Pourquoi Tapiès nous a fasciné et pourquoi au déchet il retournera.On l'a vu émerger brusquement de l'influence de Paul Klee dont il explorait les espaces enchantés mais où planait une sorte de menace (la vie de Klee exposée aux forces montantes du nazisme et son replis en Suisse pour y échapper).Peu à peu l'écriture, (le graffiti) occupait l'espace et les vagabondages de la main qui griffe, proteste, et se confronte à la matière qui, à son tour, vient en marées successives s'entassant et laissant comme sur la plage les plissements d'une mer qui s'est retirée, en ondes lourdes. De la matière ne vont pas naître des formes idéalisées de la réalité mais l'homme dans sa nudité grossière comme aux premiers jours de la création. C'est dans un état de borborygme qu'il apparaît. Comme si peindre c'était malaxer la matière pour lui arracher un souffle. Intervient, de plus en plus accusé, un jeu de fléchage, de balisage, qui tente de cerner, de mieux définir dans l'espace de la toile, cette montée des profondeurs. Procédé qui fascinait alors (on est dans les années 60) quand la peinture se cherchait de nouvelles définitions, affrontait la matière, pour tenter de lui arracher ses secrets.Mais on a toujours pensé que l'art c'était la mise en perfection des forces de la vie, son idéalisation, et non le simple constat des dégénérescences de la société (l'art expressionniste) ou du règne de la matière pour elle-même, serait-elle frémissante d'une aspiration à la vie, d'un passage vers de nouveaux territoires. Avec Tapiès (et une grande partie de sa génération) on est dans la complaisance devant le magma qui précède la création, et ce puissant retour vers les origines peut étourdir l'esprit un temps, mais la volonté d'en sortir vient au secours des pauvres naufragés que nous étions.D'ailleurs n'est-ce pas la raison pour laquelle l'art aujourd'hui est comme bloqué devant un mur, et qu'il nous laisse sur notre faim.
Ce ne peut qu'être une fiction. Les faits avérés : on est le 5 octobre. Il pleut. Venues de Paris, une cohorte désordonnée de femmes exaltées par quelques meneuses (on dit, mais c'est contestable, que Théroigne de Méricourt était l'une d'elles ) s'acheminent en direction de Versailles, afin d'aller exposer au roi leurs problèmes.Des femmes, en masse, mais aussi des hommes, et non des moins déterminés.En voici un, remarquable par sa haute stature, il a pour métier d'être "modèle" pour peintre. Sa belle anatomie s'y prête. Il se nomme Nicolas Jourdan.Lors de l'assaut (au matin du 6 octobre) contre le château de Versailles, il répond avec violence au tir d'un garde du corps qui tue un assaillant. Alors Nicolas "n'écoutant que son courage" se précipite sur l'armée des suisses et tranche la tête de deux d'entre eux qui défendait l'accès de la chambre de la reine.Un témoin précise " cela déclencha une joie barbare parmi cette horde sauvage, les uns trempent leurs mains dans le sang de deux gardes écorchés et s'en frottent le visage, d'autres dansent en chantant autour de leurs cadavres".Modèle de peintre dit-on.Le voici, exposant son anatomie. Ce peut être au Louvre où J.L. David a son atelier (dans la partie non encore terminée du bâtiment de la colonnade, voulu par Louis XIV). Tant bien que mal, dans un jeu d'échafaudages, de panneaux mobiles, on avait construit un espace où David pouvait déployer sa mégalomanie, et exercer son art de pédagogue d'une nouvelle peinture toute entière placée sous le signe du classicisme. Nicolas Jourdan, assassin à Versailles, devenait Patrocle sous le pinceau du maître. L' héroïsme, en période de crise, a "bon dos".
D'ordinaire, quand on s'intéresse à la chose, on nous dit que le mot dada a été découvert para Tristan Tzara qui aurait glissé une lame de couteau dans un dictionnaire pour l'ouvrir. Et c'est au mot dada qu'on arrive au terme de ce geste aux accents criminels (poignarder un dictionnaire c'est porter atteinte à la vie des mots !) Dada donc, et qu'il piaffe (d'impatience). Une autre version nous est donnée par Hugo Ball, dans ses souvenirs. Il aurait conçu le principe et le mot propre à le définir et Tzara s'y serait rallié.Mais qu'importe le baptême, le bébé va croître et s'embellir. Dada c'est en fait la colère de toute une génération choquée par l'ignominie de la guerre qui envoie toute une génération (non, plusieurs même) dans les tranchées.C'est un élan de vitalité, désordonné, chahuteur, qui touche tous les aspects de la vie, de la création, et caracole, emportant comme en un mouvement de marée (de tempête), des créateurs qui bousculent un peu naïvement l'héritage d'une société si stupide et cruelle pour privilégier la mort.En revanche, autant dada fut utile en son temps, autant le revendiquer aujourd'hui est futile. A moins que devant un avenir plutôt sombre on retrouve les mêmes colères. Mais ne faudrait-il pas lui trouver de nouveaux habits ?
