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lettres de la campagne

posté le 31-08-2008 à 17:32:21

Vuillard intime avec Annette Vaillant.

Le Paris de Bonnard (entre le place Blanche et les Grands Boulevards) , celui de Vuillard (autour de la place Vintimille), celui de Proust (du côté de la Madeleine) se  mirait dans les eaux encore immaculées des plages normandes. Tout ce Paris de la bourgeoisie lettrée, de l'aristocratie frelatée, se retrouvait entre villas à colombages et hôtel des Roches où l'on jouait au bridge le soir sur les terrasses rougies par le soleil couchant. Un brin de mélancolie atteint ceux qui s'en souviennent et distillent de touchantes, notes de mémoire tant le bonheur qu'ils évoquent n'est pas d'un bloc mais fait de minuscules choses, de rencontres aussi, car on avait l'art de se trouver, de s'unir (parfois pour des mariages mondains, parfois au nom de l'amour) et il en résultait une étonnante généalogie de l'intelligence et du talent, où le pouvoir de l'argent n'était qu'un agréable moyen de se donner tout à soi et à ses passions.On ira s'égarer (il y a tant de personnages à découvrir) du côté des pages foisonnantes de Jacques Porel ("Fils de Réjane") ou dans la prose exquise d'Annette Vaillant ("Le pain polka"), un regard tendre, savoureux et parfois impitoyable sur tout cette faune bigarrée.Annette Vaillant (du "clan" Nathanson, les créateurs de la Revue Blanche) porte une attention particulière à Vuillard (qui a fait son portrait). Il est bien l'homme de la situation, le représentant de cette génération rêveuse et hédoniste. D'où chez lui le plaisir évident de peindre. Ce qui donne à son oeuvre une saveur particulière.Les écrivains et les peintres de cette époque inspirée avaient trouvé le bonheur (dont celui de créer, de s'apprécier), ils laissent le bonheur de les découvrir dans toute la fraîcheur de leur enthousiasme. Sommes-nous vraiment les petits-enfants d'une génération  aussi féconde et émerveillée ?
 


 
 
posté le 25-08-2008 à 16:28:01

L'Etre de la campagne.

L'Etre de la campagne.Risquons un jeu de mot facile. Les lettres de la campagne sont celle de l'Etre de la campagne. Et pourquoi :  l'être ? On s'est souvenu de "l'Etre suprême" et son cortège feuillu et agreste. Un Robespierre serré dans sa petite redingote, portant, tel un cierge, un bouquet de fleurs séchées. Il y perdra son crédit, il s'y dessina une silhouette pathétique empruntée au vieux Jean Jacques Rousseau herborisant à Ermenonville.L'Etre de la campagne c'est un peu en figure de fable : le rat des champs face au rat des villes. On est là dans la sillage du bon Jean de La Fontaine, philosophant dans les bois dont il avait la charge et rimant des histoires d'animaux bien avant Jules Renard et en gardant un oeil sur la volière du château de Versailles avec ses perruches, ses loups et ses paons. Citadin réfugié à la campagne (pourquoi réfugié ?) je me sens une âme de poète aux champs et porté à m'émerveiller des stances des saisons, des lumières qui frisent dans les bosquets, des odeurs fortes d'herbe à l'heure de l'orage, et après avoir aimé André Breton et Blaise Cendrars, trouver un grand charme à René Guy Cadou et Gaston Chaissac. Ceci n'est qu'une introduction à d'autres découvertes, d'autres rêveries. D'autres promenades "solitaires".
 


 
 
posté le 24-08-2008 à 16:57:52

Guy Debord et l'errance parisienne.

C'était, dans le petit milieu universitaire qui fréquentait Le Soleil dans la tête, le sujet de bien des conversations. Il était secret, et, furtivement, il était passé, sans décliner son nom, mais on l'avait reconnu, c' était Guy Debord. Un voisin. On distribuait sa revue l'International Situationniste avec ses couvertures aux couleurs métallisées et sa typographie serrée, austère. Elle se trouvait au coeur de bien des "mouvements" actifs de l'époque, entre le lettrisme, la queue du surréalisme et l'activité situationniste qui va naître sous les auspices de personnalités  bien différentes. On y trouvait aussi  bien des égarés du surréalisme comme Max Bucaille que des artisans de l'activité culturelle qui va de Cobra (Asger Jorn) au "mouvement nucléaire" italien (avec Baj en figure de proue). Guy Debord était le moteur d'une action radicale bientôt plus politique que poétique. Le fut-elle, sinon par abus de nouveauté et une sève particulière qui faisait dévier les vieilles notions de l'errance urbaine par exemple. C'était l'aspect qui m'avait le plus touché. Un exemple : Déambuler dans une ville en se fiant au plan d'une autre. Absurde ? Non, significatif qu'il fallait se soumettre à tous les accidents de parcours, les dérives, car telle était l'ambition de ce projet utopique autant qu'apparrement ridicule. C'était, porté à ses zones vertigineuses d'insolite, la manie que nous avions, encore écoliers, de se donner des itinéraires sur la carte lumineuse du Métro parisien. Appuyant au hasard sur l'un des bouton et se soumettant au programme proposé. Que de découvertes alors et de merveilles urbaines. C'est au usant de toutes les ressources de la ville (en l'occurrence Paris), qu'on se réveillait et sortait de nos habitudes.Guy Debord compose, en partant de cette idée, un livre d'une rare beauté et audace typographique. Les pages striées de dessins, de graphisme, de collages, et distribuant des morceaux de typographie comme des affichettes dans un rythme haché ( Blaise Cendrars, Pierre Albert Birot, les futuristes et les dadaistes avaient déjà expérimenté la chose) réinventent un itinéraire poétique. C'est une sorte de cartographie du rêve, un manuel de l'errance.
 


