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lettres de la campagne

posté le 31-07-2009 à 14:20:17

Philippe Soupault découvre Lautréamont.

Inconnu de son vivant, condamné à la publication de ses textes par le principe du "compte d'auteur" (l'infamie suprême de l'écrivain) Lautréamont va connaître une gloire posthume aussi singulière que tenace et propre à rassurer tout poète tenu dans le dédain par ses proches et un public futile, porté à célébrer ce qui l'est déjà, jamais assez curieux pour dénicher des curiosités esthétiques ou littéraires de sa génération, laissant ce soin à quelques érudits curieux, rats de bibliothèques ou esprits assez libres pour défier l'opinion en affichant des admirations qui ne sont pas de mise. Rémy de Gourmont (ce sédentaire, cet érudit en chambre) aura été l'un de ceux qui surent deviner l'importance des textes d'Isidore Ducasse qui va devenir le Lautréamont de la légende. Figure emblématique de la modernité, une sorte de saint célébré par le surréalisme comme figure d'ancêtre (avec Forneret, Sade, Rimbaud, Jarry ).Soupault, digne successeur de Rémy de Gourmont, va soigneusement copier à la  Bibliothèque Nationale les fameuses Poésies qui sont une sorte de contre-point (contre-chant) aux Chants de Maldoror. Chants, et d'une portée musicale singulière, sans aucune mesure avec ce qui se fait autour de lui, encore qu'il s'appuie constamment sur un héritage littéraire pour y poser des mines, des explosifs. Plagiaire dans les Chants, il est  pamphlétaire dans les Poésies.  Naviguer dans cette oeuvre c'est ouvrir toutes les perspectives de la pensée moderne aux yeux des surréalistes. A voir d'un peu près.
 


 
 
posté le 31-07-2009 à 11:43:59

L'Héliogabale d'Artaud annonce son théâtre.

C'est un ouvrage de commande. D'ailleurs pour le mener à bien Artaud use de l'aide d'un certain Auffret que lui "procure" son éditeur Denoël. Ce dernier consulte les ouvrages de référence dans les bibliothèque, donne à Artaud les éléments d'une riche bibliographie ce qui peut assurer d'un travail mené avec la rigueur du chercheur. De l'historien. Hors Artaud, par tempérament n'est ni l'un, ni l'autre, et attelé à l'histoire d'Héliogabale il reste Artaud. Il utilise son sujet (un personnage hors mesure) pour fortifier ses propres convictions, notions et croyances qui le définissent dans son orgueilleuse et périlleuse singularité.Héliogabale empereur furtif et télé-commandé par une bande de femelles enragées (Artaud les voit ainsi) devient un personnage de la théâtralogie intime d'Artaud. Un adolescent étincellant et pervers dont la mort signe l'infâmie de la vie"S'il y a autour du cadavre d'Héliogabale, mort sans tombeau, et égorgé dans les latrines de son palais, une immense circulation de sang et d'excréments, il y a autour de son berceau, une immense circulation de sperme." Le ton est donné, et tout procède de la même fureur provocatrice. Menant son récit Artaud révèle, au fur et à mesure quelques unes de ses obsessions qui vont trouver cohérence à propos du théâtre, ce Théâtre de la Cruauté où il promulgue des règles depuis largement suivies par les metteurs en scène les plus audacieux. Intervention de la voix qui vient des entrailles et non plus de la tête, et qui est la "musique" de nos instincts les plus forts les plus brutaux. Et de donner à la poésie la force d'une arme capable de bouleverser l'ordre du monde (d'où le thème de l'anarchiste qu'Héliogabale illustre exemplairement). Dans sa folie logique il transforme son règne en une cérémonie sacrée (et éprouvante, et sexuée à l'outrance) et la scène du théâtre est agrandie à la réalité qu'il magnifie en splendides fêtes orgiaques, dépassement de soi, agression constante de toute tempérance confortable. Perturbateur insupportable il étonne, exalte, effrayant au final une foule lasse de ses splendeurs et turpitudes sacrées. Précipité vers la mort la plus ignoble. Artaud en donne une description hallucinée.L'ouvrage, publié par Denoël en 1934 est tiré à quinze cents exemplaires (plus quelques exemplaires "de tête"). Il en restait encore en 1946 quand le galeriste Pierre Loeb organise une vente pour subvenir aux besoins d'un Artaud réduit à la misère à sa sortie de l'asile de Rodez.
 


 
 
posté le 30-07-2009 à 17:42:38

Gengenbach un Satan de pacotille.

Né en 1903, mort en 1979, Gengenbach traverse le Surréalisme sans lui apporter autre chose que ses fantaisies vestimentaires (la manie de s'habiller en prêtre), ses scandales, et une pointe d'anticonformisme qui n'est que la partie superficielle de ce que pouvait être un "acte surréaliste". Il amuse "la galerie" mais n'apporte pas à André Breton, grand quêteur de talents nouveaux, une force créatrice capable de rivaliser avec la prodigieuse  poussée artistique et littéraire qu'il fédérait autour de lui.Les quelques livres (2 ou 3) qu'il a publié ne sont que des relations auto-biographiques, largement fantasmées. Une littérature qui relève presque du second rayon, mais pittoresque et propre à pimenter l'aura culturelle que le surréalisme entendait structurer sans s'effaroucher des scandales, surtout s'ils relèvent des moeurs. C'était une manière de renforcer le caractère scandaleux qu'il ne répugnait pas de revendiquer.Ernest de Gengenbach fréquentait Le Soleil dans la tête, apparemment flatté d'y voir figurer ses livres à côté de ceux de surréalistes reconnus comme tels. Il se donnait des allures vaguement démoniaques. On l'aurait bien vu dans un film de Jean Rollin où il aurait été plus à sa place que dans les réunions de la place Blanche où se décidait la stratégie du groupe surréaliste.
 


 
 
posté le 30-07-2009 à 17:27:26

Molinier l'obscène.

Dans son développement la peinture surréalisme transgresse les articulations historiques qui traitent l'art comme un long fleuve tranquille où chaque découverte enclenche son développement ou son opposition, mais dans une unité, une sorte de complicité de chaque génération qui se regroupe autour d'un principe esthétique dominant. A l'heure de l'abstraction (de ses précurseurs -1910- à sa tyrannie -abstraction géométrique et lyrique- des années 1950) le surréalisme récupère des artistes fidèles à la figuration mais lui apportant cette force de provocation, d'investigation dans l'inconscient, qui est au coeur de sa raison d'être. D'une facture assez neutre (voire conventionnelle) Pierre Molinier passe d'ailleurs à la photographie comme quoi peindre pour lui était surtout montrer et non chercher à l'intérieur de sa technique des sources nouvelles, peut-être un nouvel élan.Y domine, en constante reprise, l'exploration du corps démultiplié, un peu comme l'avait montré Bellmer dans sa série des "poupées". Le corps falsifié pour mieux exprimer la sensualité qu'il contient, la force de suggestion de certains détails anatomiques et, plus encore, de leur mise en situation par additions, croisements, déformations qui défient l'anatomie. Avec quelque chose de nocturne, de secret, de soyeux, propre à séduire un poète plus soucieux du contenu d'une oeuvre que de son expression. André Breton cautionne son travail en le révélant dans les années 50, lui assurant une audience que le caractère violemment érotique dont elle se targue la place dans une situation ambiguë entre curiosité esthétique et simple pornographie.
 


 
 
posté le 30-07-2009 à 12:15:45

Lecture, au féminin.

La lecture est un art féminin.Tout comme la pratique du piano, largement représentée par les peintres (Renoir, Van Gogh, Maurice Denis, Degas, Cézanne), celle de la lecture associe souvent la femme en position de conteuse, à moins que le peintre la représente seule, "penchée" sur la lecture, absorbée par elle, en rapport d'intimité qui l'arrache à la réalité et lui donne cet aspect angélique, aérien, absent, qui la fait belle du rêve qui l'habite. Car lire, alors est une quête du rêve, son tremplin. La peinture se fait douce, murmurante, confidentielle pour dire ce petit miracle intime. voir lorgonmelancolique.blog.lemonde.fr
 


 
 
posté le 29-07-2009 à 12:26:36

La peinture sémantique de Lattanzi.

11h53 - Lattanzi, la peinture sémantique. - Général
 


 
 
posté le 29-07-2009 à 12:03:25

Les aventures du manuscrit des 120 journées de Sodome.

L'histoire du manuscrit des 120 journées de Sodome de Sade semble relever de la légende. C'est lors de son emprisonnement à la Bastille que Sade rédige ce texte sulfureux en collant les différentes pages du manuscrit pour constituer un rouleau, à seul fin de camoufler celui-ci dans les anfractuosités de la muraille de sa cellule.L'avant-veille du jour de la prise de la Bastille, et parce qu'il avait participé aux premiers frissons insurrectionnels qui annonçaient le 14 juillet, il est transféré à Vincennes sans avoir pu reprendre le précieux manuscrit ainsi livré aux désordres et saccages qui suivent la prise victorieuse par la populace du sinistre bâtiment.Un miracle a voulu qu'il échappe à l'infamie d'une disparition dont il était si fortement menacé. Il va passer de mains en mains, entre celles de spéculateurs et de bibliophiles avertis qui assurent sa survie, jusqu'à la publication du texte par les soins du spécialiste Maurice Heine et sa mise en orbite quasi légendaire par les surréaslites ( ces révélateurs de tant de textes essentiels).Il met en lumière le problème rencontré par des prisonniers auxquels il est interdit de pouvoir écrire et qui se livrent à des subterfuges incroyables pour y parvenir (en particulier pour les prisonniers politiques). Mais la force du verbe l'emporte toujours sur la malignité des bourreaux. On peut en tirer une parabole. L' histoire du manuscrit des 120 journées de Sodome en est la figure emblématique.
 


 
 
posté le 28-07-2009 à 15:12:57

André Martel analyse La Fontaine.

Parlons d'édition.C'était, lorsqu'on créa Le Soleil dans la tête, le bureau des éditions Palimugre une initiative de Jean Jacques Pauvert. Il sortait de tout petits livres avec des signatures prestigieuses ( Sartre, Albert Camus etc...) . Grande était la tentation de conduire une action éditoriale, encore fallait-il  en avoir les moyens (financiers et structure administrative). On se contentera de labeliser des ouvrages dont on appréciait le contenu mais dont les auteurs étaient sans éditeur officiel. Il y aura quelques tentatives dont celle engagée avec un personnage hors norme, défendu par Jean Dubuffet, et qui pratiquait une écriture totalement réinventée, dans le voisinage du lettrisme ( on abordera un jour l'histoire de ce phénomène littéraire qui fut, dans les années 50, particulièrement vivace). C'était André Martel qui proposera dans sa collection du "paralloïdre" un essai : La Fontaine n'est pas un imbécile. L'écriture en était claire, ce qui n'était pas en contradiction avec ses recherches langagières par ailleurs fort risquées.
 


 
 
posté le 28-07-2009 à 14:54:14

Les boîtes de Waydelich

 Waydelich, l'invention d'un personnage.S'il pratique l'art de la "mise en boite" d'objets un peu dans l'esprit du reliquaire, Waydelich le fait dans un esprit littéraire autant que plastique. Il assemble, ajuste des objets, compose une sorte de mémoire à travers les miettes d'une histoire qu'il reconstitue parfois avec une tendresse mélancolique et souvent beaucoup d'humour. Il a été une véritable révélation dans le contexte d'un programme d'expositions qui voulaient justement associer art et littérature. Son personnage, Lydia Jacob, est venu à lui par l'intermédiaire du  journal de cette couturière rejetée dans l'oubli et l'anonymat et qu'il découvre sur un marché aux puces de Strasbourg. Partant d'une mémoire, il recompose une vie, et ses oeuvres en sont les étapes, les séquences dont il peut varier à l'infini les versions. Archiviste de son personnage, huissier de ses biens imaginaire, Waydelich ne se contente pas, toutefois, du simple état des lieux, de la nomenclature, de l'inventaire, il pratique à l'égard de ce matériel, mis à contribution au nom de la mémoire, un travail assez semblable à celui de l'archéologue qui jalonne un  terrain, le balise, avant d'y prélever ces fragments d'une vie dont, de toutes manières on ne peut avoir que des miettes.
 


 
 
posté le 28-07-2009 à 12:27:51

Marcel Marien, un pont franco-belge.

Marcel Marien est un des grands surréalistes de la Belgique toujours si féconde en talents artistiques et littéraires. Jetons un pont entre le Quartier Latin du Paris de Francis Carco et des Surréalistes, et Bruxelles la fascinante. Marien en fut (avec tant d'autres vers lesquels on ira le moment venu, comme Scutenaire, Paul Nougé, Magritte, Jane Graverol) un des héros à la fois tonitruant et illuminé. Il faut lire ses mémoires si savoureuses. Les poèmes sont dans la lignée des chercheurs d'or dans les mots. A triple sens parfois, car l'humour n'est pas loin. Rêvons d'un monde tenu par des tels hommes.
 


 
 
posté le 28-07-2009 à 12:06:34

De Montmartre au Quartier Latin.

De Montmartre au Quartier Latin.De Montmartre au Quartier Latin était l'itinéraire presqu'obligatoire de ceux qui, au début du XX° siècle, aspiraient à la gloire. Picasso avait montré le chemin. C'est que la Butte Montmartre avait déjà un riche passé. Toulouse-Lautrec, côté bastringues, Renoir côté jardins avaient planté leur chevalet parmi les moulins et Van Gogh y fait un séjour fulgurant. On souffre et s'amuse entre Bateau lavoir ici pour la misère, Moulin Rouge là pour les filles et la musique. En invité d'honneur le bon douanier Rousseau y sort son violon pour faire danser la société choisie que Picasso avait convié pour le fêter, de Marie Laurencin et Apollinaire à André Salmon qui lui, montparno , faisait le lien entre le passé et le futur. Toute cette joyeuse équipée va en effet quitter la rive droite pour occuper la rive gauche, Montparnasse pour les peintres, le Quartier Latin pour les écrivains. C'est l'histoire d'une migration de l'esprit et de la fantaisie, avec ses cortèges de filles ici modèles, là muses, et toujours dans l'esprit le plus inventif. Bientôt la légende va s'emparer de cette histoire. Mais Roland Dorgelès et Francis Carco sont des témoins de premier main, acteurs même de cette histoire. Ils la content avec verve et un sentiment parfois de mélancolie. La Butte Montmartre ce fut leur jeunesse, le Quartier Latin l'entrée dans la vie publique, et même pour l'un comme pour l'autre la reconnaissance de leur talent. Pourtant Carco aime encore évoquer des souvenirs plus tendres où passe parmi tant d'autres ombres, celle de Verlaine, le piéton d'un Paris de plaisir et de souffrance.
 


 
 
posté le 28-07-2009 à 10:52:03

Artaud raconte Le Moine.

Prudemment il est annoncé que le Moine (oeuvre légendaire de Monk Lewis dont la traduction avait été confiée à Antonin Artaud) est, de fait, "raconté". Moins traduction selon les lois en usage que repris à son compte, et selon ses propres fantasmes, par un Artaud qui trouve là matière à donner libre cours à sa fougue verbale, son déchaînement imaginatif. Un texte brûlant et confinant à la folie, qui témoigne bien de cette vague (typiquement anglaise) du "roman terrifiant" où se distingue aussi la romancière Anne Radcliffe.Le texte, pour significatif qu'il soit, n'est pas essentiel pour la compréhension de la pensée d'Artaud, encore qu'il entre incidemment dans la constitution de sa légende accordée aux excès gestuels de ses théories scéniques (largement imitées depuis)  et à ceux du verbe qui va chercher, au coeur des mots, dans la coulée furieuse des phrases, une sorte de vérité intérieure, physiquement vécue, propre à réveiller les instincts du corps écrasé par les conventions sociales, occulté par la civilisation occidentale que toute agression, surtout fantasmée, doit nous faire éprouver pour en retrouver l'énergie primitive.
 


 
 
posté le 28-07-2009 à 10:43:45

Martinique la charmeuse. (Breton-Masson).

Fuyant l'occupant Breton et André Masson voguent vers l'Amérique, terre d'exil lors de la dernière guerre. Ils font escale à la Martinique et découvrent un univers qui entre totalement dans leur vision de la réalité foisonnante, émerveillée, porteuse de riches échos mémoriels et sensuels. Par le dessin d'André Masson, plus que tout autre à la démesure de cette épopée lyrique de la nature, et un dialogue poétique avec André Breton, se conçoit, spontanément, un livre assez singulier, et pourtant dans la logique de deux complices qui trouvent un sujet, un climat, dans la pérennité de leur démarche, de leurs appels. On a une sorte de poème repris, comme poussé par les lois du désir, scandé comme un chant rituel, le dessin foisonnant autour et entre les mots, retrouvant tout le lyrisme du douanier Rousseau ce grand rêveur de tropiques inventées.Il est dédié au poète qui incarne le mieux cette fièvre exotique : Aimé Césaire. Il créera un relais martiniquais du surréalisme et de sa ferveur.
 


 
 
posté le 27-07-2009 à 11:12:53

Photo souvenir.

 


 
 
posté le 27-07-2009 à 11:09:16

Jacques Rigaut théorie du suicide.

16h35 - Rigaut posthume -
Dandy oui, et le suicide pour destin. C'est l'histoire de Jacques Rigaut, personnage emblématique de la mythologie surréaliste. Il a peu écrit, mais intensément, dans l'absolue nécessité de "se dire" (mais aussi de manifester une dose d'humour exemplaire). C'est toute la question de l'écriture. Elle ne peut se résumer à se raconter quand c'est dans la banalité de ce que vit toute personne qui n'a que son destin en main et une mesure banale de la vie.
 


 
 
posté le 27-07-2009 à 09:53:39

Vostell au coeur de la cité.

Vostell au coeur de la cité. Ajouter une photo / un podcastC'est par l'intermédiaire de François Dufrène que Wolf Vostell est venu rue de Vaugirard avec un carton plein de "décollages" c'est à dire des compositions basées sur des emprunts les plus divers (au mur, aux magazines, des photographies arrachées, décomposées sous l'effet des acides), bref toute une "cuisine" graphique qui n'était peut-être pas totalement originale parce que la méthode était "dans l'air" : palissades de Villéglé, Hains, photos projetées dans la peintre de Bertini, tout un appareillage destiné à inclure la réalité dans la peinture. mais Vostell y intégrait l'événement, sa violence.On était alors aux heures triomphantes du pop-art et dans le sillage de la Figuration narrative (on en reparlera), un front commun contre l'académisme de l'abstraction ou se qui passait pour tel. Mais Vostell va s'emparer de la réalité dans ses formes les plus quotidiennes, dans une appropriation immédiate de l'objet, sortant des limites de la toile, abandonnant ce qui relevait encore de la peinture de chevalet, pour aborder le domaine de l'installation. On y reviendra.
 


 
 
posté le 27-07-2009 à 09:39:33

Mandiargues et ses masques.

Mandiargues et ses masques.C'était un personnage mystérieux et vaguement inquiétant. Pour Eric Losfeld qui préparait l'édition de son livre Astyanax, j'étais allé chez lui, dans le Marais, dans ce bel et sombre appartement qui voisinait celui de Léonor Fini ; d'ailleurs une toile de cette dernière se devinait dans l'atmosphère veloutée et frileuse du bureau d'où Mandiargues avait vue, directe, sur le charmant petit square du Musée Carnavalet dédié à la mémoire de Julien Cain . Il était peuplé d'animaux sculptés provenant des hauteurs de quelques églises parisiennes en restauration ( à moins que ce fut la Tour Saint Jacques, ce haut lieu de l'ésotérisme parisien). Mandiargues venait souvent au Soleil dans la tête et écrira un poème-préface pour Unica Zurn quand elle y fit son exposition. On y aimait ses livres et on les recommandait volontiers pour lui trouver de nouveaux lecteurs. C'est ainsi que se forment des familles autour d'écrivains. Une communauté et une complicité enrichissantes.
 


 
 
posté le 26-07-2009 à 12:43:41

Nerval "timbré"

Nerval timbré.Etre choisi pour orner un timbre a plus de prix, et de signification qu'on le pense souvent. Une figure sur timbre a une valeur d'icône. Elle a, de surcroît, l'avantage d'être le véhicule des mots qu'elle marque de son empreinte. Aux chefs de guerre et autres célébrités que retient l'Histoire, on peut préférer les silhouettes des poètes, ces meneurs de mots, ces troubadours toujours en voyage. Surtout Gérard de Nerval, un SDF hanté par les couleurs et les brillances de l'Orient. Un courrier timbré Gérard de Nerval ne peut être quelconque et surtout pas vulgaire. Il fait déjà rêver alors qu'on a pas encore déchiré l'enveloppe qu'il orne. Il faut bien choisir les timbres de nos envois postaux. Ils sont nos ambassadeurs, ils sont le signe secret de nos alliances, de nos complicités, de nos songes.
 


 
 
posté le 26-07-2009 à 12:30:08

Nasser Assar et le nuagisme.

Allons dans les nuages.A propos de Boudin qu'il voyait peindre sur les plages normandes Baudelaire saluait les merveilleux nuages. Le prenant aux mots, toute une génération de peintres, dans les années 60, se livrent à une véritable investigation du ciel, ouvrant la toile aux élans d'une main légère qui écrit les nuages, suggère la légèreté de l'air et jusqu'à son parfum. Ce fut un formidable élan dont on suivait de près les étapes à travers les oeuvres de visiteurs amis comme Benrath, Duvillier, René Laubiès, Nasser Assar, Graziani, qui avaient, pour défenseur auprès de l'opinion, le discret, subtil et énigmatique Julien Alvard. Ca et là, à propos d'une exposition, autour de la revue Sens Plastique qui prend leur défense et s'attache à leurs découvertes, les peintres baptisés "nuagistes" vont influencer de plus jeunes encore, des débutants, avec la perte inévitable en chemin de promesses non tenues, de carrières brisées. Mais c'est une belle et tumultueuse histoire. On en trouvera ici, des échos. Aujourd'hui tout cela est passé dans l'Histoire, entre les mains des théoriciens. Pourquoi pas ?
 


 
 
posté le 26-07-2009 à 12:14:15

Marcel Béalu l'oeil de la nuit.

Marcel Béalu l'oeil de la nuit.Avec Béalu on aborde le domaine du fantastique. Sobre et angoissant, dans la ligne du Kafka du Château avec Mémoires de l'ombre, dans la tradition du genre, et voisin parfois d'André Pieyre de Mandiargues, avec L'Araignée d'eau. Un registre large mais dominé par une relation étroite et savante avec la peinture qu'il pratique d'ailleurs lui-même, avec, toutefois, une modestie qui freine la reconnaissance de cet aspect curieux de sa démarche. Moins peintre que dessinateur comme les poètes qui abordent cette discipline, la peinture supposant l'affrontement de certains problèmes techniques qui ne l'intéressent pas alors que le dessin se prête bien à la liberté de la main, sa volubilité. Béalu développe des retombées de corps qui s'enlacent, se cherchent, se chevauchent avec une douceur sensuelle, une volupté distinguée. Il est lui-même, en libraire, fort attentif à la littérature érotique qui, dans les années 50-60, tombait encore sous le coups de l'interdit qu'il enfreignait avec une vigoureuse audace. Le voici au coeur d'un espace qui échappe aux modes, rassemble au delà des siècles de multiples personnalités et des auteurs qui pour être du second rayon sont aujourd'hui des classiques. Guillaume Apollinaire n'est pas étranger à cette réhabilitation.
 


