posté le 07-07-2009 à 15:25:45
Jeanne Duval, l'adresse de l'amour.
Baudelaire sans
JeanneDuval c'est le poète sans son drame. Un amour malheureux, pesant,
une attache qui grève lourdement son quotidien, son avenir, après les
feux d'une passion qui fut purement sexuelle.
Elle
avait le charme (le piquant) des îles, elle devint une ivrognesse,
voleuse, paresseuse, dont tout le charme avait fuit. "Pour moi, si
j'étais invité à représenter l'Amour, il me semble que je le peindrais
sous la forme d'un démon aux yeux cernés par la débauche et l'insomnie,
traînant comme un spectre ou un galérien des chaînes bruyantes à ses
chevilles et secouant d'une main une fiole de poison, de l'autre le
poignard sanglant du crime". S'il s'est allé perdre du côté de théâtre
du Grand Guignol Baudelaire aura sans doute vu, comme Manet quand il la
peint, une épave en Jeanne Duval, d'ailleurs son pinceau s'est fait
brusquement brutal, hâtif comme pour dire ce qu'il n'ose croire.
L'horreur du corps qui s'étale.
C'est 22, rue Beautreillis, que Baudelaire retrouvait son amante.
Beautreillis,
en souvenir des jardins enchanteurs de ce qui fut, du temps de l'Hôtel
Saint Paul, la résidence royale, où le roi fou (Charles VI) jouait aux
cartes avec une petite noble de province qu'on lui avait abandonné, et
capable de supporter ses lubies, sa crasse. La face sordide de l'amour.
La photographie du 22 rue de Beautreillis renvoie au site remarquable consacré à Terres des Ecrivains. Une promenade capitale.
posté le 07-07-2009 à 15:12:35
Posséder Paris (Baudelaire).
Baudelaire 3.
Posséder
Paris est le pouvoir du poète qui en arpente les territoires les plus
secrets et sait donner aux plus ordinaires le charme de leur propre
mythologie, car la ville arpentée, absorbée, aimée, n'est jamais que le
miroir de celui qui mets des mots aux choses, aux lieux, aux instants,
à l'unique beauté d'une correspondance entre sa pensée et la poussée
des éléments qui façonnent la ville.
D'où
l'importance de la rue, ce théâtre de toutes les aventures humaines, ce
catalogue de toutes les passions, ce répertoire d'une histoire continue
qui croise ses instants et tisse la tapisserie d'une fabuleuse légende.
Chaque lieu a ses échos. C'est dans cette formidable boîte de résonance que se formule le poème, que naissent les mots.
Baudelaire
est lié à Paris. Il y souffre, y aime, y peaufine le pouvoir du verbe
d'en faire sentir toute la beauté exposée à tous les dangers. Car c'est
de l'usure, de la pourriture qui la gagne, comme elle gagne le corps
humain, qu'elle tire cette beauté navrée et perfide. Du corps de la
femme aimée ( plutôt désirée) à la ville il n'y a que la distance qui
sépare le rêve et une réalité qui en est l'écho chaviré, souvent pollué
par la vulgarité, l'horreur du quotidien. On a souvent comparé la femme
et la ville, où s'engouffrent les fantasmes de possession, d'échec, de
souffrance, la passion à un état d'intensité qui peut être mortel.
Paris,
rivé à sa vie errante, car " dans les plis sinueux des vieilles
capitale / où tout, même l'horreur, tourne aux enchantements".
posté le 07-07-2009 à 14:52:09
Joé Bousquet et les allongés.
Pour une fois, une confidence. J'ai, d'emblée, affirmé que ce blog
ne raconterait pas "mon" histoire ( dont tout le monde, à juste titre,
se moque) mais là il s'agit moins de moi que de Joé Bousquet. J'avais
toujours été frappé du fait qu'il avait reçu la balle qui devait le
rendre infirme, dans le village où je suis né ( Vailly, dans l'Aisne,
aux pieds du fameux Chemin des dames). Plus grande encore ma
stupéfaction lorsqu'un jour Max Ernst ( que je voyais de temps en
temps), et me sachant originaire de Vailly, me déclare. - Quand je
pense que j'étais dans les rangs ennemi, que je suis peut-être celui
qui a tiré. La guerre a de ces situations imbéciles et criminelles.