 
 
posté le 23-08-2008 à 15:54:53

La femme selon la Revue Blanche.

Souvenirs de la Revue Blanche.Elle résume toute une époque, et, surtout, tout un art de vivre dans un petit cercle de poètes et de peintres qui, autour de Missia Sert, des Nathanson, va cultiver l'amitié et l'art le plus exquis sans être le plus futile. On est sur cette "fin de siècle" qui s'ébat dans la luxure et le clinquant, la misère sociale accrue et l'argent facile, la provocation et les complexes qui vont nourrir la réflexion de monsieur Freud dans cette Vienne, plus que tout autre ville-métropole, saisie de cette stupeur qui inspire l'art le plus suave en même temps que le plus cruel car il dénonce le plaisir sans frein et l'angoisse métaphysique qui l'accompagne.Paris modère cette fièvre sans l'ignorer, il lui donne une élégance plus bourgeoise, mais tous les arts en sont marqués, du théâtre à la peinture, en passant par la poésie.On est à cheval sur deux siècles dont le nouveau se veut riche de promesses quand le XIX° flamboie dans la décadence.On a hérité de la femme longiligne inventée par les symbolises, mais on lui donne plus de tempérament, une force intérieure quand elle était serrée dans le seul type de la rêverie. Femme aux ardeurs sensuelles et séductrice car elle tient plus de la femme de théâtre que de la muse saisie dans l'intimité de l'atelier. Toulouse-Lautrec est passé par là, inventant la femme gouailleuse, provocante, dévoreuse d'homme. C'est parce qu'ils puisent leurs modèles dans l'intimité du foyer, à leurs côtés, que Bonnard de Vuillard donnent vie à des femmes plus rassurantes, elles sont de notre quotidien. Mais Jules Renard sait  être acide, Félix Fénéon sans complaisance et Alfred Jarry provocateur, on retrouve Messaline.De ce formidable brassage va naître une femme nouvelle. Encore quelques métamorphoses, quelques générations et va surgir la femme moderne.
 


 
 
posté le 21-08-2008 à 15:51:24

Bruno Schultz au coeur de sa ville : Drohobycz

La ville noyau d'une oeuvre.On ne peut comprendre James Joyce sans Dubin ou Kafka sans Prague. Ce sont des villes qui façonnent ceux qui en font le terreau de leur oeuvre. Pour Bruno Schultz c'est Drohobycz, un nom étrange à nos oreilles, et presque indéchiffrable à nos yeux. Réel pourtant, là bas, aux confins de la Pologne (aujourd'hui en Ukraine)  où Bruno Schultz va naître en 1893, dans un milieu petit bourgeois et où il va mourir sous les balles d'un barbare nazi en 1942. Personnage étrange, qui se dessine difforme, car il est aussi dessinateur (professeur de dessin dans sa ville natale), et laisse une oeuvre littéraire mince mais saisissante.Drohobycz en toile de fond. et sa famille avec la figure dominante du Père (une sorte de foudre bavarde que l'on dirait sortie de la Bible) et des femmes tentatrices qui ridiculisent les hommes et les mettent à leurs pieds. Il y a un côté masochiste chez Schultz, avec une grandiloquence, une théâtralité qui font toute la splendeur de cette prose chatoyante, ourlée de fantaisie et plongeant dans les émois de l'inconscient. Baroque mais expressionniste aussi. Forçant le trait, multipliant les références naturalistes, les  passages vertigineux d'une forme à une autre, dans un jeu constant de métamorphoses. La ville en ses variations climatiques, les lourdes chaleurs du plein été, les nuits constellées d'étoiles et la neige, le neige omniprésente, qui dessine ses calligraphies, ourle ses ondoiements, tant on passe promptement d'un règne à un autre, dans un monde halluciné et tentateur."Les Boutiques de Cannelle" est une série de petits textes que relie un fil conducteur tenu par un Père omniprésent et surtout Drohobycz avec son architecture que l'on dirait inventée par Chagall.
 