 
 
posté le 26-07-2009 à 11:55:05

La fête d'Avril.

La fête d'Avril.Il a d'abord un nom qui porte à faire travailler l'imaginaire : Armand Avril. On l'avait déniché chez un étonnant découvreur de talents lyonnais, relieur, qui tenait boutique dans le vieux Lyon sous le sigle Le Lutrin. Dans le désordre des livres, festoyait l'art à la fois cocasse, narquois, insolite ( et insolent) d'un ancien maçon passé à la peinture et qui s'était essayé à la peinture de chevalet à travers ce qu'il voyait autour de lui, dont Fusaro, artiste lyonnais alors connu (il l'est peut-être encore et son travail est de plus intéressants). Mais Avril avait brûlé les étapes et s'était lancé dans l'art de la récupération, de la remise en vie des déchets du quotidien. On est là dans une des voies majeures de l'art contemporain, mais il sait lui donner un sens nouveau, un esprit, une couleur qui ne sont qu'à lui. Vieux bois, pinces à linge ( beaucoup de pinces à linges qui font des silhouettes si drôles de petits personnages), bouchons (il devait beaucoup boire ! ) et une passion pour les arts primitifs. Cela donne quelque chose de nouveau, spirituel, parfois inquiétant, toujours excitant, et dans le voisinage du grand et énigmatique Louis Pons. On avait d'ailleurs, au début, pensé qu'il l'imitait, pour découvrir enfin qu'il volait de ses propres ailes, jouait de ses propres mains qui faisaient des miracles. Il est aujourd'hui assez répandu et bien reconnu. Mais il s'est envolé depuis Le Soleil dans la tête dans les années 7O.
 


 
 
posté le 26-07-2009 à 11:21:04

André Miguel le Solaire.

16h01 - André Miguel la fraternité en poésie -
 


 
 
posté le 26-07-2009 à 10:48:22

Robert Ganzo poète au Soleil.

15h03 - Robert Ganzo bouquiniste et poète -
Dans ce souci de toujours aller vers l'esprit du lieu, d'en mieux connaître l'essence profonde et par conséquent son histoire, doit-on rappeler que le Soleil dans la tête fut, bien avant que Jean Jacques Pauvert en est fait le centre névralgique de ses éditions "Palimugre", une bouquinerie tenue par le poète Robert Ganzo, auteur de quelques rares mais superbes livres dont Lespugue, Langage, Rivière, Domaine, Orénoque, illustrés par quelques grands peintres comme Jacques Villon ou Fautrier. Des ouvrages de bibliophilie, support d'une langue qui cherche sa perfection formelle en marge de tout effet de modernité. Archéologue-amateur (il est l'auteur de plusieurs ouvrages d'ordre historique) il cisèle le mot dans la tradition instaurée par Mallarmé et Valéry."Tout commence ici. Pas de routesMais - tiré d'un os de quel mort ?-un chant comme premier remords,s'élève du fond de ces soutes."
 


 
 
posté le 26-07-2009 à 10:40:16

André Malartre et la revue I0

15h30 - La revue Io d'André Malartre, à l'ombre des vieilles pierres de Domfront (Orne).
 


 
 
posté le 24-07-2009 à 21:50:43

Gengenbach, une imposture ?

Le Surréalisme, mais surtout Breton, était friand des cas sociaux, de ceux qui refusaient de suivre des traces préparées pour eux, ou conformes aux usages. Ernest de Gengenbach répondait au mieux à ces exigences intellectuelles. Car rien, dans sa démarche, ne pouvait apporter au surréalisme qu'une poignée de soufre, un zeste de cette fantaisie de potache attardé, quand sa vie n'est qu'une longue suite de provocations gratuites, d'aménagement avec les modes, et un à-propos qu'autour d'André Breton on ne se privait pas de dénoncer."L'expérience démoniaque" se résume à un rapport sulfureux avec la religion. Sorti du séminaire (par la porte des cuisines) Gengenbach va jouer de cette situation pour exhiber les attributs du prêtre sans en assumer les fonctions.Se montrer aux terrasses des café de Montparnasse en soutane et galante compagnie consisterait-il  ce pur geste surréaliste préconisé par Breton ? Gengengbach exploite littérairement ses déboires, ses foucades et ses frasques. Sa reconnaissance par Breton repose, tout au plus, sur une équivoque.
 


 
 
posté le 24-07-2009 à 14:12:03

Du côté de chez Proust.

Paris au plus près, au ras des talus (Jacques Réda) dans le sillage des virées nocturnes avec Brassai (Léon Paul Fargue), nous est familier jusqu'à l'usage des mots qui sont ceux de l'émotion immédiate, du pittoresque quotidien (vu aussi par Doisneau). Avec André de Fouquières et Maurice de Waleffe, on pénètre dans les salons. Ce serait l'univers de Proust au stade de la simple énumération des noms, des lignages, des relations plus ou moins brillantes qui donnent du poids à un carnet d'adresses. Point d'émotion mais un état des lieux qui vaut pour ce qu'il permet de situer dans le Paris que nous sillonnons pour notre plaisir, de repérer des présences au passé. C'est un défilé d'ombres (femmes vêtues par Worth et hommes sortis des romans de Maupassant ou de Paul Bourget). Paris était une fête nous est-il assuré. L'était-il pour une société qui avait ses rites, ses préjugés, ses grandeurs et ses faiblesses avec quoi l'on fait une civilisation, dont celle d'une classe qui a sa culture, ses pouvoirs et ses fatuités.Pour un lecteur d'aujourd'hui, c'est un peu au niveau des rubriques mondaines de Stephane Bern dans le "Figaro madame". Un rien suranné. D'où un certain charme.
 


 
 
posté le 24-07-2009 à 12:44:45

Lautréamont ou Nadja

C'est un itinéraire quotidien, rituel, depuis les grands boulevards jusqu'au faubourg Montmartre. On bute alors sur l'immeuble dont le rez- de- chaussée est occupé par la maison Fichet (coffre-fort, porte blindée, sécurité garantie). Ce fut l'une des adresses de Lautréamont lors de son cours séjour parisien. Avant d'aller au 7 du même faubourg, (restaurant Chartier). Il y est mort. Quasiment seul, et enterré presque clandestinement.La suite des passages peut enchanter le regard du curieux, ils sont  aussi la caverne aux trésors des chineurs (de bons libraires, dont le délicieux "Farfouille" qui vend des livres sur l'extérieur à des prix raisonnables). Lautréamont dans cet univers !  L'amateur d'étrangeté devait y trouver pâture à bien des délires oniriques. Point de bête fabuleuses cependant.  Il aura ses premiers textes imprimés "à compte d'auteur" présentés là parmi des occasions (déjà) et dans le tohu-bohu des promeneurs. Il y a beaucoup de solitaires. On pourrait imaginer que c'est une promenade d'amoureux. On y voit surtout des touristes, et, sans doute des riverains qui viennent là prendre l'air et furtivement se griser de rencontres impossibles. Curieux que Nadja n'ait pas été roder là quand elle prenait le bras d'André Breton, sillonnant le quartier. Y fut-elle, anonyme ?
 


 
 
posté le 22-07-2009 à 16:37:08

Rimbaud, le passant considérable.

15h48 - Rimbaud, le passant considérable - Général
 


 
 
posté le 22-07-2009 à 14:42:15

Jean Bouhier maître d'école.

Le maître d'école.Ce sont les événements qui décident de l'orientation de la poésie durant l'occupation. Les surréalistes tentent la résistance "de l'intérieur" et sont fixés à Paris autour de "La Main à Plume" de Noél Arnaud ;  en province, et surtout à Nantes, c'est autour de Jean Bouhier que vont se rassembler les poètes qui refusent à la fois la collaboration et l'allégeance à Vichy. Jean Bouhier a une formation de pharmacien et tient officine à Rochefort sur Loire d'où le nom donné depuis à ce regroupement de poètes où se distingue bientôt René Guy Cadou. Il y a là, Michel Manoll, Luc Bérimont, Marcel Béalu, Jean Rousselot, Yanette Deletéang-Tardiff, Gabriel Audisio. La publication des "Cahiers de Rochefort" va drainer toute une génération de Guillevic à Jean Follain et Maurice Fombeure . Son oeuvre personnelle (Vis, Dompter le fleuve, Toiles de fond, De mille endroits), est marquée par un sens profond de la dimension humaine. Ce sont des vers amples et bien rythmés, sans coquetterie de style avec une pointe de gravité, une volonté de convaincre et donner un sens à la vie. On parlera à son propos d'une mystique de l'unité, il faut comprendre : "de l'amitié".
 


 
 
posté le 22-07-2009 à 14:15:56

Jean l'Anselme aux pieds du mur.

15h38 - Jean l'Anselme poète du mur. - Général
 


 
 
posté le 22-07-2009 à 12:58:40

Michel Tyszblat, l'enfant de la ville.

15h58 - Michel Tyszblat, le chant de la ville. - Général
 


 
 
posté le 21-07-2009 à 15:06:12

Robert Sabatier, maître es-poésie.

Robert Sabatier, maître es-poésie.Romancier célèbre et populaire, Robert Sabatier n'est pas que cela. On lui doit une suite impressionnante de romans savoureux inspirés par son enfance montmartoise, mais son attention s'est aussi portée sur la poésie d'où l'énorme étude qu'il a conduit, portant sur la poésie française depuis ses origines jusqu'aujourd'hui (9 volumes) qui sont la contribution la plus exhaustive aujourd'hui sur le sujet.C'est Michel Ragon qui nous l'avait fait connaître en l'entraînant au "Soleil dans la tête" (n'a-t-il pas justement rassemblé ses poèmes sous le titre "Les fêtes solaires" ?). Il y a une certaine complicité entre les deux hommes. Un goût partagé pour "les gens de peu" comme disait Pierre Sansot (l'éminent sociologue), ceux qui ne sont pas aux postes de décision et que l'on n'écoute guère. Non qu'il fasse de la littérature populiste mais largement inspirée par une masse humaine traversée par des cas personnels, des drames de famille, des émois d'enfant, toute la gamme sensible qui façonne un homme et lui donne sa véritable dimension. D'où l'intérêt de cette oeuvre romanesque qui tourne le dos aux recherches expérimentales de la littérature, et perpétue des traditions nécessaires pour maintenir l'intérêt d'un large lectorat.
 


 
 
posté le 21-07-2009 à 14:46:37

Les lettres de Rodes d'Antonin Artaud.

Les lettres de Rodez.Henri Parisot, directeur littéraire chez Flammarion (un voisin), venait longuement, au Soleil dans la tête, parler avec douceur et un rien de moqueur (dans le regard) des poètes qu'il aimait (c'est le grand spécialiste de Lewis Caroll). Il était le destinataire des fameuses "Lettres de Rodez" qu'avait publié GLM et je ne pouvais m'empêcher, alors qu'il m'en parlait, de me propulser mentalement dans cette grise mais prenante ville dont j'imaginais le poids qu'elle pouvait exercer sur Artaud, prisonnier alors de sa folie et errant dans la ville, cahier dans le poche et crayon pour y noter, comme il le faisait continûment, un bout de poème, une pensée, le plus souvent un cri. Regardons l'édition de ce modeste livre tiré avec tout le soin et la ferveur que Guy Lewis Mano mettait à l'édition de ses ouvragres.Singulier qu'une telle angoisse, une telle fureur, une telle souffrance tiennent en un si modeste volume qui a, de surcroît, l'audace d'être élégant.
 


 
 
posté le 21-07-2009 à 12:32:22

Katherine Mansfield intime.

Les voici, cote à cote, dans un intérieur sobre et d'intellectuels assagis, un rien bourgeois (ils le sont malgré eux) et pourtant, derrière cette dignité distinguée c'est le drame de l'amour qui s'agite. Il est au coeur de l'oeuvre de Katherine Mansfield, il est analysé par Middleton Murry dont les souvenirs sur Katherine Mansfield épousent avec ferveur les divagations d'un coeur errant . L'amour serait il le seul argument pour  lire Katherine Mansfield ce serait diminuer son talent, voire son génie propre. Qui s'appuie sur l'expression des sentiments pour développer les forces d'une sensibilité apte à capter tous les indices de la vie frémissante qui s'accorde aux oscillations de l'humeur, tantôt chagrine, tantôt juvénilement  enthousiaste. Qu'il est difficile de vivre au quotidien cette intensité, cette force d'adhésion avec sa sensibilité, et de s'y voir condamné à la solitude. On vivra les signes extérieurs de l'amour, on demeurera lové dans les plis secrets de ses angoisses. Le texte de Middleton Murry vaut pas l'intimisme qu'il exprime, et sans doute, l'espèce de fascination qu'exerce Katherine en dépit  de ses caprices, de ses exigences, de son mal à vivre.Une confidence enfin. La vie et l'oeuvre de Katherine Mansfield font parti de ma propre existence depuis l'enfance. Ses livres figuraient dans la  bibliothéque familiale il est vrai marquée par la mode de la littérature anglo-saxonne qui flambait dans les années 30 où l'on célébrait Aldous Huxley, D.H.Lawrence, Charles Morgan. Comment ne pas avoir été imbibé de cette culture qui amenait dans le ciel français les brumes de Londres, et celles du coeur.
 


 
 
posté le 21-07-2009 à 11:47:20

Staudacher la fougue du dessin.

Staudacher, la fougue du dessin.Il venait de Vienne (Autriche) le pays de la Secession de Sigmund Freud et de Strauss. Il portait en lui une énergie qui se déployait par une constante prise de position de l'espace du papier qu'il avait toujours, vierge, à ses côtés.Un dessin proche de l'écriture et qui avait sa force, son énergie et ses frémissements. Bien sûr on pensait à l'américain Pollock bien que ce ne soit pas lui qui ait inventé le "dripping", cette façon de peindre en se plaçant au dessus de la toile et en dansant autour d'elle, un pinceau chargé de couleur à la main. Avant guerre, dans les années 3O, le peintre français André Masson avait déjà pratiqué cette forme d'écriture en projetant du sable sur une toile enduite de couleurs. Il mettait ainsi toute la plage sur la surface peinte. Staudacher enfant de l'un et de l'autre, jouait aussi la frénésie, la jubilation graphique.
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 16:03:17

A la gloire du bouquiniste.

18h41 - A la gloire du bouquiniste. - Général Sur le librairie, limité à l'exploitation des "nouveautés", le bouquiniste a l'avantage d'avoir des rapports plus intenses, plus aventureux ( hasardeux mais féconds pour des "découvertes") avec le livre. De surcroît il a des rapports plus intimes avec lui. Parce qu'il est ancien, parfois en mauvais état, il doit le restaurer, le couvrir, avoir à son égard des liens de sollicitudes que le libraire ne peut réserver en raison d' un passage rapide des livres qu'il diffuse. Le bouquiniste est un lecteur toujours à l'affût de l'inconnu, il est en mesure de dénicher des "trésors" dans la circulation des livres qui se fait par à-coups, hasard. Il a quelque chose du chasseur. Il faut le voir, ayant acquit une bibliothèque, extraire des cartons des livres dont parfois il ignore tout et qu'il "découvre". Il y a de l'expert en lui. Il a, forcément, de la littérature une connaissance plus large. Souvent il est autodidacte, d'où sa soif inextinguible de connaissance et son absence de tout préjugé.Large et pittoresque la gamme des bouquinistes, depuis celui qui n'est pas éloigné du chiffonnier, jusqu'à celui qui a gagné une sorte d'aristocratie du livre, traitant les ouvrages dans la rareté, la valeur historique, bibliophilique et même affective : rôle de la dédicace, du propriétaire d'origine donnant au volume un prix sentimental.L'édition de catalogue mettant la pointe finale à cet art d'une suprême élégance qui confère, à chaque livre négocié, le prix d'une véritable histoire, dont chaque livre est le porteur.
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 15:56:43

Ubu avec le temps (reprise d'un vieil article paru sur Orange)

17h50 - Le père Ubu, il y a cent ans. - Général
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 15:49:59

Nora Mitrani impudique et secrète.

14h50 - Nora Mitrani, une muse de Bellmer. - Général
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 15:40:28

Jean Louis Depierris et le palais de Dioclétien.

15h28 - Jean-Louis Depierris et le palais de Dioclétien. - Général Jean Louis Depierris.Jean-Louis Depierris  a été un navigateur au long cours dans les eaux tumultueuses de la poésie contemporaine. Son rôle de directeur de centres culturels à l'étranger (Yougoslavie, Islande, Maroc) l'a placé au meilleur poste d'observation pour dénicher les talents et les rassembler dans des anthologies diverses (voir son site sur google). Il fut l'un des animateurs de la revue Sens Plastique pour laquelle il avait conçu un riche numéro d'étude sur la situation de la poésie aujourd'hui (c'était dans les années 6O). Au coeur de son oeuvre poétique il faut retenir "Bas Empire" inspiré par le palais de Dioclétien à Split dont il connaissait les recoins les plus secrets. Il avait été fasciné par la figure de cet empereur fastueux et haut stratège placé en figure de proue sur un Empire à la dérive. Je fus moi-même longtemps hanté par ce lieu d'autant plus singulier qu'une ville s'est créée à l'intérieur même de l'enceinte du palais, recueillant des lambeaux de sa splendeur passée, faisant sourdre par endroit la magie des rites et des célébrations dont il fut le cadre. En illustration : palais de Dioclétien consulter : fuaj.org/
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 15:32:53

Flamboyant Christoforou.

Flamboyant Christoforou.D'origine grecque mais citoyen britannique, il a participé activement à la dernière guerre (dans l'aviation), sa vie s'inscrit dans le sens de l'Histoire et la conscience de sa tragédie. Son oeuvre picturale s'ancre dans son expérience humaine. Il ne peint pas par délectation mais protestation. Il ne descend par d'un Bonnard mais du Picasso de Guernica. Violence et flamboiement de la couleur, posée en longues coulées comme une lave brûlante et saccageuse. Il ne flatte pas l'oeil mais l'agresse, impose des masques puissants et terribles, créant un théâtre d'ombres et de menace. Il traverse aussi bien l'univers de Kafka que celui de Jarry, entre terreur et sombre farce. Derrière l'apparence tranquille d'un homme au parlé discret, au regard tendre, il y a un feu qui couve et parfois jaillit comme d'un volcan. Il a souvent exposé, tant en France qu'à l'étranger, et suscité une riche littérature critique encore que son oeuvre peut effrayer le non initié, celui qui cherche dans l'art le seul plaisir des sens. Christoforou parle aussi à sa conscience.
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 11:44:11

Joel Picton le typographe et le poète.

12h20 - Le typographe et le poète. - Général
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 11:38:30

La bibliothèque d'Alberto Mangel.

16h10 - Alberto Mangel, l'homme en sa bibliothèque. - Général
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 11:31:23

Jan Voss, la BD en délire.

Jan Voss, la BD qui grince. Parlons du jeune Jan Voss venu à Paris dans les années 6O. Il travaille alors dans la banlieue sud de Paris (du côté de Gentilly). Son atelier ( il me semble une ancienne usine, en fait l'un des premier loft que je voyais) était la cadre de grandes fêtes chaleureuses où l'on retrouvait les amis de la revue KWY dont il était l'un des animateurs. Lourdès Castro, René Bertholo, Christo et beaucoup de portugais, lui étant allemand. A l'époque il dessine de longue bandes narratives bourrées de personnages (chiens et humains) dans une frénésie un peu angoissée et pleine de saveur. Il a le trait prompt, nerveux, glissant en d'interminables histoires avec de volontaires gaucheries. Il faisait penser à un conteur emporté par le rythme frénétique même de son récit, butant parfois sur un mot, sur un signe, une image. On parlera à propos de ce dessin "abrupt" de graffiti, il en a retenu la verve jaillissante, l'insolence et la mise à jour du banal, du quotidien, voire de l'absurde. Aux figures (marmonnées) se mêlent les mots, eux aussi ébauchés, jetés sur la toile dans une hâte qui dénonce le fond même de cette démarche qui ressemble à une quête. 
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 11:20:10

La grande bibliothèque

12h18 - La grande bibliothèque. - Général Parlons de bibliothèque.  En vrac, me revient à l'esprit celle de Montaigne, dans sa tour et les inscriptions sur les poutres du plafond ; celle de "Au nom de la rose" : une vision à la Piranèse ; celle que fréquente le jeune Blaise Cendrars qui s'affole alors devant la masse de livres à lire: celle de Jean Paul Sartre dans "la Nausée", et ce lecteur qui entreprend de lire tous les livres en suivant l'ordre alphabétique des auteurs. Une folie logiqueOn rencontre maintes  bibliothèque dans la littérature. Toutes celles où se sont formés des savoirs. A La B.N, à Paris, celle de la rue de Richelieu, je revois encore Georges Perrec, un crayon dans la bouche, égaré dans les fichiers ;  celle du Dulwich Collège de Dublin (l'une des plus belles sans doute) que fréquentait James Joyce en sa jeunesse, une autre, d'un couvent à Prague, dans la ville haute. Toute d'or et de voluptueuses sculptures ornée. Les moines tiraillés entre l'écriture sainte et la volupté. Une bibliothèque peut vous mener en enfer. D'ailleurs elle avait le sien que fréquentait Guillaume Apollinaire quand il en établissait le catalogue avec l'étrange monsieur Fernand Fleuret.
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 11:12:10

Recalcati dandy.

17h30 - Recalcati dandy - Général
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 10:48:35

René Jean Clot l'ermite de Versailles.

René-Jean Clot et ses fantômes.Il habitait Versailles, pas très loin du château, dans un appartement sombre entouré de masques africains et de figures hallucinées. Celles qu'il peignait avec une force singulière, obstinée, comme s'il voulait conjurer ses mauvais rêves.Il croisait quotidiennement l'exercice de la peinture et celui de l'écriture.Estimé par Jean Paulhan, l'homme des coulisses chez Gallimard ; d'Audiberti, l'excellence de l'incongruité et de la truculence;  de Roger Caillois, l'observateur bachelardien du monde;  de Marcel Jouhandeau, l'homme des intrigues de l'âme, il conduit une oeuvre romanesque étalées sur près d'une trentaine de volumes : romans foisonnants et ardents. Imprégnés de sa propre vie ;  l'oeuvre littéraire ne vise pas la nouveauté du style, ni l'audace d'une recherche, elle s'impose par sa  force tranquille, charriant ses propres scories, ses troublantes et récurrentes névroses. Reflet d'une vie, d'une figure, d'une quête.
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 10:40:07

Le typographe enchante le livre.

