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lettres de la campagne

posté le 10-07-2009 à 10:49:52

Dada à Paris.

Dada à Paris.
L'Histoire le dit, né à Zurich, et simultanément à New York et Berlin, Dada, à Paris, fait la synthèse de ces mouvements de contestation qui tiennent du monôme d'étudiant et d'une remise en question des formes d'expression que sont les arts plastiques et l'écriture. Toute remise en cause, et chahut des choses données, ne va pas sans désordre, conflits, contradictions et moments "forts". Toute une jeunesse (celle qui sort meurtrie des épreuves de la première guerre mondiale) va y faire ses classes et il sortira le surréalisme qui est une nouvelle morale autant qu'un art nouveau. On en est les héritiers. Un peu abusifs sans doute. Si l'art actuel est en si mauvaise passe (voir les expositions officielles consacrées à la création contemporaine) , c'est sans doute qu'on ne sait pas bien sortir d'une telle crise, alors on radote on insiste on se contente de copier les oeuvres clefs de cette aventure, d'où la position de "maître à pense" de Marcel Duchamp.


 


 
 
posté le 10-07-2009 à 10:38:05

D'Ubu à Rousseau.

14h59 - D'Ubu à Jarry. - Général
Le chemin qui va de Jarry à Henri Rousseau, dit le Douanier, est plus court qu'on le croit. Ubu nous conduit au maître de la jungle en chambre. Naïf disait-on, roublard aussi pensaient certains. Voire. Ni l'un ni l'autre, un merveilleux rédempteur de l'âme enfantine avec ses joies, ses terreurs et ses fantasmes (une femme nue dans la forêt !) Chaque tableau est un enchantement, une délectation. Et si l'on faisait un bout de chemin ensemble !

 


 
 
posté le 10-07-2009 à 10:33:19

Gentil Rousseau.

15h04 - Gentil Rousseau. - Général
On l'aura choisi comme compagnon  de route. On avait annoncé un texte en forme de labyrinthe, ce n'est pas pour se perdre mais fortifier des rencontres qui peuvent paraître contradictoires alors qu'elles constituent une trame qui nous conforte dans notre quotidien, nous soutient dans nos craintes et enchante notre imaginaire. Avec Jarry, pour la part acide de notre parcours et Henri Rousseau pour l'enchantement de chaque étape. Le voici, paisible ( voire qu'elle inquiétude pouvait l'habiter lui qui fut moqué avant d'être, mais d'une manière fort équivoque célébré, par des esprits singuliers comme Robert Delaunay, Guillaume Apollinaire ou Picasso qui n'est pas à une provocation près). Il pourrait être notre grand-père et d'ailleurs la photographie qui nous restitue sa présence s'encadre comme ces vieilles images qui, dans les cuisines de campagne, constituent une sorte de galerie des ancêtres. Gardons le pour tel. Il y a plus mauvaise compagnie.

 


 
 
posté le 10-07-2009 à 10:30:16

Rousseau compagnon de Léon Paul Fargue;

15h25 - Entrée de Léon Paul Fargue. - Général
Les liens de Rousseau avec la littérature sont multiples. Outre Jarry, dont il fit le portrait que ce dernier s'empresse de détruire, il peindra aussi le portrait de Léon Paul Fargue, autre complicité significative avec un piéton de Paris, dénicheur des coins insolites, inventeur d'une poésie cocasse, où la magie du regard se substitue à la banalité qu'elle transcende. La poésie c'est surtout une certaine manière de regarder les choses. La manière de le dire peut alors varier. Et évoluer selon les époques. Le génie de Rousseau est de n'avoir pas la marque du temps, c'est le règne de l'intemporel. Méfions nous des oeuvres qui sont à la mode. Elles passent avec elle. Chaque saison a la sienne. Rousseau est de toutes les saisons.

 


 
 
posté le 08-07-2009 à 16:17:12

Gaston Criel enfant du jazz et de Saint Germain des Près.

Gaston Criel un enfant du jazz et de Saint Germain des Près.

