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lettres de la campagne

posté le 18-07-2009 à 14:35:52

Ezra Pound et l'Orient.

12h33 - Ezra Pound et l'Orient. - Général
 Ezra Pound.
Un critique, le rencontrant, peut affirmer "j'avais le sentiment d'être face au centre du modernisme", manière de souligner que Pound a toujours été la leader des mouvements d'avant-garde du début du siècle, et, de fait, sa poésie (longue épopée farouche, chahutée et emplie de références, rythmée comme un solo de jazz) annonce tous les problèmes abordés par la poésie contemporaine. Jusqu'à la rupture des mots au nom du rythme, la cassure de l'harmonie facile et simplement décorative. On l'a baptisé le "troubadour" de l'avant garde. Il a d'ailleurs lui-même découvert les troubadours français et travailler à leur reconnaissance.
Né aux Etats unis en 1885 il est mort à Venise en 1972, maudit pour avoir collaboré avec l'idéologie fasciste. Seuls quelques esprits courageux vantent alors son génie ( il se trouve dans la position de L.F.Céline dont on dénonce avec vigueur l'attitude honteuse pendant l'occupation) et affirment qu'il faut privilégier celui-ci sur une erreur politique. Dominique Roux en particulier ( créateur de la revue l'Herne) conduira ce combat de réhabilitation. Il se sera spécialement intéressé à la poésie orientale et aux Haïku.


 


 
 
posté le 18-07-2009 à 14:22:58

Un rêve de bibliothèque.

Dans la grande bibliothèque.
 La voici, telle que l'a rêvée l'architecte Boullée, qui est, avec Ledoux, l'un de formidable "penseurs" de l'architecture. Pourquoi cette étape dans cet espace aux dimensions de cathédrale ? mais une bibliothèque n'est elle pas : ici une chapelle, là une église, enfin cette cathédrale évoquée, et cela en fonction de la taille, et de la fonction qui lui a été attribuée.
La grande bibliothèque donc, parce qu'elle contient tous les livres, les offre tous à notre curiosité. Elle est la gare de départ de tous les itinéraires possibles. Ce blog construit comme un labyrinthe nous promène d'un artiste à un poète et celui-ci, complice de celui-là. Un jeu de ricochet ou de saute mouton.
Parti de l'histoire d'une librairie (Le Soleil dans la tête), d'une revue qui y était intimement attachée (Sens Plastique), on aura trouvé sur notre chemin des artistes, des écrivains, qui tissent le formidable réseau de création où nous aimons nous perdre. Suivez le guide !

 


 
 
posté le 18-07-2009 à 14:12:15

L'art de la lecture.

14h10 - La lecture dans tous ses états. - Général
Lire c'est aussi comprendre le monde, le sens de la vie, donc la mort. Sa présence, aux côtés d'une jeune lectrice a valeur de leçon de sagesse. La gravure, depuis le moyen-âge, a largement puisé dans cet arsenal imaginaire pour donner à voir des situations tantôt grotesques, tantôt marquées par l'humour ou, comme ici, avec un mélange de délicatesse du XVIII° siècle et de bonhomie propre à la bourgeoisie du XIX° siècle la lecture dans une situation morale.
Jeune, fraîche, innocente, la lectrice apprend de la mort qui lui murmure à l'oreille la valeur relative de ce qu'elle découvre, apprend ou aime.
La lecture c'est un rêve hanté.


 


 
 
posté le 18-07-2009 à 14:00:14

René Bertholo en Petit Poucet.

15h26 - René Bertholo en Petit Poucet. - René Bertholo le scripteur inspiré.

Le dessin, chez René Bertholo,, est intimement lié à l'écriture il lui emprunte ses circonvolutions, ses méandres chamarrés, ses excroissances, ponctuées de délicieuses notations, de détails narquois ou insolites. C'est dire qu'il court sur la page et laisse sur son passage, comme les cailloux du Petit Poucet, des preuves tangibles de son monde mental, de sa mémoire, de ses impressions toujours en hésitations entre tendresse et morsure, sentiment et  dérision.
La surface est un formidable vide-poche, réceptacle d'un jaillissement imprévisible de "choses" incongrues, faisant parfois référence au quotidien. Imaginez votre cuisine en folie, votre armoire qui déménage. Il y a là un formidable humour qui me faisait penser à certains burlesques américains. Un côté jazz aussi dans le rythme, à la fois emporté et bien marqué. Un dynamisme entraînant tout à fait séduisant.
Il avait participé, en l'ornant de deux lithographies, ( en compagnie de Hervé Télémaque, Jan Voss, Rancillac et Klasen) mon texte "Royal Garden Blues" qui aura été l'un des rares livres de cette génération  entre pop-art et Nouvelle Figuration.Il avait aussi créé,  dans le cadre d'une exposition organisée par Henri Chopin, sous le titre Poésie Objective, une "bande dessinée" : Mythologie. Un délice d'humour et de facétie poétique.