A la lumière naturelle il s'est penché sur son casier où les caractères d'imprimerie, soigneusement classés, sont à sa disposition pour composer son texte. Restif de la Bretonne, ouvrier typographe, composait directement ses livres en puisant dans les caractères. Sans passer par la phase de l'écriture, comme aujourd'hui on écrit directement sur le clavier de l'ordinateur, négligeant de passer par le stade du manuscrit, surtout quand on a l'écriture brouillonne, trop hâtive et qui rend difficile la relecture. Il y aurait toute une étude (elle se fera) que l'on pourrait mener pour observer l'influence que peut avoir cette approche directe avec les mots qui sont les éléments indispensables à la visualisation de la pensée (de la sensation). Mais alors que la manipulation des caractères d'imprimerie freinaient sans doute le rythme de la composition, l'ordinateur l' accélére, lui donne un aspect définitif, le projette à l'oeil du scripteur avec une force d'évidence. Dangereuse sans doute. C'est une manière de fuir les retours incessants sur les mot, pour en fignoler la forme. On voit mal un Raymond Roussel s'en contenter, ni un Mallarmé, mais un poète lyrique peut y trouver sa source même, suivre le flot verbal qui va jaillir de la machine. Une littérature en devenir ?
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 10:29:13

Guillevic, un roc.

12h06 - Le roc Guillevic - Général
 


 
 
posté le 20-07-2009 à 10:21:18

Jean Messagier, notre Courbet.

Jean Messagier dans le flux de la vie.C'est notre Courbet, il prend la nature à pleine main, la vie à bras le corps et traduit sur la toile le flux mystérieux de cette énergie qui peut s'appeler désir, angoisse, turbulence de l'âme, épanouissement du printemps. Car c'est sous le signe du printemps ( et en toute logique, de l'été) qu'il aborde l'espace de le toile ou le cuivre qu'il grave car c'est un graveur prolixe et impétueux. J'ai eu la joie de réaliser avec lui une petite plaquette avec des poèmes et deux gravures de lui : "Préparatifs pour un matin". Titre qui convient pour toute son oeuvre. Il a le goût de la fête, il en organise, ses voisins, amis, admirateurs de France Comté où il avait son atelier, s'en souviennent. Quelle jubilation de couleurs et de gestes. Chez lui le geste domine, c'est lui qui impose sa force, représentation ou non, et préférant finalement la simple suggestion. La vibration d'une émotion, de l'énergie, car tout, chez lui, annonce l'homme des grandes empoignades. D'où l'évocation de Courbet.
 


 
 
posté le 19-07-2009 à 17:46:41

Le cut up c'est encore dada.

 


 
 
posté le 19-07-2009 à 17:21:50

Jeux d'ombre. Lourdès Castro.

Les silhouettes de Lourdès Castro.Elle est l'âme de la revue KWY, elle en est la muse. Elle fait les portraits de ses amis. Ne pas s'imaginer qu'elle vous fait poser et scrute, pinceau en main, les traits qui vous définissent. Non. Elle vous place devant une feuille blanche épinglée au mur, projette sur vous la lumière crue d'un projecteur et d'un crayon aussi ferme que délicat cerne votre silhouette en respectant la blanc du fond. Ultérieurement, il arrivera qu'elle y distille une couleur. Toujours fraîche et délicate. Ce qui donne à son art cette franchise et cette grâce c'est de fixer ce qu'il y a de plus fragile en chacun, la marque d'un passage furtif. Curieusement, ses portraits sont extraordinairement ressemblants. Elle s'accorde quelques fantaisies gestuelles, donne à ses modèles, dans la pose initiale, une temporalité qu'elle traduit admirablement. Ses portraits ont la force de la photographie sans en avoir le caractère parfois anecdotique. Elle créé ainsi une série d'icônes de l'intimité d'un instant.
 


 
 
posté le 19-07-2009 à 17:06:17

La main à plume.

15h48 - La main à plume -

La main à plume fait écho à Rimbaud. C'est le regroupement, durant l'occupation de poètes soucieux de maintenir l'esprit du surréalisme, les membres de ce groupe, dont André Breton, ayant quitté la France pour les Etats Unis.Regroupement de poètes et de peintres venus de divers groupes déjà constitués comme celui des Réverbères (Jean-François Chabrun, Gérard de Sède, Jean Marembert), des jeunes surréalistes comme Gérard Vulliamy, Achille Chavée,  Léo Malet, que rejoignent ceux qui étaient restés à Paris, comme Paul  Eluard et Picasso. Un nouveau venu Noel Arnaud va jouer un rôle important par la suite en créant plusieurs publications d'obédience surréaliste mais surtout marquées par une admiration inconditionnelle pour Alfred Jarry.Le point commun de tous ces créateurs, outre leur souci de sortir des sentiers battus, sera la résistance. Beaucoup en périrent. On le retrouvera un à un, au cours de ces promenades.
 


 
 
posté le 19-07-2009 à 16:53:03

Léo Malet, père de Nestor Burma.

16h03 - Léo Malet, le père de Nestor Burma. -
 


 
 
posté le 19-07-2009 à 16:43:46

Jean François Chabrun chez Adrienne Monnier.

13h20 - Chabrun chez Adrienne Monnier - Général
 


 
 
posté le 19-07-2009 à 16:27:11

Rue de l'Odéon, le passage des muses.

 


 
 
posté le 19-07-2009 à 16:19:55

Une affaire de tour.

Une affaire de tours.Si la tour Eiffel symbolise Paris aux yeux des touristes, elle est aussi un thème en conformité avec les chantres de la modernité d'Apollinaire à Robert Delaunay en passant par Fernand Léger, Paul Morand, et même le douanier Rousseau. Mais la tour Saint Jacques a une toute autre vocation. A en croire ceux qui la célèbrent (à commencer par André Breton) elle est porteuse de forces telluriques, et étroitement liée à l'exercice de l'ésotérisme. Une revue portant son nom a décrypté les sciences obscures que manipulent des esprits aigus et aventureux comme Nicolas Flamel qui en fut d'ailleurs un voisin et dont le souvenir reste vivace pour ceux qu'intéresse l'histoire de ce singulier monument du Paris médiéval. Gérard de Nerval, lui aussi un "riverain" (il est né et il est mort dans son voisinage immédiat,) est étroitement lié à la magie du lieu. Ceux que le problème intéresse peuvent aller fort opportunément  se rendre sur le site :belcikowski.org/ la dormeuse/nerval flanel.php.
 


 
 
posté le 19-07-2009 à 16:07:00

Parlons imprimerie.

12h08 - Parlons imprimerie. -
Parce que l'origine du Soleil dans la tête est la suite d'une tentative d'édition artisanale (oh combien !) on ne peut dissocier son aventure de celle de l'imprimerie dont l'Histoire est un des maillon fort de la vie culturelle. Les ouvrages qu'on y diffusait étaient plus souvent d'origine modeste, conçus par ces petits imprimeurs qui généralement vivent en province et dont les ateliers sont en familiarité avec l'environnement naturel qui les encadre. Des presses avec vue sur jardin... Un rêve. La poésie passe mieux dans ce véhicule qui exige la complicité d'une main d'artisan, d'une main amie comme disait Blaise Cendrars qui fut, justement, un auteur sensible à cet art du mot dans son développement sur le papier, pour en exalter le pouvoir.
 


 
 
posté le 19-07-2009 à 15:59:03

Paul Armand Gette en ses débuts.

Paul Armand Gette.Avant de se lancer dans une forme très particulière du "land art, c'est à dire un travail directement sur le terrain, en arpenteur inspiré, Gette fait des sculptures à base de caractères d'imprimerie. Il détourne la lettre (généralement taillée dans un bois très dur) et ignore sa signification pour n'en retenir que sa forme, la suggestion plastique, et dans le jeu des rapprochements créant une sorte de chemin chaotique, une coulée, un élancement qui égrène les lettres dans la magnificence de leur solitude car arrachée au mot au sens littéral la lettre est comme le rebut d'une histoire oubliée, dépassée, ignorée. Comment ne pas penser au sonnet de voyelle de Rimbaud, à chaque lettre donner un sens nouveau. La beauté propre au caractère d'imprimerie n'a pas fini de nous attirer. Consulter le très riche site Imprimerie sur Google pour retrouver l'illustration jointe. 
 


 
 
posté le 19-07-2009 à 15:41:16

Entrée de Restif.

16h57 - Restif de la Bretonne -
Il ne fait pas de doute qu'un lieu porte en lui la mémoire de ce dont il a été le témoin. Il est comme un fabuleux théâtre où se sont déroulées des actions dont la trace est cachée. La rue de Vaugirard a une longue histoire liée aussi à deux personnages clefs du XVIII° siècle. On parlera plus tard de Sade qui fut, enfant, un galopin jouant ici avec son cousin Condé, mais aujourd'hui c'est de Restif de la Bretonne qu'il sera question. Il a hanté le quartier, depuis les rues proches de la Seine, autour de Saint Séverin, jusqu'à ce qui fut là la campagne où il vint en galante compagnie. Comment pouvait-il en être autrement avec lui, toujours à la quête d'un sourire d'une grisette, du pied mignon d'une marquise. Le voilà, nocturne, avec sa grande cape et son chapeau qui lui mange de le visage, et dans une alcôve, minaudant avec une coquette. Il faudra aller se plonger dans ses livres qu'il composait lui-même, comme un parfait linotypiste. Il est au coeur de l'aventure de l'imprimerie, écrivant ses livres en maniant des caractères eux-mêmes. Un exemple à suivre. L'écrivain est aussi un artisan.
 


 
 
posté le 19-07-2009 à 15:18:08

Sur les traces de Sade.

L'Hôtel de Condé.Il faut s'imaginer que l'espace aujourd'hui circonscrit par la rue de Vaugirard, celle de Monsieur le Prince et la rue de Condé représentait en gros celui de l'Hôtel de Condé proche alors du palais de Marie de Médicis (aujourd'hui celui du Luxembourg). C'est dans cet hôtel de Condé que le jeune Donatien Alphonse de Sade s'ouvrait au monde. Il n'était alors qu'un jeune noble destiné à une brillante carrière militaire et mondaine. L'écrivain naîtra bien après sous le signe de l'enfermement. C'est dans les différentes prisons où il fut enfermé qu'il rédigera son oeuvre à la fois abondante et scandaleuse. S'il scandalise ce n'est pas tant pour le caractère excessivement érotique de ses textes que l'énorme gouffre qu'elle ouvre dans la conscience du lecteur. Une prose de glace et de feu qui déverse ses torrents d'images suppliciantes et outrées.Il revient à des savants comme Maurice Heine et Gilbert Lely d'avoir donné une dimension historique et littéraire à cette prose que publiait, dans les années 5O, très courageusement, Jean-Jacques Pauvert.Une production inépuisable. Je me souviens de mon étonnement quand Eric Losfled (éditeur sous le sigle d'Arcanes et de le Terrain vague) disait qu'il allait chercher des inédits à Condé en Brie dont le château était encore occupé par les descendants du "divin marquis". J'imaginais des greniers gigantesques, des malles ancestrales bourrées de ces feuillets écrits dans la passion et dans le climat d'une prison.   Aujourd'hui Sade est en livre de poche et à l'emplacement de l'Hôtel de Condé s'élève, construit sous le règne de Louis XVI, le théâtre de l'Odéon.
 


 
 
posté le 19-07-2009 à 10:55:22

Jacques Baron, le Rimbaud des surréalistes.

Jacques Baron, le Rimbaud des surréalistes.Il était le plus jeune des membres du groupe surréaliste au moment de sa fondation dans les années 2O. Avec son allure de collégien doué, son insolence d'adolescent affrontant le monde, il séduit André Breton qui préside à l'édition de ses premiers poèmes et l'assure de son estime. Il participe alors vivement aux activités du groupe dont les fameuses promenades dans un Paris que ces jeunes poètes découvrent sous un angle nouveau. Loin des poncifs du tourisme culturel, et plutôt portés à privilégier les lieux insolites, les monuments inconnus, les étrangetés de la ville, dans le sillage d'un photographe comme Atget qui domine de sa patiente introspection de la ville toute la recherche menée depuis pour en mieux comprendre le sens caché, les mystères et les beautés négligées.Il annonce tout à la fois Le Paysan de Paris d'Aragon et le Nadja d'André Breton mais aussi le regard du jeune Jacques Baron qui sera aussi, et bien plus que tous ses amis surréalistes, sensible à la peinture, brossant un panorama appuyé sur des relations intimes avec les peintres, une approche sensible et sans préjugé d'école de style et hors des modes.
 


 
 
posté le 19-07-2009 à 10:44:06

Jacques Spacagna et les lettristes.

Jacques Spacagna et les lettristes.Rallié au mouvement lettriste Jacques Spacagna a aussi abordé la peinture.Conduit par Isidore   Isou, un mégalomane illuminé, le lettrisme (où l'on trouve également François Dufrêne, Gabriel Pommerand ) se voulait l'héritier du surréalisme, adoptant la technique du travail en groupe et du scandale sur les lieux de l'activité culturelle. Spacagna, quand il se fait peintre, retrouve plutôt la poétique rêveuse d'un Max Ernst. "Il peint comme l'on rêve, avec une certaine et délicieuse nonchalance qui supprime toute rigueur, toute sécheresse au jeu savant des taches". On pense aux "microbes" de Max Ernst "dans un tableau à peine plus grand qu'un ongle, il inscrit tout un tremblement de terre très doux, une rivière pétrifiée, les délires des végétaux d'une planète inconnue". D'où le titre de son exposition au Soleil dans la tête en 1961 : Autres Rives.
 


 
 
posté le 19-07-2009 à 10:40:58

Portiques pour le Soleil dans la tête.

 


 
 
posté le 19-07-2009 à 10:35:33

Roger Toulouse le peintre des poètes.

12h06 - Roger Toulouse, le peintre des poètes. -
 


 
 
posté le 18-07-2009 à 16:38:49

KWY chez Remy de Gourmont.

13h22 - KWY - Général
Sous ce sigle énigmatique s'était créé un petit groupe d'artistes où dominaient les portugais et qui s'étaient placés sous le parrainage de Vieira da Silva, la plus célèbre peintre portugaise.Lourdès Castro, son compagnon René Bertholo, l'allemand Jan Voss, le bulgare Christo, les portugais José Viera, Costa Pinhero, José Escada, Gonçalo Duarte éditaient une très originale revue tirée en sérigraphie dans les combles de cet immeuble de la rue des Saints Pères qui fut celui des éditions François Bernouard, au 73, qu'avaient habité Remy de Gourmont et Pierre Albert Birot. Nulle autre unité, dans ce groupe, que l'amitié et les rapports étroits entretenus avec des poètes de l'avant garde. Mais les rapports avec l'édition étaient ceux d'un artisanat sensible aux raffinement des papiers-supports, de la typographie, des illustrations très proches des originaux et s'inscrivant dans la tradition des ateliers anciens. Cela au service d'une expression plastique des plus aventureuses, de la plus grande originalité.
 


 
 
posté le 18-07-2009 à 16:33:04

Dessins de poète.

Dessins de poète.Il n'est pas interdit de pratiquer le dessin dans le prolongement des mots. Mieux encore, l'usage en est fréquent et toujours bénéfique. Sans remonter jusqu'aux exemples légendaires du côté de Victor Hugo ou d'Alfred de Musset on peut, s'en tenant aux contemporains, retenir un René Char ou un Henri Michaux. On sera, au Soleil dans la tête, particulièrement attentif à cette pratique et de nombreuses expositions en soulignent la richesse. On citera Marcel Béalu, ou encore Jean Rousselot qui fera l'objet d'une exposition qui révélait un aspect de son oeuvre mal connue de ses intimes mêmes. Une verve et une touche aux accents nerveux, on est là face à des problèmes qui ne sont pas ceux du "plasticien" à la recherche d'une technique dont il deviendra maître, mais devant une expression "au naturel". Le style n'est pas une recherche artistique et n'entre pas dans un problème théorique ou esthétique, mais une sorte d'écriture en plus, en prolongement du simple graphisme qui conduit, sur la page l'ordre des mots.
 


 
 
posté le 18-07-2009 à 16:14:45

Philippe Soupault découvre Lautréamont.

14h13 - Soupault découvre Lautréamont. - Général
 


 
 
posté le 18-07-2009 à 15:46:06

Raymond Roussel, l'enfermement dans le livre.

Raymond Roussel ou l'enfermement dans le livre.Retiré du monde, enfermé dans son luxe et ses manies, Raymond Roussel a, de surcroît, inventé une écriture si complexe, aux contraintes multiples, qui l'enferment dans une recherche qui obscurcit son travail et rend difficile son accès même. On le voit s'échiner sur la recherche des mots pour les agencer selon un ordre minutieux et arbitraire dont un récit souvent dérisoire est le prétexte. Loin des agitations de la ville il se retire dans une sorte de laboratoire du verbe qui a un caractère fascinant même s'il échappe à toute catégorie littéraire et avance un étrange objet de réflexion dont maints écrivains contemporains vont prendre l'exemple et puiser des forces ou des prétextes pour s'éloigner de l'écriture traditionnelle. On y reviendra.
 


 
 
posté le 18-07-2009 à 14:57:01

Une saison en enfer, un livre culte.

13h07 - Un livre mythique. - Général
 


 
 
posté le 18-07-2009 à 14:51:51

Rimbaud, une icône.

 


 
 
posté le 18-07-2009 à 14:35:52

Ezra Pound et l'Orient.

12h33 - Ezra Pound et l'Orient. - Général
 


 
 
posté le 18-07-2009 à 14:22:58

Un rêve de bibliothèque.

Dans la grande bibliothèque.  La voici, telle que l'a rêvée l'architecte Boullée, qui est, avec Ledoux, l'un de formidable "penseurs" de l'architecture. Pourquoi cette étape dans cet espace aux dimensions de cathédrale ? mais une bibliothèque n'est elle pas : ici une chapelle, là une église, enfin cette cathédrale évoquée, et cela en fonction de la taille, et de la fonction qui lui a été attribuée.La grande bibliothèque donc, parce qu'elle contient tous les livres, les offre tous à notre curiosité. Elle est la gare de départ de tous les itinéraires possibles. Ce blog construit comme un labyrinthe nous promène d'un artiste à un poète et celui-ci, complice de celui-là. Un jeu de ricochet ou de saute mouton.Parti de l'histoire d'une librairie (Le Soleil dans la tête), d'une revue qui y était intimement attachée (Sens Plastique), on aura trouvé sur notre chemin des artistes, des écrivains, qui tissent le formidable réseau de création où nous aimons nous perdre. Suivez le guide !
 


 
 
posté le 18-07-2009 à 14:12:15

L'art de la lecture.

14h10 - La lecture dans tous ses états. - Général
 


 
 
posté le 18-07-2009 à 14:00:14

René Bertholo en Petit Poucet.

15h26 - René Bertholo en Petit Poucet. - René Bertholo le scripteur inspiré.Le dessin, chez René Bertholo,, est intimement lié à l'écriture il lui emprunte ses circonvolutions, ses méandres chamarrés, ses excroissances, ponctuées de délicieuses notations, de détails narquois ou insolites. C'est dire qu'il court sur la page et laisse sur son passage, comme les cailloux du Petit Poucet, des preuves tangibles de son monde mental, de sa mémoire, de ses impressions toujours en hésitations entre tendresse et morsure, sentiment et  dérision.La surface est un formidable vide-poche, réceptacle d'un jaillissement imprévisible de "choses" incongrues, faisant parfois référence au quotidien. Imaginez votre cuisine en folie, votre armoire qui déménage. Il y a là un formidable humour qui me faisait penser à certains burlesques américains. Un côté jazz aussi dans le rythme, à la fois emporté et bien marqué. Un dynamisme entraînant tout à fait séduisant.Il avait participé, en l'ornant de deux lithographies, ( en compagnie de Hervé Télémaque, Jan Voss, Rancillac et Klasen) mon texte "Royal Garden Blues" qui aura été l'un des rares livres de cette génération  entre pop-art et Nouvelle Figuration.Il avait aussi créé,  dans le cadre d'une exposition organisée par Henri Chopin, sous le titre Poésie Objective, une "bande dessinée" : Mythologie. Un délice d'humour et de facétie poétique.
 


 
 
posté le 18-07-2009 à 13:57:22

Gabriel Pomerand enfant de Saint Germain des Près.

15h23 - Gabriel Pommerand, un enfant de Saint Germain des Près - Général  Evoquer Gabriel Pommerand c'est entrer de plein pied dans la légende de Saint Germain des Près. Il y était en territoire familier, sans doute conquis, et chargé déjà de toute cette légende qui accompagne une génération trempée par les épreuves de l'occupation et découvrant un Paris gris mais passionnant, favorable à la création. Elle a rarement été aussi riche et radicale qu'en ces années 45-5O où l'on célébrait le retour d'asile d'Antonin Artaud, découvrait la fébrilité de Boris Vian, regardait J.P.Sartre, sirotant son apéritif à la table du Flore en compagnie de Simone de Beauvoir, bousculait Jacques Prévert musardant avec son chien, Juliette Greco promenant sa beauté un peu sauvage, suivant Jean Paul Clébert dans ses incursions insolites, ou Robert Doisneau l'oeil sur l'objectif et le coeur ouvert aux plus modestes.Mais Gabriel Pommerand c'est aussi l'aventure lettriste ( Isidore Isou se prenant pour l'André Breton de cette nouvelle aventure !), ou la recherche d'autres mots, d'autres formes ( il peint aussi) et se lance même  dans le cinéma ( il fait un film sur Léonor Fini).La rue Visconti est au coeur du quartier, un lieu de mémoire qui confond, dans un même élan,, Racine et Piero Graziani, Serge Berna (découvreur d'un manuscrit d'Artaud) et surtout Balzac qui y a son imprimerie lors de sa jeunesse. Maints photographes sont séduits pas son charme. D'Atget à,   René Jacques.voir le site robertgiraud.blog.lemondee.fr (particulièrement intéressant).
 


 
 
posté le 18-07-2009 à 13:54:06

Bertini sous toutes ses formes.

16h45 - Gianni Bertini sous toutes ses faces. - Général
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 18:28:58

L'atelier de lecture.

L'art  de la lecture.Il revenait autrefois aux Grands mères, de faire la lecture à des enfants qui l'entouraient respectueusement, goûtant le plaisir des mots, des images qui sortaient du livre, l'objet de tout le cérémonial qui entraient dans les moeurs familiales. Peut-être ( sans doute ) bien dépassées aujourd'hui. La lecture se fait intime, égoïste, pleut-être parfois clandestine, lire est un péché pour certains.On peut choisir l'image sereine, savante, un peu recherchée de la lecture du cercle d'amateurs (il y a du dandysme littéraire à faire partager à haute voix son plaisir). Le peintre Théo Van Rysselberghe a réuni autour de Verhaeren, Maurice Maeterlinck, André Gide, Viélé Griffin, Henri Ghéon, Felix le Dantec et Felix Fénéon. La lecture est un acte de création collective. Commentaires, échanges d'idées vont compléter la connaissance du texte. C'est la lecture laboratoire.
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 18:08:40

Eloge de l'imprimerie.

16h11 - La magie de l'imprimerie. - Général
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 13:38:58

Pascin chez les filles.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 13:16:22

Carco montmartrois.

14h21 - Carco aux pieds de Montmartre. - Général
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 13:10:24

Chas Laborde aux marges de la littérature.

15h33 - Chas Laborde aux marges de la littérature - Général
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 13:01:45

L'art du dimanche.

11h56 - L'art du Dimanche - Général
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 12:15:54

Grabinoulor, une somme.

16h50 - Grabinoulor, une somme. - Général
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 12:06:17

La main à plume.