Il aura été l'un des premiers à franchir le seuil du Soleil dans la tête. C'est qu'il venait de sortir un livre et assurait sa promotion. C'était "La grande foutaise" publié chez Fasquelle et dont on parla, fugitivement, pour le Goncourt. On disait qu'Henry Miller le "portait aux nues" ce qui était une référence. On fit en son honneur une vitrine qui soulignait ses liens étroits avec le monde de Saint Germain des Près et le jazz.
Ce dernier lui avait inspiré un ouvrage (Swing) qui fut rapidement salué par toute l'intelligentsia de l'époque.
Il est alors secrétaire d'André Gide, et vivait dans une chambre que lui louait Jean Paul Sartre, 42 rue Bonaparte, l'immeuble dans lequel le philosophe vivait avec sa mère.
L'homme annonçait par son apparence physique l'oeuvre, lui donnait corps. Le visage émacié, le verbe sonore, il faisait parti de la famille d'Antonin Artaud, des irréductibles, des rebelles. Il avait, dans son comportement, quelque chose d'impressionnant. Mais il sera emporté par la vie, écrasé par elle.
Gaston Criel a une vie mouvementée. Tantôt assistant de cinéma (pour "La Belle et la bête" de Cocteau) tantôt secrétaire à la galerie Maeght.
On le retrouvera ensuite dans sa région natale (Seclin), où il travaille dans la publicité et, ayant perdu sa place, s'installe avec sa compagne dans un mobil-home, où il créé un bar au bord de l'autoroute.

 


 
 
posté le 08-07-2009 à 16:06:24

Les Minutes d'Alfred Jarry.

Les Minutes d'Alfred Jarry.

Il est mort, il y juste cent ans. Je viens de trouver sur une brocante son Ubu, préfacé par Jean-Hughes Sainmont, (le grand spécialiste de Jarry devant le seigneur), qui fréquentait assidûment le Soleil dans la tête. J'y vois un signe, peut-être un appel. C'est décidé, on va cohabiter avec Jarry pendant quelques séquences. Histoire de retrouver le sens vrai des choses : derrière l'humour, la grimace, les provocations. Une quête pathétique. 


 


Commentaires

 

1. minouche145  le 08-07-2009 à 16:22:36

Bonjour;
je découvre ton blog, et je le trouve très intéressant, je n'ai pas le temps pour le moment d tout lire, mais je le mets dans mes favoris pour pouvoir y retourner quand le temps se présentera
Bonne fin de journée
Bisous

 
 
 
posté le 08-07-2009 à 15:53:58

Entrons en Pataphysique.

15h20 - Entrons dans le monde de la Pataphysique - Général
La compagnie des élus.
En se réunissant sous l'égide du Collège de Pataphysique, les admirateurs d'Alfred Jarry ont créé une sorte de société secrète qui a le mérite de ses conventions, de ses jeux de piste, de ses références, ces dernières surtout qui rallient à l'ombre de Jarry des poètes, des peintres, des écrivains de tous les horizons qui ont pourtant en commun le sens aigu d'un non conformisme salutaire devant cette crise de la pensée qui gagne tous les arts. L'annuaire des sympathisants du Collège est, à lui seul, une véritable anthologie de la pensée la plus rare, la plus fécondante, la plus  périlleuse aussi pour qui se calfeutre dans des idées reçues, des conforts intellectuels ramenant la culture à n'être qu'un bien de consommation.


 


 
 
posté le 08-07-2009 à 15:37:56

Alfred Jarry maître en décervelage.

Tout comme Marcel Duchamp est la référence absolue de la création plastique contemporaine, Alfred Jarry est celle du théâtre et par glissement progressif celle de la littérature comme instrument de perversion des traditions et remise en place des idées-forces. Ils sont quelques uns comme cela, au fronton d'une nouvelle manière de penser : Rimbaud en figure d'ange fatal, Lautréamont, passant considérable pour reprendre les termes d'André Breton, et Alfred Jarry qui conservera jusqu'à sa mort son "âme d'enfant". Et si le point commun à tous ces créateurs était justement d'avoir préservé, en dépit des agressions de la réalité et de la banalité du quotidien, cette force première qui suscite les découvertes et les colères, les passions et les refus.


 


 
 
posté le 08-07-2009 à 15:23:36

Marie Bashkirsteff

Marie Bashkirtseff.


Identifiée à son Journal (mais c'est aussi le cas d'Eugènie de Guérin, il faudra y venir) elle a une vocation de peintre, la volonté de s'affirmer par la peinture, comme si l'écriture n'était qu'un exutoire. Elle l'est, mais devient oeuvre littéraire, considérée comme telle. Sa peinture, pour autant qu'elle s'inscrit dans l'histoire de l'art ne se distingue pas (ne se détache pas) de celle que l'on pratique "autour" d'elle, et dans son milieu. A l'Académie Julian elle trouve plutôt un espace de liberté, et elle il apprend une technique. Solide, consciencieuse, cette technique lui permet de réaliser une oeuvre que l'on situera plutôt du côté de Rosa Bonheur que de Berhe Morisot, c'est à dire dans la tradition et un réalisme au premier degré. Sans invention, ni révolution, alors que l'art de son temps est secoué par de grandes inquiétudes, de vifs élans de nouveauté.


 


 
 
posté le 08-07-2009 à 15:00:06

Reconnaissance d'Arthur Cravan.