 


 
 
posté le 18-07-2009 à 13:57:22

Gabriel Pomerand enfant de Saint Germain des Près.

15h23 - Gabriel Pommerand, un enfant de Saint Germain des Près - Général  Evoquer Gabriel Pommerand c'est entrer de plein pied dans la légende de Saint Germain des Près. Il y était en territoire familier, sans doute conquis, et chargé déjà de toute cette légende qui accompagne une génération trempée par les épreuves de l'occupation et découvrant un Paris gris mais passionnant, favorable à la création. Elle a rarement été aussi riche et radicale qu'en ces années 45-5O où l'on célébrait le retour d'asile d'Antonin Artaud, découvrait la fébrilité de Boris Vian, regardait J.P.Sartre, sirotant son apéritif à la table du Flore en compagnie de Simone de Beauvoir, bousculait Jacques Prévert musardant avec son chien, Juliette Greco promenant sa beauté un peu sauvage, suivant Jean Paul Clébert dans ses incursions insolites, ou Robert Doisneau l'oeil sur l'objectif et le coeur ouvert aux plus modestes.
Mais Gabriel Pommerand c'est aussi l'aventure lettriste ( Isidore Isou se prenant pour l'André Breton de cette nouvelle aventure !), ou la recherche d'autres mots, d'autres formes ( il peint aussi) et se lance même  dans le cinéma ( il fait un film sur Léonor Fini).
La rue Visconti est au coeur du quartier, un lieu de mémoire qui confond, dans un même élan,, Racine et Piero Graziani, Serge Berna (découvreur d'un manuscrit d'Artaud) et surtout Balzac qui y a son imprimerie lors de sa jeunesse. Maints photographes sont séduits pas son charme. D'Atget à,

  René Jacques.
voir le site robertgiraud.blog.lemondee.fr (particulièrement intéressant).
 


 
 
posté le 18-07-2009 à 13:54:06

Bertini sous toutes ses formes.

16h45 - Gianni Bertini sous toutes ses faces. - Général
Ce qu'il y avait de séduisant chez Gianni Bertini, c'était son goût de la recherche, de la provocation. On avait "monté" dans le cadre de la Biennale de Paris un spectacle dont il fit les décors (Les Aventures de Télémaque). L'interprétation était de Nicole Kessel et Marc Eyraud, la musique de Michel Tyszblat, quelques amis prêtaient leur énergie pour constituer une ronde de bannières qu'il avait dessinées. Ces porteurs de bannières étaient le peintre Michel Tyszblat, René Bertholo, Lourdès Castro, Christo, Bernard Rancillac et Jan Voss.
On avait aussi, organisé, au Soleil dans la tête, un strip-tease "poétique" pour fêter la sortie de deux ouvrages édités par PAB dont Douves, et T.55-2 (de Jean Clarence Lambert), qu'il avait illustré.
On avait, pour annoncer cet "événement", distribué des tracts en couleur (comme le font les cirques), sur le Boulevard Saint Michel et dans les petites rues autour de la Sorbonne. Une foule amusée devait assister au spectacle ; c'était le 26 janvier 1960, à 2I heures. On en parlera dans quelques histoires de l'art d'avant -garde dont le fameux "Art nucléaire", véritable panorama des recherches artistiques des années 60.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 18:28:58

L'atelier de lecture.

L'art  de la lecture.

Il revenait autrefois aux Grands mères, de faire la lecture à des enfants qui l'entouraient respectueusement, goûtant le plaisir des mots, des images qui sortaient du livre, l'objet de tout le cérémonial qui entraient dans les moeurs familiales. Peut-être ( sans doute ) bien dépassées aujourd'hui. La lecture se fait intime, égoïste, pleut-être parfois clandestine, lire est un péché pour certains.
On peut choisir l'image sereine, savante, un peu recherchée de la lecture du cercle d'amateurs (il y a du dandysme littéraire à faire partager à haute voix son plaisir). Le peintre Théo Van Rysselberghe a réuni autour de Verhaeren, Maurice Maeterlinck, André Gide, Viélé Griffin, Henri Ghéon, Felix le Dantec et Felix Fénéon. La lecture est un acte de création collective. Commentaires, échanges d'idées vont compléter la connaissance du texte. C'est la lecture laboratoire.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 18:08:40

Eloge de l'imprimerie.

