état du regard que l'on porte sur elle. De fait ce sont les hommes qui assurant la représentation, la définissent dans le rôle qu'on lui accorde.
Les photographes de mode sont, pour la plupart des hommes et ils s'inventent une femme telle qu'il la désirent, la faisant désirable.
Les siècles passés manipulent moins l'opinion s'ils restreignent souvent la femme à un rôle dont elle n'est pas maîtresse.
La moyen-âge est à ce propos particulièrement représentatif qui enferme la femme dans sa condition de maîtresse du foyer et lui limitant son espace à celui d'innocents travaux (souvent d'aiguilles, faisant de chaque femme une sorte de Pénélope).
N'est-elle pas, le plus souvent, au service de l'iconographie religieuse qui la fait mère (de Jésus elle devient Marie, la Vierge).
Pourtant, dans le même temps, elle est érigée au rang d'une sorte de beauté inaccessible. Les troubadours tissent autour d'elle, et en son honneur, des poèmes qui chantent ses charmes, sans songer à en abuser. Et la femme telle qu'ils la représentent, se tient sur une réserve qui la divinise.
Les femmes d'aujourd'hui, qui entrent dans l'arène du désir et s'affranchissent de toute contrainte, sont des divinités d'un autre genre. Ne sont-elles pas aussi des diablesses ?

 


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1. Saintsonge  le 11-05-2011 à 06:55:55

"diablesses" dites-vous...
La femme , moderne s'il en est,
est un homme caché
quand l'homme est une femme ratée
à tous ces rôles inversés
(on parle davantage de père au foyer)
Le ciel vous tienne en Joie de ce que vous êtes..............
PS/ Ce qui me fait penser qu'hier, à Quimper, j'ai causé un peu de cette "femme flambée" à qui sut bien m'écouter...

2. Saintsonge  le 11-05-2011 à 07:05:01

PS/ A noter que Catherine II fit étrangler son mari Pierre III, ce qui fit écrire à Madame de Staël que "la russie est un despotisme tempéré par la strangulation..." ; et, "la" Madame Dutroux, que n'a-t-elle commis d'horreurs , on va la libérer néanmoins pour la placer dans...... un couvent français ! Ah ! "diablesses" avez-vous dit... N'oubliez pas non plus la boîte de Pandore, et quelle main l'a ouverte !.. Ouf, il en reste l' espoir, l'espérance....
Et , Mozart avec son Cosi fan Tutte ?...Ah Mozart....

3. Saintsonge  le 11-05-2011 à 07:59:59

PS 3 / Décidemment, votre article m'interroge ce matin, et, en ermite de Douarnenez-Tréboul (clin d'oeil à celui de Croisset), j'ai pensé à ce joli proverbe chinois pour vous :
"Plus une femme aime son mari, plus elle le corrige de ses défauts ; plus un mari aime sa femme, plus il augmente ses travers ..."

 
 
 
 

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