Justice à rendre. On doit à Bernard Delvaille la réhabilitation d'Arthur Cravan dont il rassembla les textes dans les années 50, chez l'éditeur Losfeld (Le Terrain Vague) dans un joli volume dont la couverture en papier kraft évoquait la fameuse revue du poète-boxeur : "Maintenant".

C'était là un véritable découverte, car en dehors de quelques spécialistes et les connaisseurs du mouvement "dada ", qui incorpore Cravan dans son combat, il était resté pratiquement inconnu. Pourtant, il a sa place près de Jacques Vaché (on parlera de lui), et pourquoi pas des poètes de la modernité comme Blaise Cendrars. Il y a chez lui des rythmes poétique qui valent bien ceux de la "Prose du Transibérien" avec la même fascination pour les voyages, les trains et les paquebots. Une fraîcheur, une vigueur de la vision, avec quelque chose de désenchanté, de provocateur, de jouissif, qui est alors une véritable nouveauté. Depuis, les rares textes de Cravan sont publiés et popularisés, ainsi que son oeuvre peinte (voir galerie 1900-2000, à Paris). Il reste cependant une figure de légende. Celle qui a façonné l'esprit de la modernité au XX° siècle.

 


 
 
posté le 08-07-2009 à 14:51:46

Arthur Cravan bis.

Arthur Cravan bis.

On n'en finira jamais avec lui. Il est au coeur de cette quête qui donne à nos vies sa raison d'être. C'est à dire sortir de l'horrible quotidien que dénonçait déjà Rimbaud et que toute une forme de poésie ( dont Cravan est un héros) tente de défier, sinon de nier, du moins de nous sauver. Oeuvre mince que la sienne. Forte comme un élixir (Apollinaire n'a-t-il pas intitulé "Alcools" ses plus importants poèmes ?) elle porte aussi les marques d'une époque sans jamais vieillir pour autant. Dans sa modernité elle offre quelque chose de viril, de dopant qui nous transporte.


 


 
 
posté le 08-07-2009 à 14:46:05

Arthur Cravan en dandy.

Et si l'on parlait du dandy. Au XIX° siècle son élégance visait à s'imposer au monde comme à la séduction sur les cocottes qui l'entouraient. Au XX° siècle (on peut y voir un signe des temps) c'est plutôt une approche élégante de la mort. Une certaine manière de la défier tout en s'y engageant. Flirter avec elle, comme Jacques Rigaut (on va le rencontrer bientôt) qui lui donne rendez vous sur un  miroir. Il n'a pas voulu, comme Alice, le franchir, mais se briser sur son reflet. A méditer.

 


 
 
posté le 08-07-2009 à 14:32:50

Le Désert de Retz en danger.

  1. Le désert de Retz.  
  2. Il était abandonné, ou presque, un propriétaire indigne et inconscient, n'avait pas cru devoir protéger un lieu qui enchantera ses visiteurs clandestins, comme la savoureuse Colette, le sensuel André Pieyre de Mandiargues et plus généralement les surréalistes de la dernière heure qui y firent un pèlerinage  que la photographie a immortalisé. Ils sont, en groupe, mais masqués, et comme les noceurs fatigués, au petit matin, après une fête nocturne. A moins que l'esprit d'une Venise à la Casanova y est porté son empreinte furtive. C'est que le jardin tel que le XVIII° siècle les invente, est un lieu de fête, un cadre de galanterie. On est bien dans le sillage de Watteau, de Fragonard avant qu'Hubert Robert y plante de fausses ruines et que les philosophent y viennent jeter les graines de la contestation qui va entraîner la Révolution. Car le jardin pittoresque a une force de suggestion autant qu'un éclat de charme et de volupté. D'ailleurs la Révolution voudra en créer à sa manière. Ce seront les "folies" sorte d'espace de divertissement ( et de prostitution) qui mêlent dans la bonne humeur les familles en goguette et les aventuriers de la galanterie. Déviation du jardin anglais et ses ruines de fantaisie.
  3. Poussons encore l'évolution, et l'on obtient Disney Land, On n'y entraîne pas que les enfants, des légendes modernes s'y ébauchent. Mais quelle déchéance.

 


 
 
posté le 08-07-2009 à 14:17:29

Le parc Monceau livré à la littérature.

le parc Monceau livré à la littérature.

