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lettres de la campagne

posté le 30-03-2009 à 15:56:04

René Char, le poème comme une maxime.

Des mots choisis (ciselés mais non pour leur seule beauté), des phrases en forme de maximes. Le poème moins bref que ramassé, contenant son développement dans notre manière de s'y attarder, de le rêver. Le lire c'est l'enfouir en sa mémoire, gravé comme une maxime. On songe à ces inscriptions qui ont défié les siècles dont la pierre est le support. Ici c'est la page du livre. Le blanc n'est pas une coquetterie de mise en page mais l'encadrement nécessaire pour donner tout son "relief" à la phrase qui y est enchâssée.Si on y ajoute la voix, car la poésie de Char est faite pour être dite (elle est le spectacle de la poésie) on est dans le feu d'une certaine ardeur qui n'est pas dans l'effet mais dans la ton, le poids des mots non leur chamarrure. D'ailleurs un poème dit par l'auteur (avec sa voix chantante, légèrement marquée de sa nature méridionale) lui donne brusquement une autre dimension.Encore que, pour ma part, j'en préfère la lecture dans le silence de la méditation, un climat à sa ressemblance. Peut-être un décor de jardin en une campagne sans trop d'apprêt, ou encore à l'intérieur d'un tablea u (un Georges de la Tour). On est là hors du temps, dans l'éternité d'une certaine sagesse.
 


 
 
posté le 30-03-2009 à 15:41:10

Henry Hayden illustrateur de Joseph Kessel.

Ne sont pas rares les peintres qui, à leurs débuts, travaillaient comme illustrateur, trouvant une source de revenus qui ne compromettait pas leur avenir et leur permettait de s'expérimenter dans une discipline qui avait ses exigences, ses lois et ses modes. Beaucoup s'adonnèrent à l'illustration de magazines d'humour comme l'Assiette au Beurre à laquelle collaborèrent bien des peintres du début du XX° siècle (comme Jacques Villon et même Marcel Duchamp). Henry Hayden, d'origine polonaise, s'inscrit plutôt dans cette série abondante et fertile d'artistes qui illustrent des éditions littéraires "bon marché". Dans ce domaine la Collection Le Livre illustré moderne de chez Ferenczi est un modèle du genre.Elle s'attache aux écrivains les plus populaires du moment : René Boylesve, Colette, Francis Carco,  Lucie Delarue-Mardrus, Marc Elder, Raymond Escholier, Edouard Estaunié, Abel Hermant, Francis de Miomandre, Edmond Jaloux, François Mauriac, Joseph Kessel, c'est pour ce dernier qu'Hayden donne une suite de dessins d'une facture élégante et libre. 
 


 
 
posté le 28-03-2009 à 11:04:40

Les mots d'Yves Tanguy.

Yves Tanguy, amoureux des mots (ami des poètes), se plaît à écrire à l'intérieur même du dessin, mots et images (qui en naissent ) s'harmonisent et se confondent, se lient étroitement jusqu'à constituer une masse cohérente d'où rien ne peut être arraché sans détruire le tout. Illustrateur fidèle de Benjamin Péret (le plus intime des amis d'André Breton) il invente pour lui une iconographie insolite et aiguisée aux embruns marins n'oubliant pas qu'il est breton et amoureux de la mer.Plages infinies, rochers écorchés dans l'obstination des éléments qui les sculptent, Yves Tanguy traduit dans le dessin cet univers moins désenchanté que naturel à celui pour qui il est familier.De la liaison intime des mots dans le dessin il y aura à dire qu'elle découle des calligrammes, de ce souci de donner au mot le pouvoir de montrer autant que de dire. De conduire sa pensée sur deux voies étroitement complices. Passant de l'une à l'autre dans la ferveur du discours, sa force évocatrice.Dans cette volonté de mêler si étroitement deux disciplines que l'on pratique d'ordinaire séparées il y a la perception de leur origine commune.
 