16h11 - La magie de l'imprimerie. - Général

Nous voilà revenu à la matérialité du livre. Objet absolu mais plus que tout autre riche en ses secrets, dans l'essence même de sa matière. Bloc compact qui abandonne dans la main des univers entiers, bourdonnant. Aussi sa fabrication, plus que celle de tout autre "objet" de consommation, relève-t-elle d'un rite et d'un ferveur qu'il inspire à celui qui s'y adonne. Rien de plus exaltant que l'atmosphère d'une imprimerie où l'arbre, devenu papier, projette  dans l'espace l'aventure d'un créateur, la richesse de son  imaginaire. De la forêt à la table où on  le consultera (le dévorera), le livre sera passé par cette alchimie qu'est la composition, et la presse qui imprime. L'artisanat y offre ses plus prestigieux exemples. Le bras se fait fort pour creuser la chair du papier et y laisser, comme l'oiseau dans le nid tout exprès préparé, le produit de la pensée (ou de l'émotion). Respect et vénération sont de mise. Il règne, dans l'atelier d'imprimerie, une fébrilité de perpétuel accouchement.  Le travail est intense, ET joyeux. On y célèbre la beauté de la matière faite esprit. Pourquoi l'imagerie de l'atelier d'imprimerie montre toujours les ouvriers dans l'ardeur et l'énergie d'une sorte de danse. La ballet des mots.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 13:38:58

Pascin chez les filles.

Pascin et "Les années folles".


Il est notre George Grosz, une sorte de pourfendeur des tares de la société bourgeoise, c'est à dire éloignée des idéologies qui fondent des valeurs positives (pas strictement matérielles) et nourrissent une culture idéaliste, exemplaire. Il fouille volontiers les coins glauques, les destins misérabilistes. Il est une sorte de témoin des "Années folles". Sans doute son attention portée à la femme lui offre l'occasion d'être tendre, sensuel, voire pénétrant quand il exalte les sentiments de son modèle à travers ses attitudes. Il est significatif qu'il se soit ( comme Degas ou Toulouse-Lautrec) attaché aux filles des bordels. Parce qu'elles sont les victimes de leur propre destin, parfois de leurs charmes. Il n'est jamais vulgaire s'il lui arrive d'être cru. Il n'est pas cynique s'il est réaliste. Et puis on peut apprécier ce trait sensible qui court sur la page, enveloppe les modèles d'une onde de séduction et de désir. Francis Carco, que l'on va bientôt rencontrer, fut de ses amis, de ceux qui, comme lui, hantent les "mauvais lieux", les "mauvais garçons" et les filles perdues. Carco les fait entrer dans la mythologie montmartroise, Pascin a un discours plus universel.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 13:16:22

Carco montmartrois.

14h21 - Carco aux pieds de Montmartre. - Général

Francis Carco de Montmartre au Quartier Latin.


Des poètes de sa génération (il est mort en 1958) Francis Carco est celui qui a connu le plus de peintres et de poètes en dépassant les strictes limites des écoles et des clans. La vie artistique et littéraire, surtout dans l'entre deux guerres s'est déroulée selon des courants qui s'ignoraient : d'un côté l'avant-garde, personnifiée par le surréalisme de l'autre la "tradition" qui va de Jules Romains à Paul Jean Toulet, en passant par Mauriac ou Malraux. Un noyau s'est pourtant constitué sur des souvenirs de jeunesse et une vie de bohème dont la Butte Montmartre était le cadre. Francis Carco en est une figure majeure. Pourtant il aura aussi bien connu Apollinaire et Picasso que Colette et Utrillo. La bibliographie des ses ouvrages illustrés est significative. Elle souligne des fidèlités à un art moins aventureux que savoureux, chargé d'une poésie intimiste, flirtant avec un réaliste pittoresque. On y trouve Maurice Vlaminck, André Derain, Suzanne Valadon, et des illustateurs comme Eugène Clairin, Maurice Legrand, Dignimont et surtout Chas Laborde le plus inventif (on ira à sa rencontre). 


 


 
 
posté le 17-07-2009 à 13:10:24

Chas Laborde aux marges de la littérature.

15h33 - Chas Laborde aux marges de la littérature - Général

Chas Laborde aux marges de la littérature.

Originaire de Buenos Aires, il vient, jeune, à Paris, et rencontre, au collège Rollin, André Warnod, personnage-clef de l'histoire de la Butte Montmartre et chroniqueur abondant de son histoire artistique et littéraire. Chas (Charles) Laborde va imposer sa silhouette pittoresque à la vie montmartoise avant de la "croquer" avec humour. D'ailleurs il travaille pour la presse (Le Rire) avant la première guerre mondiale.