Comme beaucoup de parcs parisiens (Luxembourg, Tuileries, Buttes Chaumont) le parc Monceau est très intimement lié à la littérature. Les personnages de la Recherche du temps perdu y étaient dans un cadre à leur ressemblance. C'est que tout l'élégance aristocratique du XVIII° siècle, qui l'avait inspiré, trouvait son écho dans cette société qui pratiquait l'art de ne rien faire en faisant beaucoup de bruit, dont Proust tirera des portraits cinglants et d'une rare cruauté. Gustave Flaubert fut un riverain (rue Murillo) et Zola a admirablement situé des scènes de son roman "la Curée" dans son opulente et sensuelle ambiance. La légende voulait aussi que des rencontres furtives et "scandaleuses" y étaient dans ce temps de la "fin de siècle" faciles et lascives. On ira les retrouver du côté des pages sulfureuses des petits maîtres de la décadence ou chez un Jean Lorrain, chroniqueur aussi bien de la société mondaine que des bas-fonds de Paris. N'oublions pas le charme des ruines qui y sont disposées pour le plaisir de la promenade. Ce fut le rêve d'un prince, organisé par le délicieux et prodigue Carmontelle.


 


 
 
posté le 08-07-2009 à 14:04:14

L'art du Journal intime.

Avec son visage d'ange et son allure de jeune fille sage elle trompe bien son monde. Derrière cette allure calme et convenue une ardeur contenue s'exprime et elle tente de vivre, de survivre, derrière les capitonnages et les futilités de sa classe, de son  quotidien.
Elle est toute entière dans son Journal. Complaisante vis à vis d'elle-même, étroitement attachée aux usages mondains et aux rites qui rythment sa vie. Elle peint (d'une manière conventionnelle mais avec un réel talent). L'écriture n'est pas que sa vie cachée, rêvée, elle est sa vie totale.
Elle pose cependant le problème du journal intime qui n'a d'intérêt  que lorsqu'il donne accès à une vie elle même créative, exemplaire. Pourtant, il se dégage de ces pages un feu, une flamme qui peut toucher. De peu de choses, sinon ses angoisses intimes, son appétit de vivre, elle fait une oeuvre qui n'est pas qu'un témoignage de son époque, elle est aussi l'aveu d'une féminité qui veut sortir de ses contraintes, d'une certaine banalité imposée. On est dans le monde de Proust, où passe l'orage de la passion.

 


 
 
posté le 08-07-2009 à 12:01:53

Ruines de fantaisie.

Ruines aux champs.

L'amour de la nature passe aussi par celui des ruines. Une leçon donnée par les philosophes et les amateurs de jardin du XVIII° siècle. Il ne subsiste presque rien de ces rêves d'amateurs qui vont à Ermenonville, Méréville, Monceau, ériger, avec la collaboration d'Hubert Robert, Carmontelle, des itinéraires champêtres ponctués de fausse ruines exprimant la mélancolie que suscite ce retour à la nature qui rêve d'un jardin d'Eden, évoque l'Arcadie et distille des préceptes philosophiques sur les pierres qui sont de larges livres ouverts où s'expose la sagesse.
Ce  retour à la nature passe par la littérature et s'appuie sur des références, des conventions, des mots de passe et des recueillements  Nous allons en emprunter quelques uns.
Et pourquoi ne pas remonter dans le temps, et aller rendre visite à Adrien, en sa villa !  On peut, pour le plaisir, relire le si beau livre de Marguerite Yourcenar : "Les mémoires d'Adrien". Ainsi les jardins nous entraînent aussi vers l'Histoire.

 


Commentaires

 

1. photosdemarc  le 08-07-2009 à 12:20:12  (site)

coucou
c'est ou cette photo ?
les petites villes citées sont a coté de chez moi
Si tu connais d'autres vieilles choses a voir dans le secteur, ca m'interresse et pourrais les filmer
Merci
Bonne journée
Marc

 
 
 
posté le 08-07-2009 à 11:24:10

Quelques pas dans un jardin anglais.

Quelques pas dans un jardin anglais.

Il n'est pas illogique d'évoquer l'art des jardins dans ce blog du Soleil dans la tête. Plusieurs expositions y furent présentées qui avaient pour sujet le jardin dans ses rapports avec l'art et la littérature. La peinture actuelle est largement nourrie d'évocations "jardinières". La peinture, dans ses rapports avec la nature, échappe à la simple description et s'appuie sur les ressorts de la peinture dite "abstraite" qui est une approche plus sensible, plus approfondie du phénomène de la nature. L'Impressionnisme annonce cet accord fondamental avec la nature. Le jardin anglais qui échappe aux règles contraignantes de la rigueur classique (incarnée par Le Notre, à Versailles) constitue lui aussi une approche de la nature "pour ce qu'elle est", acceptant ses caprices, ses diversités. Le jardin est alors une invitation à la promenade ( surtout sentimentale) rêveuse et en harmonie avec les éléments qui y portent leur marque.


 


 
 
posté le 08-07-2009 à 11:05:42

Allons chîner.