 
 
posté le 27-03-2009 à 15:07:44

L'écriture de l'oiseau.

Il n'est pas de plus belle histoire de plume (porte plume) que celle qu'en donne Raymond Roussel évoquant la fascination que pouvait exercer sur lui la contemplation de cette petite bille qui était inscrite dans le manche et qui contenait une image (souvent de caractère touristique) qui le transportait, le besoin chez lui de s'évader passant par les choses les plus simples. Du prestige de la plume (avec ou sans porte plume) ! mais, d'origine, elle n'en avait guère besoin,  alors son usage nous transporte dans des époques où l'écriture était un art suprême. Rêverait-on d'être témoin de madame de Sévigné quand elle abordait son importante correspondance. Er que dire de toutes celles qui confiaient dans l'intimité de leur bureau à leurs amis de coeur (pas nécessairement amants) l'essentiel de leur pensée de leurs émois. Songeons à cette madame du Deffand cloîtrée dans son appartement de la rue Saint Dominique (où elle tenait "salon") et, le soir venu, alors que l'on tirait les lourds rideaux qui isolaient des bruits de la rue, et apportait les lourds bougeoirs qui dispensaient une lumière tremblotante, amorçait ses longues confidences écrite à celui qu'elle avait élu comme son correspondant de coeur, le mondain Horace Walpole esprit distingué s'il en fut. Ou encore, en à la faconde amicale de George Sand écrivant à son ami Gutave Fiaubert comme on écrit à un frère un peu dissipé, ou quelque amante exaltée comme Marie Dorval poursuivant Alfred de Viigny de sa flamme qui trouve des mots à sa mesure pour séduire le poète.Pense-ton assez, comme il le faudrait, qu'une plume, alors, est un organe (un instrument crée par la nature) qui permet à un volatile de s'envoler. Comme ne pas imaginer que les mots qui en naissent, qu'elle aide à former (à dessiner), ont toute la grâce et la légèreté qu'elle suppose.
 


 
 
posté le 27-03-2009 à 13:50:16

Yves Tanguy découvre Giorgio de Chirico.

On connaît l'histoire,  elle est une des belles légendes du Surréalisme.Alors qu'Yves Tanguy, médiocre peintre qui "se cherchait", se trouvait sur la plate forme arrière d'un autobus passant rue de la Boétie, il entrevoit à la vitrine d'une galerie d'art ( Paul Guillaume ) une peinture qui l'attire irrésistiblement. Il saute du véhicule, un peu comme s'il avait remarqué une jolie femme sur le trottoir (la vivacité de son geste aurait été tout aussi justifiée). Et ce fut pour découvrir une toile d'un inconnu (pour lui): du peintre Giorgio de Chirico. Il était alors au début d'une brillante carrière et bientôt, connaîtra l'estime largement partagée par l'ensemble des amis d'André Breton, tous les surréalistes. Pour Tanguy ce fut le coup de foudre.  Il entrait dans la peinture qui allait être la sienne : étrange, mystérieuse, fantastique, insolite. Chirico offrait dans une facture neutre, lisse, clairement lisible, des scènes totalement inventées encore qu'on ait pu conclure qu'il s'était inspiré de l'architecture rigide et pompeuse de Trieste où il avait résidé.Ce qui comptait le plus c'était la mise en scène de statues (il y aura aussi des mannequins) dans un espace débarrassé de tout détail anecdotique. On entrait dans un univers (théâtral) propre à la fiction, au rêve. Avec, de surcroît, le poids du silence qui annonce une catastrophe où l'entrée dans une zone autre que celle qui nous est familière.
 


 
 
posté le 27-03-2009 à 11:51:24

Silhouette d'Apollinaire.