Elle était née en 1885 dans le Schleswig-Holstein. Danseuse de métier elle rencontre Hugo Ball, figure singulière de poète avide d'absolu qui sera à l'origine du Cabaret Voltaire à Zurich (1915) et le créateur de "dada".L'enjeu de ce couple hors normes suscite l'admiration. L'amour les sauve du naufrage que toute vie misérable entraîne. Liés par l'amour de la poésie ils vont construire avec le Cabaret Voltaire (où Emma Hennings organise des spectacles) une véritable machine à créer dans tous les domaines au nom de la révolte, de la nouveauté, de l'invention permanente.Hugo Ball en donne une sorte de justification quand il déclare : "Notre cabaret est un geste. Chaque mot qui est chanté ou prononcé signifie pour le moins : que cette époque avilissante n'a pas réussi à forcer notre respect. D'ailleurs qu'a-t-elle de respectable ou d'impressionnant ? Ses canons ? notre grand tambour les rend inaudibles. Son idéalisme ? Il fait rire depuis longtemps dans son interprétation populaire aussi bien qu'officielle. Les grands festins de boucherie et les exploits héroïques du cannibalisme ? Notre folie délibérée, notre enthousiasme pour l'illusion les anéantiront."Les échos de la grande guerre (on est en 1915) arrivent jusqu'en Suisse, à Zurich, justifiant le rassemblement de personnalités les plus diverses, qui auront fui la grande boucherie des tranchées.Dans une assemblée d'hommes Emmy Hennings est la seule femme.
Cézanne était bien le contemporain de cette folie érotique qui marque la "fin de siècle". Elle tourne la tête des peintres académiques (dit "pompiers") qui se complaisent à des scènes équivoques, des sujets salaces, au prétexte d'évoquer les moeurs antiques ou l'Orient fabuleux avec ses harems.Même les meilleurs amis de Cézanne, ceux près desquels il se range pour tenter de se faire entendre (en fait, "voir" ), n'échappent pas toujours à cette fascination du monde qui chavire vers les plaisirs, où le sexe domine. Degas et ses scènes de music-hall, ses scènes de maisons closes, Toulouse Lautrec, sur les mêmes sujets, avec une pointe de hargne, Manet, leur maître à tous, qui annonce la fascination du sexe dans des oeuvres hautement chargées de sous entendus, même Renoir n'échappe pas à cette tentation, mais sur le mode aimable et bon enfant, populaire et presque joyeux. A son contraire, Van Gogh, abordant cet univers du sexe incarné par des "filles", fait peser le poids de la tradition protestante avec sa notion du péché, quand Gauguin y annonce la pointe de sensualité tranquille qui va se développer avec le siècle suivant.Cézanne est mal à l'aise avec la femme. N'a-t-il pas demandé à des hommes de poser pour ses "Grandes baigneuses" ! ce qui est pour le moins paradoxale, mais, réunir plusieurs femmes nues, surtout en province, ne pouvait se concevoir et lui même y répugnier.Alors, écarté des chemins de la luxure (d'ailleurs Cézanne vit comme un petit bourgeois), il se penche avec une force d'attention, un sens de l'intensité, une dimension quasi mystique de la simplicité, vers des natures mortes où il peut (tel Chardin bien avant lui) faire peser le poids du monde, la densité des choses pesées à l'aune de l'éternité qu'elles défient (n'est ce pas, des fruits, la pomme qui résiste le mieux au risque de la pourriture ?) ;Alors, de quelques objets agencés sur une table, en un ordre qui revendique l'harmonie, il construit une monde solide, avec sa résonance quasi sacrée D'ailleurs une table de cuisine, devient, avec lui, l'équivalent de l'autel, pour célébrer les forces de la terre
C'est Nerval, je crois, qui parlait des saintes de l'abîme, autrement dit les filles perdues (les vierges folles de la légende), celles du trottoir et du bordel qui se donnent totalement à leur perte comme les saintes d'en haut s'oublient (s'exaltent) dans le contemplation du divin, chassent la chair au profit de l'esprit (de l'âme).Les saintes d'en bas se vautrent dans la fange, celles d'en haut se désincarnent dans la transparence céleste. Elles flottent dans le ciel.Entre les deux, l'homme qui oscille (incertain de lui-même et de son sort) par les deux attiré. Se cherchant une sainte pour se sauver des chutes possibles, redoutées.Nombreux sont ceux, qui pour échapper aux pièges du stupre, se donnent aux délices de la culture faute de se joindre aux fervents de la piété. Homme de peu de foi, la culture du pire te sauvera...C'est Valery Larbaud, du temps de sa jeune tapageuse de fils de riche (avant que l'infirmité le fige dans son fauteuil roulant), qui faisait le court chemin qui conduit de la Bibliothèque Nationale au bordel de la rue de Chabannais.Plus pratique encore : j'ai connu un docte chercheur (couvert de diplômes et auteurs de maints essais appréciés) qui me confiait, dans les allées de la Bibliothèque Nationale que nous fréquentions assidûment tous les deux, qu'il regrettait que dans les fabuleux sous-sols de ce docte établissement (plusieurs étages réservés à de précieux et confidentiels documents) on ne trouve pas un espace livré au libertinage. Une manière de se détendre dans la consultation parfois éprouvante de lourds in folios. D'autant que la symbolique serait respectée. C'est dans les Catacombes de Paris que la légende veut situer d'étranges messes noires et autres cérémonies secrètes. Le sexe règne dit-on. Mais la légende n'est-ce pas une manière de concrétiser des fantasmes ?