La main à plume. Avoir accès au manuscrit offre le plaisir de découvrir le texte dans son élaboration, sa naissance (parfois difficile). C'est à l'accouchement même que l'on assiste. Elan de la main, conquête de l'espace, et cette manière si particulière, selon son tempérament, des circonstances, du cadre même de l'écriture, d'occuper la page : dans l'économie, la prodigalité, avec méthode, assuré et triomphant ou dans l'effort, la difficulté, les remords. D'où, le plus souvent les ratures, les biffures cette bataille pour trouver le mot juste et dont on est alors le témoin. On entre dans l'intimité de la création. Au stade le plus essentiel, le plus douloureux quand l'échec est encore possible. Imprimé, le texte affirme sa victoire, manuscrit, il est encore l'enfant fragile, choyé que l'on veut élever à sa forme la plus juste. Victor Hugo est à l'ouvrage.
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 11:48:39

Max Jacob peintre.

Surprenant Max Jacob, on n' en aura jamais fini avec lui. On le rencontre en tous lieux, où il vivra d'une manière misérable, en toute oeuvre qu'il aura croisée et qui aura marquée le XX° siècle. Partout et toujours égal à lui-même, pathétique et un peu farceur. Jouant avec les mots, défiant la pensée cartésienne, sensible jusqu'à l'excès, pudique jusqu'à l'ascèse. Poète jongleur des mots il est aussi peintre. Peignant pour le plaisir et conduit à le faire pour survivre. Mais à la manière d'un écrivain, avec des moyens dérisoires, sur sa table de travail, parmi les manuscrits, dans une perspective qui n'est pas (sauf de rares exceptions) celle de la peinture de chevalet. Son oeuvre plastique n'est pas pris en compte par l'Histoire de l'art, sinon comme une curiosité (en ses marges), mais n'est-ce pas le sort de toute oeuvre artistique émanant d'un écrivain. C'est plus une ouverture sur sont intimité mentale, des échappées de ses humeurs, de ses phobies, qu'une construction plastique cohérente. On rencontre parfois des oeuvres de Max Jacob plus élaborées. Il faut aller du côté de la galerie Roussard, sur la Butte Montmartre. Il est là dans le voisinage d'une autre curiosité de l'art d'aujourd'hui : le peintre Gen Paul. Rien à voir, celui-ci fut l'ami de Louis Ferdinand Céline. On est dans un autre monde.
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 11:25:01

Baj, notre Daumier.

15h17 - Baj, un Daumier d'aujourd'hui. - Général
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 11:16:35

Henri Chopin, cri-rythme

15h46 - Henri Chopin, poèmes à crier. - Général Avec un nom à créer toutes les confusions, surtout qu'il pratique la poésie comme une musique, Henri Chopin aura une vie aventureuse et même douloureuse, entre camps et migrations dans les neiges de l'Europe de l'Est. Mais il en sort plus grand et mûr pour la riche aventure poétique qu'il mène depuis, jalonnée par des expositions, des festivals, et la publication de livres et de revues expérimentales comme Cinquième Saison et Où, qui offrent une vivante tribune aux recherches sur la poésie phonétique. On y évoque volontiers les futuristes italiens, Arthur Prétonio, Raoul Hausmann, à lui seul un homme orchestre, entre peintre et poésie, photo et "interventions." (dessin photo)Installé en Angleterre, après avoir vécu à Paris et s'y être manifesté, Henri Chopin provoque des rencontres dans sa vaste maison aux 27 pièces et 3 jardins qui sont un véritable laboratoire de la poésie au delà des mots. Dans la tradition des poèmes à crier et à danser, du légendaire Pierre Albert-Birot . Voir www.cipmarseille.com/auteur
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 10:55:35

Promenade au jardin avec Hubert Robert.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 10:30:34

Versailles en mélancolie

15h51 - L'abattage des arbres à Versailles. - Général
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 10:24:52

Le Louvre vu par Hubert Robert.

 


 
 
posté le 17-07-2009 à 10:16:34

Une Rome pour Mozart.

15h58 - Une Rome pour Mozart. - Général
 


 
 
posté le 17-07-2009 à 10:04:27

Emile Compard.

Emile Compard le pari de l'abstraction.La grande "affaire" de l'art du XX° siècle aura été la position adoptée par l'artiste face à une abstraction envahissante qui revendiquait le pouvoir de mieux percevoir l'essence même du monde quand la figuration se contentait de le montrer.On verra pourtant des artistes comme Gaston-Louis Roux ou Jean Hélion, passer de l'abstraction (chez le dernier, géométrique), vers une figuration qui, en revanche, adoptent les sujets les plus ordinaires comme par une volonté d'affirmer leur indépendance vis à vis de ce qui était devenu une mode, voire une tyrannie intellectuelle. Emile Compard mène sa carrière d'une figuration paisible, familière, vers une abstraction purement suggestive, faite de touches légères, d'approche sensible et d'une suggestion de l'espace avec un jeu de transparences d'une extraordinaire maîtrise.Et pourtant si proche des choses, si sensible à leur toucher.Il a, dans sa jeunesse, le soutien de Félix Fénéon (le révélateur de Seurat) et de Bonnard dont il partage le goût pour le caractère exquis, mais jamais fade, de la matière. Jeu de taches, de signes, dont on perçoit la venue dans la délicatesse de sa figuration faussement tranquille. Une certaine vibration des formes, de la lumière, annonce une grande aventure picturale.
 


 
 
posté le 16-07-2009 à 16:38:49

K chez le Facteur Cheval.

K chez le Facteur Cheval.Presque clandestin, sa référence à Kafka devait mettre sur la voie, sous le sigle K un jeune éditeur s'est affirmé dans les années 50 avec une production éditoriale qui n'a jamais trouvée son rival.Qu'on en juge par les auteurs choisis : Aimé Césaire, Arp, Camille Bryen, Antonin Artaud (pour le si fameux "Van Gogh, le suicidé de la société" et "Pour en finir avec le jugement de Dieu"). L'objet livre est particulièrement soigné et original. Outre des textes poétiques, K organise aussi des thèmes comme "L'Humour noir" ou "La poésie naturelle" ( notre photo ) avec la collaboration du peintre Camille Bryen. On va le retrouver seul sur son chemin ce Camille Bryen, toujours complice des poètes de sa génération, entre Mathieu et Wols mais maître de sa main errante de dessinateur narquois et inspiré, s'envolant dans l'espace de l'imaginaire sans mesure. Peintre il est aussi poète, de quoi retenir notre attention.
 


 
 
posté le 16-07-2009 à 16:25:35

Le Cercle du Livre précieux au Soleil.

Le Cercle du Livre Précieux.L'éditeur Tchou, créateur du Cercle du Livre Précieux, avait, dans les années 5O choisi pour adresse celle du Soleil dans la tête, 10, rue de Vaugirard qui se trouve ainsi nanti d'un important catalogue d'ouvrages érotiques "classiques", ceux-là même dont Apollinaire avait, avec le facétieux Fernand Fleuret, constitué le catalogue à l'Enfer de la Bibliothèque Nationale. C'étaient des ouvrages finement édités, précieusement reliés. Où l'on trouvait la fine fleur de la littérature jusqu'alors publiée honteusement "sous le manteau" quand elle avait enfin trouvé l'aspect du livre de luxe. On pouvait aller de Restif de la Bretonne, le piéton d'un Paris nocturne, à Nerciat, de Théophile Gautier à l'Arétin. L'ensemble constituant un véritable patrimoine de la descente de l'écrivain dans les arcanes secrètes de l'esprit et le jardin foisonnant des fantasmes. On pourra feuilleter quelques uns de ces livres cultes (aujourd'hui édités "en poche") .Mais l'attention ne se porte pas seulement sur la littérature "débauchée". Singulier dans son aspect, émouvant dans sa simplicité, il y a aussi "L'Album Zutique". Là on a rendez-vous avec Rimbaud.
 


 
 
posté le 16-07-2009 à 16:11:59

Sade encore.

Sade, encore.Elle est loin l'époque où la lecture des oeuvres de Sade suscitait un mouvement de recul, n'y voyant alors que le caractère effrontément licencieux. Les études successives de Maurice Heine et de Gilbert Lely  permettent d'avoir un regard plus objectif et rationnel sur la démarche, le comportement et l'oeuvre de Sade en qui l'on peut voir un précurseur de la Révolution ( au stade du comportement, des moeurs et de la notion même de la vie). Pour être toute mentale ( ses foucades sexuelles sont sans rapport avec le feu de son imagination) l'entreprise de Sade rejoint celle des philosophes ( une philosophie dans la boudoir pour le paraphraser). L'installation du Soleil dans la tête coïncide avec l'émergence de cette oeuvre que même les universités mettent au programme de leurs études. Une foison d'ouvrages sont alors publiés qui éclairent progressivement l'homme et son oeuvre. Même la bibliophilie s'en empare, et se multiplient les éditions luxueuses auxquelles ne dédaignent pas de collaborer les meilleurs artistes de l'époque.  On avait toujours une petite pensée d'historien, n'oubliant pas qu'enfant Sade, apparenté à la famille des Condé (une des premières de France), jouait dans un jardin sur lequel étaient construits les immeubles où le Soleil dans la tête était venu se nicher.
 


 
 
posté le 16-07-2009 à 15:55:46

Rancillac rencontre le Facteur Cheval.

15h30 - Du mur au palais du Facteur Cheval - Général
 


 
 
posté le 16-07-2009 à 15:40:36

Jean Paulhan et la critique d'art.

11h00 - Quand les écrivains parlent des peintres. - Général
 


 
 
posté le 16-07-2009 à 15:20:26

Ezra Pound écrit sur l'art.

Henri Gaudier-Brzeska.Dans le "flot" de l'écriture (Ezra Pound a la force du Niagara) il a consacré un essai sur un sculpteur curieusement peu connu (injustement) : Henri Gaudier-Brzeska , un enfant du Loiret (il est né à Saint Jean de Braye) et mort lors de la première guerre mondiale, jeune encore. Il aura eu le temps de concevoir une oeuvre forte et riche dans le contexte artistique et littéraire de Londres dominé alors par Ezra Pound. D'où cette reconnaissance du poète envers un sculpteur que l'on  peut comparer à tous ceux de sa génération comme Lipchitz, Archipenko, Duchamp-Villon ou Henri Laurens. Des explorateurs d'une forme de synthèse, avec des rythmes vifs, Une virilité plastique n'excluant pas la sensualité. A découvrir.
 


 
 
posté le 16-07-2009 à 13:31:36

Duvillier, peintre des abîmes.

22h39 - Duvillier peintre des abîmes. - Général
 


 
 
posté le 16-07-2009 à 11:31:14

Pierre Minet, dans les marges.

12h03 - Pierre Minet et le Grand Jeu - Général
 


 
 
posté le 16-07-2009 à 11:18:22

Les gisants d'Olivier Brice.

Olivier Brice et le complexe de Pompéi.Il avait fait un départ fulgurant dans les années 75-80, les galeries se disputaient son oeuvre et des publications nombreuses en révélaient les facettes secrètes, les références. Cette obsession de la mort, cette douceur des gisants, cette relecture des grands chefs d'oeuvre de la sculpture antique. Un travail mené avec méticulosité qui aura été brutalement interrompu par la mort de l'artiste. Bizarrement, on trouve à peine ses traces sur google, ce répertoire de toute la création. On vient pourtant d'ériger l'une de ses sculptures place du Caire à Paris. Mais que sont devenues les innombrables sculptures qu'il avait conçues à partir des moulages du Louvre ? Un silence inquiétant pour une oeuvre qui méritait de survivre à son auteur. Mais les lois du marché de l'art sont si cruelles que, sans galerie pour le soutenir, perpétuer sa mémoire, l'artiste disparaît du paysage artistique. Il aura été à l'origine d'un petit ouvrage "Le Complexe de Pompéi" (éditions Pierre Horay) qui le situe dans le contexte de l'art d'aujourd'hui, entre Arman et César.
 


 
 
posté le 16-07-2009 à 10:39:07

Le Latin mystique.

D'un livre mythique.Certains livres sont précédés d'une légende, attirent la convoitise des collectionneurs, inspirent des amateurs, suscitent des vocations, et d'objet de culture deviennent fétiche d'un étrange culte.Ainsi en est-il du livre de Remy de Gourmont : Le Latin mystique. Il eut, pour lecteur privilégié, Georges Bataille, Blaise Cendrars, Henry Miller entre autres.L'objet livre se présente comme un volume de 400 pages, édité par le Mercure de France en I892. Les catalogues de libraires qui le proposent évoquent la série du "tirage de tête" (ces exemplaires tirés sur papier différents et numérotés). Il y a 1 wathman, 1 hollande van Gelder, 1 vergé des Vosges, 7 japon pourpre cardinalice, 9 japon violet-évêque, 10 hollande, 190 papier teinté. J.K.Huysmans donne une préface et Filiger une illustration pour la couverture.Il y aura une nouvelle éditions chez Crès en 1913 avec un frontispice de Maurice Denis. Dans ses souvenirs Blaise Cendrars en parle avec une sorte de dévotion. Il le découvre à la Bibliothèque Nationale. Il "prend rendez-vous" avec lui et c'est le début d'une lecture magique. De ces lectures dont on conserve la mémoire. 
 


 
 
posté le 15-07-2009 à 16:03:08

Karskaya dans l'atelier.

Ida Karskaya.C'était un "tout petit bout de femme" au visage éclairé par un immense sourire et la chevelure en désordre, qu'on aurait dit descendue d'une scène de ce théâtre russe riche en personnages pathétiques et torturés. Des agrès de gymnastique jetaient dans son vaste appartement-atelier de la rue Saint Jacques une note insolite.On avait évoqué le souvenir du "Roman de la rose" qui fut écrit dans le voisinage Blaise Cendrars qui passa par là le mentionne. Curieusement, c'est Francis Carco (plutôt porté vers les artistes "montmartrois") qui, le premier, cautionne son oeuvre par une préface. Les écrivains seront nombreux à lui faire cortège. Venue du "réalisme" son oeuvre se développe dans l'absorption d'éléments hétéroclites, de la matière brute. Elle se trouve ainsi à la croisée de ceux qui récupèrent les déchets (les Nouveaux Réalistes") et de la "matériologie" invoquée par Dubuffet. Ce qui l'entraîne vers des recherches de plus en plus intimistes sous le titre générique du "gris quotidien". Paulhan (entre autres) s'attache à son oeuvre ainsi que Ponge. Comme tant d'autres artistes "singuliers" elle devient la proie des artisans du mot.
 


 
 
posté le 15-07-2009 à 15:54:52

Giai Miniet

15h50 - Giai-Miniet. Tragédie dans l'intimité. - Général
 


 
 
posté le 15-07-2009 à 15:40:16

Pierre Bettencourt, l'homme de la presse à bras.

Pierre Bettencourt.Retiré (né en Normandie, mort en Bourgogne) il avait d'abord, sur une presse à bras, édité les textes de ses amis : Henri Michaux (Je vous écrit d'un pays lointain 1942, Arriver à se réveiller 1950), mais aussi des recueils de Ponge, Artaud, Dubuffet, Béalu, Malcom de Chazal, Marcel Jouhandeau, et toute une famille de poètes dont l'oeuvre participe du même esprit. Ecrivant lui-même et créant d'étranges et agressifs reliefs (à base de coquilles d'oeufs, d'objets au rebut).C'est tout un univers grimaçant, grinçant, chahutant, gouailleur et inquiétant. Sortes de totems, de figures d'un culte inconnu et certainement sulfureux.Il est défini comme "poète, conteur et fabuliste" sa démarche échappe à toute classification, à toute référence, à moins qu'on ne suggère qu'il est une sorte d'Arcimboldo de la décharge. Il invente une mythologie, il la créée avec les résidus de sa poubelle.
 


 
 
posté le 15-07-2009 à 15:05:40

Braque l'oiseleur.

16h13 - Braque oiseleur. - Général
 


 
 
posté le 15-07-2009 à 14:46:13

Le clan des amis.

16h36 - Le clan des amis. - Général
 


 
 
posté le 15-07-2009 à 14:39:04

Braque en majesté.

Braque en majesté.Il est souvent sous le feu croisé des mots que lui dédient Ponge et Paulhan, mais d'autres aussi car il est de ces peintres qui inspirent les poètes. On l'a souvent confronté à Picasso, parce que lui-même s'y est essayé et s'est imposé comme lui en figure exemplaire de l'art de son siècle. Picasso dans la remise en question permanente de son art, Braque, héritier d'une tradition française plus attaché à parfaire son art dans l'intériorisation, l'espace de la réflexion (plus que du rêve) et une volonté d'artisan. Ce qui ne pouvait que plaire à Ponge et Paulhan eux-mêmes "ouvriers" du verbe, plus attachés à la lenteur qu'à l'éclat, pariant moins sur l'audace qu'un travail obstiné sur les vertus du langage dont ils disposent. Ils ne sont pas les artisans d'une révolte mais d'une réflexion sur l'héritage qu'ils assument. 
 


 
 
posté le 15-07-2009 à 14:28:22

Paulhan en figure de sphinx.

Jean Paulhan en figure de sphinx.Leurs deux bureaux ( de notaire) se faisaient face au siège de la NRF chez Gallimard, d'où l'on avait vue sur les jardins, avec, au fond, le pavillon où Dubuffet avait exposé dans les années 45-5O.Arland avec un minuscule crayon notait des manuscrits et Paulhan, le torse avantageux, le regard sombre, le timbre de voix étrangement aigrelet, lançait des aphorismes, des mots qui seraient rapportés dans les salons parisiens. Il impressionnait. Sa connaissance de la peinture (celle d'Arland était tout aussi avertie) le portait vers des individualités plutôt que des "écoles" et c'est ce que j'aimais en lui. En fait ce sera le propre des écrivains qui s'attachent plus à des peintres qu'à des principes, des théories et des mouvements. On le voyait donner des commentaires, tisser le trame des mots, en marge de Braque, de Karskaya (on la retrouvera bientôt) de Janine Arland, de Dubuffet, de Fautrier. Ce qui faisait une sorte de famille d'esprit. J'y faisais mes classes il en restera quelque chose et la conviction qu'ils sont dans le vrai. La peinture n'est pas un instrument du progrès mais l'exploration d'un monde personnel. Vive l'individualité.
 


 
 
posté le 15-07-2009 à 14:12:26

Artaud sous le signe de Jarry.

Gaston-Louis Roux (qui n'est pas à sa place dans l'histoire de la peinture contemporaine et que les institutions négligent d'une manière scandaleuse) m'avait donné l'affiche qu'il avait conçue pour la théâtre Alfred Jarry qu'avait créé son ami Antonin Artaud. On retrouve sa reproduction dans l'ouvrage consacré à Artaud édité chez Veryrier. Affiche d'une étonnante impétuosité, traduisant tout à la fois "l'esprit tragique" d'Artaud et la malice fanfaronne et bouffonne de Jarry pour l'aventure d'un théâtre qui fut brève et malheureuse. Le jeu d'Artaud y était singulièrement agressif et provocant et la maîtrise du verbe qui était à la base de ses théories n'y trouvant pas le débouché qu'il pouvait en attendre. Gaston Louis Roux est alors au stade d'une profonde mutation de son style. Ce qui lui vaut d'être rejeté de sa galerie prestigieuse (Kahnweiler) et de connaître l'errance des peintres dépourvus de ces attaches matérielles qui leur permettent de trouver leur public. On le voyait dans son atelier (et dans la nature qu'il scrutait avec l'oeil d'un entomologiste) retrouvant la fascination du réel non sans être passé par l'exemple de Giacometti, son ami alors.
 


 
 
posté le 11-07-2009 à 15:14:28

Vulliamy dans les marges.

L'homme des marges.Alors qu'il est le gendre de Paul Eluard, l'ami d'André Breton, Gérard Vulliamy restera toujours en marge des événements qui jalonnent l'histoire du surréalisme. Il n'en est d'ailleurs pas un des plus strict représentant. Ni dans sa participation aux expositions, ni dans son style qui se cherchera à travers plusieurs "écoles" et s'épanouissant, au final, dans une sorte d'extase naturaliste bien éloignée des préceptes édictés par les tenants de l'orthodoxie surréaliste. Sa rencontre avec Francis Ponge se fait au nom de la poésie. Il donne à l'un des livres majeurs de ce dernier une série de burins. C'est "La crevette dans tous ses états". On est au lendemain de l'occupation. Gérard Vulliamy a milité dans le cadre du groupe de "La Main à Plume" et participé à une action de résistance en usant de ses armes : la peinture. On le voit aussi bien aux marges de Cobra, dans l'espace de l'abstraction géométrique ( groupe Cercle et Carré), de fait toujours libre et indépendant. Ce qui ne pouvait que freiner sa "carrière" mais le livrer à l'attention des poètes. Une autre gloire
 


 
 
posté le 11-07-2009 à 14:48:39

Fanfare pour Hélion.

Ponge et le peinture Fanfare pour Jean Hélion.Titre approprié quand le poète si proche des objets rend hommage au peintre qui défiant la "logique" de l'Histoire de l'art et venant de l'abstraction la plus radicale, s'attache à l'observation intense des objets. Des fruits (comme Francis Ponge) dont il creuse la présence anecdotique pour révéler leur vérité profonde. Travail mental avant qu'il ne guide la main du peintre et lui donne l'assurance qui rend si évidente une présence. L'aventure de Jean Hélion est exceptionnelle et singulière quand on le voit militant pour l'abstraction la plus radicale (groupe Cercle et Carré) revenir à la figuration la plus "ordinaire". Volontairement, il a choisi des sujets de la plus grande banalité, mais les traite d'une manière qui n'est qu'à lui. "Ecrivant", sur la réalité, sa vision de la peinture. Comme Ponge il va vers le banal, l'objet du commun. Il en sort chez l'un une sorte de philosophie, chez l'autre un autre regard. A nous ouvrir les yeux sur notre environnement.
 


 
 
posté le 11-07-2009 à 14:32:22

Fautrier l'enragé.

Fautrier l'enragé.L'expression n'est pas de Ponge mais de Paulhan et aurait pu très bien être trouvée par celui qui considère le peintre comme le plus important de son siècle."Chacun de ses tableaux s'ajoute à la réalité avec vivacité, résolution, naturel" écrit il dans un de ces nombreux textes qu'il lui consacre. Il est, avec Dubuffet, le chantre de la matière traitée pour elle-même, en pâte ardente et puissante qui ne traduit pas la réalité mais en donne une sorte d'équivalence. En toute logique, partant d'une réalité "drue" (où l'on peut voir l'influence de Courbet), Fautrier passe à cette "matériologie" qui ne cherche pas à plaire ni à conter le monde, mais lui donne un écho retravaillé par la mémoire, la force intérieure qui conduit le peintre à s'exprimer, en fait le justifie. Fautrier est bien au coeur de cet acquit de la modernité (dénoncée par Baudelaire à propos de Manet) où peindre c'est dire la profondeur du monde et non son aspect et ses anecdotes.
 


 
 
posté le 11-07-2009 à 14:24:32

Fautrier vu par Ponge.