Homme de café, entraîné dans la rumeur citadine qu'il avait si bien perçue, Apollinaire s'était créé (la vie lui avait créé) une silhouette pittoresque, entre le bon géant débonnaire et le dandy-bohème. Discoureur, fascinant, savant en toutes choses, curieux de tout et surtout de l'insolite. Attirant à lui les jeunes poètes (Breton, Aragon en furent) inventant sans cesse calembours, acrostiches  et autres jeux verbaux qui devaient donner un coup de fouet à une poésie qui s'éternisait dans le symbolisme et n'avait pas encore digéré  le charme suranné de Verlaine.Il ressembla (surtout à la fin de sa vie, et quand Picasso fait son portrait le front bandé) à une sorte de statue du commandeur. Sa silhouette se prête bien à cette création du poète-modèle. Nous lui rendons, aujourd'hui, un juste culte. 
 


 
 
posté le 27-03-2009 à 11:14:49

Bomarzo : les portes de l'enfer.

Mandiarges m'en avait vivement recommandé la visite. Il avait publié un bel album qui en décrivait les splendeurs. C'était une fabuleuse histoire aux couleurs des contes dont il avait une connaissance aiguë , originale, loin des usages qu'on en fait sur le rebord des lits d'enfant, pour les conduire vers le sommeil. Il faudra revenir sur ce sujet moins innocent qu'il y parait.En dépit d'un projet de m'y rendre j'en fus écarté pour une stupide histoire d'autoroute qui m'en éloignait. Me restent les images et l'étonnante épopée qu'il racontait.Selon certains (et non des moins crédibles) l'organisation du jardin avec ses différentes stations sculptées (outre une référence à Dante) serait l'illustration du texte mystérieux de Francisco Colonna : "Le Songe de Polyphile". Il revient trop souvent dans mon travail pour que ne je m'y arrête pas un court instant, (ce sera la matière d'un livre à venir : "Le ministère des forêts") en m'attardant sur la porte de l'enfer.J'y ai trouvé une équivalence contemporaine dans l'entrée des cinémas (aujourd'hui disparus) qui étaient classés pornographiques. J'avais tenté d'en développer l'idée dans le chapitre final de "La femme flambée" On y reviendra.
 


 
 
posté le 26-03-2009 à 15:09:00

Pour un enfer saphique.

L'enfer saphique de la Bibliothèque Nationale.Le travail de Guillaume Apollinaire et de Louis Perceau sur "l'enfer" de la Bibliothèque Nationale permet de remettre en lumière maints ouvrages détournés de la "circulation" commerciale et réservés à un public de chercheurs avertis et de curieux, la goût de la bibliophilie n'étant pas étranger à la collection d'ouvrages souvent dus à d'éminent écrivains mais tenus secret face aux préjugés tenaces qui touchent tout ce qui relève du sexe.Significativement on y voit de grands "classiques" qui ne dédaignent pas de participer à des anthologies où ils déploient des aspects peu connus de leur fantasmes, tels Victor Hugo, Baudelaire, Théophile Gautier, Henry Murger, et qui de dédaignent pas de côtoyer des écrivains de second plan comme G. Nadaud, André Delvau (par ailleurs riche chroniqueur de la vie parisienne vue dans ses coulisses) ou encore le pittoresque Charles Monselet qui, à lui seul, mériterait une attention plus vive tant son oeuvre multiforme - côtoyant souvent celle de Baudelaire- offre de passionnants aspects ou encore Albert Glatigny le séduisant poète.
 


 
 
posté le 26-03-2009 à 14:25:15

Des vies entières dans les livres.