Bonne feuilles d'un ouvrage en préparation. Ces bûchers, ces imprécations, cette foule qui encourage la mort, l'applaudit, c'est le point culminent d'un Paris porté au noir.D'un Paris furieusement gothique, énervé de lune, de nuits troubles, de créneaux derrière lesquels s'agitent des ombres.Et sur une Seine noire, étroitement inscrite en son cours parmi de multiples constructions qui sont les bornes des territoires de crime et d'exactions, de lourdes barques transportent des troupes silencieuses et souvent des morts repêchés flottant au fil de l'eau, cousus dans des sacs de cuir. La voix populaire (et la légende ) dira que ce furent de beaux mais naïfs écoliers pris dans les machinations des belles-filles, folles de leur corps, d'un roi bien malheureux d'avoir à les supporter. C'est à la tour de Nesle qui pointe dans le ciel sa silhouette finement crénelée.Ce ne sont, alentours, que girouettes qui grincent, toute une ferraille finement ciselée qui tournoit majestueusement dans le ciel.Et sur ce foisonnement de formes aigues qui font ressembler la ville à une bête menaçante, ou une machine de guerre, lui donnent aussi, au jour, par toute l'étendue de ses toits, des splendeurs d'enluminure. Sous ses combles, aigus comme des couteaux, ce ne sont que labeurs épuisants, conciliabules secrets et orgies honteuses. Prières et soupirs, plaintes et cris, et toutes les rumeurs se mêlent dans une ville qui est glauque, et terrible, la nuit.Dans ce Paris pétrifié de terreur, des pas martèlent le pavé. Ce sont des milices qui passent pour chasser le gredin. On entend le bruit des lourdes chaînes que l'on tend à l'entrée des rues pour les barrer aux indiscrets. Dans l'étroitesse étouffante chaque ombre est suspecte. Des portes, jaillissent parfois des couteaux. Ce sont ceux qui, dans une grande envolée de capes, criblent jusqu'à ce que mort s'en suive, Louis d'Orléans, l'amant d'Isabeau de Bavière la perverse. Le crime rode sous les voûtes étroites des ruelles. Il perdurera.Il y aura des morts ignobles et des cris, tortures et injustice de toutes sortes. De siècle en siècle reconduite en sa vilenie, la loi de la rue sera celle du plus fort, du plus fourbe, de l'assassin gagé pour mener à terme les noirs desseins d'une force toujours cachée.La rue souffre, criaille, s'exténue en colères ; et même ses joies sont périlleuses.Dominant la ville de sa sombre et terrible silhouette, voulu pour l'exemple, le gibier de Montfaucon. En cortège on y mène les condamnés. Les cadavres restent parfois suspendus jusqu'à leur putréfaction, attirant les oiseaux de proie, dans un ciel immense traversé par des cohortes d'inquiétants nuages. Ils se meuvent en troupes si denses qu'ils se confondent avec eux.Toute cette horreur déployée l'est pour l'exemple. Et n'a de sens que dans la mesure où les spectateurs en justifient la pratique.Paris, théâtre de la mort. Elle s'inscrit en termes aussi violents que sombres.Il n'est de mort exemplaire qui puisse être paisible.petit tableau sinistre à la manière de Aloysius Bertrand
Bonne feuilles d'un livre en devenir.Aux heures noires d'un pays qui n'était encore qu'un amas de forces contraires, de tyrannies contradictoires, qu'un tissu bariolé d'ambitions, de cupidités sujettes, les unes par rapport aux autres, à de logiques suspicions ; en ce temps de catastrophes qui n'épargnaient pas les masses et venaient, pensait-on, du ciel, mais découlaient, en fait, d'une incapacité pratique à les maîtriser ; en cette période de grands cris seulement interrompus par la mort (et la mort était inscrite dans le quotidien), le château ne pouvait qu'être fort. Fort parce que faible était la maison, le logis du manant, et parce que le guerrier avait l'énergie de sa monture, la protection de sa cuirasse, la témérité de sa lance, l'orgueil de sa caste, et la détermination de l'aventurier.Château fort parce que pour lutter contre les adversités il fallait s'isoler, se murer, dominer. S'élever aussi, la nature devenant complice de cette défensive absolue. On allait s'implanter au sommet des montagnes les plus escarpées, faute de se réfugier dans le ciel. C'était une réalité contre un espoir très aléatoire. Des raisons stratégiques commandaient cette