Fautrier bis.L'approche de la peinture ne se fait pas chez le poète selon les critères de lisibilité immédiate et convenue qu'exige le journalisme mais par un travail sur l'écriture même qui conjugue à la fois la raison d'être de la peinture et celle de l'écrivain  lui-même. D'où une difficulté, parfois, de compréhension. Elle exige du lecteur qu'il fasse un effort pour aborder dans le même temps l'esprit de l'un et de l'autre. C'est dans la force de cette conjugaison que peut naître la révélation. On reprochera à Apollinaire une critique un peu superficielle ( même si elle est souvent prémonitoire et subtile). Il écrit dans le contexte du journal. Francis Ponge écrit dans l'espace du livre qui est souvent celui d'une rencontre avec l'artiste. Le lecteur en est exclu s'il n'a pas les clefs.Combien fine mais apparemment "difficile" une notation comme celle ci : "Nous savons bien que le nu est aussi une architecture, mais nous connaissons le moment où l'orgue intérieur faisant tressaillir les piliers, et se bander les arcatures, les ogives s'entrouvrent, par où s'écoule le flot nuptial".
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 16:54:05

L'état des lieux de Dubuffet à Ponge.

15h03 - Le génie du lieu. - Général Ponge en ses lieux.Grande et la tentation d'emprunter le site : http///remue.net/IMG/jpg/RuelLH-DH.jpg.Il nous entraîne vers l'immeuble où Ponge écrivait ( et qui fut, avant lui, le logis de Jean Dubuffet). Quand l'errance parisienne, renouant avec la grande tradition des piétons observateurs (Restif de la Bretonne par exemple), nous offre à site ouvert les lieux où souffle l'esprit.
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 16:46:30

Ponge un jour de pluie.

16h27 - Francis Ponge, un jour de pluie. - Général
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 16:37:17

Ponge et la peinture.

Ponge et la peinture 1.Nombreux sont les poètes qui se sont engagés pour la défense des peintres qu'ils estiment et avec lesquels, souvent, ils sont amenés à travailler, leur confiant l'illustration de leurs ouvrages. Francis Ponge est l'un des plus entièrement engagé dans cette aventure qui solidifie des complicités. De beaux ouvrages relevant de la bibliophilie concrétisent cette attitude. Les mots et l'aventure plastique se donnent rendez vous dans les pages d'un livre. Hautement significatifs sont les essais de Ponge qui pratique tout à la fois le commentaire et le dialogue. On aura ainsi le loisir de visiter les domaines de la création autour de Braque, Dubuffet, Hérold, Fautrier, Charbonnier et d'autres encore. A chacun sa victoire.
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 16:30:04

Ponge et Dubuffet.

Ponge et le peinture.2.Dubuffet est le plus audacieux, le plus contesté et son aventure est la plus radicale de sa génération. Abordant le portrait (Paul Léautaud, Jean Paulhan, Antonin Artaud, André Dhotel, George Limbour, Henri Michaux, Henri Calet ou Francis Ponge) il est dans la logique de sa démarche. Abordant la matière à sa force première, sa "présence", à l'état brut. Il croise un Ponge qui évoque la rage de l'expression. On est loin des usages du "bon goût" qui accompagne l'exercice du portrait plutôt domestiqué par les conventions sociales, et flatteur, sinon opportuniste. Bizarrement, les modèles finissent par ressembler à leur portrait comme la peinture de Dubuffet ressemble si bien à la prose rude, sans concession d'un Ponge acharné à sortir l'objet de sa réalité. Un regard sans complaisance mais dynamisé par une sorte d'insistance qui annonce les plans fixes du Nouveau Roman.
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 16:00:45

Michel Ragon sur les quais.

15h27 - Sur les quais. Michel Ragon - Général
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 15:54:41

Jean Follain, piéton de Paris.

11h15 - Follain, piéton de Paris - Général
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 15:46:57

Gianni Bertini et la modernité.

Bertini, la force de la modernité.On croyait encore, dans les années 6O, aux forces de la modernité. Fasciné que nous étions par les rythmes nerveux de la poésie de Blaise Cendrars, celle d'Apollinaire empreinte de tendresse et de mélancolie ; nous admirions la modernité clinquante de Fernand Léger, les expériences audacieuses de la poésie depuis Ezra Pound jusqu'aux recherches du son pur des lettristes ou d'un Henri Chopin. On était des héritiers aveuglés par l'éclat d'une turbulence qui annonçait des lendemains triomphants. Dans ce climat l'émergence de Gianni Bertini fut célébré comme une aubaine. Il était inventif, remuant, entreprenant, mobile à l'excès et très maître de la peinture si bien qu'il pouvait en faire ce qu'il voulait, même la défier. On aura suivi avec une attention admirative cette oeuvre qui va traverser les années 60-90 en se renouvelant sans cesse, en inventant de nouvelles techniques, en abordant le mixage peinture et photographie ( un pas important sur lequel il faudra revenir). L'oeuvre est forte, abondante, jalonnée de nombreuses expérimentations dans le monde du livre ( sa carrière d'illustrateur est considérable); bref on a pas fini de le rencontrer sur cet écran.
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 15:38:38

L'humour noir a son prix.

16h48 - L'humour noir a débuté au Soleil dans la tête. - Général
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 15:28:50

Forneret dans sa tour.

17h17 - Forneret dans sa tour (comme Montaigne). - Général
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 12:41:22

Secrets de Cour.

Avec son bonnet de dentelles, madame Campan, au "soir de sa vie", après avoir vécu les fastes de la monarchie jusqu'à son déclin, incarne bien le type de femme qui, au XIX° siècle, prépare la nouvelle condition de la femme en s'appuyant sur l'éducation. Elle l'exerce d'abord à Saint Germain en Laye puis à Ecouen et devient, grâce à la protection de Napoléon (qui lui avait confié l'éducation des enfants de Joséphine de Beauharnais et de ses deux soeurs Caroline et Pauline), la directrice de l'établissement de la Légion d'Honneur (aujourd'hui à Saint Denis).Entrée comme simple lectrice des filles de Louis XV, elle accède au poste envié de femme de chambre de Marie Antoinette et devient le témoin privilégié de la vie de cette dernière, depuis les grâces du Petit Trianon  jusqu'aux tragédies de la Révolution.Le livre de Inès de Kertanguy, qui lui est consacré, a le mérite d'offrir des renseignements nombreux sur la vie de cette bourgeoise côtoyant les "grands" à Versailles ( mais n'est pas Saint Simon qui veut, et ses mémoires sont plus proches de considérations mignardes que d'une observations aiguë de la société de Cour) et créant, à la chute de la monarchie, un type d'enseignement où elle se montre particulièrement novatrice.Inès de Kertanguy n'échappe pas à un sensiblerie un peu naïve et son écriture est souvent relâchée, mais on apprend beaucoup de choses à la lire.
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 12:31:25

L'Affaire du Collier de la Reine.

On ne peut pas aborder la vie intime de Marie Antoinette, comme le fait madame Campan, sans aborder l'histoire du Collier de la Reine ( un fougueux roman d'Alexandre Dumas en reconstitue le déroulement). Un détour du côté de cette bande d'aventuriers, dans le voisinage du benêt cardinal de Rohan, du sulfureux Cagliostro, et de la ravageuse Jeanne de Valois mariée à un La Motte, descendante (bâtarde) d'Henri II et le faisant bien savoir, ne vivant que pour retrouver un mode de vie auquel elle prétendait avoir droit du fait de ses origines. Une histoire de faussaires, de voleurs et d'arnaqueurs. Elle va jeter la "première pierre" de suspicion qui va perdre la monarchie. Pour les hiistoriens les plus sérieux elle  annonce la Révolution. Dans le rythme haletant de cette histoire, l'avancée de la prostituée Oliva, dénichée dans les bosquets du Palais Royal, et qui va être le personnage clef de la nuit du Bosquet de Venus dans le parc de Versailles. Un histoire qui fait le bonheur des chroniqueurs de la petite histoire et des scénaristes de cinéma.
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 12:13:56

Armel Guerne, le sphinx.

Dans ce que j'avais appelé "le fauteuil d'Emannuelle" (voir l'hommage à Andrré de Richaud dans la revue Europe n° de juin-juillet 2OO7), Armel Guerne aimait bien se reposer. De longues heures de rêverie et d'observation. Il suivait, d'un oeil faussement absent, les allées et venues, les interventions des visiteurs, se réservant de commenter ensuite et de donner des conseils que je respectais, lui ayant reconnu un qualité exceptionnelle de compréhension des êtres (des plus modestes en particulier). Il avait une opinion très tranchée sur le comportement à tenir devant les mendiants (très nombreux) qui franchissaient le seuil de la librairie pour obtenir quelques miettes de notre pauvreté endémique les affaires n'étant pas bonne et la caisse souvent vide. Il m'avait semblé que Guerne, amusé, avait choisi ce poste d'observation tout en abordant (avec beaucoup de pudeur et de réserves) des propos que nous avions à coeur de tenir en sa compagnie, appréciant tout spécialement son oeuvre de poète. Sa connaissance prodigieuse des langues me fascinait et il ne répugnait pas d'aborder le domaine des science occultes que l'on cultivait autour de la revue La Tour Saint Jacques. Elle apparaîtra un jour dans notre paysage.se reporter à l'excellent blog des amis d'Armel Guerne -photo-.
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 12:02:34

Paul Chaulot "trop humain"

11h41 - Paul Chaulot, l'humain, trop humain ? - Général
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 11:46:52

Théodore Koenig, la verve belge.

14h25 - Théodore Koenig, la verve de Phantomas - Général
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 11:39:00

Jane Graverol, enfant de Magritte.

14h46 - Jane Graverol, enfant de Magritte - Général
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 11:28:02

La fougue de Jean Raine.

L'aventure de Jean Raine traverse à la fois le surréalisme et le cinématographe. Le Soleil dans la tête lui consacre une exposition en1972 (préface de José Pierre et René Deroudille) qui marque un retour dans l'actualité d'un artiste qui par la fougue même de sa nature s'inscrivait difficilement dans les rites de la vie quotidienne. Peintre des forces de l'instinct il pratique le "dripping" (inventé par André Masson, systématisé par Pollock)  qui libère la peinture de toute volonté de représenter, exaltant le geste naturel, ouvrant de vastes espaces à l'imaginaire. Il frôla le groupe Cobra, mais finalement oeuvre dans une relative solitude. Son oeuvre est au coeur du problème, souvent évoqué ici, des liens entre poésie et peinture. Le signe, le geste pictural ne sont-ils pas des conséquences du mot, son échappée. On aura de nombreuses relations de ce problème dans l'art contemporain où se retrouvent aussi bien Mathieu que Henri Michaux, Novelli que Jan Voss. On les rencontrera. 
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 10:49:52

Dada à Paris.

Dada à Paris.L'Histoire le dit, né à Zurich, et simultanément à New York et Berlin, Dada, à Paris, fait la synthèse de ces mouvements de contestation qui tiennent du monôme d'étudiant et d'une remise en question des formes d'expression que sont les arts plastiques et l'écriture. Toute remise en cause, et chahut des choses données, ne va pas sans désordre, conflits, contradictions et moments "forts". Toute une jeunesse (celle qui sort meurtrie des épreuves de la première guerre mondiale) va y faire ses classes et il sortira le surréalisme qui est une nouvelle morale autant qu'un art nouveau. On en est les héritiers. Un peu abusifs sans doute. Si l'art actuel est en si mauvaise passe (voir les expositions officielles consacrées à la création contemporaine) , c'est sans doute qu'on ne sait pas bien sortir d'une telle crise, alors on radote on insiste on se contente de copier les oeuvres clefs de cette aventure, d'où la position de "maître à pense" de Marcel Duchamp.
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 10:38:05

D'Ubu à Rousseau.

14h59 - D'Ubu à Jarry. - Général
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 10:33:19

Gentil Rousseau.

15h04 - Gentil Rousseau. - Général
 


 
 
posté le 10-07-2009 à 10:30:16

Rousseau compagnon de Léon Paul Fargue;

15h25 - Entrée de Léon Paul Fargue. - Général
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 16:17:12

Gaston Criel enfant du jazz et de Saint Germain des Près.

Gaston Criel un enfant du jazz et de Saint Germain des Près.Il aura été l'un des premiers à franchir le seuil du Soleil dans la tête. C'est qu'il venait de sortir un livre et assurait sa promotion. C'était "La grande foutaise" publié chez Fasquelle et dont on parla, fugitivement, pour le Goncourt. On disait qu'Henry Miller le "portait aux nues" ce qui était une référence. On fit en son honneur une vitrine qui soulignait ses liens étroits avec le monde de Saint Germain des Près et le jazz.Ce dernier lui avait inspiré un ouvrage (Swing) qui fut rapidement salué par toute l'intelligentsia de l'époque.Il est alors secrétaire d'André Gide, et vivait dans une chambre que lui louait Jean Paul Sartre, 42 rue Bonaparte, l'immeuble dans lequel le philosophe vivait avec sa mère.L'homme annonçait par son apparence physique l'oeuvre, lui donnait corps. Le visage émacié, le verbe sonore, il faisait parti de la famille d'Antonin Artaud, des irréductibles, des rebelles. Il avait, dans son comportement, quelque chose d'impressionnant. Mais il sera emporté par la vie, écrasé par elle.Gaston Criel a une vie mouvementée. Tantôt assistant de cinéma (pour "La Belle et la bête" de Cocteau) tantôt secrétaire à la galerie Maeght.On le retrouvera ensuite dans sa région natale (Seclin), où il travaille dans la publicité et, ayant perdu sa place, s'installe avec sa compagne dans un mobil-home, où il créé un bar au bord de l'autoroute.
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 16:06:24

Les Minutes d'Alfred Jarry.

Les Minutes d'Alfred Jarry.Il est mort, il y juste cent ans. Je viens de trouver sur une brocante son Ubu, préfacé par Jean-Hughes Sainmont, (le grand spécialiste de Jarry devant le seigneur), qui fréquentait assidûment le Soleil dans la tête. J'y vois un signe, peut-être un appel. C'est décidé, on va cohabiter avec Jarry pendant quelques séquences. Histoire de retrouver le sens vrai des choses : derrière l'humour, la grimace, les provocations. Une quête pathétique. 
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 15:53:58

Entrons en Pataphysique.

15h20 - Entrons dans le monde de la Pataphysique - Général
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 15:37:56

Alfred Jarry maître en décervelage.

Tout comme Marcel Duchamp est la référence absolue de la création plastique contemporaine, Alfred Jarry est celle du théâtre et par glissement progressif celle de la littérature comme instrument de perversion des traditions et remise en place des idées-forces. Ils sont quelques uns comme cela, au fronton d'une nouvelle manière de penser : Rimbaud en figure d'ange fatal, Lautréamont, passant considérable pour reprendre les termes d'André Breton, et Alfred Jarry qui conservera jusqu'à sa mort son "âme d'enfant". Et si le point commun à tous ces créateurs était justement d'avoir préservé, en dépit des agressions de la réalité et de la banalité du quotidien, cette force première qui suscite les découvertes et les colères, les passions et les refus.
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 15:23:36

Marie Bashkirsteff

 


 
 
posté le 08-07-2009 à 15:00:06

Reconnaissance d'Arthur Cravan.

 


 
 
posté le 08-07-2009 à 14:51:46

Arthur Cravan bis.

Arthur Cravan bis.On n'en finira jamais avec lui. Il est au coeur de cette quête qui donne à nos vies sa raison d'être. C'est à dire sortir de l'horrible quotidien que dénonçait déjà Rimbaud et que toute une forme de poésie ( dont Cravan est un héros) tente de défier, sinon de nier, du moins de nous sauver. Oeuvre mince que la sienne. Forte comme un élixir (Apollinaire n'a-t-il pas intitulé "Alcools" ses plus importants poèmes ?) elle porte aussi les marques d'une époque sans jamais vieillir pour autant. Dans sa modernité elle offre quelque chose de viril, de dopant qui nous transporte.
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 14:46:05

Arthur Cravan en dandy.

Et si l'on parlait du dandy. Au XIX° siècle son élégance visait à s'imposer au monde comme à la séduction sur les cocottes qui l'entouraient. Au XX° siècle (on peut y voir un signe des temps) c'est plutôt une approche élégante de la mort. Une certaine manière de la défier tout en s'y engageant. Flirter avec elle, comme Jacques Rigaut (on va le rencontrer bientôt) qui lui donne rendez vous sur un  miroir. Il n'a pas voulu, comme Alice, le franchir, mais se briser sur son reflet. A méditer.
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 14:32:50

Le Désert de Retz en danger.

 


 
 
posté le 08-07-2009 à 14:17:29

Le parc Monceau livré à la littérature.

le parc Monceau livré à la littérature.Comme beaucoup de parcs parisiens (Luxembourg, Tuileries, Buttes Chaumont) le parc Monceau est très intimement lié à la littérature. Les personnages de la Recherche du temps perdu y étaient dans un cadre à leur ressemblance. C'est que tout l'élégance aristocratique du XVIII° siècle, qui l'avait inspiré, trouvait son écho dans cette société qui pratiquait l'art de ne rien faire en faisant beaucoup de bruit, dont Proust tirera des portraits cinglants et d'une rare cruauté. Gustave Flaubert fut un riverain (rue Murillo) et Zola a admirablement situé des scènes de son roman "la Curée" dans son opulente et sensuelle ambiance. La légende voulait aussi que des rencontres furtives et "scandaleuses" y étaient dans ce temps de la "fin de siècle" faciles et lascives. On ira les retrouver du côté des pages sulfureuses des petits maîtres de la décadence ou chez un Jean Lorrain, chroniqueur aussi bien de la société mondaine que des bas-fonds de Paris. N'oublions pas le charme des ruines qui y sont disposées pour le plaisir de la promenade. Ce fut le rêve d'un prince, organisé par le délicieux et prodigue Carmontelle.
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 14:04:14

L'art du Journal intime.

Avec son visage d'ange et son allure de jeune fille sage elle trompe bien son monde. Derrière cette allure calme et convenue une ardeur contenue s'exprime et elle tente de vivre, de survivre, derrière les capitonnages et les futilités de sa classe, de son  quotidien.Elle est toute entière dans son Journal. Complaisante vis à vis d'elle-même, étroitement attachée aux usages mondains et aux rites qui rythment sa vie. Elle peint (d'une manière conventionnelle mais avec un réel talent). L'écriture n'est pas que sa vie cachée, rêvée, elle est sa vie totale. Elle pose cependant le problème du journal intime qui n'a d'intérêt  que lorsqu'il donne accès à une vie elle même créative, exemplaire. Pourtant, il se dégage de ces pages un feu, une flamme qui peut toucher. De peu de choses, sinon ses angoisses intimes, son appétit de vivre, elle fait une oeuvre qui n'est pas qu'un témoignage de son époque, elle est aussi l'aveu d'une féminité qui veut sortir de ses contraintes, d'une certaine banalité imposée. On est dans le monde de Proust, où passe l'orage de la passion.
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 12:01:53

Ruines de fantaisie.

Ruines aux champs.L'amour de la nature passe aussi par celui des ruines. Une leçon donnée par les philosophes et les amateurs de jardin du XVIII° siècle. Il ne subsiste presque rien de ces rêves d'amateurs qui vont à Ermenonville, Méréville, Monceau, ériger, avec la collaboration d'Hubert Robert, Carmontelle, des itinéraires champêtres ponctués de fausse ruines exprimant la mélancolie que suscite ce retour à la nature qui rêve d'un jardin d'Eden, évoque l'Arcadie et distille des préceptes philosophiques sur les pierres qui sont de larges livres ouverts où s'expose la sagesse.Ce  retour à la nature passe par la littérature et s'appuie sur des références, des conventions, des mots de passe et des recueillements  Nous allons en emprunter quelques uns. Et pourquoi ne pas remonter dans le temps, et aller rendre visite à Adrien, en sa villa !  On peut, pour le plaisir, relire le si beau livre de Marguerite Yourcenar : "Les mémoires d'Adrien". Ainsi les jardins nous entraînent aussi vers l'Histoire.
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 11:24:10

Quelques pas dans un jardin anglais.

Quelques pas dans un jardin anglais.Il n'est pas illogique d'évoquer l'art des jardins dans ce blog du Soleil dans la tête. Plusieurs expositions y furent présentées qui avaient pour sujet le jardin dans ses rapports avec l'art et la littérature. La peinture actuelle est largement nourrie d'évocations "jardinières". La peinture, dans ses rapports avec la nature, échappe à la simple description et s'appuie sur les ressorts de la peinture dite "abstraite" qui est une approche plus sensible, plus approfondie du phénomène de la nature. L'Impressionnisme annonce cet accord fondamental avec la nature. Le jardin anglais qui échappe aux règles contraignantes de la rigueur classique (incarnée par Le Notre, à Versailles) constitue lui aussi une approche de la nature "pour ce qu'elle est", acceptant ses caprices, ses diversités. Le jardin est alors une invitation à la promenade ( surtout sentimentale) rêveuse et en harmonie avec les éléments qui y portent leur marque.
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 11:05:42

Allons chîner.

11h26 - Allons chiner - Général
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 10:55:29

Dérive, errance.

Dérive, errance.La lecture a le pouvoir de nous sortir de nous même, d'un présent parfois contraignant et nocif pour l'éclat de la pensée, la saveur de l'émotion. On évoquait un labyrinthe, on en a suivi les méandres, traînant avec soi des souvenirs et un savoir (volé au hasard des rencontres, des lectures, des accidents du quotidien) on y rencontre des images d'une puissante force de suggestion. Les seuls portes de sortie (comme il y a des sorties de secours dans les salles de spectacle). En voici une, arrachée à quelque livre d'épopée et de flamboyante victoire et  qui parle aussi de la vie de tous les jours. Qu'on ne s'y trompe pas, ce n'était qu'un intermède, une dérive, l'errance d'un instant. Pour prendre l'air d'hier, découvrir les rumeurs d'un marché, le cri des marchands à l'étal, le meuglement des animaux qui sont en si étroite intimité avec la vie des hommes, leurs bourreaux. On marchande, on cancane, bientôt la nuit venue tout rentrera dans un ordre puissant et menaçant.
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 10:30:11

Gloire à Cendrars.

 


 
 
posté le 08-07-2009 à 10:10:17

Le bibliothécaire vu par Arcimboldo.

16h41 - Le bibliothécaire - Général
 


 
 
posté le 08-07-2009 à 09:57:46

J.P.Sartre, dans la bibliothèque.

17h09 - Le bibliothécaire - Général
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 18:09:38

La main à plume.

La main à plume. Avoir accès au manuscrit offre le plaisir de découvrir le texte dans son élaboration, sa naissance (parfois difficile). C'est à l'accouchement même que l'on assiste. Elan de la main, conquête de l'espace, et cette manière si particulière, selon son tempérament, des circonstances, du cadre même de l'écriture, d'occuper la page : dans l'économie, la prodigalité, avec méthode, assuré et triomphant ou dans l'effort, la difficulté, les remords. D'où, le plus souvent les ratures, les biffures cette bataille pour trouver le mot juste et dont on est alors le témoin. On entre dans l'intimité de la création. Au stade le plus essentiel, le plus douloureux quand l'échec est encore possible. Imprimé, le texte affirme sa victoire, manuscrit, il est encore l'enfant fragile, choyé que l'on veut élever à sa forme la plus juste. Victor Hugo est à l'ouvrage.
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 17:55:00

Léautaud chez le Père Tanguy.