L'arrivée subite d'une grande quantité de livres peut bouleverser notre vie. Ce peutêtre à la suite d'un héritage (c'est le plus fréquent des cas) ou bien quelque'achat  global en particulier lors d'une vente publique. Ce fiant à son flaire on aura porté son choix sur un lot sur lequel on aura bâti tout l'espoir d'y trouver la pièce rare. Une légende tenace circule dans le milieu des bouquinistes (et de leurs plus fidèles clients) que c'est souvent dans les lots plus ingrats que l'on trouve la pièce rare. Telle édition de Reverdy sur papier vergé et numéroté, cet Artaud qu'on ne connaissait que par référence  bibliographique ou telle version française d'un DH Lawrence en "originale" (je cite ce que je souhaiterais trouver !)Une bibliothèque dont on hérite a le double mérite d'entretenir des souvenirs d'enfance (on y aura puisé ses premières lectures, on en aura feuilleté l'essentiel sans toujours bien mesurer l'importance de ce que l'on abordait).Voilà le principe de l'héritage acquit. C'est toute une époque qui vous tombe dessus. Chaque génération a ses vedettes, ses écrivains phares, et l'orientation littéraire en dit long sur la personnalité de celui qui l'aura suivie.Une bibliothèque est le portrait de son propriétaire. D'ailleurs la notion de propriété (si mal venue en général et source de tant de conflits sordides) n'aura d'excuses que dans ce domaine qui touche si intimement la personne qui en est l'initiateur.Surtout pour celui qui aura passé une vie entière dans les livres. Autre sujet à débattre. Quelle est la frontière entre la vie et l'emballement romanesque qui conduit certains lecteurs à fuir la" vraie vie" pour s'identifier à des personnages de papier, inventés par un auteur.S'enfermer dans sa bibliothèque, vivre parmi ses livres n'est-ce-pas faire le pas fatal qui conduit du réel à la pure fiction.
 


 
 
posté le 26-03-2009 à 11:33:53

Artaud en confidence.

Plus que pour tout autre écrivain la notion de brouillon, le mythe du carnet de note aura son importance  car Antonin Artaud vivra constamment avec des carnets en poche (souvent de modestes cahiers d'écolier qu'il couvrait d'une écriture hâtive, désordonnée, passionnée, virulente, à la mesure de sa pensée toujours effervescente). On ne peut attendre chez lui une oeuvre construire. Trop de hâte à dire, à prévenir, à explorer ce champ effrayant de sa propre conscience aiguë du monde, de la réalité, de son devenir. Construire une oeuvre c'est s'arrêter à un sujet, le creuser quand à mesure que l'on explore son sujet d'autres surgissent qui le tiennent et l'enserrent et le nourrissent, parfois le contredisent.L'esprit navigue et s'affole d'aller ainsi aux quatre coins de l'horizon de la pensée.L'écriture qui colle à sa pensée chez Artaud me fait penser à la peinture de Jackson Pollock qui balance sa couleur sur une surface plate (l'aménagement du territoire) en allant d'un point à un autre d'une galaxie,  de l'univers connu, pour percer le secret de ses frontières et gagner des zones inconnues où, se risquer, c'est aussi perdre le rythme de sa phrase, en briser la logique pour basculer vers de nouvelles questions, une autre aventure que celle prévue. Ainsi une phrase perd-elle en route son itinéraire et va cogner ailleurs, en terre inconnueOn peut imaginer une oeuvre qui a perdu son plan, comme le voyageur a perdu sa carte. Le lecture d'Artaud c'est celle d'une que quête qui n'est ni celle du Grâal ni celles que nous propose notre héritage légendaire. Mais d'un esprit qui s'est détaché de son savoir l'ayant mis en doute. Dada ne fut-il pas la mise en cause de notre société, Artaud met en cause les discours que l'on nous enseigne parce qu'il n'a pas trouvé les mots qui ont la pointure de nos angoisses ( de nos problèmes) alors ses carnets sont ceux d'un bien étrange explorateur. Nous n'avons pas encore inventé la boussole qui aille avec.
 


 
 
posté le 25-03-2009 à 14:30:27

Les vestales de la rue de l'Odéon.