Son oeuvre d'illustrateur est considérable : Francis Carco : "L'Ami des filles", Pierre Mac Orlan, Colette, Paul Morand, Jacques de Lacretelle, Charles-louis Philippe, Valery Larbaud. Une littérature amplement ancrée sur son époque et qui en témoigne. Il restera fidèle à la Butte vivant dans un immeuble d'où il a la vue sur les fameuses vignes. Il aura son atelier 121 rue de Caulaincourt, dans le voisinage de son ami André Warnod.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 13:01:45

L'art du dimanche.

11h56 - L'art du Dimanche - Général

Peut-on parler d'un art du Dimanche. Le terme serait préférable à celui d'art naïf. Ce serait un art qui n'entrerait pas dans les limites et les codes de l'art inscrit sur le marché, voire officiel : un art reconnu, et finalement conventionnel ( ce qu'est l'avant-garde aujourd'hui). Ce serait un art impulsif, sans limites, sinon celles données par le caractère même de celui qui le pratique, et de ses dons. Un art entier et sans aucun calcul, ni de réputation, ni de rentabilité, ni de reconnaissance. C'est à dire l'expression absolue de celui qui y met toutes ses forces, toute sa vie, son destin.

Un art qui tourne le dos à l'histoire de l'art, laquelle veut évoluer selon des courants qui se dessinent, des théories qui s'imposent, des modes qui viennent de surcroît renforcer le caractère artificiel de ce système. Un art surprenant comme peut l'être tout individu qui se donne pour ce qu'il est, sans calcul, sans tricherie et au risque de se perdre. De réputation (il est fou), bousculant les conventions qui structurent les normes de la pensée et du goût comme il y a des conventions qui structurent les rapports sociaux. Finalement, ce serait un art a-social, sans doute propre à déranger nos habitudes de comprendre de penser et de voir. S'il existe aujourd'hui on le considère comme une curiosité. On y associe les débiles, les fous, les excentriques, les marginaux de tous poils. Comme le Dimanche est un jour différent, cet art du Dimanche serait différent, un repos pour nos yeux et notre esprit. Gaston Chaissac - la photo- (on y reviendra) illustre bien cette aventure.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 12:15:54

Grabinoulor, une somme.

16h50 - Grabinoulor, une somme. - Général
Pierre Albert Birot est une figure centrale dans l'expression typographique qui découle du calligramme ( on pense à Apollinaire). Pierre Albert-Birot fait danser la lettre comme il a écrit des poèmes "à crier et à danser". Au coeur de la poésie lettriste, qui rejoint l'espace de l'affiche, du prospectus, du poème-affiche, une sorte de délire typographique qu'Albert Birot va maintenir et multiplier à travers des poèmes-slogans, des affichettes, un revue SIC, et des éditions de ses propres textes d'une cocasserie toujours savoureuse.
Lorsqu'il abordera la prose, ce sera avec le volumineux "Grabinoulor" qu'on a pu justement comparer à Tristram Shandy du pasteur Lawrence Sterne et à l'Ulysse de James Joyce. Une oeuvre "totale".
L'oeuvre d'une vie. Elle est comme un miroir que l'auteur aura constamment traîné sur les chemins pour enregistrer les tumultes, les saveurs, les incongruités(monumentales, dirait André Pieyre de Mandiargues) qu'il côtoie.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 12:06:17

La main à plume.

La main à plume.

Avoir accès au manuscrit offre le plaisir de découvrir le texte dans son élaboration, sa naissance (parfois difficile). C'est à l'accouchement même que l'on assiste. Elan de la main, conquête de l'espace, et cette manière si particulière, selon son tempérament, des circonstances, du cadre même de l'écriture, d'occuper la page : dans l'économie, la prodigalité, avec méthode, assuré et triomphant ou dans l'effort, la difficulté, les remords. D'où, le plus souvent les ratures, les biffures cette bataille pour trouver le mot juste et dont on est alors le témoin. On entre dans l'intimité de la création. Au stade le plus essentiel, le plus douloureux quand l'échec est encore possible.
 Imprimé, le texte affirme sa victoire, manuscrit, il est encore l'enfant fragile, choyé que l'on veut élever à sa forme la plus juste.
Victor Hugo est à l'ouvrage.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 11:48:39

Max Jacob peintre.