Léautaud chez le Père Tanguy.On le sait, le père Tanguy tenait boutique 14, rue Clauzel, où se fournissaient en matériel les peintres qui furent les impressionnistes. Le père Tanguy se faisait payer en tableau et c'est ainsi qu'il avait dans son arrière boutique des oeuvres de Cézanne, de Van Gogh, de Gauguin, de Monet. C'est dans le voisinage de ce modeste, mais haut lieu de la vie artistique, que Paul Léautaud vivra son enfance, en cette fin de siècle, entre un père souffleur au théâtre et une mère "cocotte" qui l'abandonnera et  qu'il rencontrera dans une maison de passe de la rue Laferrière.Il habite avec son père, 13 puis 21 rue des Martyrs et 14 rue Clauzel, chez sa "nounou" cette Marie Pezé à qui il rendra souvent hommage dans sa vie de vieux célibataire ronchon, lorsqu'il vivra enfin dans la petite maison de Fontenay aux Roses. Il fait quotidiennement le voyage (en train) jusqu'à la station Luxembourg, (où on pouvait le rencontrer, cabas à la main plein de la nourriture qu'il réservait pour ses nombreux chats), et la rue de Condé, où il travaillait au Mercure de France. L'écriture de son Journal, à qui il doit sa gloire posthume, se fait lors de ses soirées solitaires dans cet enfermement qu'il a choisi. Autre exemple d'écriture en immersion radicale sur sa propre sensibilité, en lieu clos. D'où l'importance de la chambre dont on peut voir une reconstitution au musée Carnavalet.A signaler le remarquable travail d'historien de Bernard Vassor: pour le Père Tanguy voir : paperblog.fret d'une façon plus générale : wikio.fr/news/BERNARD VASSOR.
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 17:15:58

Anna (de Noailles) au lit.

Anna de Noailles.Elle aussi est condamnée à "garder la chambre" pour raison de maladie. Elle aussi, née Brancovan, fréquente, surtout après son mariage avec un de Noailles, ce monde que Proust avait déjà investi. Le même, entre futilités, vanités et calculs, qui n'altère pas les forces principales de son génie propre. Une adhésion  sensuelle, profonde, avec la nature. Retirée dans sa chambre du 40, rue Scheffer (dans le 16° arrondissement de Paris), elle poursuit une oeuvre surtout poétique : L'ombre des jours, Les Eblouissements, Les Vivants et les morts, Les Forces éternelles. Sa gloire quasi officielle cache la part la plus captivante de sa démarche. Une saturation sensuelle qui vidant le corps de sa substance, nourrit un verbe d'ardeur et de souffrance, à la sensualité chargée de coloration orientale due à ses origines. Tout comme Proust exploite avec ferveur les souvenirs d'une enfance aux riches connotations sensorielles et mémorielles, Anna de Noailles s'appuie sur le caractère merveilleux (et d'un luxe tapageur) mais qui l'écrase, entretenu dans l'hôtel particulier du 34 avenue Hoche, où l'on cultive le souvenir d' ancêtres prestigieux, en leurs terres de Valachie et dont se sent débiteur son père Grégoire Bassaraba de Brancovan, et la "campagne" des bords du lac de Genève où sa famille possède une villa à Amphion, où elle "écoutait, les voix de l'univers". Une oeuvre formée dans l'enfance et formulée dans le tapage d'une vie d'abord mondaine avant d'être recluse.
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 17:00:23

En compagnie de Léon-Paul Fargue.

D'avoir été le fameux "piéton de Paris", balisant de mots et de formules saugrenues le macadam parisien, et de finir cloué dans un lit ( dans l'immeuble du café baptisé le François Coppée, à Montparnasse) a quelque chose de tragique. En aucune logique avec un esprit plutôt porté à la fantaisie. Celui qui fut, jeune, le compagnon de tournées nocturnes d'Alfred Jarry, l'un des piliers de la NRF, le compagnon d'un autre noctambule célèbre en la personne d'André Beucler,  va devoir cohabiter avec la lenteur de la méditation en chambre, les lourdeurs d'une vie sans sommeil, et l'atteinte progressive de ses moyens intellectuels. La maladie aura mis du plomb dans ses "'semelles de vent" qui en faisait, tel Rimbaud, un aventurier du hasard objectif, un chroniqueur savoureux d'un Paris qui va de biais, n'obéissant pas à la logique d'un urbanisme pragmatique, volant à l'instant des splendeurs qu'il savait saisir comme au clic-clac d'un appareil photographique. Un épigone du précieux Jacques Réda qui a repris, pour son compte, la tradition de l'errance, un frère en piétonnerie de Jean Follain, car ils sont quelques uns à donner du prix à la promenade de la saveur au quotidien, du sel à la vie.  La chambre est alors l'antichambre d'une chute finale. L'ultime souffle d'un destin.0 miam[0 commentaire][0 TrackBack(s)
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 16:44:16

Le laboratoire central de Max Jacob.

Le laboratoire central.Le titre, inventé par Max Jacob, couvre, au delà de ses propres textes, une activité littéraire qui se concentre en un lieu fixe, chargé, et diffuseur d'une pensée. Celle de l'écrivain qui se referme (se renferme) sur son cabinet de travail, et dans certains cas, qui en accuse le caractère intimiste, dans sa chambre, et souvent, pour des raisons médicales, comme l'illustre exemplairement Joé Bousquet. Blessé au cours de la première guerre mondiale, il est condamné "à la chambre" jusqu'à la fin de ses jours. "Dans cette maison de la rue de Verdun, à Carcassonne, cette maison aux voletes toujours clos, il y avait un lit immense avec le coussin réceptacle de son corps, un petit guéridon rond plein de médicaments, une table pour les manuscrits et la bibliothéque basse. Quelques tableaux et des lampes toujours allumées". C'est autour de ce lit (et sa couronne de tableaux porteurs d'une énergie poétique, de Max Ernst, Tanguy, Bellmer, Fautrier, Magritte, Paul Klee) que Joé Bousquet recevait ses visiteurs : René Nelli, un voisin, et, de passage : André Gide, Paulhan, Aragon, et beaucoup de ceux qui vont le mieux illustrer la vitalité de la littérature française dans les années 30-50, avec une plus forte concentration encore durant les années d'occupation, beaucoup de ceux qui rejoignaient la "zone" libre s'y retrouvant. Espace de convivialité, d'échange et de création. Sur son lit Joé Bousquet écrit, avec une volonté farouche de sortir de sa condition d'infirme par la grâce de l'écriture.Un aphorisme résume bien cette aventure de l'esprit : "C'est le désastre obscur qui porte la lumière"
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 16:32:06

La chambre de Proust.

Les allongés, Proust en figure d'icône."La recherche du temps perdu" a été pratiquement écrite dans l'enfermement d'une chambre de malade, et celui-ci, couché. Ce n'est pas un cas unique s'il est  frappant. Avant d'être quasiment immobilisé par la maladie (l'asthme) Proust va "dans le monde". Il s'y plonge, pour noter les caractères (comme son maître Saint Simon dans le cadre de la cour de Versailles), et ayant fait son miel d'une vie mondaine fort riche il peut, en quelques années, dans le silence de sa chambre, (au numéro 102 du boulevard Hausmann à Paris), construire ce monument gigantesque, cette oeuvre coulée dans une phraséologie qui en reflète le caractère particulier. Dans l'espace flottant d'une immense rêverie, un rapport intime et mémoriel avec les mots. Une oeuvre qui n'aurait pu trouver son aspect, son "style", dans un autre contexte, un autre mode de vie, comme si celui-ci décide de celle là. Il y aurait long à dire sur les rapports existant entre la création littéraire et son contexte.La littérature des "allongés" se pare d'un caractère original en ce qu'il est plus intimement lié à son auteur. Il pourrait relever de l'art du Journal, il en a la fraîcheur d'inspiration, parfois l'impudeur, souvent la force de persuasion parce qu'il tire ses forces des zones les plus intimes et s'appuie sur des relations exceptionnelles avec le corps plus présent, pesant, que dans une oeuvre conduite selon les normes du travail d'écrivain à sa table, dans son quotidien, et comme un "objet" plus détaché de son intimité.La photographie est celle de la reconstitution de la chambre de Proust, rue Hamelin, au musée Carnavalet. On y trouve aussi celles d'Anna de Noailles et de Paul Léautaud.
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 16:18:48

Un livre culte d'Alechinsky

Livre culte. Titres et pains perdus d'Alechinsky.Il est de format carré, relié, la couverture, illustrée, offre la vision de la face arrière (généralement cachée) d'un tableau. Son titre, porté sur le cadre, est  "Le mal indéfini". Toute l'histoire d'un tableau est souvent dans ces coulisses qui consignent ses expositions, ses déplacements. Le livre, composé de petits textes fort divers, a fait appel à la contribution de Suzy Embo, pour les photographies, de Reinhoud pour le rappel de son travail de sculpteur s'appuyant sur des figures en mie de pain ( cette agitation de la main, distraite, comme pour les dessins de téléphone - on y reviendra-) de René Bertholo enfin, pour des mises en forme d'espaces graphiques. Le corps du livre est l'histoire d'une disparition. Celle d'un rouleau de dessins japonais qu'Alechinsy rapportait d'un voyage au Japon et qui fut avalé par les éboueurs, au petit matin, rue des Pyrénées où le peintre avait alors son atelier. On assiste à la quête de la chose perdue. Vaste épopée (qui mériterait un développement) où l'on va à la rencontre du déchet, de la chose condamnée à être malaxée, métamorphosée, sous couvert de recyclage. On peut imaginer des oeuvres entières restées inédites, abandonnées aux nettoyeurs des rues, déversées dans les immondices à ciel ouvert avec la lente  envolée des oiseaux dénicheurs qui y viennent grappiller leur pitance. Les mots devenus nourriture de l'oiseau, c'est un destin divin non ?
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 16:06:42

Encore G.L.M.

 


 
 
posté le 07-07-2009 à 15:25:45

Jeanne Duval, l'adresse de l'amour.

 


 
 
posté le 07-07-2009 à 15:12:35

Posséder Paris (Baudelaire).

12h25 - Baudelaire : posséder Paris - Général
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 14:52:09

Joé Bousquet et les allongés.

 


 
 
posté le 07-07-2009 à 14:39:54

Les lettres de guerre de Jacques Vaché chez K

Dans la famille des marginaux, et de ceux qui façonnent (à travers les choix d'André Breton) le nouveau paysage de la poésie Jacques Vaché s'impose comme le plus radical et à la fois le plus ambigu. La publication de ses "Lettres de guerre" (adressées à André Breton et Aragon) va le transformer en icône de la révolte par quoi passe l'esprit s'il ne veut pas être sclérosé par la réalité et sa banalité. Adolescent, nous avions gardé quelque chose de l'enthousiasme que nos aînés y avaient placé. La publication de ces lettres aux éditions K (dans les années 5O) revêtait le prestige d'une découverte dont nous nous échangions la primeur avec des allures de conspirateurs. C'était une véritable arme de contestation, une explosion d'humour sans limites. La couverture était ornée d'un extrait de dessin de l'auteur qui le pratiquait avec la désinvolture de celui qui ne veut pas en faire une oeuvre d'art, mais une oeuvre de vie, un signe tangible, où passe le ricanement du scepticisme, la hargne du blessé.Depuis des travaux universitaires ont figé cette prose digne de Jarry dans les cadres d'un étude serrée qui en ôte le suc sans en ternir la portée formidable.
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 14:33:47

Un petit tour du côté de Léautaud.

Un petit tour du côté de Paul Léautaud.Ayant vécu dans le quartier de son enfance (voir Le petit ami) entre la rue Clauzel et la rue Notre Dame de Lorette, et avec cette manie de toujours rechercher les traces de ces "passants considérables", je retrouve dans les pages de son Journal ( une lecture formidable), les éléments qui permettent de mieux le traquer là dans ses sensations si subtiles et pourtant sources de défaillance sociale pour lui, à l'en croire. Lecture fort utile pour celui qui se cherche. Quel regard original sur la littérature et ses faiblesses, son chic et son choc, qui amène Léautaud à se retirer, solitaire parmi ses chats, dans sa petite maison de Fontenay aux Roses (là aussi il y a encore des traces).Chaque page de son journal nous pose dans un lieu de ce Paris qu'il a sillonné de Montmartre à la Comédie française, du Palais Royal à Saint Germain des Près et dans cette rue de Condé où se trouve le siège du Mercure de France où il est un employé modeste mais à un poste clef pour l'observateur qu'il est. On le voit crayonner des portraits de toute la littérature qui défile dans son bureau. C'est à la fois comique et cruel, lucide et désenchanté.
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 14:23:33

Paul Léautaud et les chats.

Paul Léautaud et les chats.Qui aime les chats aimera Paul Léautaud et lui rendra justice. Celui que l'on déclare misanthrope, aura, vis à vis des chats, un comportement exemplaire, stupéfiant et désintéressé. Il est capable de tout annuler, jusqu'aux obligations de sa vie sociale, pour venir au secours d'un chat qu'il sait en perdition. Son attitude n'a pas le caractère esthétique ( et légèrement féminisé) de Baudelaire, mais la vigueur et le réalisme d'une infirmière, un rapport de bienveillance vis à vis de la faiblesse dont un  chat est censé être la victime. Un regard humain essentiellement et qui prend à travers ce qu'il en dit une allure épique. Toutes les petites vieilles qui se livrent au rituel d'aller donner aux chats abandonnés la nourriture dont parfois elles se privent, suivent l'exemple de Léautaud. On pouvait, dans les années 50, le croiser du côté de la station de métro Luxembourg (qu'il emprunte pour aller chez lui à Fontenay aux Roses) avec, à bout de bras, un cabas lourdement chargé de nourriture. Lui-même se nourrissant comme un ascète.
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 14:06:57

Un livre mythique : Vie et mort de Satan le feu d'Antonin Artaud.

 


 
 
posté le 07-07-2009 à 13:57:00

Le Paris de Baudelaire.

 


 
 
posté le 07-07-2009 à 13:32:04

La revue Temps Mélês au Soleil dans la tête.

La revue Temps Mêlés.  Des nombreuses revues qui croisent l'aventure du Soleil dans la tête, Temps Mêlés est l'une des plus singulières et celle qui se rattache le mieux à la tradition  surréaliste. On est du côté de la Belgique, sous l'égide d"un personnage devenu légendaire : André Blavier qui est l'auteur d'un livre "culte" consacré aux "fous littéraires". Parmi les nombreux cahiers de cette revue, un numéro fut consacré à René Crevel avec une prestigieuse collaboration de peintres et d'écrivains qu'il avait côtoyé. Choisirait-on Valentine Hugo ou Gabriel Paris, Jacques Hérold ou Lucien Coutaud, Denis Morog ou Man Ray, et les poètes venus au coeur de cet hommage d'un écrivain tendre, lumineux et au destin tragique : de René Char à Michel Leiris, de Pieyre de Mandiargues à Jacques Baron. C'était une couronne qui n'avait pas l'aspect d'une couronne mortuaire mais un faisceau de souvenirs de la prestigieuse aventure du surréalisme sous le signe de l'amour et de la mort.
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 12:37:59

Juan Romero chez Boltanski.

Juan Romero.C'est dans la petit galerie que Christian Boltanski (qui n'était pas l'artiste, célèbre d'aujourd'hui) avait dans les années 7O, rue de Verneuil, que je faisais connaissance avec l'oeuvre du peintre espagnol Juan Romero. J'aimais sa vélocité, ce graphisme trépidant, enveloppant, courant sur l'espace de la toile entraînant avec lui mots, signes et images. Une vivacité graphique qui ne jouait pas la violence mais la douceur, une certaine saveur qu'entretenaient des phrases de confidences que l'on découvrait au sein de ce tumulte graphique. On l'a malheureusement perdu de vue. Il expose un peu partout dans le monde m'a-t-il semblé.
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 12:25:45

Gabriel Paris et les poètes.

Gabriel Paris.Il a été l'un des premiers artistes à suivre fidèlement les activités de la galerie et, curieusement, son style, son mode de vie correspondaient plutôt à l'esprit Montmartrois, ce qui était d'autant plus étonnant c'est que le Soleil dans la tête, avant de s'arrimer rue de Vaugirard devait s'installer aux abords immédiats de la Place du Tertre, sur la Butte, ce qui aurait probablement totalement modifié son avenir, son destin et l'esprit de ses manifestations. J'avais une grande passion pour la Butte Montmartre et son histoire que je connaissais bien parce que quelqu'un de ma famille m'avait, quand j'étais tout enfant, entraîné dans ses promenades et fait connaître beaucoup de ceux qui avaient vécus l'aventure montmaroise, dans le souvenir de ses héros, de Picasso à Pierre Mac Orlan, de Francis Carco à Gen Paul, de  Paul Yaki à Van Dongen.
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 12:04:24

Henri Chopin, la poésie du sonore.

Henri Chopin le monde du sonore.Animateur de plusieurs revues qui illustraient son ouverture d'esprit (OU, Cinquième saison) Henri Chopin a toujours milité pour la poésie sonore et les recherches qui poursuivent, au delà du mode formulé, un espace où s'égarer. Car rien de ce que le langage a pour mission de définir subsiste dans ce traitement "musical" de la voix. Un magnétophone est le stylo de cette écriture qui va fédérer autour de lui d'anciens lettristes, des chercheurs venus de tous bords qui s'engagent dans cet au-delà des mots. Le "musée" historique de cette création est des plus singuliers et d'une formidable hétérogénéité : Lawrence Sterne, Dada, Antonin Artaud, William Burroughs, Fixé maintenant en Angleterre Henri Chopin poursuit son travail dans la confiance, voire l'admiration de toute une génération qui voit, dans la poésie sonore, un avenir. Consulter l'excellent blog :  www.macval.fr/letter/ 08/henrichopin.jpg
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 11:53:22

Les gourmandises bibliophiliques de P.A.B.

Les gourmandises bibliophiliques de PAB.Derrière ces initiales se cache (ou plutôt s'est imposé) l'un des plus singuliers éditeurs des années 60-9O :  Pierre André Benoit.Natif d'Alès il a travaillé dans cette région en divers lieux qu'il avait l'art de dénicher, comme Ribautes les Tavernes où sa maison, nichée dans des ruines, était ornée d'un grand motif de Miro. Car il avait des amis prestigieux et faisait illustrer les fort petits tirages qu'il sortait de ses presses par des artistes comme Picasso, Braque, Dubuffet, Alechinsky, Corneille, Bertini, André Masson, Vieira da Silva, Jean Hugo.Il est l'exemple même de cette tradition d'éditeurs qui militent pour une conception de l'édition bien éloignée des lois du marketing et s'appuie sur la fidélité et la passion des bibliophiles qui recherchent ces ouvrages où tout est raffiné tant le choix du papier que des caractères, le poèmes gagnant ainsi un véritable écrin qui le valorise. On parlera ici souvent de ces "petits" éditeurs qui font la gloire et l'honneur de leur métier. PAB est l'un d'eux, et pas des moindres. Son exemple a été suivi : voir agostiniveronique.midiblogs.com/.../
 


 
 
posté le 07-07-2009 à 11:40:45

Bruno Durocher, un survivant

Bruno Durocher, l'aventure d'un survivant.Bruno Durocher fait parti de ceux, très rares, qui revinrent "des camps". C'était en  1945. La publication d'un recueil de ses poèmes chez Seghers attire l'attention de René Char, Cendrars, Pierre Reverdy. La voie était toute tracée. Poète, Durocher serait éditeur pour être au plus près de ceux qu'il aime et veut publier. Il y aura Pierre Albert-Birot, Jean Cassou, Jean Cocteau, Tristan Tzara, Max Jacob, Pierre Jean Jouve, Raymond Queneau, Supervielle, Jean Rousselot, Michel Ragon.C'est par ce dernier qu'on le rencontre dans les années 5O. Il avait créé son imprimerie artisanale cité Bisson, dans le XX° arrondissement, puis l'avait transportée rue Gît-le-Coeur, rue de la Harpe, rue Hautefeuille, un temps rue du Faubourg du Temple pour finir rue de l'Arbalète au coeur du quartier Mouffetard, dans ce vieux Paris tout imprégné de souvenirs littéraires. Ce fut le quartier de François Villon, de Restif de la Bretonne. Sur cette montagne Sainte Geneviève qui est le mont de l'esprit et de la révolte.Durocher, aujourd'hui disparu, avait l'allure du prophète, la morgue du protestataire, le coeur d'un frère de pensée. La "colonie" polonaise a toujours était, à Paris, un formidable vivier de talents. On retrouvera Durocher sur notre chemin. Il est semé d'étoiles rares.
 


 
 
posté le 06-07-2009 à 16:07:37

Isabeau de Bavière boudée par Gérard de Nerval.

 


 
 
posté le 06-07-2009 à 15:57:20

Isabeau de Bavière et Paris.

La vie d'Isabeau de Bavière est étroitement liée à celle de Paris. On peut encore aujourd'hui suivre les traces de son passage dans le quartier du Marais. Il n'existe plus de bâtiments (l'hôtel de la rue Barbette, l'Hôtel Saint Paul -emplacement aujourd'hui du village Saint Paul) tout au plus le goulet où son amant Louis d'Orléans est tué par les sbires du duc de Bourgogne (rue des Francs Bourgeois). On a illustré son "entrée" dans Paris, geste essentiel dans la reconnaissance d'un souverain, prise de possession de son domaine et affirmation de son pouvoir.
 


 
 
posté le 06-07-2009 à 15:41:08

La femme flambée dans tous ses états.

La femme flambée ( de la Saint Vierge à Brigitte Lahaie).C'est sous ce titre qu'un livre avait été imaginé (il y a plus de dix ans) et qui n'est jamais terminé tant le sujet s'étend en multiples ramifications. La femme flambée est celle qui dépassant les limites de sa condition ( tant physiques que sociales) peut aller jusqu'au bout de son destin, de ses aspirations, et naturellement de ses fantasmes. Soit qu'elle tienne son destin en main, et l'accomplisse, soit qu'elle soit désignée comme telle par l'histoire et l'image que l'on se fait d'elle. Elle devient une icône.Cela peut aller de Camille Claudel à la du Barry en passant par Charlotte Corday, Carmen, Eugènie de Guérin, Gabrielle d'Estrées, Jeanne Duval (la maîtresse malade de Baudelaire), Jeanne d'Arc, Justine et Juliette (les héroïnes de Sade), Katherine Mansfield, Laure Peignot (la maîtresse de Georges Bataille), Louise de Lavallière, Lucile Desmoulins, Lucrèce, Messaline, Julie de Lespinasse, Madame Roland, la reine Margot, Ninon de Lenclos, Olympes de Gouges, Nancy Cunard (la maîtresse d'Aragon), Nana (l'héroïne de Zola), Saint Thérèse d'Avila, Sarah Bernhardt, Salomé, Théroigne de Méricourt, Valtesse de la Bigne, Virginia Woolf, Renée Vivien, la comtesse de Noailles, Nadja (héroïne d'André Breton), Marguerite Moréno, Manon Lescault, Nusch (la femme d'Eluard)....Une liste enrichie chaque jour de nouveaux noms en fonction de lectures.
 