situation, mais également, des motivations symboliques.Un château-fort au sommet d'une montagne n'était pas qu'un observatoire, c'était aussi un symbole.C'est le symbole qui, aujourd'hui, nous intéresse. Et si, pour la parade, on le festonnait d'enjolivures de fer, d'étendards qui ne furent pas avares d'exagération dans la splendeur, tel que nous le montre Fouquet, il n'était, en son ventre de pierre, d'obscurité, de terribles ténèbres, que silence et secret.L'espace disponible, aménageable, vivable, pratique, était dérisoire en regard de cette masse architecturale qu'il supposait. Exigeait.Cette disproportion entre le dedans et le dehors fait glisser le château dans le registre du tombeau qui est, lui aussi, une protection contre les menaces, dont celles du temps. Le château n'était qu'une protection contre les hommes. Mais destiné aussi aux hommes qui y habitaient, s'y réfugiaient, entendaient y amasser leurs richesses, la nourriture de leur survivance, tant la hantise du siège y était tenace.Autre similitude avec le tombeau et les victuailles destinées à la survie du mort dans certaines civilisations.Un château-fort comptait d'immenses réserves. Plus de place pour les denrées que pour ceux à qui elles étaient destinées. Mais plus surprenant encore l'habitude d'enfermer à l'intérieur du château, dans ses puissants soubassements, ses culs de basse-fosse, les prisonniers qu'il eût été moins dispendieux de supprimer. C'est qu'ils constituaient, le plus souvent, un autre type de richesse : une monnaie d'échange.S'ils avaient perdu de leur valeur marchande, les prisonniers n'étaient pas nécessairement tués, simplement abandonnés à une mort lente.L'enfermement était leur supplice. Un enfermement dans les profondeurs cloisonnées, alvéolées du château, en ses caves superposées. Au même titre, au même niveau, que les citernes d'eau potable et les excréments.Du ciel, où les girouettes flamboient de tout leur or au firmament, on est passé dans les ombres épaisses des enfers souterrains. Le château-fort résume ainsi toute la hiérachie des croyances médiévales. Il est le résumé du ciel et de l'enfer superposés, du jour et de la nuit, de la vie et de la mort.D'où l'extraordinaire pouvoir d'envoûtement qu'il exerce sur le lecteur de l'Histoire.Il y voit, résumé, toute la cosmogonie d'un monde dont il est assurément le monument le plus parfait. Et qui, jusque dans ses ruines, conserve son pouvoir d'attraction, atteint d'une dimension onirique.Mieux encore, ses ruines introduisent une notion d'assimilation lente, mais irrévocable, de cette masse ambitieuse à la nature. Mangé de végétation le château en lambeaux retourne à ses origines naturelles, car il est une version améliorée de la grotte, de l'abri primitif, de l'antre des origines.Mais ce lieu, dont la nature, la fonction, la vocation, la raison d'être est l'enfermement, se trouve abandonné au hasard des curiosités de chacun. Tailladé, éventré, ouvert, il conserve des poches cachées , des secrets qui glissent irrémédiablement dans la nuit. Seule la nuit contenue dans le château est éternelle. La masse disparaîtrait qu'il ne serait plus qu'une poche de mystère, engloutie, et les fantasmes l'habiteront. La version moderne du château-fort, le blokhaus, offre plus franchement cette image de l'engloutissement, car la masse bétonnée s'enfonce peu à peu dans le sol et qu'elle entraîne avec elle la scène sombre de ses salles intérieures.Immergé, le sol de son élévation redevenu champ, terrain vague, le blokhaus (du mur de l'Atlantique par exemple) est à l'image d'un immense et dément vaisseau englouti dans les profondeurs d'un noir océan. Sa poétique est abyssale. Le château-fort nous a entraîné dans des rêveries aquatiques.C'est que l'eau est sa complice.S'il est bâti dans une vallée, un terrain qui n'est pas surélevé et par le fait même en manque de défense naturelle, on aura recours aux douves.Ruban d'eau profondément enfoncé dans une tranchée qui ceinture le château.Pour le franchir, un pont, dont on peut "jouer", actionner la position, et que parce qu'il est étroit, surveillé, mobile, implique que tout franchissement est nécessairement celui de l'initiation.D'ailleurs n'y utilise-t-on pas le mot de passe ?