 
 
posté le 19-08-2008 à 17:38:48

La patience de l'arbre.

Encore une proposition pour un jardin.Ou on le conçoit, l'ayant rêvé, alors il faut se mettre au rythme de la fleur, disposé à la patiente devant la majesté à venir de l'arbre.  Mais on s'en fait un puissant et fidèle compagnon. Ou on en hérite. On le découvre, le désire et s'y glisse l'ayant enfin à soi. C'est la rencontre qui nous épargne les longues attentes, et excuse l'impatience, peut-être la favorise. Le travail n'est plus celui de la création (abstraite) à partir du plan. Un jardin peut naître d'abord sur un papier. J'imagine le bon Le Notre présentant ses plans à l'impérieux Louis XIV, et voilà, déployée sur parchemin, la splendeur végétale et aquatique que nous promet le génie du grand homme, la prodigalité du roi fastueux.Le jardin découvert, c'est celui d'un rêve enfin vécu, on le reconnaît. on l'attendait (comme le grand amour). Souvent on y retrouve son enfance. Combien d'enfances se sont nourries, façonnées à l'ombre d'un jardin touffu (comme on dit dans les annonces : arboré). Alors sa richesse se confond avec sa densité. C'est à la mesure des caches qu'il propose, des circuits qu'il s'invente, qu'il nous donne l'illusion de l'aventure. En est le cadre. D'aventures à notre mesure.Les rapports avec lui ne sont plus de l'ordre du temps, mais de la longue rêverie qu'il favorise, dont il est aussi le cadre. On s'immerge en lui comme en eaux profondes. Il a ses profondeurs abyssales. Ses menaces aussi. Il rejoint le mystère de la forêt, le caractère impénétrable des hêtraies médiévales. On s'émerveille de l'âge de l'arbre comme si de tant d'années sa présence lui donnait le prestige de la mémoire. Celle des saisons, des éléments qui se sont déchaînés sur lui, le sculptant parfois. Il n'y a pas de plus émouvante aventure végétale que celle de l'arbre que le vent à fait fléchir, comme l'âge courbe l'homme le plus vaillantToute épopée ne passe-t-elle pas par la forêt. On risque d'y rencontrer le loup, on a la chance d' y réveiller une princesse endormie.
 


 
 
posté le 19-08-2008 à 11:36:15

Théroigne de Méricourt. l'expérience du cachot.

Elle naissait, il y a juste 246 ans, dans un petit village du Luxembourg, Marcourt, qu'elle va un jour, en le déformant légèrement, associer à son nom : Théroigne. C'est ainsi que l'on se fabrique des apparence de noblesse, serait-on né dans la sillon comme c'est son cas. Il y a des problèmes dans la famille, de l'ordre du banal, comme la mort qui la fait orpheline de mère. On la dirige sur une tante qui l'éduque puis l'exploite alors que le père refait sa vie avec une "jeunette". Théroigne (ça lui servira de prénom, encore qu'elle s'appelle Anne-Josèphe) quitte un foyer où pleurnichent 10 enfants. Elle se fait vachère puis retrouve un emploi, le perd, se fait adopter par une dame charitable, une anglaise, qui l'emmène dans ses terres. Une liaison ratée avec un aventurier, un dédommagement financier, et Théroigne gagne sa liberté. Une tentative malheureuse de reformer sa famille échouant elle part en Italie avec ses frères (qui l'exploitent) tente une carrière dans la chanson et semble se livrer à la débauche (version contestée par ses biographes).C'est l'actualité qui la ramène en France et les bruits prometteurs de la Révolution où elle va trouver un territoire à sa mesure.Son action est d'abord celle d'une dame tenant "salon" que fréquentent des idéologues : Camille Desmoulins, Fabre d'Eglantine, Brissot (des idéologues ou des aventuriers ?). Elle même se perd dans les vicissitudes de la Révolution, s'y confond, y gagne une sorte de légende alors qu'il est bien difficile de cerner exactement son action, et l'impact qu'elle peut avoir sur les évènements.Lasse du désordre, elle tente un nouvel ancrage dans son pays d'origine. Y achète une maison, veut jouer les bergères. On la soupçonne d'être une envoyée des révolutionnaires. On l'arrête. On l'enferme au château de Kufstein. La voilà sous son nouveau visage. Martyre d'une cause où elle flamboyait. Conduite à jouer de son charme. C'est une version soft (?) d'une nouvelle du marquis de Sade. Le décor est là. On est à l'époque des "romans terrifiants" inventés par des romancières anglaises où le château menaçant joue un rôle de premier plan. L'enfermement se confirme  lorsque Théroigne, devenue folle, est logée à la Salpétrière. Un nouveau personnage apparait. Versant du côté de l'horreur, un corps (qui fut beau, désiré) devenu une loque ;  un comportement, qui était galant, se confondant avec l'infamie. Est-on encore chez Sade ?
 