Alors
on connaîtra le Bousquet condamné à la position couché et qui écrira
pratiquement toute son oeuvre dans son lit. On y reviendra petit à
petit, elle est lumineuse, et de tirer sa substance de la rêverie
perpétuelle elle est poignante. A petits pas on en visitera les
précieuses arcanes.
Et dans la foulée, on parlera des grands
"allongés" de la littérature. C'est toute une manière différente de
voir le monde, et aussi de le décrire.
posté le 07-07-2009 à 14:39:54
Les lettres de guerre de Jacques Vaché chez K
Dans la famille des
marginaux, et de ceux qui façonnent (à travers les choix d'André
Breton) le nouveau paysage de la poésie Jacques Vaché s'impose comme le
plus radical et à la fois le plus ambigu. La publication de ses
"Lettres de guerre" (adressées à André Breton et Aragon) va le
transformer en icône de la révolte par quoi passe l'esprit s'il ne veut
pas être sclérosé par la réalité et sa banalité. Adolescent, nous
avions gardé quelque chose de l'enthousiasme que nos aînés y avaient
placé. La publication de ces lettres aux éditions K (dans les années
5O) revêtait le prestige d'une découverte dont nous nous échangions la
primeur avec des allures de conspirateurs. C'était une véritable arme
de contestation, une explosion d'humour sans limites. La couverture
était ornée d'un extrait de dessin de l'auteur qui le pratiquait avec
la désinvolture de celui qui ne veut pas en faire une oeuvre d'art,
mais une oeuvre de vie, un signe tangible, où passe le ricanement du
scepticisme, la hargne du blessé.
Depuis des travaux universitaires
ont figé cette prose digne de Jarry dans les cadres d'un étude serrée
qui en ôte le suc sans en ternir la portée formidable.
posté le 07-07-2009 à 14:33:47
Un petit tour du côté de Léautaud.
Un petit tour du côté de Paul Léautaud.
Ayant
vécu dans le quartier de son enfance (voir Le petit ami) entre la rue
Clauzel et la rue Notre Dame de Lorette, et avec cette manie de
toujours rechercher les traces de ces "passants considérables", je
retrouve dans les pages de son Journal ( une lecture formidable), les
éléments qui permettent de mieux le traquer là dans ses sensations si
subtiles et pourtant sources de défaillance sociale pour lui, à l'en
croire. Lecture fort utile pour celui qui se cherche.
Quel regard
original sur la littérature et ses faiblesses, son chic et son choc,
qui amène Léautaud à se retirer, solitaire parmi ses chats, dans sa
petite maison de Fontenay aux Roses (là aussi il y a encore des traces).
Chaque
page de son journal nous pose dans un lieu de ce Paris qu'il a sillonné
de Montmartre à la Comédie française, du Palais Royal à Saint Germain
des Près et dans cette rue de Condé où se trouve le siège du Mercure de
France où il est un employé modeste mais à un poste clef pour
l'observateur qu'il est. On le voit crayonner des portraits de toute la
littérature qui défile dans son bureau. C'est à la fois comique et
cruel, lucide et désenchanté.
posté le 07-07-2009 à 14:23:33
Paul Léautaud et les chats.
Paul Léautaud et les chats.