C'est dans la maison du 54 rue du Château (à Montparnasse), et sous l'impulsion de Jacques Prévert, que devait naître le cadavre exquis : un dessin fait à plusieurs mains, que l'on se passe, cachant ce qu'on aura dessiné, si bien que le résultat final est toujours surprenant. Peintres et poètes du mouvement surréaliste s'empressent de se livrer à corps perdu (et main inspirée) dans ce jeu, eux qui aimaient tellement les jeux, du moment qu'ils fussent intelligents.Mais c'était aussi, et aux yeux de Breton, une raison suffisante de le pratiquer, une manière d'écriture automatique dont il avait été l'un des initiateurs.Autant que l'effet de surprise, comptait pour lui la lecture des élans de l'inconscient qui s'y manifestent. Une lecture des bas-fonds de la mémoire ou des fantasmes que l'on entretient au fond de soi. D'être fait en public, et par définition par plusieurs, lui donne toute la saveur d'une sorte de confession où chacun se libère, porté par l'élan (sinon la stimulation) des participants. C'est un dessin en fête.en illustration un cadavre exquis de André Breton, Camille Goemans, Jacques Prévert, Yves Tanguy.
La jubilation de Camille Bryen.Quand la peinture a abandonné la réalité pour vivre de ses propres élans, elle devenait le portrait de l'artiste.Il projette sur la toile ses humeurs, la mesure de son tempérament. On aura vu Mathieu impérial (et un rien prétentieux) Hartung obstiné, Soulages nocturne, on voit Bryen jubilatoire.Celui qui le connaissait, le rencontrait dans son quartier (Saint Germain des Près) où il était un éternel piéton fouinant ces menues choses qui alimentent son imaginaire, car c'est un esprit curieux, que l'on retrouvera dans maints domaines, allant de la poésie - il la pratique - à la manipulation d'objets ; il voyait une sorte de petit personnage sorti d'un dessin animé, souriant, remuant, vitupérant, avec des grâces d'expression, des stridences de la pensée et de la voix. L'agilité dans la démarche, et toujours en mouvement. On ne pouvait l'imaginer devant sa toile, immobile et pensif, mais entraîné dans cette gestuelle qui était de son ordinaire et une certaine légèreté qui entrait aussi dans son comportement.Alors les couleurs s'envolent comme portées par un courant invisible, et se posent comme de multiples et chatoyants papillons sur la toile, poursuivies par des jets de colère. C'est ce mélange de grâce et de violence qui donne à ses toiles cette force et ce dynamisme si particulier et séduisant.Bryen faisait de la peinture comme en s'en jouant, sans pesante théorie pour la justifier. Elle était son miroir.
Petits propos pour Jean Dubuffet.Ce texte a été publié dans la revue Temps Mêlés. Il devait faire l'objet d'un "tirage à part " illustré par Dubuffet. Le projet s'est perdu dans les eaux troubles des années 60. Ce n'est pas la cri - sans échos - de l'homme démantelé de ses rêves moroses. Nuits ouatées de mes songes imparfaits, je peins de grands paysages de ce pays de boue et de blés trop mûrs. Avec un nerf de boeuf, il serait facile de peindre un boeuf, c'est déjà fait. - Avec une mèche de tes cheveux pourrais-je peindre ton portait ? Il faut porter sur la toile, la terre de ce monde trop usé et pourquoi pas la mer : ce serait construire de petits aquariums pour d'enfin vivants poissons. - J'ai vu de grandes falaises effondrées, les absurdes blocs domestiqués de rêves bon marchés - Les sinueux caprices de l'urbanisme dépassé, des visages mordus d'ombre et d'ennui comme un soir sans ami.As-t-on porté aux grandes voiles des ténèbres les mots sacrés et le sel de la pensée - je SAIS l'homme (savoir et autre chose) comme l'absurde qui s'effraie. La terre est métaphysique si l'homme n'est plus que chair - cendre plutôt, cendre grise entre mes doigts. Le monde qu'on a bien à soi n'est pas celui de notre chambre, de notre lit - ouvert à tous - à peine celui de notre mémoire, les autres en font grand cas. Evidemment pas celui de nos souvenirs, d'autres les partagent, d'autres sont venus depuis - Les souvenirs solitaires sont de grandes coupes sombres dans une lutte sans raison - on ne se souvient pas - Notre monde à nous n'est pas celui des cargaisons métropolitaines, ni davantage celui des platitudes nuageuses, bitumées du provincialisme cul-terreux et autres étrons à coller aux faces grumeleuses. Il est hors des cadres contrariés de l'habitudeTruculenceabsencecrudecsencerecrucuiterecuite achevée des chosescolléerecolléeaux tripes, au nezà ne pas savoir où et comment et pourquoi et depuisquand et jusqu'à quand ce boeuftoujours lui ESSENTIELruminera ses herbagesceux (les mêmes ) de nos rêves inachevéscar c'est quand même et toujours de rêve qu'il s'agîtde rêve qui ne sort pas des cadres de la réalité.Hé bien je trouve ce texte très mauvais et même un peu ridicule.Jean Rousselot qui, à l'époque, s'était penché sur un ensemble du même esprit avait porté un jugement qu'aujourd'hui je trouve fort juste. Il disait que c'était là la leçon (et l'influence) du surréalisme dans son plus désastreux aspect.