Surprenant Max Jacob, on n'

en aura jamais fini avec lui. On le rencontre en tous lieux, où il vivra d'une manière misérable, en toute oeuvre qu'il aura croisée et qui aura marquée le XX° siècle. Partout et toujours égal à lui-même, pathétique et un peu farceur. Jouant avec les mots, défiant la pensée cartésienne, sensible jusqu'à l'excès, pudique jusqu'à l'ascèse. Poète jongleur des mots il est aussi peintre. Peignant pour le plaisir et conduit à le faire pour survivre. Mais à la manière d'un écrivain, avec des moyens dérisoires, sur sa table de travail, parmi les manuscrits, dans une perspective qui n'est pas (sauf de rares exceptions) celle de la peinture de chevalet. Son oeuvre plastique n'est pas pris en compte par l'Histoire de l'art, sinon comme une curiosité (en ses marges), mais n'est-ce pas le sort de toute oeuvre artistique émanant d'un écrivain. C'est plus une ouverture sur sont intimité mentale, des échappées de ses humeurs, de ses phobies, qu'une construction plastique cohérente.
On rencontre parfois des oeuvres de Max Jacob plus élaborées. Il faut aller du côté de la galerie Roussard, sur la Butte Montmartre. Il est là dans le voisinage d'une autre curiosité de l'art d'aujourd'hui : le peintre Gen Paul. Rien à voir, celui-ci fut l'ami de Louis Ferdinand Céline. On est dans un autre monde.
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 11:25:01

Baj, notre Daumier.

15h17 - Baj, un Daumier d'aujourd'hui. - Général

C'est par l'intermédiaire de Gianni Bertini que j'avais rencontré le peintre Enrico Baj. On organisa avec lui, au Soleil dans la tête, une exposition consacrée aux revues d'art italiennes. Il y en avait, à l'époque, une profusion, toutes "occupées" par les mêmes artistes que l'on retrouvait ici et là, en confrontation permanente avec les écrivains qui ne répugnaient pas de s'exprimer sur l'art, suivant en cela l'exemple d'Apollinaire qui reste la référence absolue dans le genre.

Enrico Baj était l'un de ces artistes, remuant, inventif, subversif tout à la fois. Il présentait, dans le cadre de cette exposition, des tableaux "revus et corrigés". Sur des "croûtes" trouvées dans les brocantes il projetait des personnages de sa mythologie personnelle. Cela avait la force et la truculence du monde de Jarry, et la liberté de ton venue de Cobra, ce groupe d'artistes de l'Europe du nord qui perpétuaient l'esprit du surréalisme avec, en sus, le baroquisme et la verve des flamands (photo).

Baj donnera aussi, peu de temps après, des collages pour orner des numéros de la revue Sens Plastique. Chacun était un personnage typé, on savait bien que Baj était le Daumier de sa génération.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 11:16:35

Henri Chopin, cri-rythme

15h46 - Henri Chopin, poèmes à crier. - Général Avec un nom à créer toutes les confusions, surtout qu'il pratique la poésie comme une musique, Henri Chopin aura une vie aventureuse et même douloureuse, entre camps et migrations dans les neiges de l'Europe de l'Est. Mais il en sort plus grand et mûr pour la riche aventure poétique qu'il mène depuis, jalonnée par des expositions, des festivals, et la publication de livres et de revues expérimentales comme Cinquième Saison et Où, qui offrent une vivante tribune aux recherches sur la poésie phonétique. On y évoque volontiers les futuristes italiens, Arthur Prétonio, Raoul Hausmann, à lui seul un homme orchestre, entre peintre et poésie, photo et "interventions." (dessin photo)
Installé en Angleterre, après avoir vécu à Paris et s'y être manifesté, Henri Chopin provoque des rencontres dans sa vaste maison aux 27 pièces et 3 jardins qui sont un véritable laboratoire de la poésie au delà des mots. Dans la tradition des poèmes à crier et à danser, du légendaire Pierre Albert-Birot .
Voir www.cipmarseille.com/auteur

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 10:55:35

Promenade au jardin avec Hubert Robert.

Une incursion pour le plaisir dans les jardins d'Hubert Robert.

Le voyageur qui s'égare du côté de Méréville (région d'Etampes) ne trouvera pas la jardin conçu par le peintre et qui fut, à en croire les chroniqueurs de l'époque, l'un des plus beaux en un temps où ils étaient multiples, surtout dans la région parisienne.

Redevenu sauvage et repaire de chats abandonnés et de squatteurs aux mines farouches il est l'espace d'une aventure aux accents barbares alors qu'il était le cadre de fêtes galantes et de conciliabules savants. Les "fabriques" ont été transportées dans le parc d'un château voisin (Jeure, sur la route de Paris après Etampes) on peut les voir depuis les trains qui empruntent la voie ferrée qui les domine.