Qui
aime les chats aimera Paul Léautaud et lui rendra justice. Celui que
l'on déclare misanthrope, aura, vis à vis des chats, un comportement
exemplaire, stupéfiant et désintéressé. Il est capable de tout annuler,
jusqu'aux obligations de sa vie sociale, pour venir au secours d'un
chat qu'il sait en perdition. Son attitude n'a pas le caractère
esthétique ( et légèrement féminisé) de Baudelaire, mais la vigueur et
le réalisme d'une infirmière, un rapport de bienveillance vis à vis de
la faiblesse dont un chat est censé être la victime. Un regard
humain essentiellement et qui prend à travers ce qu'il en dit une
allure épique. Toutes les petites vieilles qui se livrent au rituel
d'aller donner aux chats abandonnés la nourriture dont parfois elles se
privent, suivent l'exemple de Léautaud. On pouvait, dans les années 50,
le croiser du côté de la station de métro Luxembourg (qu'il emprunte
pour aller chez lui à Fontenay aux Roses) avec, à bout de bras, un
cabas lourdement chargé de nourriture. Lui-même se nourrissant comme un
ascète.
posté le 07-07-2009 à 14:06:57
Un livre mythique : Vie et mort de Satan le feu d'Antonin Artaud.
Livre mythique.
Vie et mort de Satan le feu.
Publié par Eric Losfeld en 1953, sous l'enseigne de "Arcanes".
Sous
ce titre ce sont des pages sauvées de la disparition d'un Artaud
survolté revenant du Mexique. Il y est question du pays des rois-mages.
L'important, c'est l'histoire de leur découverte par Serge Berna qui la
conte avec beaucoup de verve dans la préface. On est rue Visconti, à la
suite d'un chiffonnier qui doit vider un grenier. Serge Berna se rend
sur les lieux, fait choir une pile de papiers divers. On l'écoute :"
j'accroche une pile de choses instables. Le tout dégringole mollement
avec une lenteur de nuit. Je me baisse vers quelques pages tombées à
mes pieds. Elles étaient disposées en une sorte de rosace étonnament
régulière au milieu de ce désordre de vieillesse et de mort. ; ces
quatre ou cinq pages allaient en une ronde régulière parmi le remugle
de choses pourrissantes de papier même pas déchiré, flappis de
poussière et d'eau.... (elles) étaient bourrés d'une écriture hachée,
du haut en bas, pleine de fièvre, dont les signes se chevauchaient,
s'intriquaient, se nouaient en un écheveau tournoyant. Au bas d'une
page la signature : ANTONIN ARTAUD. Il en résultera un livre. En
lambeau mais capital parce qu'il est le résultat du voyage que le poète
fait au Mexique, aux bords extrêmes de la folie. On y découvre un
Artaud hanté par l'astrologie, l'alchimie, les philosophies orientales,
le Livre des morts Tibétains, celui là même qui sera pillé au delà de
sa mort par ses héritiers spirituels.
posté le 07-07-2009 à 13:57:00
Le Paris de Baudelaire.
Le Paris de Baudelaire.
Sans être radicalement inspirée
par le pavé parisien la poésie de Baudelaire porte l'empreinte de la
ville à travers le filtre d'une sensibilité "génialement" maladive.
Elle tire de la réalité des images d'une force telle qu'elle se
substitue à son sujet. Passant du côté de la rue Hautefeuille, écartée
des bruits intempestifs du boulevard Saint Germain et de la place de
l'Odéon, on pensera à cet enfant destiné à une vie torturée qui y naît
en 1821. Sa vie sera d'errance et de douleurs.
La topographie
parisienne de Baudelaire est celle d'une quête à travers des "jardins
pleins de soupirs et d'intrigues". On peut trouver un écho de ce Paris
hanté dans les belles gravures de Charles Meryon. Baudelaire peut alors
écrire : "J'ai rarement vu représentée avec plus de poésie la solennité
naturelle d'une ville immense. La majesté des pierres accumulées, les
clochers montrant du doigt le ciel, les obélisques de l'industrie
vomissant contre le firmament leurs coalitions de fumée, les prodigieux
échafaudages des monuments en réparation, le ciel tumultueux, chargé de
colère et de rancune, la profondeur des perspectives augmentée par la
pensée de tous les drames qui y sont contenus".