 
 
posté le 18-08-2008 à 15:49:41

Gertrude Stein n'est qu'un portrait.

Gertude Stein ou du pouvoir d'un portrait.Sans le portrait que fit d'elle Picasso, et qui est l'une de ses oeuvres les plus importantes, Gertrude Stein serait-elle aussi légendaire ? Elle laisse une oeuvre abondante (parfois, souvent illisible) mais publiée par le jeu des relations et de l'argent, qui faisaient d'elle un "amateur", encore qu'on lui reconnaît quelques influences sur le développement de l'avant-garde, allant jusqu'à penser que James Joyce ne fut pas indifférent à son parcours ! Femme de tête, d'énergie, et fort consciente de son pouvoir acquit pas ce mélange de provocation, d'aisance financière, d'effronterie intellectuelle ( il est difficile de la contredire à en croire ceux qui l'ont connue) Gertrude Stein obtient une audience avec, en figure de proue, ce portrait de Picasso qui est un peu la Joconde de l'avant-garde.Elle pose le problème de l'influence que peut exercer quelqu'un qui a obtenu une audience publique par les voies parallèles des relations, ce qui est l'équivalent d'un certain "bagout" abandonné à de plus égarés qu'elle. Issue de la riche bourgeoisie juive américaine, elle s'impose pour des raisons étrangères à la valeur réelle de ce qu'elle a créé. D'autres, encore, sont dans le même cas. Il faudrait revoir l'importance d'une Nathalie Clifford-Barney, une autre américaine qui a conquit le tout Paris par son "salon".Dépoussiéré de toute sa surface frelatée et futile, une génération de créateurs abandonne au domaine du pittoresque, de l'anecdote, voire de la légende, ces personnages qui participent effectivement à l'essor d'une vie culturelle, mais n'en sont que des rouages promotionnels, certainement pas des artisans essentiels.Gertrude Stein a gagné son statut culturel grâce au portrait que fit d'elle Picasso.
 


 
 
posté le 15-08-2008 à 17:35:59

Igor Delmas : les propos de l'archiviste.

Ce fut une expérience restée sans suite. Le photographe Igor Delmas avait créé une série de photos travaillées par le temps, l'usure, les accidents, et comme sorties de quelque désastre (inondation, incendie, bombardement). C'était mené de concert avec Olivire Brice qui, de son côté, avait réinventé un musée des antiques. On avait, pour lui et cette tendance artistique qui était alors en plein essor, évoqué "Le complexe de Pompéi" (il y aura un livre publié au éditions Horay, des expositions, des articles).Versant littéraire de ce courant qui invoquait l'archéologie, la mémoire et le goût des archives :  "Les propos de l'archiviste" que j'avais entrepris aussi bien avec Olivier Brice qu'Igor Delmas. Le premier à partir d'empreintes, le second en s'appuyant sur les photographies les plus quelconques, de sa vie privée.Il en résultera un album à petit tirage, et le souvenir d'une expérience bien captivante.
 


 
 
posté le 14-08-2008 à 15:59:12

Toujours à propos de jardins.

C'est tout un art que de décliner dans un espace végétal ses rêves de fantaisie, d'ordre et de faste, car un jardin orné suppose des fêtes, les provoque, y invite autant qu'il fait allusion à l'amour et s'appuie souvent sur le catalogue des mythologies (en occident la mythologie greco-latine). Enfant, et parce que la pension où je me languissais sur les versions latines et les alphabets grecs était installée dans un château de la région parisienne ( à Brétigny sur Orge), nous pouvions, depuis la salle où l'on donnait les cours, admirer la belle perspective ponctuée d'un large bassin et qui, naturellement, était "à la La Notre". Des allées bordées de buis, un échantillonnage de statues à la manière antique, prolongeaient les leçons d'Histoire et des  langues censées nous ouvrir à une large culture. On y prenait goût pour une nature qui était disciplinée par l'intelligence du jardinier et le savoir de l'architecte. Pourtant par la suite, ma préférence allait aux jardins marqués par un léger abandon, qui allaient sur la pente d'une sauvagerie retrouvée. Un retour à la nature qui osait des fantaisies surprenantes encore que spontanées et qui obéissaient surtout aux variations climatiques.Ici un jardin théâtre, codé, là l'inclinaison naturelle des saisons, le territoire de l'animal qui y retrouvait ses pistes, ses caches et ses aventures. Un jardin pour donner libre cours aux fantaisies de monsieur de La Fontaine qui peuplait la nature d'une étrange animalerie si proche de celle qu'il voyait à Versailles, quand il s'y égarait, et dans ce Paris à demi populaire, à demi bourgeois, qu'il fréquenait en piéton inspiré, (comme le fera Restif de la Bretonne mais ce dernier allant directement à l'espèce humaine et la croquant avec verve et malice).On était dans l'art des jardins et nous voilà sur le pavé parisien. La nature n'y apparaît que timidement, mais quel délice que la surprise d'un square, d'un jardin secret. Ce sont souvent, aussi, comme les jardins ornementés, le cadre d'une recherche amoureuse.
 