Jardin fantôme, dont on peut se consoler en admirant les nombreux et sensibles paysages de ruines que le peintre s'est complu à multiplier ou encore, par une belle journée d'automne, en allant à Ermenonville où la nature se fait douce pour la mélancolie que distille une promenade dans les pas de Jean Jacques Rousseau.

On aura croisé la littérature à Méréville aussi avec Jean Louis Bory (une plaque sur sa maison) et dans un hameau voisin, La Pierre, où Blaise Cendrars écrit dans la fièvre quelques uns de ses plus beaux poèmes. A Ermenonville on est chez Gérard de Nerval.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 10:30:34

Versailles en mélancolie

15h51 - L'abattage des arbres à Versailles. - Général

Une errance rêveuse conduit à Versailles. Un saut dans le temps. Louis XVI fait mettre le parc "au goût du jour", en s'inspirant des jardins anglais. Le choix d'un retour à la nature contre la rigueur de Le Notre. L'abattage des arbres est une opération contestable. C'est quand ils sont vieux, vénérables, riches de souvenirs que les arbres du parc de Versailles nous séduisent.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 10:24:52

Le Louvre vu par Hubert Robert.

On va suivre Hubert Robert dans ses pérégrinations. Avant d'aller à Rome où il s'attarde, et sur les chemins d'Italie, on passera par Paris. Concepteur de ruines, sachant leur donner une beauté qui est moins celle de la mort que de la mélancolie (avec un caractère visionnaire face aux tourmentes de l'Histoire).

La Grande Galerie du Louvre en est un fleuron exemplaire.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 10:16:34

Une Rome pour Mozart.

15h58 - Une Rome pour Mozart. - Général

Rome, but de tout voyage intellectuel en ce siècle des lumières où voyager c'était "se former", goûter l'esprit des génies du passé, mais aussi rêver ce passé, comme le fait Hubert Robert archéologue de fantaisie. On est plus proche du décor de théâtre (d'Opéra) que d'une reconstitution fidèle. Un décor pour Mozart. L'époque était riche de cette sensibilité qui se savait savante mais jamais mièvre.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 10:04:27

Emile Compard.

Emile Compard le pari de l'abstraction.

La grande "affaire" de l'art du XX° siècle aura été la position adoptée par l'artiste face à une abstraction envahissante qui revendiquait le pouvoir de mieux percevoir l'essence même du monde quand la figuration se contentait de le montrer.On verra pourtant des artistes comme Gaston-Louis Roux ou Jean Hélion, passer de l'abstraction (chez le dernier, géométrique), vers une figuration qui, en revanche, adoptent les sujets les plus ordinaires comme par une volonté d'affirmer leur indépendance vis à vis de ce qui était devenu une mode, voire une tyrannie intellectuelle. Emile Compard mène sa carrière d'une figuration paisible, familière, vers une abstraction purement suggestive, faite de touches légères, d'approche sensible et d'une suggestion de l'espace avec un jeu de transparences d'une extraordinaire maîtrise.Et pourtant si proche des choses, si sensible à leur toucher.
Il a, dans sa jeunesse, le soutien de Félix Fénéon (le révélateur de Seurat) et de Bonnard dont il partage le goût pour le caractère exquis, mais jamais fade, de la matière. Jeu de taches, de signes, dont on perçoit la venue dans la délicatesse de sa figuration faussement tranquille. Une certaine vibration des formes, de la lumière, annonce une grande aventure picturale.

 


 
 
posté le 16-07-2009 à 16:38:49

K chez le Facteur Cheval.

K chez le Facteur Cheval.

Presque clandestin, sa référence à Kafka devait mettre sur la voie, sous le sigle K un jeune éditeur s'est affirmé dans les années 50 avec une production éditoriale qui n'a jamais trouvée son rival.
Qu'on en juge par les auteurs choisis : Aimé Césaire, Arp, Camille Bryen, Antonin Artaud (pour le si fameux "Van Gogh, le suicidé de la société" et "Pour en finir avec le jugement de Dieu").
L'objet livre est particulièrement soigné et original. Outre des textes poétiques, K organise aussi des thèmes comme "L'Humour noir" ou "La poésie naturelle" ( notre photo ) avec la collaboration du peintre Camille Bryen.
On va le retrouver seul sur son chemin ce Camille Bryen, toujours complice des poètes de sa génération, entre Mathieu et Wols mais maître de sa main errante de dessinateur narquois et inspiré, s'envolant dans l'espace de l'imaginaire sans mesure. Peintre il est aussi poète, de quoi retenir notre attention.