11h26 - Allons chiner - Général
Le retour progressif des "beaux jours" (oublier un peu l'usage qu'en fit Samuel Becket), entraîne l'organisation des brocantes qui enchantent nos dimanches de campagnard ( une campagne à 60 kilomètres de Paris et accessible en RER), et permettent la découverte de ces petits trésors qui nous ravissent, chacun ayant sa passion, ses motifs de recherche. Pour l'un, la vaisselle, l'autre les cartes postales, un autre encore, des bibelots kitch, pour moi ce sont les livres, et  j'y fais des découvertes exceptionnelles. C'est à dire des textes que je recherche et que l'on ne peut trouver que chez des bouquinistes.  Sinon que le livre ici est dans un domaine plus ouvert, dans ce mélange touchant des choses qui échoient après un héritage, ou quelques unes de ces aventures humaines qui jalonnent les vies, leur donnent ce sel particulier dont on fait les belles histoires, les riches destins. Livres à histoire et souvent portant des marques de leur passage dans la vie de ceux qui en eurent un instant la propriété. Des livres marqués aussi, ceux que je préfère. Notations en marge, dédicaces, signes particuliers d'appropriation tout ce qui les charge d'une histoire qui entre pour beaucoup dans leur attrait. Ils sont au prix unique, 1 euro aussi bien pour un René Char qu'un Guy des Cars. On peut y voir une certaine vision saine de la littérature, ou la saveur de l'initiation qui vous rapproche du plus précieux, au prix de l'ordinaire.

 


 
 
posté le 08-07-2009 à 10:55:29

Dérive, errance.

Dérive, errance.

La lecture a le pouvoir de nous sortir de nous même, d'un présent parfois contraignant et nocif pour l'éclat de la pensée, la saveur de l'émotion. On évoquait un labyrinthe, on en a suivi les méandres, traînant avec soi des souvenirs et un savoir (volé au hasard des rencontres, des lectures, des accidents du quotidien) on y rencontre des images d'une puissante force de suggestion. Les seuls portes de sortie (comme il y a des sorties de secours dans les salles de spectacle).
En voici une, arrachée à quelque livre d'épopée et de flamboyante victoire et  qui parle aussi de la vie de tous les jours. Qu'on ne s'y trompe pas, ce n'était qu'un intermède, une dérive, l'errance d'un instant. Pour prendre l'air d'hier, découvrir les rumeurs d'un marché, le cri des marchands à l'étal, le meuglement des animaux qui sont en si étroite intimité avec la vie des hommes, leurs bourreaux. On marchande, on cancane, bientôt la nuit venue tout rentrera dans un ordre puissant et menaçant.


 


 
 
posté le 08-07-2009 à 10:30:11

Gloire à Cendrars.

On avait évoqué, Cendrars pilier de bibliothèque, et par l'abondance des livres effrayé. Le voici, résumé, serti comme  un joyau, dans un livre dont la formule, justement, est  de donner l'essentiel de son oeuvre ( la remarquable collection des Poètes d'Aujourd'hui de chez Seghers). Le voici, dans la fougue de son verbe ardent et généreux, d'un modernisme aigu, qui flambe les

mots, cisèle les images, traduit le rythme de la machine, des  forces mécaniques, quand on croyait encore aux vertus de la modernité, à la beauté du progrès.

Cendrars sorte d'Homère de l'homme nouveau quand le XX° siècle,( à son aurore), était celui d'un nouvel âge d'or. On peut lire Cendrars comme une épopée d'un monde qui devait exister, que l'on souhaitait, qui est dépassé. Mais quelle beauté dans la phrase poétique, dans l'élan, la cadence, qui est celle de la musique de jazz. A vivre avec ferveur.  

 


 
 
posté le 08-07-2009 à 10:10:17

Le bibliothécaire vu par Arcimboldo.

16h41 - Le bibliothécaire - Général
Avec l'acuité de vision qui lui est propre René Char parlait de "La bibliothèque est en feu". Image forte nous projetant dans le chaos de l'Histoire, d'Alexandrie aux turpitudes guerrières qui détrônent la culture et brisent les liens que nous entretenons avec le monde de l'esprit. La suprématie de la force aveugle sur l'équilibre du coeur. Le rôle du bibliothécaire est celui du "passeur" qui guide vers les sources fécondantes auxquelles nous aspirons. Il faudrait faire l'histoire du bibliothécaire comme on ferait celle du chevalier ou du pèlerin. Un homme de foi.
Le voici, imaginé par Arcimboldo. Pétri non dans la glaise comme notre ancêtre Adam le "pécheur" mais composé des livres qu'il va distribuer à la juste mesure de nos besoins. Dispensateur non de grâce mais de savoir. De sagesse aussi. 


 


 
 
posté le 08-07-2009 à 09:57:46

J.P.Sartre, dans la bibliothèque.