 
 
posté le 12-08-2008 à 16:00:44

James Lord et les mondanités.

C'est un très vague souvenir, et sans que je puisse le situer dans le temps ni en quelle circonstance. Je me trouvais à la même table que lui chez Maxim's (invité par je ne sais plus quel organisme qui faisait sa promotion). Un homme grand, distingué, parlant avec un fort accent américain, c'était John Lord. A l'époque je ne le situais pas très bien. Il tenait une certaine réputation dans les milieux intellectuels pour avoir écrit un essai sur Giacometti. C'était mince. Je viens de trouver un livre de lui qui rassemble des portraits-souvenirs de quelques unes de ces femmes qui "font" la vie culturelle ; Gertrude Stein, Marie Laure de Noailles, et surtout de sa mère, ce qui nous vaut des souvenirs de jeunesse donnant un juste éclairage sur sa personnalité.Marie Laure de Noailles y apparaît dans toute sa folie mondaine, ses caprices, ses foucades et ses amants. L'un d''eux, le peintre Dominguez est, au passage, croqué avec une rare férocité, ce qui discrédite une oeuvre autrement tout à fait honorable si elle n'atteint pas les "sommets" que l'on reconnaît à celui qui était son modèle : Picasso.James Lord n'évite pas les dérapages de commères et une admiration un peu naïve pour tout ce qui est "le grand monde". Une fascination pour les célébrités, le goût du luxe mais avec une certaine humilité qui le met en situation de perpétuel invité. Il est du propre, souvent, pour ceux qui affichent leur homosexualité (et pourquoi pas ?) de jouer les hommes de compagnie, de confident. Les vieilles dames adorant ces hommes dont elles ne craignent ni les assauts, ni une virile tentation. L'écriture  de ce livre  est gracieuse, parfois élégante et riche de détails savoureux, soutenue par un humour discret. On est là au niveau de la mémoire d'une histoire qui se fait entre mondanité et création. Les "salons" ont toujours joué un rôle essentiel dans la vie culturelle (et parfois peuvent être la matière même d'une oeuvre, voir Proust !) James Lord en est une sorte de Saint Simon agréable et distrayant. 
 


 
 
posté le 12-08-2008 à 14:58:25

Pierre-Jean Remy et le roman de gare.

Pierre-Jean Rémy et le roman de gare.On attendait plus de celui qui avait écrit "le Sac du Palais d'Eté", fort roman initiatique où planait l'ombre de Victor Segalen. Construction audacieuse, effets de tiroirs, coins secrets, fil conducteur ingénieux. C'était une belle construction, d'une langue souple, inventive et séduisante. Et puis voilà une version romanesque que l'on dirait écrite pour "Voici". Très people et bien faite pour séduire les femmes au foyer de moins de cinquante ans. Tous les poncifs sont au rendez-vous. Du luxe (bing-bing), des femmes fatales, des aventuriers sortis de bandes dessinées, des décors pour épater la galerie. On traîne dans un succédané de Maurice Dekobra ou  Guy Des Cars, la madone des sleeping  version 2000. L'action sectionnée en séquences ayant chaque fois une femme pour héros principal, retient pourtant l'attention.  Elle entraîne le lecteur dans un catalogue de situations romanesques assez conventionnelles. L'écriture se contente d'accumuler des détails qui font chic et choc, les aventures emballées dans du sentiment comme on l'exaltait dans les feuilletons. On imagine bien la version que pourrait en tirer la télévision, mais où est la littérature là dedans ? Du social (?) en toile de fond, mais si schématique qu'il perd de sa force, des personnages typés  mais chacun enfermé dans la caricature. La jeune journaliste, le vieux diplomate. Parce que toutes ces intrigues se déroulent dans les marges du monde diplomatique qui est celui de Pïerre Jean Remy qui n'est pas Claudel pour autant.
 


 
 
posté le 12-08-2008 à 14:17:29

Dali sans panache.