Sylvia Beach, la vestale de la rue de l'Odéon.Dans la voisinage immédiat de la rue de Vaugirard où était installé "Le Soleil dans la tête" (dans les années 50-70) il y avait la rue de Condé, qu'il fallait emprunter depuis le métro Odéon, pour l'atteindre. Elle était chargée de souvenirs. C'était là, dans les années 30, qu'opéraient Adrienne Monnier et son  amie Sylvia Beach toutes deux librairies mais d'originale façon. On  connaît l'aventure d'Adrienne Monnier qui avait créé un "cabinet de lecture" où se retrouvaient André Gide, Paul Valery, Aragon, André Breton, Valery Larbaud, Léon-Paul Fargue, Paul Claude tous ceux qui "faisaient" la littérature du moment. Lieu de rerncontre, des conférences ponctuaient la vie de la librairie qui jouait un rôle de "laboratoire central " pour reprendre la belle et significative définition de Max JacobJuste en face il y avait la librairie Shakespeare et Cie animée par Sylvia Beach qui fut l'éditrice française de l'Ulysse de James Joyce, ce qui n'était pas une mince aventure vue l'importance de l'ouvrage, sa réputation sulfureuse et le caractère intransigeant de l'auteur. Sa librairie servira d'exemple, de référence à toutes celles qui, depuis, jouent la carte de la littérature contre le marché du livre d'actualité (celui qui passe et trépasse et ne constituera jamais le "fond" d'une  bibliothèque).
 


 
 
posté le 25-03-2009 à 11:38:55

René Guy Cadou, poète essentiel.

Il n'est pas innocent que l'émergence de l'Ecole de Rochefort (et de René Guy Cadou qui en est la figure essentielle) date de "l'Occupation" une période de l'Histoire de France qui se confond avec la terreur, la lâcheté, les privations quotidiennes et un certain retour vers des "valeurs" essentielles, une certaine sagesse traditionnelle et paysanne. Autant le surréalisme avait sa raison d'être en période de révolte, au lendemain de la première guerre mondiale qui soulignait l'absurdité de la société et sa faiblesse, autant l'Ecole de Rochefort, née dans la misère partagée par la population dans les années 40, prenait tout son sens, s'ancrait dans une sorte de sagesse paysanne, simple, directe, en prise directe avec la nature. Elle ne pouvait qu'être d'essence campagnarde, reprise par le citadin gagné par la grâce de l'humanité. René Guy Cadou est alors bien le poète essentiel dans cette aventure. Son oeuvre ne prend pas une ride, car elle est moins ancrée sur l'événement (à quelques exceptions près) que sur des valeurs intangibles.
 


 
 
posté le 24-03-2009 à 14:55:01

L'Arétin revu et corrigé par Paul Emile Bécat.

Nulle oeuvre pouvait mieux convenir à Paul Emile Bécat, tant par le caractère fripon que l'élégance qui entoure ces chroniques empruntées au domaine classique. L'Arétin met dans sa verve une once de préciosité un humour qui rejoint Rabelais et il est significatif que le texte est fasciné tant de poètes dont Guillaume Apollinaire, expert en la matière.L'illustration est une promenade impertinente parfois nonchalante brodant selon la fantaisies du moment et sans une réelle volonté de "coller" fidèlement au texte. Serait-elle un texte parallèle ?
 


 
 
posté le 24-03-2009 à 12:38:59

Reconnaissance de Paul Emile Bécat.

Il est à la bonne place, d'observateur, de complice. Beau-frère de la légendaire Adrienne Monnier et ami de sa voisine, rue de l'Odéon, de la non moins séduisante Sylvia Beach (éditrice en France de l'Ulysse de James Joyce) enfin familier d'André Gide, Paul Emile Bécat  va être un illustrateur fécond et inspiré. Plutôt porté vers ces marges de la littérature que les libraires classent pudiquement sous la rubrique Curiosa. On y trouve tous les classiques de la littérature érotique de l'Arétin (le divin !) à Apollinaire,  en passant par Ronsard, Verlaine, Pierre Louys et autres bijoux de la littérature française. Un dessin minutieux, souvent narquois, vif en ses postures et d'une élégance achevée.Amoureux des mots et des situations expressives, il fait le régal des bibliophiles.
 