17h09 - Le bibliothécaire - Général
 Blaise Cendrars l'évoque magistralement dans ses textes autobiographiques. Lecteur assidu de la bibliothèque Nationale (à Paris) il contemple avec un mélange de fascination et d'effroi l'étendue des rayonnages avec cette quantité invraisemblable de livres qu'il sait très bien n'avoir pas logiquement le temps de consulter. Un savoir si immense qu'il est écrasé par lui.
De son côté, Jean Paul Sartre dans "La Nausée" (un livre admirable) raconte l'histoire d'un "client" de la bibliothèque publique ( serait-ce celle de Laon alors que Sartre, enseignant au collège, rédigeait justement "La Nausée") qui prend le parti de lire tous les livres étalés sur les rayonnages, en suivant l'ordre alphabétique. Un  pari fou, dont même la logique dérange. La lecture c'est aussi une quête, une errance parmi les livres, un jeu de rencontres, d'approche très personnalisée.
Il résulte pourtant de ces deux vision l'émergence d'un rêve entretenu par maints écrivains. Celui du livre UNIQUE contenant tout de l'expérience, de la connaissance, de la sensibilité de celui qui le compose.


 


 
 
posté le 07-07-2009 à 18:09:38

La main à plume.

La main à plume.

Avoir accès au manuscrit offre le plaisir de découvrir le texte dans son élaboration, sa naissance (parfois difficile). C'est à l'accouchement même que l'on assiste. Elan de la main, conquête de l'espace, et cette manière si particulière, selon son tempérament, des circonstances, du cadre même de l'écriture, d'occuper la page : dans l'économie, la prodigalité, avec méthode, assuré et triomphant ou dans l'effort, la difficulté, les remords. D'où, le plus souvent les ratures, les biffures cette bataille pour trouver le mot juste et dont on est alors le témoin. On entre dans l'intimité de la création. Au stade le plus essentiel, le plus douloureux quand l'échec est encore possible.
 Imprimé, le texte affirme sa victoire, manuscrit, il est encore l'enfant fragile, choyé que l'on veut élever à sa forme la plus juste.
Victor Hugo est à l'ouvrage.

 


 
 
posté le 07-07-2009 à 17:55:00

Léautaud chez le Père Tanguy.

Léautaud chez le Père Tanguy.

On le sait, le père Tanguy tenait boutique 14, rue Clauzel, où se fournissaient en matériel les peintres qui furent les impressionnistes. Le père Tanguy se faisait payer en tableau et c'est ainsi qu'il avait dans son arrière boutique des oeuvres de Cézanne, de Van Gogh, de Gauguin, de Monet.
C'est dans le voisinage de ce modeste, mais haut lieu de la vie artistique, que Paul Léautaud vivra son enfance, en cette fin de siècle, entre un père souffleur au théâtre et une mère "cocotte" qui l'abandonnera et  qu'il rencontrera dans une maison de passe de la rue Laferrière.
Il habite avec son père, 13 puis 21 rue des Martyrs et 14 rue Clauzel, chez sa "nounou" cette Marie Pezé à qui il rendra souvent hommage dans sa vie de vieux célibataire ronchon, lorsqu'il vivra enfin dans la petite maison de Fontenay aux Roses. Il fait quotidiennement le voyage (en train) jusqu'à la station Luxembourg, (où on pouvait le rencontrer, cabas à la main plein de la nourriture qu'il réservait pour ses nombreux chats), et la rue de Condé, où il travaillait au Mercure de France. L'écriture de son Journal, à qui il doit sa gloire posthume, se fait lors de ses soirées solitaires dans cet enfermement qu'il a choisi. Autre exemple d'écriture en immersion radicale sur sa propre sensibilité, en lieu clos. D'où l'importance de la chambre dont on peut voir une reconstitution au musée Carnavalet.
A signaler le remarquable travail d'historien de Bernard Vassor: pour le Père Tanguy voir : paperblog.fr
et d'une façon plus générale : wikio.fr/news/BERNARD VASSOR.

 


 
 
posté le 07-07-2009 à 17:15:58

Anna (de Noailles) au lit.

Anna de Noailles.