Dali et son panache.Peu d'artistes ont suscité autant que lui des haines féroces. On ne pouvait invoquer son nom en présence d'André Breton (c'est lui qui avait inventé le si brillant anagramme "avida dollars") sans s'attirer alors des insultes, et Philippe Soupault n'était pas en reste, y ajoutant un mépris tout aussi virulent à l'égard de Cocteau. Il m'avait publiquement félicité dans une émission de télévision d'avoir osé, dans un article du journal "Arts", traîner dans la boue ce faciste guignolesque et dont le "génie", que nul ne contestait, n'excusait pas qu'il donne au public une image décadente de l'artiste, voire irritante et provocante. Ce qui ouvrait la porte à toutes les mystifications (à l'égal de Duchamp dont, en revanche, le caractère acétique jouait tout entier pour sa crédibilité). Nombreux furent ceux qui confondant excentricité et talent, jouèrent sur le registre de la provocation gratuite, la mise en marge d'un comportement comme expression d'un talent, et bientôt, comme simple justification de l'acte artistique. Ce sont de telles attitudes qui ont précipité l'art dans l'état de décadence dans laquelle il se trouve aujourd'hui. Dali par l'intervention du personnage et sa substitution à l'oeuvre, et Duchamp ( à son corps défendant) en pensant qu'il suffit d'avoir la même attitude de refus qui fut la sienne pour enrichir l'évolution de l'art actuel. Ce qui était vrai pour lui ne l'étant pas pour un suiveur. D'ailleurs la force même de ses choix (de ses attitudes) conduisent l'art à une impasse. Quant à Dali il a privilégié le panache à la réflexion, et la provocation à la création, étouffant celle-ci sous celle-là. Et tout le monde n'a pas l'habileté du peintre Dali dont on peut apprécier l'oeuvre en négligeant la personnage.
 


 
 
posté le 09-08-2008 à 16:34:36

La Cicciolina, modernes icônes.

Modernes icônes.Aux temps de la puissance de l'Eglise qui contrôle tout et surtout la diffusion des images, procédant à celles qu'elle veut privilégier, aura succédé l'ère des fantasmes qui règnent sur la pensée des foules et motivent ses choix.On aura remplacé l'omniprésence de la Vierge Marie, sainte et protectrice, par des figures hardies qui excitent notre désir  de consommation et entretiennent une toute nouvelle idée de la femme puisqu'elle domine massivement les moyens de communications mis en oeuvre pour favoriser la dynamique économique.On aura noté que l'on utilise des femmes pour vanter aussi bien les bienfaits de la consommation de laitage que l'esthétique d'une voiture liée à l'idée de voyage : de fuite. Figure de proue du charme ( et parfois plus encore) la femme règne sans partage dans la publicité elle devient un alibi à la fois flamboyant et motivé par d'obscurs désirs. Dans la course à la séduction exercée par l'imagerie moderne, s'infiltrant comme objet de concupiscence, l'image de la femme bascule vite dans l'érotisme à laquelle elle est systématiquement associée.La morale étroite exercée par la société bourgeoise du XIX° siècle éclate sous la poussée d'une mise en place de la femme sur-exposée, enfermant la féminité dans l'espace largement ouvert de tous les fantasmes, la faisant esclave de sa propre séduction. A débattre !Le propos s'inscrit dans un ouvrage en préparation : " La femme flambée de la Sainte Vierge à Brigitte Lahaie".
 


 
 
posté le 08-08-2008 à 17:05:32

Apollinaire, si proche de la presse.

Il y a du graphomane chez Guillaume Apollinaire, comme chez tous les écrivains qui ont abordé le journalisme. Où situer la frontière entre l'écriture de "création" et celle qui repose sur un sujet qui peut lui être extérieur et dont elle donne une version, une vision. L'art étant alors au niveau de qualité de cette vision qui peut en dire autant sur son sujet que sur celui qui l'a traité.Critique d'art, Apollinaire absorbe tout, le pire et le meilleur, ce qui peut parfois nuire à l'idée que l'on se fait, et du critique et du poète prenant la plume pour conter le monde qui l'entoure. D'ailleurs, critique il l'est autant que piéton, ou, si l'on veut  : "piéton critique", un titre qu'il conviendrait de retenir tant il correspond à une certaine manière de travailler qu'ont les écrivains abordant la critique d'art comme un espace d'écriture où ils se donnent à entendre comme ils donnent à voir la peinture (ou sculpture) qu'ils commentent. Nul narcissisme en la méthode mais une approche plus sensible que scientifique (peut-elle l'être quand il s'agit d'art?). D'ailleurs elle tient moins compte de "l'histoire de l'art" que de la sensation, de l'émotion ressentie à la vision. On explique moins le mécanisme de l'oeuvre que l'effet produit par elle sur la rétine qui conduit directement à la sensibilité (la sensualité de la vision !)On tiendra tous les écrits d'Apollinaire pour mériter de passer à la postérité via leur publication. On ressortira des textes "oubliés" retrouvés, et l'enthousiasme éditorial ira jusqu'à publier des textes contestables, voire des copies douteuses, peut-être des faux.  Que faire ? C'est la rançon de la gloire.
 


 
 
posté le 08-08-2008 à 16:47:28

Jacques Brenner au Flore.