 
 
posté le 06-07-2009 à 15:11:37

Valtesse de la Bigne, une aventure galante.

Valtesse de la Bigne.Il était facile et tentant, quand on s'appelait Lucie Emile Delabigne, de s'intituler pour la façade  Valtesse de la Bigne. Ascension sociale oblige. Cette fille d'une lingère normande ( née n 1848) va, "via les planches", entrer dans les lits de quelques personnages d'influence avant d'ouvrir le sien (devenu mythique) à de généreux donateurs, admirateurs, et, il faut le reconnaître, un certain savoir faire et un appétit de culture qui ne manque pas d'être touchant. On la baptisera "l'union des artistes" en raison de son souci de conduire son "salon" du 98 boulevard Malesherbes en un lieu de rencontre d'écrivains et de peintres que son charme attirait. Elle fut même peinte par Manet, ce qui excuse ses faiblesses pour le charmant Gervex qui en fit sa muse. Elle se pique même d'écriture et commet un roman qui ne pouvait qu'être autobiographique sous le titre Isola (et signé Ego ce qui est une manière subtile d'avouer son tempérament). Ecoutons Zola évoquant le fameux lit : "Un lit comme s'il n'en existait pas. Un trône, un autel où Paris viendrait admirer sa nudité souveraine..."
 


 
 
posté le 06-07-2009 à 14:55:49

Un lit, un trône.

Femme flambée 6Du côté des "lionnes" et autres "biches". Une promenade dans le territoire de la femme flambée ne pouvait éviter une incursion, même légère ( ce qui serait de mise !) du côté de ces femmes qui vont, à la fin du XIX° siècle, tenir le haut du pavé, étaler leur richesse, épater le bourgeois et entraîner à la ruine les fils de famille qu'elles dévergondent. Voir "Nana" de Zola qui campe admirablement cette société et ces courtisanes souvent venues "du ruisseau" et qui se donnent des noms nobiliaires, afin de se mieux mêler à leurs victimes. Elles donnent le ton de la mode, émerveillent les badauds et sont autant de destins souvent tragiques. Le théâtre dont elles tâtent souvent les planches, est un tremplin idéal pour se faire remarquer. Ce qui ne manque pas de sel car, à tout prendre, on sait bien que s'afficher avec une courtisane relève du standing de ces dandys surtout hâbleurs et sans cervelle. D'amour il n'est question que pour s'en jouer. Ces Valtresse de la Bigne, Blanche d'Antigny, Alice Ozy, Cora Pearl, Edmilienne d'Alençon, Lina de Pougy ont inspiré de nombreux commentateurs, historiens, chroniqueurs. A lire Aurian, Françoise d'Eaubonne. Photographie, le lit de Valtesse de la Bigne dont Zola s'inspirera pour décrire celui de Nana. Un lieu stratégique de la vie galante. 
 


 
 
posté le 06-07-2009 à 11:09:29

Jardin secret, jardin perdu.

L'émancipation de nos pas nous éloigne parfois des objectifs préalablement fixés. On parlait de jardin, on tentait d'en découvrir quelques uns, mais l'amour des bosquets peut aussi nous réserver des surprises. Faisons étape dans ce qui est un jardin secret, un jardin de ville. C'est au 20, rue Jacob, derrière une porte férocement défendue qui en interdit l'accès. D'ailleurs il a perdu beaucoup de son charme et de son prestige. Il entourait le "temple de l'amitié" qui avait été créé par l'étonnante Nathalie Barnay ( une excellente biographie sur elle de Jean Chalon) éprise de liberté et qui avait la moyens financiers d'en savourer les plaisirs. Elle clamait son homosexualité féminine (elle est au coeur de l'intense vie culturelle des lesbiennes au début du XX° siècle). C'est à elle que sont adressés les "Lettres à l'amazone" du prodigieux Remy de Gourmont, un voisin ou presque, de la rue des Saints Pères.Le "salon" de Nathalie Barnay est au coeur de la vie mondaine et culturelle de son époque. Il est infiniment plus intellectuel que celui de la duchesse de Guermantes (alias madame Grefhulle) héroïne de la Recherche du temps perdu. Sans doute la féminité y est exaltée mais l'homme, s'il est créateur, y a droit d'accès. Le jardin dans tout cela ? Il est un morceau échappé à la rage des urbanistes qui tente de survivre au milieu des immeubles. On devine, derrière les murs, la rue Visconti autre lieu inspiré.
 


 
 
posté le 06-07-2009 à 10:57:16

Artaud en passant.

Artaud, en passant.On sait combien le passage d'Artaud dans le ciel contemporain de la pensée pèse sur les âmes et les consciences de ceux qui ont eu le bonheur (ou le risque) de le rencontrer. Ame ardente et brûlée, elle conduit vers une lucidité (et une colère) qu'il est difficile d'assumer quand on veut protéger un quotidien rassurant, des relations de convention avec le monde. Il met le doigt sur ce qui fait mal, il invective notre conscience, il milite pour cet "ailleurs" invoqué par Rimbaud, un état supérieur de l'homme, un dépassement des frontières de notre conscience des limites de notre corps. C'est du corps qu'il est question, parce que profondément malade et à le merci du monde médical, Artaud s'insurge contre ceux qui veulent s'emparer de sa conscience au nom de sa santé. On sait combien il s'achemine vers un délabrement corporel d'autant plus injuste et révoltant qu'il incarnait, dans sa jeunesse, une image d'archange (voir les films dans lesquels il est amené à jouer).Ses derniers ouvrages, délicatement édités par les éditions K (un modèle du genre) jalonnent une pensée moins pieuse qu'incandescente.
 


 
 
posté le 06-07-2009 à 10:38:22

Pierre Minet, dans les marges.

15h11 - Pierre Minet et l'adolescence rebelle. - Général
 


 
 
posté le 06-07-2009 à 10:27:07

Essai sur le labyrinthe.

Une affaire de Labyrinthe.On avait, à la revue Sens Plastique, organisé des expositions dont le thème était le jardin. Il en fut une (présentée chez le peintre Weinbaum, à Orsay) plus proche encore des ambitions qui en justifiait la reprise. L'espace permettait de déployer les oeuvres de références dans un circuit qui fut aussi celui d'une fête. Il y avait là tout le gratin des arts des années 6O, de Rancillac à Christo. On se rapprochait du thème du labyrinthe qui était le moteur de toutes ces expositions qui se voulaient des itinéraires allégoriques. On revient ainsi à la tradition, dont celle qui fut à l'origine du fameux Labyrinthe dessiné dans le parc de Versailles et qui fut malheureusement détruit. Il avait été inspiré par des textes de fabulistes ( La Fontaine, piètre courtisan fut un peu évincé) et conçu comme un itinéraire d'initiation ( pour l'éducation des princes). Il y aurait long à dire sur l'étonnante force de persuasion que pouvait avoir ce type d'enseignement qui mêlait l'utile à l'agréable. A quand sa reprise dans le monde de l'éducation?S'il n'existe plus, le Labyrinthe de Versailles a laissé plusieurs témoignages dans le monde de la peinture. Dont la série des compositions de Cotelle, d'une aimable distinction. "L'esprit" de la nature y est respecté, mais la description du labyrinthe lui même n'en est pas pour autant négligée.
 


 
 
posté le 06-07-2009 à 10:08:22

K comme Kafka

K la lettre clef. Elle désigne le personnage ( c'est Kafka lui-même), elle désigne le n'importe qui (propre à endosser l'histoire contée). Une histoire d'absurdité, un chemin tragique. Prague est présente dans le décor, encore qu'il sorte du pittoresque de la ville pour ouvrir sur des atmosphères de nulle part. On va s'y promener. Angoisse existentielle garantie. Rarement on a porté aussi mal la nécessité de vivre, le poids du réel. Le fantastique n'y est pas de mise, la frontière entre rêve et réalité n'est pas aussi flou que chez Nerval, elle est plus ancrée dans le réel, mais l'absurde y règne qui fausse le jeu, entraîne vers des catastrophes, des pièges où la vie est broyée. On parlera, à propos de Kafka de "machines célibataires " (on en trouve aussi chez Alfred Jarry, chez Raymond Roussel, d'où les liens de parentés qui peuvent se créer de l'un à l'autre).
 


 
 
posté le 06-07-2009 à 10:01:47

Ecrasé par son père

 


 
 
posté le 06-07-2009 à 09:46:49

Poésie dez jardins au moyen-âge

La poésie des jardins au moyen-âge.Paradoxalement le jardin au moyen-âge est plutôt urbain. Il se cache dans les cours des hôtels particuliers, se développe (avec modestie et mesure) à l'intérieur des enclaves et dans les couvents. Il peut aussi s'inclure dans les défenses du château-fort. Le manque de place l'incline à se nicher sur des terrasses, gagnant sa place dans un contexte guerrier, apportant dans une architecture rude et sévère les agréments que l'on accorde à la femme. Il participe à la cérémonie du repos du guerrier.  Les châteaux "accueillent dans leurs courtils, des jardins sobres qui bientôt rendront plus mystérieux les labyrinthes de buis et plus précieuses les variétés de fleurs odorantes apportées d'Orient par les Croisés..."Lieu de méditation et de douce convivialité. Les miniatures qui se plaisent à le décrire y dispose des figures sorties des romans de chevalerie. Il est le cadre d'une "cour d'amour", où croisent gentes dames et troubadours.  Déjà s'amorce l'idée du jardin associé aux relations galantes qui va prédominer au XVIII° siècle.Il peut aussi être allégorique et d'essence religieuse. N'est-il pas, à la mesure humaine, l'idée, retravaillée par l'époque, du Paradis dont parle la légende.Souvent il est le laboratoire des recherches menées sur les plantes et leurs vertus.C'est la version du jardin médicinal. On évoquera Saint Fiacre, "patron des jardiniers"
 


 
 
posté le 05-07-2009 à 19:05:11

Autour de la comtesse de Ségur.

Nous voici réunis autour de la comtesse de Ségur. D'une famille liée à l'Histoire elle fait sa pelote d'histoires qui relèvent du quotidien, jouant les grand-mères avec une attention attendrie pour les jeunes enfants qui passent les "grandes vacances" dans son château normand. L'époque voulait qu'il en fut ainsi. Un lien étroit liant les générations, il est vrai dans des milieux favorisés et en mesure de donner un cadre agréable aux premiers émois enfantins. Le succès littéraire de la bonne comtesse, n'est-ce pas, justement, cette exemplarité et l'attrait d'un milieu qui donne le ton. Maintes petites filles de la fin du XIX° siècle, et durant tout le XX° se sont abreuvées aux aventures de Camille, Madeleine et de la turbulente Sophie. On dira aujourd'hui que tout cela est dépassé, non sans raison sans doute. La petite fille d'aujourd'hui ( sauf dans certains milieux privilégiés) ne ressemble guère aux "Petites filles modèles" et, devenues adolescentes ,(précocement) elles ont  plus pour modèles les Lolita qui se trémoussent à Star académie. Le monde de la comtesse de Ségur est inscrit dans le passé. Un  grain de nostalgie pour celui (et celle bien sûr) qui s'y attarde.
 


 
 
posté le 05-07-2009 à 18:46:35

Youki Desnos, une muse.

Youki la muse.Elle doit son nom, "rose" en japonais, au peintre Foujita qui l'avait pour modèle (voir "Le nu allongé") et pour maîtresse. Elle était une "reine" de Montparnasse. Bonne fille, légère, amie des artistes et menant une vie de fête perpétuelle, d'ateliers en dancings, de cafés en parties de campagne. Après Foujita ce fut Robert Desnos qui l'adopta comme muse. Elle lui inspire de beaux et souvent pathétiques poèmes (comme le tout dernier, retrouvé, lors de sa mort en camp de concentration). Robert  Desnos fut une des figures majeures du surréalisme. L'attrait de Youki entre dans la mythologie de ce mouvement qui plaçait la femme au coeur d'une vie sentimentale largement rendue publique pour autant que peintres et poètes célèbrent leur muse et lui donne une célébrité.Je me souviens lui avoir rendu visite dans les années 50, dans le fameux appartement de la rue Mazarine. Elle y vivait dans un désordre confinant à la misère. C'était la fin de la matinée, elle était dépoitraillée, sans doute un peu soûle.Avec ce naturel propre aux femmes qui ont vécu la  bohème, elle m'offrait comme apéritif, le vin rouge qu'elle devait probablement boire quand j'arrivais chez elle, accompagné d'un camembert étalé dans son emballage.J'avais en mémoire le magnifique poème de Desnos :J'ai rêve tellement fort de toi,J'ai tellement marché, tellement parlé,Tellement aimé ton ombre,Qu'il ne me reste plus rien de toi.Il me reste d'être l'ombre parmi les ombresD'être cent fois plus ombre que l'ombreD'être l'ombre qui viendra et reviendra dans ta vie ensoleillée.
 


 
 
posté le 05-07-2009 à 18:31:03

Philippe Dereux, l'artisan des épluchures.

L'artisan des épluchures.Ce qu'une bonne ménagère jette à la poubelle, Philippe Dereux le conserve précieusement. Ce sont les épluchures des fruits et légumes dont il se sert pour créer tout un petit monde narquois, des personnages d'une sorte de guignol intime et savoureux. Il a aidé Dubuffet dans sa chasse aux papillons quand celui-ci voulait en faire la matière première d'une série d'oeuvres chatoyantes. Plus modestement, dans sa cuisine, Philippe Dereux conçoit un monde à la ressemblance d'une réalité qu'il transpose non sans parfois une pointe d'amertume, un brin d'acidité. Ambiguïté fondamentale d'une oeuvre qui n'a d'autres références que le quotidien de son auteur, constituant une sorte de journal intime de sa vie. D'ailleurs il a écrit une Traité des épluchures d'une lecture salvatrice, comme quoi la sagesse vient souvent de ceux qui savent rire d'eux-mêmes et plonger à vif dans ce que l'art, d'ordinaire, refuse. C'est là son caractère contemporaine ( on dira "moderne") qu'il ne vise pas le beau tel qu'on le concevait jusqu'alors mais une certaine vérité. Faute de mieux on classe Philippe Dereux parmi les artistes de "l'art brut". A revoir !
 


 
 
posté le 05-07-2009 à 18:14:22

Max Jacob un parrain caché.

Ma Jacob un parrain cachéMême absents ( ici, mort dans l'horreur de la déportation), certains poètes influent profondément sur la vie et les rapports entretenus en un lieu qui fédère des passions, nouant des liens entre des personnes qui s'y retrouvent comme, disait-on, dans les "salons", ou surtout les cafés au XIX° siècle.Un café voisin, d'ailleurs, à l'enseigne du Petit Suisse, servait d'antichambre voire d'annexe à la fébrilité de la vie sociale de la librairie du 1O, rue de Vaugirard.Absent donc Max Jacob était la référence obligée pour tous ceux qui revendiquaient une appartenance plus ou moins souple avec l'Ecole de Rochefort. Comme le voyait Roger Toulouse c'était un homme de cabinet (proche du moine) mais aussi de terrain. A la rude épreuve de la vie. Et Max Jacob incarne bien cette étrange dualité qui le voit à la fois noceur et repentant. La nuit dans les orgies et au petit matin servant la messe, ayant remonté toutes les marches menant au Sacré Coeur sur les genoux, comme dans l'humilité de la confession. De Max Jacob on reparlera souvent. Il est unique, lumineux derrière ses facéties. La morale peut jaillir derrière la farce. De ce côté là Max Jacob rejoint Alfred Jarry.
 


 
 
posté le 05-07-2009 à 18:07:26

Jean Rousselot au coeur des signes.

L'intérêt porté par Jean Rousselot aux arts plastiques rejoint celui plus connu qu'il porte à la poésie jusqu'à s'en faire (avec Robert Sabatier)  l'un de ses plus sagaces historiens. Poète lui-même, il aimait griffonnait aux marges de ses manuscrits ou dans le rythme même de l'écriture. On avait, au Soleil dans la tête, rassemblé ses dessins dont on aimait le caractère résolument intimiste et surtout hors des sentiers battus, des modes et des circuits officiels. C'est à ce stade que s'appréciait le mieux la saveur des signes, griffes, volutes, images qui en naissaient se développaient et s'harmonisaient sur la surface de la page. Tout naturellement une telle pratique du dessin (ou de la peinture) conduit au collage. Comme tant d'autres poètes (dont Jacques Prévert, on y reviendra) firent de même. Voici ces collages rassemblés, joliment, par les éditions Nanga et Jérôme Feugereux (voir leurs sites). 
 


 
 
posté le 04-07-2009 à 17:42:36

Camille Claudel, une âme de feu.

Camille Claudel, une âme de feu, un corps de cendre.L'aventure amoureuse de Camille Claudel et d'Auguste Rodin, est passée dans la légende. Parce qu'elle marque le point de fusion, et de rupture entre deux caractères aussi forts que le talent qui en résulte, donnant forme à des élans, des passions, des appétits, qui marquent d'une manière indélébile leur siècle, le temps de leur présence au monde quand l'oeuvre, défiant le temps, porte haut les couleurs d'une quête ardente. Une fusion telle que parfois il est malaisé de distinguer l'oeuvre de l'un par rapport à l'autre et de s'interroger, sur le jeu complexe des influences.  Camille Claudel, née dans une modeste maison de Villeneuve-sur-Fère, dans l'Aisne, va mener une carrière d'artiste à Paris avant de sombrer dans la folie. Ses rapports amoureux avec Rodin sont compliqués par la vie domestique de ce dernier, et les ambitions d'un sculpteur qui va faire une carrière officielle, quand Camille reste dans l'ombre. Paul Claudel, son frère, aura une attitude ambiguë avec cette hypocrisie propre à certains catholiques qui veulent ménager les apparences, d'autant que sa carrière diplomatique le met dans une position délicate. C'est dans une totale solitude morale que Camille Claudel doit assumer son destin. D'où la folie qui est le résultat d'une sorte de vertige mental. Un  génie brisé.
 


 
 
posté le 04-07-2009 à 17:29:58

Nadja, à la folie.

Nadja. Un nom qui sonne l'exotisme et le mystère, qui résume tout l'esprit du surréalisme, qui s'incarne en une femme, passante considérable mais fugitive dans la vie d'André Breton qui en fera l'héroïne d'un de ses plus beaux livres.
 


 
 
posté le 04-07-2009 à 16:21:57

Un salon qui chauffe.

Un rendez vous comme on les aimait au Soleil dans la tête. Le maître de maison est J.H. Sainmont (haut dignitaire du Collège de Pataphysique). Il a rassemblé sous la houlette d'Alfred Jarry ( pape en absurdie) : Léon Paul Fargue ( un copain de débauche qui fut aussi celui du douanier Rousseau), Germain Nouveau (quand il ne mendiait pas aux portes de églises), Jules Laforgue (qui regardait la lune depuis sa soupente de la rue Monsieur le Prince), Alphonse Allais (qu'on retrouvera dans un bistro près de la gare Saint Lazare, devant une absinthe), François Laloux ( dont j'aime bien les peintures en mouvement de la main ), Raymond Queneau (qui bafouille des chiffres), Apollinaire ( qui est partout), Julien Torma (avec qui l'on aura rendez vous plus tard) et Jacques Rigaut, en salon qui chauffe.
 


 
 
posté le 04-07-2009 à 16:12:14

Julien Torma, une fiction ?

 


 
 
posté le 04-07-2009 à 15:56:04

Cendrars en voyage.

 


 
 
posté le 04-07-2009 à 15:46:17

Paroles d'Homère.

Découverte dans une brocante (dans l'Essonne).Jetés, abandonnés, oubliés parmi les succès littéraires d'aujourd'hui (si loin de la littérature), des volumes dépareillés du magistral ouvrage de Victor Bérard (publié chez Armand Colin en 1929). Ce sont les "Navigations d'Ulysse". On y rencontre Pénélope Calypso et Nausicaa, ces figures qui hantaient les jeunes élèves qui voulaient se familiariser avec l'étude du grec ancien. Rares aujourd'hui. Pourtant le mythe d'Ulysse n'a rien perdu de son prestige. Et voici, au Club du Livre (1948) l'Odyssée. On y parle souvent de l'assemblée des dieux. Une poignée d'hommes et de femmes aux métamorphoses surprenantes, aux attitudes si proches de celles qui nous guident. Mais les dieux ne sont-ils pas les reflets de l'humanité ? Vaste leçon. C'est aussi une assemblée que, d'ordinaire, les peintres qui évoquent Homère, imaginent autour de la figure du noble vieillard aveugle s'accompagnant de sa lyre. A comparer avec la réunion des enfants qui entourent la grand-mère lisant des contes. On va bientôt la rencontrer.
 


 
 
posté le 03-07-2009 à 18:05:25

Comment j'ai écrit (Raymond Roussel).

Roussel et une méthode littéraire.  La singularité de l'écriture de Roussel est moins dans le sujet (généralement très banal)) que dans la méthode. En gros : on prend une phrase (c'est le début d'une histoire) et l'on en invente une autre, qui lui ressemble phonétiquement mais lui est totalement étrangère, elle évoque tout autre chose. Conclusion, on a deux propositions sans aucun rapport. L'exercice littéraire consiste à aller de l'une à l'autre en créant une histoire, serait-elle teintée d'absurde ou de loufoquerie, ce qui est d'ordinaire le cas. Il y a quelque chose de la performance, une sorte de défi mental, de jonglerie intellectuelle, et, au delà de l'habileté dont témoigne cet exercice, qui parfois demande de longues séances de travail, un effort inimaginable, une plongée vertigineuse dans le vocabulaire. N'est-ce pas aussi le rôle de la littérature de se risquer dans les méandres des mots, le texte est un labyrinthe où parfois on cherche le Minotaure. Quand on l'a trouvé, on doit le tuer, et l'on a gagné. 
 


 
 
posté le 03-07-2009 à 17:55:32

Le porte plume de Raymond Roussel.

22h51 - Une histoire de Plume - Général Le porte-plume de Raymond Roussel.Parmi ses textes les plus curieux, Roussel (dans La Vue), se plonge dans la contemplation quasi hypnotique d'une petite vue incluse dans une boule minuscule sertie dans la manche d'un porte plume. C'est un peu, pour lui, ce qu'est la madeleine de Proust, une sorte d'amorce pour l'imaginaire et la sensation.Le porte-plume en question a une charge suffisante de suggestion, serait-il sans ornement et d'une sobriété monastique, pour que l'on s'y arrête. Porter la plume c'est faire l'oiseau. Le porte-plume serait alors l'envol des mots, le véhicule d'une pensée allégée de toute lourdeur ou pesanteur contraignante et  superflue.  Une plume affûtée, mais aussi agile et aérienne que l'oiseau dont elle épouse le règne et avec lequel elle se confond, épousant sa grâce, son pouvoir unique de transcender les lois de la pesanteur et ira se confondre avec le ciel, se noyant d'azur comme dans une ivresse qui défie les contraintes habituelles de l'homme attaché à la terre et à elle destiné.La Vue, s'est arrêtée sur un détail de ce porte-plume, et dans la transparence du cristal qui enserre l'image, aura scruté les échos multiples d'une représentation qui arrache le scrutateur à la pesanteur de l'instant. Regarder avec force une image (quelle qu'elle soit) nous transporte. Nous fait voler. Nous fait l'égal de l'oiseau. Roussel est là voisin du douanier Rousseau. On y reviendra.
 


