posté le 27-09-2011 à 10:29:59
Dérive.
Vefblog ne prend plus les photos... pour voir la suite aller sur
soleildanslatete.centerblog.net
posté le 26-09-2011 à 12:00:00
Souvenir de Prague.
Pour S..
"Je ne connais aucune autre ville au monde qui, comme Prague, invite aussi souvent par un étrange charme à rechercher les traces de son passé" cette assertion de Gustav Meyrink, l'auteur du Golem, peut être largement partagée par tous ceux qui, à Prague, se glissent dans le sillage de quelque auteur qui leur aura fait aimer cette ville. Kafka bien sûr, encore que son Prague soit plutôt en filigrane mais si Meyrink y apporte une note plus réaliste (très picturale dans la richesse des mots dont il fait usage) c'est pour nous plonger dans une bain de désolation et de misère, dans le quartier juif. Un commentateur (J.J.Pollet) a pu préciser que c'est "un lieu de la monstruosité, de l'anarchie, de la déchéance, de la perfidie, de la fureur : maisons hantées de guignols, aux fenêtres étroites et grillées, aux porches béants comme de grandes gueules noires portent à pousser un hurlement de haine. La population grouillant entre ces murs tortueux suant le crime, est une humanité dégradée ou perverse. Théâtre de cette dépravation, le cabaret Loisitschek est un endroit ou dans un vaste tourbillon humain se mêlent les races, les classes et les sexes, ou les messieurs en fracs s'acoquinent avec des individus douteux, prostitués et travestis".
De fait, toute grande métropole a son quartier d'horreur (Londres au XIX° vu par Dickens) et celui qui s'attache à le peindre use des mêmes cas sociaux pour nous faire partager le sentiment d'horreur qu'il inspire. Seul le vocabulaire peut changer, celui de Meyrink se trouve être le mieux en accord avec son sujet.
Ce Prague là a été effacé par le temps.
On trouve plutôt le souvenir d'Apollinaire :
"Tu es dans le jardin d'une auberge aux environs de Prague
Tu te sens tout heureux une rose est sur la table
Et tu observes au lieu d'écrire ton conte en prose
La cétoine qui dort dans le coeur de la rose."
posté le 25-09-2011 à 13:51:18
Jeu de mains 2.
Le hasard a d'étranges caprices ou est il prémonitoire.
Remarquons cette fente dans le mur où se déploie la fresque de Michel Ange avec cette étonnante et sublime évocation des liens de l'homme à Dieu.
On dira un éclair dans un ciel d'orage, et qui s'est arrêté juste sur la main de l'homme pour ne pas la foudroyer. Mais le menace perdure.
Toutes spéculations sont possibles. Serait-ce un signe, comme quoi il est interdit à l'homme de se lier à Dieu, de dire combien il est dangereux d'y prétendre.
posté le 25-09-2011 à 13:40:34
Antoni Tapiès au fond du trou.
Pourquoi Tapiès nous a fasciné et pourquoi au déchet il retournera.
On l'a vu émerger brusquement de l'influence de Paul Klee dont il explorait les espaces enchantés mais où planait une sorte de menace (la vie de Klee exposée aux forces montantes du nazisme et son replis en Suisse pour y échapper).
Peu à peu l'écriture, (le graffiti) occupait l'espace et les vagabondages de la main qui griffe, proteste, et se confronte à la matière qui, à son tour, vient en marées successives s'entassant et laissant comme sur la plage les plissements d'une mer qui s'est retirée, en ondes lourdes.
De la matière ne vont pas naître des formes idéalisées de la réalité mais l'homme dans sa nudité grossière comme aux premiers jours de la création. C'est dans un état de borborygme qu'il apparaît. Comme si peindre c'était malaxer la matière pour lui arracher un souffle.
Intervient, de plus en plus accusé, un jeu de fléchage, de balisage, qui tente de cerner, de mieux définir dans l'espace de la toile, cette montée des profondeurs.