Il avait benoîtement franchi la porte du Soleil dans la tête. De taille moyenne, mais arrondi par un penchant naturel et sans doute un goût prononcé pour la table Jacques Brenner offrait alors l'image du puissant manipulateur dont le monde de l'édition se targuait d'utiliser les dons de voyance pour dénicher les jeune talents.Il usait de la pipe comme d'autres se servent d'un crayon pour se donner une contenance, peut-être désigner l'objet subit de leur curiosité toujours en éveil. Car en dépit de sa jeune corpulence Brenner dégageait une impression d'agilité. Du moins était-elle intellectuelle. Il y avait aussi beaucoup de jeunesse dans son sourire. Et un rien de malice. Nous fûmes, sur son invite, de concert, vers le Flore qui était son quartier général. On s'installe à la table de Francis Ponge. Présentation (je suis rien, l'inconnu) il incarne pour moi une certaine force de la poésie qui se cherchait alors, dans l'insistance du regard (en profondeur) une approche de la réalité (de l'objet) qui passait par la rêverie à laquelle nous avait familiarisé Gaston Bachelard. Avec quelque chose de plus aigu, de plus énigmatique aussi. Un rien de singularité qui pouvait être une forme délicate d'humour. Mais, s'hiverner dans l'objet, c'est aussi se découvrir.Il y eut une courte escale chez Julliard (rue de l'Université) qui avait le front de s'installer juste en face de l'empire Gallimard. Mais la couverture à l'encadrement d'un vert tonique avait alors la cote chez les libraires.Un texte fort court, et sans doute peu recommandable, fut soumis à un prestigieux lecteur de la maison (c'était, je crois me souvenir, Christian Bourgois qui a depuis fondé la collection "10/18"). Un refus intempestif devait me remettre à ma place. C'est ainsi que, parfois, sous les meilleurs ailes, on est mouillé.
 


 
 
posté le 08-08-2008 à 13:23:45

La peinture amoureuse.

Au coeur de la peinture amoureuse.Les cimaises des musées qui ne sont pourtant pas interdites au moins de 18 ans, recèlent un nombre considérable d'oeuvres vantant les charmes du corps féminin et par conséquent les fastes de l'amour. Qui n'est pas toujours seulement courtois, mais entraîne avec lui tous les fantasmes que les différentes cultures lui attachent et dont il est souvent la marque indélébile de ses ressorts les plus secrets.Il était intéressant de tenter une lecture thématique de cette ouverture de l'art sur les alcôves et leurs délices. Et leurs complexes.Attaché à l'expression du corps l'art tendra (jusqu'à la fin du XIX° siècle) à le magnifier, et rares seront les peintres qui oseront le blasphémer. N'est-il pas à l'image de Dieu ? Pourtant, trop séduisant, il devient le complice de Satan.C'est au détour d'une représentation (qui se prétend simplement réaliste) que se joue le passage  vers l'une ou l'autre de ces deux forces antagonistes, de ces deux courants où se précipite le destin de l'homme.Peindre l'amour à travers la femme c'est surtout peindre le plaisir. On souligne son aspect charnel, la pente délicieuse du péché. Intervient alors les canons que l'on décrète pour définir la beauté. Ils varient, sont la conséquence d'une multitude de données souvent étrangères à la logique anatomique, souvent la défiant, osant des interdits. Il reviendra à l'artiste de justifier tel choix, telle orientation esthétique et les poussées inconscientes d'une société pour les imposer. Longtemps le personnel de la mythologie greco-latine peuplera les scènes inventées pour exalter la beauté de la femme (d'autres civilisations useront pareillement de leurs propres références). Même en se limitant à la culture occidentale les variations sont infinies et subtiles, significatives et pleines d'enseignement. Mais, au final, n'est-ce-pas la mise en vedette de la femme-objet ?
 


 
 
posté le 08-08-2008 à 12:42:22

Stèle pour Adam de la Halle, avec Bertini.

Deux mots de biographie : né à Arras, il entre au service de Robert d'Artois (le neveu de Louis IX) en 1280. La voilà proche  de la cour, dans le sillage des "grands" de son temps. Il suit  son maître en Italie (à Naples, où règne Charles d'Anjou, frère de Saint Louis). Il a la fonction de musicien. Il écrit des chansons mais le théâtre l'attire. L'époque est aux spectacles grandioses, chargés de symboles et volontiers bavards pour souligner l'action, la rendre compréhensible par tous.On aime la farce, le trait épais, la mascarade. Adam de la Halle glisse dans le jeu donné et voulu par le genre (et le public) une vision bien personnelle de la société où il se fait critique et souvent acerbe. C'est la vision large qu'il a de la société (pour la ridiculiser, la critiquer) qui confère un caractère si moderne à son entreprise littéraire.Il était difficile de ne pas amorcer une tentative d'écriture sans, sinon se référer au contenu de son oeuvre, du moins à la mémoire de l'homme ardent qu'il a été, d'où "Stèle pour Adam de la Halle" qu'avait audacieusement illustré Gianni Bertini.
 


 
 
posté le 06-08-2008 à 14:51:42

Paul Fort, le troubadour de Montlhéry.