N'est ce pas
l'ouverture pour une entreprise de lecture de la ville, d'un large
poème du Paris réceptacle de tant de vies croisées. On y viendra, ce
sera un autre blog sur LA THEORIE DES TRACES.
posté le 07-07-2009 à 13:32:04
La revue Temps Mélês au Soleil dans la tête.
La revue Temps Mêlés.
Des
nombreuses revues qui croisent l'aventure du Soleil dans la tête, Temps
Mêlés est l'une des plus singulières et celle qui se rattache le mieux
à la tradition surréaliste. On est du côté de la Belgique, sous
l'égide d"un personnage devenu légendaire : André Blavier qui est
l'auteur d'un livre "culte" consacré aux "fous littéraires". Parmi les
nombreux cahiers de cette revue, un numéro fut consacré à René Crevel
avec une prestigieuse collaboration de peintres et d'écrivains qu'il
avait côtoyé. Choisirait-on Valentine Hugo ou Gabriel Paris, Jacques
Hérold ou Lucien Coutaud, Denis Morog ou Man Ray, et les poètes venus
au coeur de cet hommage d'un écrivain tendre, lumineux et au destin
tragique : de René Char à Michel Leiris, de Pieyre de Mandiargues à
Jacques Baron. C'était une couronne qui n'avait pas l'aspect d'une
couronne mortuaire mais un faisceau de souvenirs de la prestigieuse
aventure du surréalisme sous le signe de l'amour et de la mort.
posté le 07-07-2009 à 12:37:59
Juan Romero chez Boltanski.
Juan Romero.
C'est
dans la petit galerie que Christian Boltanski (qui n'était pas
l'artiste, célèbre d'aujourd'hui) avait dans les années 7O, rue de
Verneuil, que je faisais connaissance avec l'oeuvre du peintre espagnol
Juan Romero.
J'aimais
sa vélocité, ce graphisme trépidant, enveloppant, courant sur l'espace
de la toile entraînant avec lui mots, signes et images. Une vivacité
graphique qui ne jouait pas la violence mais la douceur, une certaine
saveur qu'entretenaient des phrases de confidences que l'on découvrait
au sein de ce tumulte graphique. On l'a malheureusement perdu de vue.
Il expose un peu partout dans le monde m'a-t-il semblé.
posté le 07-07-2009 à 12:25:45
Gabriel Paris et les poètes.
Gabriel Paris.
Il
a été l'un des premiers artistes à suivre fidèlement les activités de
la galerie et, curieusement, son style, son mode de vie correspondaient
plutôt à l'esprit Montmartrois, ce qui était d'autant plus étonnant
c'est que le Soleil dans la tête, avant de s'arrimer rue de Vaugirard
devait s'installer aux abords immédiats de la Place du Tertre, sur la
Butte, ce qui aurait probablement totalement modifié son avenir, son
destin et l'esprit de ses manifestations.
J'avais
une grande passion pour la Butte Montmartre et son histoire que je
connaissais bien parce que quelqu'un de ma famille m'avait, quand
j'étais tout enfant, entraîné dans ses promenades et fait connaître
beaucoup de ceux qui avaient vécus l'aventure montmaroise, dans le
souvenir de ses héros, de Picasso à Pierre Mac Orlan, de Francis Carco
à Gen Paul, de Paul Yaki à Van Dongen.
posté le 07-07-2009 à 12:04:24
Henri Chopin, la poésie du sonore.
Henri Chopin le monde du sonore.
Animateur de
plusieurs revues qui illustraient son ouverture d'esprit (OU, Cinquième
saison) Henri Chopin a toujours milité pour la poésie sonore et les
recherches qui poursuivent, au delà du mode formulé, un espace où
s'égarer. Car rien de ce que le langage a pour mission de définir
subsiste dans ce traitement "musical" de la voix. Un magnétophone est
le stylo de cette écriture qui va fédérer autour de lui d'anciens
lettristes, des chercheurs venus de tous bords qui s'engagent dans cet
au-delà des mots. Le "musée" historique de cette création est des plus
singuliers et d'une formidable hétérogénéité : Lawrence Sterne, Dada,
Antonin Artaud, William Burroughs, Fixé maintenant en Angleterre Henri
Chopin poursuit son travail dans la confiance, voire l'admiration de
toute une génération qui voit, dans la poésie sonore, un avenir.