Elle aussi est condamnée à "garder la chambre" pour raison de maladie. Elle aussi, née Brancovan, fréquente, surtout après son mariage avec un de Noailles, ce monde que Proust avait déjà investi. Le même, entre futilités, vanités et calculs, qui n'altère pas les forces principales de son génie propre. Une adhésion  sensuelle, profonde, avec la nature. Retirée dans sa chambre du 40, rue Scheffer (dans le 16° arrondissement de Paris), elle poursuit une oeuvre surtout poétique : L'ombre des jours, Les Eblouissements, Les Vivants et les morts, Les Forces éternelles. Sa gloire quasi officielle cache la part la plus captivante de sa démarche. Une saturation sensuelle qui vidant le corps de sa substance, nourrit un verbe d'ardeur et de souffrance, à la sensualité chargée de coloration orientale due à ses origines. Tout comme Proust exploite avec ferveur les souvenirs d'une enfance aux riches connotations sensorielles et mémorielles, Anna de Noailles s'appuie sur le caractère merveilleux (et d'un luxe tapageur) mais qui l'écrase, entretenu dans l'hôtel particulier du 34 avenue Hoche, où l'on cultive le souvenir d' ancêtres prestigieux, en leurs terres de Valachie et dont se sent débiteur son père Grégoire Bassaraba de Brancovan, et la "campagne" des bords du lac de Genève où sa famille possède une villa à Amphion, où elle "écoutait, les voix de l'univers". Une oeuvre formée dans l'enfance et formulée dans le tapage d'une vie d'abord mondaine avant d'être recluse.


 


 
 
posté le 07-07-2009 à 17:00:23

En compagnie de Léon-Paul Fargue.

D'avoir été le fameux "piéton de Paris", balisant de mots et de formules saugrenues le macadam parisien, et de finir cloué dans un lit ( dans l'immeuble du café baptisé le François Coppée, à Montparnasse) a quelque chose de tragique. En aucune logique avec un esprit plutôt porté à la fantaisie. Celui qui fut, jeune, le compagnon de tournées nocturnes d'Alfred Jarry, l'un des piliers de la NRF, le compagnon d'un autre noctambule célèbre en la personne d'André Beucler,  va devoir cohabiter avec la lenteur de la méditation en chambre, les lourdeurs d'une vie sans sommeil, et l'atteinte progressive de ses moyens intellectuels. La maladie aura mis du plomb dans ses "'semelles de vent" qui en faisait, tel Rimbaud, un aventurier du hasard objectif, un chroniqueur savoureux d'un Paris qui va de biais, n'obéissant pas à la logique d'un urbanisme pragmatique, volant à l'instant des splendeurs qu'il savait saisir comme au clic-clac d'un appareil photographique. Un épigone du précieux Jacques Réda qui a repris, pour son compte, la tradition de l'errance, un frère en piétonnerie de Jean Follain, car ils sont quelques uns à donner du prix à la promenade de la saveur au quotidien, du sel à la vie.  La chambre est alors l'antichambre d'une chute finale. L'ultime souffle d'un destin. 0 miam   [0 commentaire] [0 TrackBack(s)

 


 
 
posté le 07-07-2009 à 16:44:16

Le laboratoire central de Max Jacob.

Le laboratoire central.

Le titre, inventé par Max Jacob, couvre, au delà de ses propres textes, une activité littéraire qui se concentre en un lieu fixe, chargé, et diffuseur d'une pensée. Celle de l'écrivain qui se referme (se renferme) sur son cabinet de travail, et dans certains cas, qui en accuse le caractère intimiste, dans sa chambre, et souvent, pour des raisons médicales, comme l'illustre exemplairement Joé Bousquet. Blessé au cours de la première guerre mondiale, il est condamné "à la chambre" jusqu'à la fin de ses jours. "Dans cette maison de la rue de Verdun, à Carcassonne, cette maison aux voletes toujours clos, il y avait un lit immense avec le coussin réceptacle de son corps, un petit guéridon rond plein de médicaments, une table pour les manuscrits et la bibliothéque basse. Quelques tableaux et des lampes toujours allumées". C'est autour de ce lit (et sa couronne de tableaux porteurs d'une énergie poétique, de Max Ernst, Tanguy, Bellmer, Fautrier, Magritte, Paul Klee) que Joé Bousquet recevait ses visiteurs : René Nelli, un voisin, et, de passage : André Gide, Paulhan, Aragon, et beaucoup de ceux qui vont le mieux illustrer la vitalité de la littérature française dans les années 30-50, avec une plus forte concentration encore durant les années d'occupation, beaucoup de ceux qui rejoignaient la "zone" libre s'y retrouvant. Espace de convivialité, d'échange et de création. Sur son lit Joé Bousquet écrit, avec une volonté farouche de sortir de sa condition d'infirme par la grâce de l'écriture.Un aphorisme résume bien cette aventure de l'esprit : "C'est le désastre obscur qui porte la lumière"


 


 
 
posté le 07-07-2009 à 16:32:06

La chambre de Proust.

Les allongés, Proust en figure d'icône.