Le troubadour de Montlhéry.On le rencontrait parfois dans le village avec sa cape et son béret basque, le masque marqué et les yeux intenses. Alors qu'on ânonnait l'Histoire de France, feuilletant les manuels scolaires qui faisaient défiler rois et chevaliers, Paul Fort, menant sa promenade quotidienne dans les environs de la célèbre tour de Montlhéry faisait, à sa manière, le pèlerinage de ce passé chatoyant dont il traduisait si bien la splendeur en des vers simples comme ceux d'une chanson, et tendres comme ceux d'une berceuse. C'était le dernier troubadour de la France dans la conscience qu'elle se gardait d'elle-même. Poète entier, et loin de tout ce qui se faisait alors, lui qui héritait de Verlaine et des symbolistes, était dédaigné par les artisans d'un langage plus hardi, plus ambitieux. Il avait connu toute la génération "fin de siècle" alors qu'il n'était encore qu'un adolescent entreprenant, alliant dans une action poétique peintres et poètes, de Vuillard, Bonnard, Maurice Denis,  à Maurice Maeterlinck, Mallarmé et tous ceux qui,  dans ces années fastes, chantaient les affres de l'âme et le charme des filles-fleurs. Il entreprend ensuite, à son compte une manière d'épopée où défilent les rois chamarrés comme lors de leurs entrées triomphales dans des villes de miniature médiévale.  Il a trouvé son "ton", son style et son sujet, parant l'Histoire de France des grâces et des mélancolies de ses légendes.
 


 
 
posté le 05-08-2008 à 16:10:18

Man Ray, René Crevel, "aller-retour"

Man Ray - René Crevel "aller-retour".Non que Crevel ait eu des rapports plus importants avec Man Ray qu'Eluard par exemple, mais quelques jalons de leur collaboration subsistent dont un dessin que Man Ray m'avait offert pour illustrer un petit d'hommage que j'avais organisé pour la revue belge Temps Mêlés qui fut, dans les années 50, un brûlot sympathique et fort ouvert à la poésie.Crevel assimilé à une lampe, un étrange jeu de miroir et l'énigmatique boule qui semble être le sujet de cette allégorie. Pourtant il ne faut pas tenter une lecture trop attachée à une création graphique qui peut n'exister que pour elle-même, dans sa magnificence et son mystère. Le portrait de Crevel sur la couverture de la biographie de Michel Carassou est également de Man Ray. N'a-t-il pas laissé une étonnante galerie de portraits des personnalités de sa génération. Un formidable témoignage où il scrutait l'âme de ceux dont il fixait le visage. Derrière la beauté "angélique" de Crevel il n'a pas oublié de souligner l'état d'angoisse qui l'habitait. Il en fait une sorte d'icône de ce romantisme des "années folles" où une certaine jeunesse brillante, à la dérive, filait vers la mort en empruntant tous les chemins des expériences les plus osées, les plus risquées. Un suicide ne pouvait qu'être l'aboutissement d'une telle quête amère.
 


 
 
posté le 01-08-2008 à 16:06:59

La recherche du temps perdu de Virginia Woolf.

Encore une lecture de hasard. Le livre, trouvé parmi d'autres dans le grand désordre des déballages propres au vide-grenier. La jubilation d'une fouille, d'une découverte, d'une rencontre. Avec un livre. Celui ci, dont j'ignorais l'existence m'en étant tenu aux "Vagues " à "La promenade au phare : "Les Années" de Virginia Woolf. Un roman compact. Virginia Woolf le reconnaît dans son Journal. Une grande difficulté à en venir à bout. Deux années de travail, d'obsession, tenue par son sujet. Une famille sur plusieurs générations. De 1880 à 1918 et, en bouquet final, "Le temps présent" ( encore Proust ). Chaque ouverture est le prétexte à un vaste panoramique climatique où se situent les personnages dans des scènes brèves mais qui les définissent, leur donne corps. Une sorte de cinémascope littéraire traversé par une vision symphonique. L'équivalent d'une mélodie qui serait reprise sur divers registres, La passion de Virginia Woolf pour l'atmosphère s'y donne de belles notations avec une précision d'orfèvre dans les détails.Les personnages illustrent la variété des caractères à l'intérieur d'une famille qui tente de garder son unité en dépit des écartèlement de la cellule originelle par les mariages (encore qu'il y ait un culte de la vieille fille bien typique de la littérature anglaise).On va de l'un à l'autre avec des fils conducteurs qui sont des repères de souvenirs partagés. La bouquet final est le regroupement des personnages découverts au fur et à mesure de la progression romanesque. Mais totalement changés, jusque dans leur apparence. Virginia Woolf se risque dans une assez terrible description d'un groupe familial mué en une sorte d'animalerie bizarre et quelque peu inquiétante. On sort de ce livre terrassé par une sorte d'indicible tristesse, pire encore, une once de désespérance.