 
 
posté le 23-03-2009 à 15:24:22

Lagrange et l'Italie.

Il a inventé une peinture d'Histoire qui ne s'arrête pas à l'anecdote.
 


 
 
posté le 23-03-2009 à 15:17:20

Lagrange et l'Italie.

C'est une manière d'orner les bannières d'une entrée en fanfare dans Milan.
 


 
 
posté le 23-03-2009 à 14:52:03

Henri Bauchau revient de loin.

Ce pourrait être l'histoire d'un livre. Et à travers lui (grâce à lui) celle d'une vie et d'une oeuvre. Dans la masse de "plaquettes" de poèmes qui proviennent du Soleil dans la tête, et que je conserve sans y porter autrement d'attention (il y en a trop) je trouve celle d'Henry Bauchau. Elle retient mon attention uniquement parce qu'elle est publiée chez Gallimard dans la très prestigieuse collection "Métamorphoses" (numéro LIV) où figurent Antonin Artaud, Gaston Chaissac, Marcel Bisiaux, Pierre Bettencourt, Jean Dubuffet, André Dhôtel, Alexandre Vialatte, Léon-Paul Fargue  Philippe Jacottet, Jean Grenier, Roger Gilbert Lecomte, Michel Leiris, Henry-J.L.Levet, Henry Michaux, André Pieyre de Mandiargues, Francis Ponge, Georges Ribemont -Dessaignes, Armand Robin, Henri Thomas, soit une poignée d'écrivains qui  comptent à mes yeux parmi les plus attachants, les plus prestigieux, les plus essentiels. La collection avait été voulue par Jean Paulhan qui y mettait à l'essai des écrivains d'une audience relative. Ils sont aujourd'hui parmi les plus respectés, et certains en passe de devenir des "classiques". Henry Bauchau est passé par là avec un titre propre à séduire le moins curieux : "Géologie". J'y vois, tout de suite, une plongée" dans une conscience vive et imaginative de la matière (pensons à Bachelard). Ce n'est pas tout à fait le cas et la nature des poèmes a de quoi déconcerter. Une vision très intériorisée, parfois d'accès difficile :"Naissant des étendues, montant des multitudesOù Chronos à voix basse dispute avec les élémentsLa vie monte, la sève gonfle mes canauxEt moi, le PèreJe la possède et je l'envoie avec mon coeur puissantà travers l'enchevêtrement de mes branchesPar mille et mille moyens subtilsPar les étoiles, les pléiades et les voies lactées demes ramuresDepuis l'accouplement monstrueux des racines jus-qu'au ciel immuable.Moi, le Père."Henri Bauchau était là à l'aube d'une longue et riche carrière d'écrivain doublée de celle de psychiatre. C'est aujourd'hui un vieillard qui affronte la vie avec la même énergie et une activité littéraire sans faille.
 


 
 
posté le 20-03-2009 à 12:09:01

L'énigme du dessin de Michel Leiris.

Le "non dessin" de Leiris.D'ordinaire, et même chez le poète qui le pratique, le dessin est une manière de se chercher au bout de la plume, de donner du lustre à sa pensée. Chez Leiris ( et peut-on parler de dessin ?) c'est la notation précise ( scientifique) d'un projet. Une mise au carré de ce que les mots tentent de dire, d'approcher. Sans aucun recherche esthétique ni complaisance vis à vis du regard qui doit l'aborder comme une information technique.Plus que d'art il s'agit d'une quête conduite sur soi-même, d'une plongée en son inconscient. Il en ressort des bribes de vérités. A moins que ce ne soient de nouveaux mystères ! S'il dessine en forme d'énigme Leiris donne la mesure de l'angoisse qui l'étreint (il ne cesse de le murmurer) devant une reconnaissance de soi-même.
 


 
 
posté le 19-03-2009 à 14:41:59

Jaroslav Hasek un Kafka goguenard.