"La recherche du temps perdu" a été pratiquement écrite dans l'enfermement d'une chambre de malade, et celui-ci, couché. Ce n'est pas un cas unique s'il est  frappant. Avant d'être quasiment immobilisé par la maladie (l'asthme) Proust va "dans le monde". Il s'y plonge, pour noter les caractères (comme son maître Saint Simon dans le cadre de la cour de Versailles), et ayant fait son miel d'une vie mondaine fort riche il peut, en quelques années, dans le silence de sa chambre, (au numéro 102 du boulevard Hausmann à Paris), construire ce monument gigantesque, cette oeuvre coulée dans une phraséologie qui en reflète le caractère particulier. Dans l'espace flottant d'une immense rêverie, un rapport intime et mémoriel avec les mots. Une oeuvre qui n'aurait pu trouver son aspect, son "style", dans un autre contexte, un autre mode de vie, comme si celui-ci décide de celle là. Il y aurait long à dire sur les rapports existant entre la création littéraire et son contexte.La littérature des "allongés" se pare d'un caractère original en ce qu'il est plus intimement lié à son auteur. Il pourrait relever de l'art du Journal, il en a la fraîcheur d'inspiration, parfois l'impudeur, souvent la force de persuasion parce qu'il tire ses forces des zones les plus intimes et s'appuie sur des relations exceptionnelles avec le corps plus présent, pesant, que dans une oeuvre conduite selon les normes du travail d'écrivain à sa table, dans son quotidien, et comme un "objet" plus détaché de son intimité.

La photographie est celle de la reconstitution de la chambre de Proust, rue Hamelin, au musée Carnavalet. On y trouve aussi celles d'Anna de Noailles et de Paul Léautaud.

 


Commentaires

 

1. photosdemarc  le 08-07-2009 à 12:23:25  (site)

coucou
pour Proust, j'ai mis une vidéo de son Pré catelan sur http://videosdemarc.vefblog.net
" Le Pré Catelan "
Marc

 
 
 
posté le 07-07-2009 à 16:18:48

Un livre culte d'Alechinsky

Livre culte. Titres et pains perdus d'Alechinsky.

Il est de format carré, relié, la couverture, illustrée, offre la vision de la face arrière (généralement cachée) d'un tableau. Son titre, porté sur le cadre, est  "Le mal indéfini". Toute l'histoire d'un tableau est souvent dans ces coulisses qui consignent ses expositions, ses déplacements. Le livre, composé de petits textes fort divers, a fait appel à la contribution de Suzy Embo, pour les photographies, de Reinhoud pour le rappel de son travail de sculpteur s'appuyant sur des figures en mie de pain ( cette agitation de la main, distraite, comme pour les dessins de téléphone - on y reviendra-) de René Bertholo enfin, pour des mises en forme d'espaces graphiques. Le corps du livre est l'histoire d'une disparition. Celle d'un rouleau de dessins japonais qu'Alechinsy rapportait d'un voyage au Japon et qui fut avalé par les éboueurs, au petit matin, rue des Pyrénées où le peintre avait alors son atelier. On assiste à la quête de la chose perdue. Vaste épopée (qui mériterait un développement) où l'on va à la rencontre du déchet, de la chose condamnée à être malaxée, métamorphosée, sous couvert de recyclage. On peut imaginer des oeuvres entières restées inédites, abandonnées aux nettoyeurs des rues, déversées dans les immondices à ciel ouvert avec la lente  envolée des oiseaux dénicheurs qui y viennent grappiller leur pitance. Les mots devenus nourriture de l'oiseau, c'est un destin divin non ?

 


 
 
posté le 07-07-2009 à 16:06:42

Encore G.L.M.

Encore GLM


En écoulant les livres de ses éditions le libraire Michel Bouvier, 14, rue Visconti, Paris 6° donne un beau portrait de Guy Levis Mano. " de 1923 à 1974 un homme, seul, le plus souvent, a travaillé à donner aux poèmes qu'il aimait, la demeure qui lui semblait la plus juste" L'idée émise est éclairante qui fait, du livre, la demeure du mot. Il doit s'y sentir bien, s'y développer au meilleur de lui-même, y gagner l'audience qu'il est en droit d'espérer.

Guy Lévis Mano, dans son imprimerie artisanale de la rue Huyghens, au carrefour Vavin, à Montparnasse, y parvient, s'attachant la confiance et l'amitié chaleureuse, de René Char et d'André Breton,  d'Antonin Artaud et Maurice Blanchard, Jacques Dupin et Paul Eluard ou encore la malicieuse Gisèle Prassinos, le pensif Armel Guerne, la troublant Pierre Jean Jouve, la magistral Henri Michaux, le facétieux Jacques Prévert, le discret Gaston Puel, l'élégant Philippe Soupault  ;  en jetant des ponts de sympathie, d'allégeance, vers Gérard de Nerval, Edgar Poe, Rimbaud, Maurice Scève,  Kafka, Laforgue, toute une bibliothèque de l'excellence.  


Guy Levis Mano est aussi poète. Un livre de ses derniers textes vient de paraître.

 


 
 
 

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