Chaque civilisation a un sphinx à son image. Celui des Egyptiens volontairement monumental (fait pour les foules) et de pierre, perd un peu de son mystère et de son envoûtement, quand, peint comme il l'est au XIX° siècle, il se pare de toutes nouvelles forces et joue d'une séduction qui tient sans doute au modèle qui l'incarne. On est entré en théâtralité, on y développe à la fois sa connaissance du mythe et ses fantasmes. Von Stuck, qui est à lui seul une véritable usine à fantasmes, aura choisi une femme (couchée) bien en chair, et vaguement androgyne. Tout y est : le mystère, la sensualité, la morbidité qui est de son monde. C'est moins un sphinx en sa fonction (interrogateur) qu'une femme qui attend la confidence, se montre à la fois impérieuse et câline. Femme de boudoir et non figure que l'on imagine (vue la légende qui conte ses méfaits) dans les courants d'air aux portes de la ville. Dans un climat d'alcôve, la grotte très vaguement suggérée étant l'image de l'enfermement protecteur. C'est un sphinx que l'on rencontre dans les méandres de l'inconscient qui est en fait le territoire choisi par le peintre.Un sphinx dont l'interrogatoire est d'une nature bien différente de celle de la mythologie. Von Stuck mélange le souvenir légendaire et la sensualité (un peu inquiète) qui est de son temps, dans une "fin de siècle" comme frappée de stupeur et marquée par le sceau d'un érotisme morbide.
C'était hier, un hier suspendu dans le temps flou de la mémoire.Autour du Luxembourg les chats errants ne sont à personne, et les chaises si dures au contact de la rêverie au bord du grand bassin, ont des allures d'instruments de supplice.On cultivait la poésie à l'enseigne du " Soleil dans la tête". Soleil cruel contrairement à ce que croyaient les chantres des jours heureux, ils oubliaient Van Gogh qui le portait en bandoulière et le projetait, les jours de colère, sur ses toiles.Les jours étaient souvent de pluie et de nostalgie. Je rencontrais le fantôme de Verlaine en haut de la rue de Vaugirard, devant l'hôtel qu'il habitait entre deux séjours à l'hôpital. A l'étage, encore inconnu, Georges Moustaki écrivait des poèmes qui passaient dans des petites revues mal fagotées, mais des poètes il s'en ramassait à la pelle, et pas seulement au temps des feuilles mortes.A l'heure du souvenir, je vois, comme sur un vieux cliché jauni et un peu flou qui fait le bonheur des albums que l'on feuillette en famille, les jours de mélancolie, la silhouette mince, et si vive, de Denise Miège, venue de ces banlieues qui imposent de longs séjours dans des trains maussades. D'où, sans doute, dans la poésie si ardente de cette poète hors pairs, des échos à la Cendrars, chahutant la phrase pour lui donner l'énergie d'une vie trépidante où l'usage de la poésie devient une arme incisive.A la ressemblance de la ville qu'elle hante comme le piéton de Paris, qui est notre modèle à tous, elle peut dire : " ville de mémoire douce et charnelle comme un fruit qui n'a rien à refuser. Douce et chaude où je marche seule et par coeur. Il est question d'un amour comme d'une blessure à vif qu'elle sait qu'elle tait".Tout est dit là, en mots simples qui viennent à l'esprit comme une mélodie et qui portent, de poème en poème, l'ardeur et la souffrance dont elle se nourrie.
Oser le minimum pour lui donner toute son intensité. Chardin l'a fait. Réduire la réalité à l'essentiel de quelques objets qui en disent toute la force intérieure, la beauté. La peinture peut être expansive, soit pour dire le bonheur d'être, la vitalité qui engendre mille élans, ou, au contraire, y creuser son angoisse. Mais, dans le secret de l'atelier, et, sans doute la sérénité qui l'habite alors, le peintre peut aussi dire la beauté du monde avec presque rien. Une certaine nudité qui est l'image de la pureté. L'éclat de la blancheur vaut toutes les orgies chromatiques, selon le sujet, le tempérament, le moment, l'idée que l'on se fait de la réalité.La voici réduite à quelques lignes hésitantes, elles se font leur chemin avec douceur et modestie. C'est en allant vers l'économie que l'on peut atteindre l'essentiel, et dans le silence que l'on rejoint la pensée à l'état pur.Le moindre signe y prend une importance d'autant plus grande.C'est l'état d'ébauche. Mais pourquoi aller plus loin. Tant de choses y ont déjà été dites. Le regard se pose sur l'épure comme sur l'idée de la sagesse, et de la sérénité.