Jaroslav Hasek un Kafka goguenard.On ne peut piétonner dans Prague sans tomber sur des références multiples au Brave Soldat Chveik dont l'épopée a inspiré des vitraux, des fresques, dans ces nombreux bistros si typiques de la vieille ville, et dont Jaroslav Hasek, l'auteur de cet un unique ouvrage, fut un client assidu, l'écriture et la boisson faisant chez lui un bon ménage en complicité et verdeur joviale.Le monde de Jaroslav Hasek est aussi absurde que celui de Kafka, sans doute mieux incarné en sa réalité praguoise mais, surtout porté à un degré d'humour plus  affirmé. On est là, avec "Le brave soldat Chveik", dans la grande tradition du roman- épopée venu de Rabelais et qui est passé par Laurence Sterne et Pierre Albert Birot. Une verve soutenue par une phrase simple, coulante, avec ce charme étrange d'exotisme qui donne la distance. Le récit tient aussi de la farce comme l'aimait Alfred Jarry, un autre frère d'esprit de Hasek qui a inventé là un personnage type, une sorte de figure emblématique de la victime broyée par la machine infernale de la réalité et des structures sociales.
 


 
 
posté le 19-03-2009 à 11:42:05

Cocteau sous les sunlights.

Cocteau et l'ecriture sous les sunlights.Il y a chez Cocteau le goût de la pose, du spectacle, de l'emphase gestuelle enfermant le poète dans un personnage parfois odieux à force d'exagération comme pour se faire reconnaître et régler des comptes avec d'étranges complexes.La grâce lui était naturelle et le don de tous les arts donné à foison. Au point d'irriter, de susciter des jalousies et de ne pas lui éviter des facilités. Son écriture est le mise en spectacle de sa pensée (de ses émotions), elle contient tout le devenir d'une oeuvre en fanfare. Elle est déjà "le" dessin. Si proche du dessin que de lui elle tient sa prise de possession de l'espace de la page, comme un personnage tient la scène. D'où les rapports étroits avec le théâtre.
 


 
 
posté le 18-03-2009 à 11:58:17

Pessoa : la poésie se fait au café.

Reportée dans un coin, à peine visible parmi les tables en formica d'un assez vilain self service, la table où Verlaine venait sirotait son absinthe (la Source boulevard Saint Michel à Paris) est pourtant l'ultime témoignage des longues attentes du poète attablé devant sa solitude. Plus respectueux de leurs ancêtres "culturels", les responsables du café où Fernando Pessoa venait rêver, offrent une sorte de table du souvenir évoquant le poète dans ses libations quotidiennes, tant le café, pour lui, autre solitaire, était une étape indispensable à sa démarche poétique dans le Lisbonne du début du XX° siècle où il était le piéton inspiré.Pessoa dont le souvenir est entretenu en maints endroits de la ville, le coeur de celle-ci battant au rythme de celui qui en fit la matière vive de son oeuvre, multipliant les personnages-auteurs d'une sorte de vaste entreprise littéraire qui jouait des genres, des styles et des personnalités reconstituées avec la minutie d'un huissier, la verdeur d'un jouisseur. Le café n'est il pas souvent le  "bureau" de l'écrivain (Jean Paul Sartre au Flore à Paris), l'espace de celui qui reste ouvert aux autres, au hasard, mais qui construit aussi son territoire aux limites d'une simple table où traînent les tasses et les verres qui accompagnent l'exercice de la création. Lieu magique. On s'y retrouvera.
 


 
 
posté le 17-03-2009 à 15:49:59

Les mauvaises fréquentations de Gaston Ferdière.

Un titre qui dénonce l'évolution de celui qui, psychiatre débutant, fréquente les surréalistes (dans la marge) comme un amateur cultivé. Il termine sa vie fort bourgeoisement, dans la région de Fontainebleau et la compagnie du peintre belge Jane Graverol qui avait exposé au Soleil dans la tête (grâce à Marcel Marien). Elle était une sorte d'écho mondain de Magritte. L'humour coiffé par les bonnes manières.
 