Procédé qui fascinait alors (on est dans les années 60) quand la peinture se cherchait de nouvelles définitions, affrontait la matière, pour tenter de lui arracher ses secrets.
Mais on a toujours pensé que l'art c'était la mise en perfection des forces de la vie, son idéalisation, et non le simple constat des dégénérescences de la société (l'art expressionniste) ou du règne de la matière pour elle-même, serait-elle frémissante d'une aspiration à la vie, d'un passage vers de nouveaux territoires.
Avec Tapiès (et une grande partie de sa génération) on est dans la complaisance devant le magma qui précède la création, et ce puissant retour vers les origines peut étourdir l'esprit un temps, mais la volonté d'en sortir vient au secours des pauvres naufragés que nous étions.
D'ailleurs n'est-ce pas la raison pour laquelle l'art aujourd'hui est comme bloqué devant un mur, et qu'il nous laisse sur notre faim.
posté le 25-09-2011 à 12:16:51
Patrocle à Versailles.
Ce ne peut qu'être une fiction.
Les faits avérés : on est le 5 octobre. Il pleut. Venues de Paris, une cohorte désordonnée de femmes exaltées par quelques meneuses (on dit, mais c'est contestable, que Théroigne de Méricourt était l'une d'elles ) s'acheminent en direction de Versailles, afin d'aller exposer au roi leurs problèmes.
Des femmes, en masse, mais aussi des hommes, et non des moins déterminés.
En voici un, remarquable par sa haute stature, il a pour métier d'être "modèle" pour peintre. Sa belle anatomie s'y prête. Il se nomme Nicolas Jourdan.
Lors de l'assaut (au matin du 6 octobre) contre le château de Versailles, il répond avec violence au tir d'un garde du corps qui tue un assaillant.
Alors Nicolas "n'écoutant que son courage" se précipite sur l'armée des suisses et tranche la tête de deux d'entre eux qui défendait l'accès de la chambre de la reine.
Un témoin précise " cela déclencha une joie barbare parmi cette horde sauvage, les uns trempent leurs mains dans le sang de deux gardes écorchés et s'en frottent le visage, d'autres dansent en chantant autour de leurs cadavres".
Modèle de peintre dit-on.
Le voici, exposant son anatomie. Ce peut être au Louvre où J.L. David a son atelier (dans la partie non encore terminée du bâtiment de la colonnade, voulu par Louis XIV). Tant bien que mal, dans un jeu d'échafaudages, de panneaux mobiles, on avait construit un espace où David pouvait déployer sa mégalomanie, et exercer son art de pédagogue d'une nouvelle peinture toute entière placée sous le signe du classicisme. Nicolas Jourdan, assassin à Versailles, devenait Patrocle sous le pinceau du maître. L' héroïsme, en période de crise, a "bon dos".
posté le 25-09-2011 à 12:13:54
Klee au sortir du rêve.
On n'est pas tout à fait dans ce monde, on s'en souvient, on le rêve, il s'échappe encore comme une image qui va se dissoudre dans sa matière même. Alors d'un trait tendre et que l'on dirait hésitant (mais il n'est que rêveur) Klee reconstruit un songe. C'est le propre du rêve que de s'échapper à l'instant même ou, au réveil, on tente de le reconstruire. Il est flou alors que dans le temps du sommeil il avait une précision étonnante, et précis dans les détails.
C'est à ce travail que Klee s'est attaché. Alors les détails s'embrouillent, se mêlent en d'étranges combinaisons qui inventent de nouvelles formes.
Il y aura toujours (chez Klee c'est une obsession) des animaux (oiseaux, poissons) traités avec une étonnante légèreté et pourtant précis comme des sceaux.
Remarquons comme ce monde est agité mais à l'instant où on l'arrache à l'informe (car l'informe n'est pas loin), il s'est comme figé. Mais sans lourdeur. Avec une grâce qui est celle du murmure devant quelqu'un qui parle trop fort.
Commentaires