Le lieu : une villa achetée par Monsieur Grindel père pour son fils Paul et son épouse Gala. Eaubonne, au nord de Paris, aux abords de la forêt de Montmorency. Un environnement agréable, bourgeois. Gala enchantée de quitter le triste appartement de ses beaux-parents rue Ordener. Tout va aller à la dérive pour Paul Eluard quand ayant été rendre visite à Max Ernst à Cologne, avec Gala, cette dernière devient l'enjeu d'une rivalité entre les deux hommes. Pourtant plus qu'amis. Ce sera un véritable coup de foudre, Paul Eluard ne freinant pas ses élans de sympathie, même si c'est un homme qui en est l'objet.Invité à Eaubonne Max Ernst jette le trouble. Il entreprend la décoration quasi intégrale de la maison, couvrant les murs (et jusqu'aux portes) de figures issues de son imaginaire flamboyant quoique teinté d'une étrangeté qui n'est pas toujours confortable pour l'esprit. Breton venu en visite chez ses amis déclare : " penser que la banlieue, la campagne vous cache de telles machinations". Du fait de l'entassement des objets achetés aussi bien par Paul que Gala (ils sont des chineurs acharnés) la maison devient un effarant bric-à-brac.C'est là aussi qu' Ernst peint l'étrange "La Révolution la nuit". "... dans les bras d'un bourgeois à grosses moustaches, portant costume, cravate et chapeau melon, figure un jeune homme inanimé dont la minceur, la blondeur, le profil aquilin font penser à un autoportrait ". Max Ernst déclare que c'est une Piétà.Un commentateur a pu dire " la Révolution, la nuit exprime le triomphe de l'onirisme, la supériorité des choses faites en état de rêve".La force de la décoration d'Eaubonne est un peu le reflet des drames sentimentaux qui s'y jouent. Eluard lié à Max Ernst par des liens presque amoureux, et Gala partagé entre deux hommes dont elle trouble la pourtant féconde complicité intellectuelle.Le couple Paul-Gala en sera brisé, un tour du monde "absurde et inutile" de Paul s'en suit, et des déchirements qui vont transformer leur vie en une histoire purement sexuelle, et en pointillé.La maison d'Eaubonne abandonnée, longtemps le fabuleux décor de Max Ernst sera ignoré, et même recouvert par les nouveaux habitants du lieu. Ce n'est que dans les années 70 qu'il sera redécouvert
Le surréalisme instaure l'amour comme religion. Il est le ciment de la création, jusque dans le désordre des passions qui se croisent, s'additionnent, laissant sur leur passage des traces que sont les oeuvres qui résultent de ces fusions du corps et de l'âme qu'exalte le surréalisme, qui en fait un principe.La femme surréaliste sera celle de l'aventure des rencontres foudroyantes , dont Nadja est une sorte de figure emblématique ( bien que Breton se soit contenté d'une semaine d'effusion, un livre éternisant la chose).La rencontre d'Eugène Grindel (le futur Paul Eluard) et de Elena Diakonova (la future Gala) au sana (Grindel a 17 ans), se développe sous le signe de la poésie dont l'un et l'autre sont de fervents amateurs. Sinon que Gala restera à ce stade quand, grâce à elle cependant, Eluard entreprend ce vaste parcours dans la culture du mot dont il s'est imposé comme l'un des maîtres les plus accomplis.Gala, qui inspire le poète, est elle-même, dépourvue de tout talent, en quelque domaine que ce soit. On la connaît amoureuse, dépensière, futile, capricieuse, partiale, n'apportant à l'homme qu'elle aime (après Eluard et Max Ernst, Dali avec lequel elle s'identifie totalement), que le ressort de l'amour et c'est bien dans ce rôle, somme tout bénéfique, que va s'inscrire l'idéal de la femme surréaliste. Elle est le moteur de la création, son objet, et le culte de la beauté du corps y entre sans complexe. Man Ray, dans son admirable oeuvre photographique en aura donné les repères les plus marquants, Situant à sa juste place dans l'aventure surréaliste la femme, muse ardente, Vénus sortant des eaux.photo Eluard et Gala.