 
 
posté le 17-03-2009 à 15:14:47

Au nom d'Artaud fauil brûler Ferdière ?

Ce n'était pas une sinécure d'être le médecin traitant (en psychiatrie) du "fou" Antonin Artaud, puisque telle était la qualification dans laquelle on  l'avait enfermé et l'état social dans lequel alors que l'Europe était à feu et à sang, il avait été conduit par quelques propos incendiaires, une agitation verbale et gestuelle jugée dérangeante et que le docteur Gaston Ferdière avait la charge de guider. Il donne à Artaud la possibilité de faire passer dans les mots cette fureur interne, ce trop plein d'ardeur mentale qui agitait le poète au point de le rendre difficile de compagnie et perturbateur des consciences qui tentaient de le rejoindre dans son enfer intime.Ferdière avait, de la poésie, l'idée que peut s'en faire un homme qui analyse les hommes pour tenter de comprendre ce qu'ils sont, de quel bois ils se chauffent.Quelques plaquettes de vers naïvement  provocants, qu'on aurait volontiers offert à l'analyse d'un autre psychiatre, comme quoi on ne sortait pas d'une méthode à défaut d'aborder dans un territoire habitable qu'on aurait plaisir à visiter. J'ai le souvenir d'un article que j'avais donné à la revue "Entretiens "(de Rodez) à lui consacré et qui offrait quelques spécimens de cette vision inquiétante à défaut d'être attachante (impossible de retrouver le document).
 


 
 
posté le 17-03-2009 à 14:27:25

Dirk Bouts pousse au crime.

L'objet de toutes les convoitises. La mort au pied du chevalet.
 


 
 
posté le 17-03-2009 à 14:05:18

L'énigme Dirk Bouts.

D'une écriture sans grâce mais efficace Jacques Lamalle, dans French Collection, nous entraîne dans une folle histoire de faux en peinture. Un Dirk Bouts trafiqué passe en vente publique et fait l'objet de la convoitise d'une série de personnages croqués avec une verdeur impitoyable. On y devine quelques figures bien connues du monde de l'art (entre autre Getty le créateur du musée portant son nom) et peut-être un marchand (Castelli ?). C'est le monde du sexe, des chèques et du sang autour de tableaux aux prestigieuses signatures (Monet, Gauguin, Pissarro, Utrillo, Degas....) s'engage un jeu mortel où l'auteur rejoint le rythme et le climat d'un bon polar. A voir comme un simple divertissement qui introduit le lecteur dans un milieu sans doute traité d'une manière schématique. On y est nécessairement dans la jet set, avec force dollars, rolls et wisky. Il y a même les pépés.
 


 
 
posté le 17-03-2009 à 13:45:27

Tristan Tzara à la tête de feu.

S'il est radicalement assimilé au mouvement "dada "dont il est l'instigateur et sans doute le représentant le plus significatif, Tristan Tzara est aussi un poète hors norme et même bien plus audacieux qu'en tant qu'agitateur qui n'est souvent qu'une manière de se faire remarquer et d'entrer dans la vie littéraire par la porte qui claque. Accueilli comme un  prophète par le trio Aragon, Breton, Soupault à Paris (dans les années 20), il va, en compagnie de Picabia, agiter une société qui, déjà, récupère les valeurs bourgeoises au lendemain des épreuves de la guerre et veut brûler la vie au nom du plaisir. Tzara brûle les mots et les assemble en d'étranges combinaisons qui portent le feu dans la poésie, quand Eluard son  opposé, y apporte le cours tranquille des eaux suaves, une sensualité claire et passionnée. Tzara, au delà des attitudes fières et provocantes qui scandent sa vie de poète débutant, aborde le tissu des mots en y imprimant une force singulière, toute proche des nuits hantées et d'une nature caverneuse.  Ce serait un romantique qui bouscule le vocabulaire, ose des images inouïes, des chants barbares.