 
 
posté le 03-07-2009 à 17:31:29

Van Gogh vu par Artaud.

Placer Van Gogh sous le signe d'Artaud ("Van Gogh le suicidé de la société") c'est moins orienter l'action et la personnalité du peintre que donner le ton de sa démarche et ce par quoi elle se distingue de toutes celles qui lui sont contemporaines et avec lesquelles on est bien obligé, historiquement, de la comparer.Loin de corriger cette vision, la connaissance de la correspondance renforce ce sentiment d'un être à la dérive parce qu'impropre à jouer le jeu social dans son hypocrisie, ses lâchetés, ses conventions, et parce que son ambition est moins d'atteindre la gloire que la compréhension de ceux avec lesquels il veut partager sa connaissance intime du monde, l'approche de son sens profond.Il use d'une écriture sobre, simple ( comme l'est son dessin) avec cependant une force expressive, une ténacité qui est celle du prêcheur (qu'il fut). Il n'écrit et ne peint que pour "convaincre" et la folie est le refus des frontières que d'ordinaire on construit autour de soi pour paraître au mieux de soi-même. Il y aurait de l'impudeur dans son comportement, comme c'est souvent le cas chez un saint qui défiant l'opinion affiche sa foi, quitte à s'y perdre.D'où la totale justesse de la remarque d'Artaud évoquant le suicidé "de la société".
 


 
 
posté le 02-07-2009 à 17:15:37

La revue des revues.

Il est du rôle de librairies attachées à la vie littéraire, de donner leur chance de diffusion à des revues confidentielles qui échappent aux réseaux classiques de distribution. Le Soleil dans la tête, comme ses consoeurs le Minotaure, la Hune, Le Pont traversé, toutes librairies de la même famille, va entretenir avec les revues de poésie des relations étroites que scandent des expositions qui leurs sont consacrées, des signatures des auteurs qui l'animent, et des confrontations de tous genres qui entretiennent des rapports de sympathie entre les écrivains et un public qui pour être plutôt rare n'en est pas moins dynamique et si précieux pour la survie de la littérature. Osons donc une "revue de ces revues" sans prétendre être exhaustif, mais en osant marquer des préférences, afficher des complicités, énoncer des jugements.On commencera par l'une des plus modestes, les plus pauvres sans doute, mais qui attirait ma sympathie parce qu'elle était tirée sur une petite presse à bras, pas trop soucieuse de cacher ses origines artisanales. C'était  ALTERNANCES qui nous venait de Caen (41 avenue du 6 juin), animée par Robert Delahaye, poète lui-même. Il avait, sur ma suggestion, consacré un numéro spécial à Pierre Albert-Birot, un des mes écrivains fétiches, et un autre à La Magie de la Plante qui faisait écho aux expositions Propositions pour un jardin du Soleil dans la tête où l'on retrouvait les mêmes participants. Le sommaire en était brillant et surtout significatif de l'état de la poésie à l'époque : Yvonne Caroutch, Roger Toulouse, Gaston Puel, Marc Alyn, Jean Igé, Henri Rode, Pierre Garnier, René Witold, Pierre Hahn, Jean Grosjean, Patrice Cauda, Loys Masson, Edmond Humeau, Gabriel Paris, Pierre Chabert, Pierre Boujut, Jean Rousselot, Serge Brindeau, André Malartre, André Miguel, Michel Manoll, Charles Autrand, Philippe Durand, André Blanchard, Jean Laurent, Jean l'Anselme, et naturellement Robert Delahaye
 


 
 
posté le 02-07-2009 à 16:38:27

Robert Ganzo, bouquiniste et poète.

15h03 - Robert Ganzo bouquiniste et poète - Général
 


 
 
posté le 02-07-2009 à 16:24:01

Jean Couy, le lunaire.

16h30 - Jean Couy le lunaire - Général
 


 
 
posté le 02-07-2009 à 16:16:12

Le collège de Pataphysique.

Multiples et de connivence, furent les rapports avec les éminents membres du collège de pataphysique qui honoraient le Soleil dans la tête de leur fréquentation aussi assidue que narquoise, venant vérifier la qualité de la "production" littéraire qui y était proposée. L'abondance de la littérature surréaliste assurant d'une bonne direction encore qu'une volonté farouche d'indépendance se risquait dans des choix parfois paradoxaux. Mention spécial de J.H.Sainmont, personnage de roman (voir ce qu'en fait Henri Thomas) dont on aimait les billets d'une écriture aussi minutieuse que délicate ( seul Bellmer pouvait rivaliser avec lui dans le genre).On attendait toujours avec une vive impatience la parution des Cahiers du Collège et son accompagnement de brochures rares et secrètes. Grâce à elle on  avait pu découvrir Julien Torma. Aujourd'hui il parait que l'on trouve ces Cahiers à la librairie V a l'Heure, 27, rue Rodier. Heureuse adresse.
 


 
 
posté le 02-07-2009 à 16:02:14

Jacques Hérold, l'Aigle mademoiselle.

Jacques Hérold l'aigle foudroyé.Après avoir donné une illustration à "D'où je viens", édité par PAB (voir prologue de ce blog, page 1), Jacques Hérold était devenu un visiteur attentif du Soleil dans la tête et participa furtivement à quelques expositions collectives. On appréciait grandement ce peintre-poète venu de Roumanie (il avait conservé un accent rocailleux et sonore) qu'on allait voir, aux beaux jours, dans son  repaire de Lacoste (au château du marquis de Sade). Il avait été un illustrateur de quelques uns des auteurs les plus audacieux comme Georges Bataille ou Francis Ponge, mais aussi des surréalistes et, tête de pont de cette navigation en haute mer de la pensée flamboyante : le marquis de Sade.Il inventait des figures d'écorchés (ayant lui même écrit de très beaux textes sur le problème) et tailladait des héros de l'enfer. Admirable graveur, il faisait sortir de "l'eau forte" des fantômes de derrière les miroirs. André Breton l'avait chaudement adopté dans son cercle d'intime en même temps que son ami et compatriote Victor Brauner.
 


 
 
posté le 02-07-2009 à 12:57:11

Ecole de Rochefort un air de campagne.

La cour d'école de la poésie.Sensible à l'esprit des lieux on est, au Soleil dans la tête, attentif à toute entreprise de restitution d'un itinéraire qui souligne ou explique une oeuvre, et souvent l'illustre. René Guy Cadou a, de surcroît, le mérite d'apporter une voix (et une voie) nouvelle à la poésie, surtout que dans les années 5O alors que l'on apprenait la mort prématurée du poète à Louisefert on  recueillait les souvenirs et les témoignages de tous ceux qui avaient animés l'Ecole de Rochefort ( du nom du village où Cadou, nommé instituteur fédérait les oeuvres de ses amis Jean Bouhier, Marcel Béalu, Jean Follain, Lucien Becker, Luc Bérimont, Michel Manoll, Jean Rousselot).Cécile Guivarch offfre sur son site Franco Semailles un sobre mais sensible itinéraire René Guy Cadou qui reste vendéen.Millas Martin, l'éditeur de bien des jeunes poètes à cette époque là, avait édité un très précieux recueil autour de cette Ecole de Rochefort qui y associait aussi l'énergie d'un jeune poète Michel Ragon et l'adhésion du peintre Roger Toulouse qui restera toujours attaché à l'esprit du groupe, et à sa mémoire.
 


 
 
posté le 02-07-2009 à 12:43:41

René Rougerie l'éditeur des poètes.

C'est bien la poésie présente que René Rougerie sauve de l'ignorance et donne à lire dans des ouvrages traités "à l'ancienne". Il faut lire l'émouvant ouvrage qu'il a lui-même écrit pour expliquer son parcours (voir sur google le site René Rougerie). Se situant dans la lignée des "grands", comme GLM ou José Corti, il accuse le caractère artisanal qui donne un charme supplémentaire à ses livres. Impossible de retracer toute l'histoire de cinquante ans d'un activité jalonnée par la révélation, la réhabilitation ou la sauvegarde d'oeuvres historiques comme celles de Pierre Albert-Birot, Andrè Suarès, Joe Bousquet et  de contemporains de Jean l'Anselme à Marcel Béalu.Il a été aussi l'imprimeur de la revue Sens Plastique (une trentaine de numéros dans les années 6O) . Dans le merveilleux petit village de Mortemart il pérennise une "mission" aujourd'hui de survie face à la déchéance culturelle victime de la mondialisation et de la bourse. Ils sont quelques uns, artisans, qui se battent pour donner un sens aux mots, vitaliser des élans souvent juvéniles et se faire les protecteurs d'un patrimoine littéraire en danger. On en reparlera.
 


 
 
posté le 02-07-2009 à 12:38:35

Bucaille et les cris de la fée.

Max  Bucaille le promeneur des rêves.Rien en lui, modeste professeur de mathématiques à qui j'avais rendu visite (je crois avec le poète Jacques Boursault) dans son petit pavillon de banlieue (à Créteil)  ne pouvait laisser supposer l'étonnant inventeur de rêves qui s'est affirmé dans l'art du collage, un peu dans le voisinage du Max Ernst de "Rêves d'une petite fille qui voulait entrer au Carmel". Bucaille avait surtout travaillé avec les poètes du groupe de La Main à Plume qui, pendant l'occupation, a maintenu l'esprit surréaliste dans un Paris gris et écrasé de honte. Il était le complice amusé et savant d'un Noël Arnaud dont il sera question un jour, tant a été capitale son intervention dans la lecture, la diffusion et la reconnaissance d'écrivains marginaux. Et l'élaboration d'une oeuvre poétique qui rendait son hommage à Alfred Jarry.Max Bucaille invente des images puisées dans les vieux magazines, les gravures du Magasin Pittoresque, il créé ainsi un monde savoureux et insolite, étrange et porteur de toutes les dérives imaginaires possibles.
 


 
 
posté le 02-07-2009 à 12:10:36

La Tour de feu, si bien nommée.

La Tour de feu si bien nommée.Toute l'équipe de la Tour de feu ne répugnait pas, ayant quitté les bocages parfumés de Jarnac, et ses eaux sinueuses, la fréquentation du Soleil dans la tête où la revue était soigneusement mise en valeur, tant étaient séduisants ses sommaires, et surtout parce qu'elle affichait une indépendance d'esprit qui était dans la politique même de la librairie et surtout parce que la Tour de feu, tout comme le soleil dans la tête, était un peu le carrefour des esprits, plutôt portée à la polémique mais soutenue par de vaillants guerriers de l'esprit. Comment ne pas évoquer Adrian Miatlev, le plus combattant, portant haut et d'insolence sa verve critique et sa parenté avec des esprits libres comme Antonin Artaud ( il y aura d'ailleurs un numéro Artaud qui fera couler beaucoup d'encre) et Gaston Chaissac, le plus étonnant graphomane de cette génération, poussé par l'isolement dans lequel il s'était astreint. Hommage à lui avec cette légendaire photographie de Robert Doisneau qui est bien là dans une famille d'esprit. A la barre de cette aventure unique, le tonnelier-poète Pierre Boujut d'ailleurs grand ami de Gaston Chaissac, affichant, comme lui, la suprématie de la province sur un Paris trop marqué par des préjugés, des coutumes de clan. On  l'aura bien vu, à partir de la Tour de feu ( tour de guet), c'est tout un horizon de l'esprit qui se révèle. On aimait bien monter à son sommet.  
 


 
 
posté le 02-07-2009 à 11:27:03

André Laude, notre poète maudit.

André Laude, notre poète maudit.Il en fallait un, du moins, à lire la presse qui a signalé sa mort, (en 1995), on croirait qu'elle s'enchante de saluer un homme qui a souffert et donné sa souffrance à partager à travers la poésie. Elle en tire, il est vrai, des accents terribles, entre cris et caresse car il y a, chez André Laude, une sorte de confiance accordée à la nature, au réel partagé dans l'amour. Ceux qui l'ont connu, ont partagé son quotidien, savent qu'il ne cachait pas sa souffrance, parfois en sculptait son visage et entrait ainsi, encore vivant, dans la légende. On le croisait au Quotidien de Paris où il était venu rejoindre une équipe assez volontiers portée à célébrer la poésie et respecter les poètes. Il en joua, en abusa, et avait du mal à entrer dans la peau d'un journaliste. Il avait pourtant "une plume" ardente, bien éloignée des banalités et du conventionnel, témoignant ainsi qu'il est possible de concilier journalisme et littérature. Il faut se reporter sur son oeuvre, assez bien clarifiée dans les éditions de ses poèmes (voir sur google à André Laude). Ceux qui l'ont connu n'oublieront pas qu'ils ont côtoyé un personnage de légende. Finalement attendrissant au delà de ses excès.Le peintre Nitkowski a admirablement traduit cette dualité :  sauvagerie et sensualité, du poème d'André Laude
 


 
 
posté le 02-07-2009 à 10:01:51

Varennes au galop.

Varennes au galop.C'est un des premiers ouvrages d'André Castelot et brillant par le ton, précis dans le détail et  ouvrant déjà très largement  sur l'aspect jusqu'alors un peu négligé de l'Histoire qu'on appellera la petite parce qu'elle entre dans l'intimité de ceux  qui  font l'événement et  donnent sa particularité à l'époque où ils vivent."L'incident" rapporté est bien connu, c'est celui de la fuite de la famille royale du palais des Tuileries, et après une journée folle, son arrestation, dans la  petite ville de Lorraine, Varennes qui y a acquit son renom. Ce ne sont que grincements des  ressorts d'une lourde berline, galop des chevaux, une comédie "bourgeoise"  parmi les têtes couronnées, entre pathétique et ridicule, et l'épanchement à l'excès des sentiments comme l'époque les aimait. On est dans une comédie dont les décors auraient été dessinés par Greuze avant de l'être par quelque plume plus acérée et noire d'un de ces terribles pamphlétaires qui crachent leur venin sur une reine qui fut arrogante et futile et un roi versatile et peu à même de mener une société qui chavire vers un meilleur destin.L'Histoire a une nature romanesque qu'il est séduisant d'exploiter, donnant chair et sang à des figures figées d'ordinaire dans la rigueur des chronologies, le développement des thèses et des spéculations arbitraires. Ce frisson de la vie (de la mort) s'annonce chez Michelet qui donne un rythme passionné à ce qui est, avec lui, une fabuleuse aventure des hommes, une saga furieuse et superbe. On l'a suivi dans l'esprit de l'épopée et pour sa dimension "poétique", mais on y ajoutant les détails, les aspects autrement dérisoires s'ils n'entraînaient  pas, dans leur sillage, notre destin collectif. Les miettes du quotidien deviennent aussi importantes que les grandes batailles, les traités entre nations.
 


 
 
posté le 01-07-2009 à 17:04:35

PAB photographie René Char

Pierre André Benoit.En photographiant René Char dans son bureau Pierre André Benoit affiche ses préférences, il donne d'emblée le

 


 
 
posté le 01-07-2009 à 16:52:03

Man Ray chez lui, rue Férou.

Man Ray, un voisin de la rue Férou.A l'ombre, ou presque, de l'église Saint Sulpice, la rue Férou a des allures d'impasse d'une ville de province. Une très discrète porte s'ouvre dans un mur bas sur l'atelier de Man Ray. Je l'ai connu froid, l'artiste vivant dans la plus grande pauvreté et une quasi solitude. Il rangeait mélancoliquement ses photographies qui sont devenues, aujourd'hui, la proie des musées. Sur les murs, dans une demi obscurité, quelques tableaux. Man Ray avait, toute sa vie, souffert qu'on les néglige, faisant passer le photographe en première ligne. - Je suis un peintre, s'obstinait-il à dire, au restaurant des Charpentiers, tout proche, où il emmenait ses rares amis. Il m'avait fait l'honneur d'envisager de me faire un dessin pour un recueil de poèmes qui devait s'intituler La Chambre haute et qui ne paraîtra jamais. En revanche, il m'avait donné un beau dessin, d'un trait ferme et cursif, dédié à la mémoire de René Crevel que je pus utiliser lors de la publication du numéro de la revue Temps Mêlés consacré à l'écrivain. Chez Posterrshop fr. une lithographie ci-contre.
 


 
 
posté le 01-07-2009 à 16:21:48

Alfred Jarry, un voisin.

16h31 - UBU Jarry, un voisin - Général Alfred Jarry au coeur du labyrinthe.Evoquant le labyrinthe, je ne pouvais imaginer trouver meilleur Minotaure que le fameux, farceur, prodigieux, insolite, inquiétant, pathétique, volubile, savant enfant de Laval (il y est né an 1873). Non qu'il faille tuer ce Minotaure là, mais s'affronter à lui "pour ne pas mourir idiot". On le dénichait d'abord dans des trouvailles de vieilles éditions avant que le Collège de Pataphysique dynamise les recherches savantes ( et souvent pointilleuses) qui devaient participer à sa réhabilitation.Naturellement le père UBU était dans notre placard, avec les balais (qu'il manipulait avec une telle vélocité) mais on connaissait mal pour ne pas dire totalement ses autres oeuvres (nombreuses). Le Soleil dans la tête se trouvait dans un voisinage relativement proche des hauts lieux de la virée parisienne de Jarry (rue de l'Echaudée pour le Mercure de France, rue Cassette pour le logis coincé entre deux étages). On aimait beaucoup jouer sur les voisinagesqui entretiennent les bonnes relations, mêmes avec les morts. On rencontrera ainsi en vol, Apollinaire et Man Ray, Verlaine et Jules Laforgue.Jarry, donc, agitant les oripeaux d'une salubre colère contre la sottise. On ira lui serrer la main de temps à autres et trinquer au nom de la terrible fée verte qui a tué Verlaine avant de le jeter dans la légende.
 


 
 
posté le 01-07-2009 à 16:03:12

Benrath dans les nuages.

Allons dans les nuages.A propos de Boudin qu'il voyait peindre sur les plages normandes Baudelaire saluait les merveilleux nuages. Le prenant aux mots, toute une génération de peintres, dans les années 60, se livrent à une véritable investigation du ciel, ouvrant la toile aux élans d'une main légère qui écrit les nuages, suggère la légèreté de l'air et jusqu'à son parfum. Ce fut un formidable élan dont on suivait de près les étapes à travers les oeuvres de visiteurs amis comme Benrath, Duvillier, René Laubiès, Nasser Assar, Graziani, qui avaient, pour défenseur auprès de l'opinion, le discret, subtil et énigmatique Julien Alvard. Ca et là, à propos d'une exposition, autour de la revue Sens Plastique qui prend leur défense et s'attache à leurs découvertes, les peintres baptisés "nuagistes" vont influencer de plus jeunes encore, des débutants, avec la perte inévitable en chemin de promesses non tenues, de carrières brisées. Mais c'est une belle et tumultueuse histoire. On en trouvera ici, des échos. Aujourd'hui tout cela est passé dans l'Histoire, entre les mains des théoriciens. Pourquoi pas ?
 


 
 
posté le 01-07-2009 à 16:01:03

Benrath dans les nuages.

Benrath, le nom d'un château.Un jour, faisant du tourisme en Allemagne, la critique Julien Alvard pilote un jeune peintre portant nom plutôt banal, hors il fallait lui choisir un "nom de guerre". Passe un autobus portant sur son flanc le nom de Benrath, haut lieu du tourisme local.Ce sera ton nom déclare Julien Alvard et Benrath est né. Il est mort en Avril dernier, le nuagisme perdant l'un de ses fleurons.C'était un être fluet et délicat, aimant fouiller parmi les livres, épluchant les poèmes pour y trouver des titres à ses tableaux ; très attiré par le romantisme allemand il allait vers les horizons les plus angoissés, se faisant chantre de crépuscules d'une ample et superbe théâtralité. La peinture peut être littéraire sans rien perdre de ses lois et, au contraire, trouver un pouvoir suggestif et prenant au delà des formes énumérés, les ayant refusées et allant vers l'indicible, le défi du voir sur le senti, du définitif sur l'allusif, le furtif, le fuyant. Benrath est au coeur d'une peinture qui se cherche de nouveaux espaces, une nouvelle définition, et cela d'autant plus précieuse que l'heure est au renoncement de la peinture pour le simple choix, l'agression de l'objet brut, une réalité contraignante. Il va entraîner avec lui toute la génération des nuagistes. On y reviendra.
 


 
 
posté le 01-07-2009 à 15:56:57

André Blavier, un ludion belge.

André Blavier, le ludion belge.Frappait d'abord son allure, celle d'un ludion malicieux, sortant d'une boite et jubilant, avec des temps de réflexion (alors il tirait sur sa pipe et lançait un mot).Il m'avait largement ouvert les pages de sa revue Temps Mêlés ce qui apporta quelque baume au coeur du troufion égaré dans la guerre d'Algérie. On avait, au Soleil dans la tête, d'excellents et constants rapports avec le groupe agité des poètes belges. C'est une tradition, la Belgique n'en déplaise à Baudelaire, est un pays favorable à l'essor de la poésie (et de la peinture). On en prenait le pouls, on en partageait l'enthousiasme et pratiquement tous les acteurs de cette fabuleuse aventure, franchirent la porte de la librairie. Restons en à Blavier, l'un des plus singuliers. Cet étonnant bibliothécaire de Verviers vivait parmi les papiers, les livres, ce désordre sympathique du chercheur passionné et il retrouvait au Soleil dans la tête cette "odeur du livre", comme on parle de "l'odeur de la femme". C'était un sensuel du livre, un fou du papier et des fous des mots, d'où son prodigieux travail sur les fous littéraires qui l'assurent de l'éternité des amoureux des arts marginaux.Se rapporter aux nombreux et excellents sites de référence. 
 


 
 
posté le 01-07-2009 à 14:41:09

Les Passages parisiens (Bernard Delvaille).

Les passages parisiens Bernard Delvaille, piéton inspiré de Paris avait accompagné d'un texte de circonstance (et parfois agréablement auobiographique) les photographies de Robert Doisneau autre piéton de qualité. Cet amour des passages poursuit la littérature depuis leur création dans la première moitié du XIX° siècle. Gérard de Nerval les aura connus dans leur pleine gloire encore qu'il n'en fasse pas une mention particulière dans ses textes, quand Aragon et les surréalistes en font un éloge appuyé et bien ratifié par l'excellence des textes qui les évoquent. Pourtant le Paris des passages est bien celui de Nerval (celui de Louis Philippe) et celui du photographe Atget qui n'a pas manqué de les photographier et de les inscrire dans son répertoire d'une ville en mutation, et pourtant, ici et là, figée dans la mémoire de son lourd et riche passé.Lieu de retraite autant que de déambulation, le passage est surtout un espace d'une lumière très particulière :"ce faux jour qui naît du conflit des lampes aux vitrines et de la clarté blafarde du plafond permet toutes les erreurs et toutes les interprétations.." dira Aragon. "Il reste seulement dans ces passages un peu de poésie, la poésie de la verrière et de la vitrine, la poésie d'une serre dont l'ornement serait fait non d'orchidées, de floxinias ou de cinéraires, mais de jouets d'enfants, d'instruments de musique et de toutes sortes de brillants objets qui vont de la carte postale à gratiné miroitant aux séries vivement colorées de nos timbres coloniaux." On n'est pas loin de Gérard de Nerval.