 


 
 
posté le 16-07-2009 à 16:25:35

Le Cercle du Livre précieux au Soleil.

Le Cercle du Livre Précieux.

L'éditeur Tchou, créateur du Cercle du Livre Précieux, avait, dans les années 5O choisi pour adresse celle du Soleil dans la tête, 10, rue de Vaugirard qui se trouve ainsi nanti d'un important catalogue d'ouvrages érotiques "classiques", ceux-là même dont Apollinaire avait, avec le facétieux Fernand Fleuret, constitué le catalogue à l'Enfer de la Bibliothèque Nationale. C'étaient des ouvrages finement édités, précieusement reliés. Où l'on trouvait la fine fleur de la littérature jusqu'alors publiée honteusement "sous le manteau" quand elle avait enfin trouvé l'aspect du livre de luxe.
On pouvait aller de Restif de la Bretonne, le piéton d'un Paris nocturne, à Nerciat, de Théophile Gautier à l'Arétin. L'ensemble constituant un véritable patrimoine de la descente de l'écrivain dans les arcanes secrètes de l'esprit et le jardin foisonnant des fantasmes. On pourra feuilleter quelques uns de ces livres cultes (aujourd'hui édités "en poche") .
Mais l'attention ne se porte pas seulement sur la littérature "débauchée". Singulier dans son aspect, émouvant dans sa simplicité, il y a aussi "L'Album Zutique". Là on a rendez-vous avec Rimbaud.

 


 
 
posté le 16-07-2009 à 16:11:59

Sade encore.

Sade, encore.

Elle est loin l'époque où la lecture des oeuvres de Sade suscitait un mouvement de recul, n'y voyant alors que le caractère effrontément licencieux.
Les études successives de Maurice Heine et de Gilbert Lely  permettent d'avoir un regard plus objectif et rationnel sur la démarche, le comportement et l'oeuvre de Sade en qui l'on peut voir un précurseur de la Révolution ( au stade du comportement, des moeurs et de la notion même de la vie). Pour être toute mentale ( ses foucades sexuelles sont sans rapport avec le feu de son imagination) l'entreprise de Sade rejoint celle des philosophes ( une philosophie dans la boudoir pour le paraphraser).
L'installation du Soleil dans la tête coïncide avec l'émergence de cette oeuvre que même les universités mettent au programme de leurs études. Une foison d'ouvrages sont alors publiés qui éclairent progressivement l'homme et son oeuvre. Même la bibliophilie s'en empare, et se multiplient les éditions luxueuses auxquelles ne dédaignent pas de collaborer les meilleurs artistes de l'époque.  
On avait toujours une petite pensée d'historien, n'oubliant pas qu'enfant Sade, apparenté à la famille des Condé (une des premières de France), jouait dans un jardin sur lequel étaient construits les immeubles où le Soleil dans la tête était venu se nicher.


 


 
 
posté le 16-07-2009 à 15:55:46

Rancillac rencontre le Facteur Cheval.

15h30 - Du mur au palais du Facteur Cheval - Général
Le poème du mur.

Alors même qu'il se cherchait encore dans son atelier de Bourg-la-Reine, Bernard Rancillac était toujours disponible pour tenter des aventures propres à réveiller sa

conscience aiguë des formes  à redécouvrir, à redéfinir. Il aura fait des recherches sur la typographie d'un livre que j'avais mis à sa disposition (en collaboration avec Gabriel Paris et Cheval Bertrand ses voisins de cimaise au Soleil dans la tête) et qui s'est retrouvé tout récemment au catalogue de la librairie Nicaise à Paris. Il sillonna, avec quelques poètes que j'avais convaincu du bien fondé de la chose, le quartier latin afin d'y afficher des poèmes  "pour le mur". Idée qui fut reprise dans une publication confidentielle éditée à l'armée sous le titre "Les Sables solaires" (c'était en Algérie).
Cette curiosité ardente le conduira à aborder le monde du jazz qui l'inspire continûment, et, tout dernièrement, à rendre hommage, à sa manière narquoise ,au Facteur Cheval dont le Palais Idéal reste une référence absolue pour une génération encore si proche du surréalisme.
 


 
 
posté le 16-07-2009 à 15:40:36

Jean Paulhan et la critique d'art.