C'est bien l'un des paradoxes du groupe des surréalistes, ils chantent la femme (muse) et l'écartent de leurs travaux. Déjà, du temps de "dada", quand ils se réunissent au Certà dans le mythique Passage de l'Opéra, il le font en dehors de leurs amies et maîtresses. C'est un club d'hommes et leurs compagnes sont abandonnées dans les coulisses de leur vie privée.Gala, la toute nouvelle femme de Paul Eluard, qui le suit comme une ombre, tentera de forcer cette citadelle, mais ne sera reçue qu'avec méfiance, d'ailleurs elle n'est pas aimée tant elle présente une allure sauvage, voire dédaigneuse, toute entière vouée à la gloire de son poète-amant, et qu'en dehors de lui elle freine les contacts, s'en méfiant, et faisant valoir son caractère un peu sauvage.C'est après la rencontre du couple Gala- Paul Eluard à Cologne avec Max Ernst que Gala aura enfin droit de figurer avec une silhouette si conforme à son attitude bien connue dans le "tableau des amis" où Ernst assemble ses amis et quelques figures du patrimoine littéraire et artistique qu'il revendique.Sans doute les femmes virevoltent autour de ces poètes prometteurs, que le scandale impose à l'attention du public, et elles deviennent l'objet d'une sorte de culte de la beauté et de la liberté (de moeurs) qui va toujours écarter les surréalistes des us et coutumes de la société bourgeoise tant méprisée par eux.Toute une comédie de mari-amant qu'illustre en particulier Gala, successivement muse d'Eluard, d'Ernst et de Dali enfin dans une opulence qui est celle d'une bourgeoisie "arrivée", le goût de scandale de Dali la maintenant pourtant dans cette zone de la différence qui aura toujours été le moteur de son comportement social.
On sait que non content de s'en prendre aux mots et à la forme Dubuffet se mêle aussi de manipuler le son, et cela devient musique. Stridente, avec quelque chose comme un écho lointain de la musique arabe. Normal il connaît la fascination du désert, il l'a pratiqué, il y a peint. Dubuffet a le regard large et on n'ira pas s'en plaindre. Alors osons dire qu'il dessine aussi avec cette stridence qui agresse l'oeil (comme l'oreille pour le son) et que l'on s'en réjouit tant elle dit l'ardeur des colères et des jouissances que l'homme de peu a tant de mal à extérioriser, sinon par le graffiti. L'homme ordinaire ! avant que Pierre Sansot en ait fait l'objet d'une pénétrante étude, Dubuffet avait cette conscience que l'homme ordinaire pense aussi, et se construit un monde.Non seulement il s'en prend à la culture, mais il veut aller là où il semble malséant d'aller. Lui ira cherche son inspiration dans les endroits incongrus, jugés grossiers : sur les murs oublié, dans les terrains vagues, les pissotières (Mandiargues avait là dessus des informations uniques), et sans doute avait-il raison, le musée aujourd'hui accueille comme une forme d'art l'errance de la main qui gratte un mur, le couvre d'écritures malhabiles, mais portant l'essentiel d'une souffrance, d'un souhait.L'art à tous les étages de la vie, depuis les hautes spéculations qui débattent de la beauté ordonnée jusqu'aux plus infâmes miasmes de l'émotion.
La dédicace des Fleurs du Mal (1855) permet à Baudelaire de rappeler l'ancienneté de son admiration pour Delacroix. Déjà, dans son Salon de 1845, il lui consacre une part importante et analyse quelques uns de ses tableaux (La Madeleine dans le désert, Dernière paroles de Marc-Aurèle) assurant alors que "M. Delacroix est décidément le peintre le plus original des temps anciens et des temps modernes".Lors de sa mort, en 1863, il publie en feuilleton, dans "L'Opinion nationale" une série d'articles où il peut développer son admiration pour le peintre, et cela en dépit d'une nette hostilité dans son propre milieu.L'ayant bien connu, et si totalement apprécié, il peut souligner un trait particulier de se démarche : "Il y avait dans Eugène Delacroix beaucoup du sauvage, c'était là la plus précieuse partie de son âme, la partie vouée toute entière à la peinture de ses rêves et au culte de son art. Il y avait en lui, beaucoup de l'homme du monde ; cette partie là était destinée à voiler la première et à la faire pardonner. Ca été, je crois, une des grandes préoccupations de sa vie de dissimuler les colères de son coeur et de ne pas avoir l'air d'un homme de génie. Son esprit de domination, esprit bien légitime, fatal d'ailleurs, avait presque entièrement disparu sous mille gentillesses. On eût dit un cratère de volcan artistement caché par des bouquets de fleurs".
Qui veut aborder le problème Wilde (sa personnalité, son procès, son amour pour Bosie) sera, dans le livre d'Isaure de Saint Pierre, embarqué dans une succession de petits tableaux d'une incroyable fadeur qui caricaturent les personnages d'un drame de société autant que d'une aventure littéraire fort ambiguë quant elle tente de situer Wilde dans l'échelle des valeurs. Ne serait-il qu'un Sacha Guitry britannique, ciseleur de mots brillants et se prenant pour Shakespeare. Isaure de Saint Pierre insiste trop sur la vanité de Wilde pour n'y pas voir un procès en règle d'un personnage qu'elle ne rend pas sympathique (l'était-il ?) et ses frasques ne sont-elles pas la mise en pratique de ce que Dorian Gray illustre dans le seul ouvrage finalement qui situe bien Wilde dans son temps.Une version anglaise du des Esseintes de Huysmans. Là où l'auteur finira par ressembler à sa création, statufié dans l'ignominie que lui inflige sa société alors qu'il n'est peut-être qu'un amuseur public.Avec les risques d'être détesté après avoir été adoré.