Soie et sang chez Bellmer.
Hans Bellmer s'est fait connaître (reconnaître) et adulé par les surréalistes (en particulier Paul Eluard) avec des photographies de poupées qu'il avait mises en scène dans un sous bois, les livrant à d'étranges déguisements, ou dénudées, comme si elles avait été victime d'un outrage. C'étaient des poupées violées. Pire encore, démantibulées. Il le dira lui-même, dans un de ces petits textes dont il avait le secret. Lors de la fouille d'une malle trouvée dans le grenier de la maison familiale il découvre des poupées en celluloïd comme il en existait autrefois. Les divers éléments du corps étaient tenus par un cordon à l'intérieur. Rares sont les petites filles qui ne tentèrent pas d'arracher bras ou jambes par un mouvement de cruauté plus ou moins inconscient. Bellmer se livre alors à une véritable chirurgie sadique et lubrique, décomposant les corps, jouant des divers éléments pour en inventer de nouveaux, hybrides. Son univers était né.Lorsqu'il dessine, il conserve quelque chose de cette fascination de la soie des enfances rêvées, y projette ce sang de la cruauté dans un climat à la fois suave et raffiné. Dessins, gravures, aquarelles, tout un registre d'images affolées et perfides..