11h00 - Quand les écrivains parlent des peintres. - Général
Alors que le critique d'art ne fait qu'un compte rendu de l'événement artistique (une exposition, une visite d'atelier) un écrivain travaille dans le sillage de l'artiste dont il commente l'oeuvre, il se confronte à lui. C'est un dialogue. Le livre est, d'ordinaire, le support le plus approprié pour cet exercice qui échappe à tous les genres littéraires parce qu'il emprunte à tous. Cela peut aller du poème au discours philosophique, du journal intime à la recherche sur le langage lui-même. Accompagnant le peintre dans cette avancée périlleuse au coeur de la matière même, le langage étant, lui aussi, matière. D'où les incursions dans les méandres du verbe, la quête d'un absolu qui dépasse le jeu des apparences et des conventions, la mise en abîme de la pensée qui erre (comme Virgile au sein des Enfers) dans cette forêt magnifique et terrifiante des mots. C'est ainsi qu'on a le propos distant et flamboyant d'André Breton, l'ivresse verbale d'Antonin Artaud, la sentence énigmatique d'un Paulhan, la transparence d'un Yves Bonnefoy, la bonhomie souriante d'un Queneau ou d'un Follain, presque tout écrivain a, un jour, commenté un peintre de son entourage. C'est un véritable autoportrait.

 


 
 
posté le 16-07-2009 à 15:20:26

Ezra Pound écrit sur l'art.

Henri Gaudier-Brzeska.

Dans le "flot" de l'écriture (Ezra Pound a la force du Niagara) il a consacré un essai sur un sculpteur curieusement peu connu (injustement) : Henri Gaudier-Brzeska

, un enfant du Loiret (il est né à Saint Jean de Braye) et mort lors de la première guerre mondiale, jeune encore. Il aura eu le temps de concevoir une oeuvre forte et riche dans le contexte artistique et littéraire de Londres dominé alors par Ezra Pound. D'où cette reconnaissance du poète envers un sculpteur que l'on  peut comparer à tous ceux de sa génération comme Lipchitz, Archipenko, Duchamp-Villon ou Henri Laurens. Des explorateurs d'une forme de synthèse, avec des rythmes vifs, Une virilité plastique n'excluant pas la sensualité. A découvrir.
 


 
 
posté le 16-07-2009 à 13:31:36

Duvillier, peintre des abîmes.

22h39 - Duvillier peintre des abîmes. - Général

On est en droit de penser que Charles Estienne est à l'origine de la reconnaissance que connaîtra René Duvillier qui fait une entrée fracassante dans le monde de l'art grâce à l'aide d'André Breton. Il l'expose à "L'Etoile scellée", une minuscule galerie à Saint Germain des Près où l'on voit le surréalisme s'infléchir vers les tendances nouvelles de l'art informel et de ce qui deviendra le "nuagisme". René Duvillier est le plus "intellectuel" de ce groupe, encore que la force de la réflexion ne freine en rien l'ardeur gestuelle qui crève ses toiles et s'engouffre dans des abîmes relevant de la cosmologie. Travelling foudroyant sur des tempêtes et des ouragans. Duvillier porte le regard vers des espaces qui ont une allure  nietzschéenne, une sorte de romantisme planétaire.


 


 
 
posté le 16-07-2009 à 11:31:14

Pierre Minet, dans les marges.

12h03 - Pierre Minet et le Grand Jeu - Général
Pierre Minet serait plus un "personnage" hantant la littérature qu'un écrivain au sens classique du terme, bien qu'il soit l'auteur d'une poignée de livres restés confidentiels. Ils ne sont, en fait, qu'une assez complaisante mise en scène de sa vie errante, de bohème qui fréquente les artisans du groupe dit du Grand Jeu.
Quelques copains de collège, venus de Reims et, dans les années 20-3O, en puissance de faire ombrage au surréalisme qui tient à sa suprématie intellectuelle.
Le retentissant "procès" qu'André Breton leur fit mettra fin à sa puissance encore que les oeuvres des poètes qui le composent ont gagnées leur registre d'oeuvres légendaires. Parce qu'elles apportent une vision nouvelle de la condition humaine et des raisons de vivre ( ou de ne pas vivre). René Daumal, Roger Gilbert-Lecomte, Renéville, Léon Pierre Quint ( qui sera leur éditeur et leur soutien) tissent une manière de pensée qui sera reprise en partie par les poètes de la "beat generation" américaine. Pratiquant l'introspection Pierre Minet peut afficher des admirations même contradictoires dont celles qu'il porte à Max Jacob, martyr de l'holocauste et Maurice Sachs, collaborateur notoire et antisémite.
Pierre Minet pratique une sorte de masochisme littéraire, offrant une vision de sa vie sous le signe de "La défaite". Mais elle a du style.

 


 
 
 

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