Consulter l'excellent blog : www.macval.fr/letter/ 08/henrichopin.jpg
posté le 07-07-2009 à 11:53:22
Les gourmandises bibliophiliques de P.A.B.
Les gourmandises bibliophiliques de PAB.
Derrière
ces initiales se cache (ou plutôt s'est imposé) l'un des plus
singuliers éditeurs des années 60-9O : Pierre André Benoit.
Natif d'Alès il a travaillé dans cette région en divers lieux qu'il avait l'art de dénicher, comme Ribautes les Tavernes où sa maison, nichée dans des ruines, était
ornée d'un grand motif de Miro. Car il avait des amis prestigieux et
faisait illustrer les fort petits tirages qu'il sortait de ses presses
par des artistes comme Picasso, Braque, Dubuffet, Alechinsky,
Corneille, Bertini, André Masson, Vieira da Silva, Jean Hugo.
Il
est l'exemple même de cette tradition d'éditeurs qui militent pour une
conception de l'édition bien éloignée des lois du marketing et s'appuie
sur la fidélité et la passion des bibliophiles qui recherchent ces
ouvrages où tout est raffiné tant le choix du papier que des
caractères, le poèmes gagnant ainsi un véritable écrin qui le valorise.
On parlera ici souvent de ces "petits" éditeurs qui font la gloire et
l'honneur de leur métier. PAB est l'un d'eux, et pas des moindres. Son
exemple a été suivi : voir agostiniveronique.midiblogs.com/.../
posté le 07-07-2009 à 11:40:45
Bruno Durocher, un survivant
Bruno Durocher, l'aventure d'un survivant.
Bruno
Durocher fait parti de ceux, très rares, qui revinrent "des camps".
C'était en 1945. La publication d'un recueil de ses poèmes chez
Seghers attire l'attention de René Char, Cendrars, Pierre Reverdy. La
voie était toute tracée. Poète, Durocher serait éditeur pour être au
plus près de ceux qu'il aime et veut publier. Il y aura Pierre
Albert-Birot, Jean Cassou, Jean Cocteau, Tristan Tzara, Max Jacob,
Pierre Jean Jouve, Raymond Queneau, Supervielle, Jean Rousselot, Michel
Ragon.
C'est par ce dernier qu'on le rencontre dans les années 5O.
Il avait créé son imprimerie artisanale cité Bisson, dans le XX°
arrondissement, puis l'avait transportée rue Gît-le-Coeur, rue de la
Harpe, rue Hautefeuille, un temps rue du Faubourg du Temple pour finir
rue de l'Arbalète au coeur du quartier Mouffetard, dans ce vieux Paris
tout imprégné de souvenirs littéraires. Ce fut le quartier de François
Villon, de Restif de la Bretonne. Sur cette montagne Sainte Geneviève
qui est le mont de l'esprit et de la révolte.
Durocher, aujourd'hui
disparu, avait l'allure du prophète, la morgue du protestataire, le
coeur d'un frère de pensée. La "colonie" polonaise a toujours était, à
Paris, un formidable vivier de talents. On retrouvera Durocher sur
notre chemin. Il est semé d'étoiles rares.
posté le 06-07-2009 à 16:07:37
Isabeau de Bavière boudée par Gérard de Nerval.
Dédiant un de ses ouvrages à quelques femmes
remarquables (Les Filles du feu) Gérard de Nerval aurait pu écrire un
texte sur Isabeau de Bavière comme l'a fait magistralement, le marquis
de Sade. Femme de tête et de corps chaud, cette Isabelle de Bavière a
un étrange destin. Mariée pour des raisons politiques à un homme
qu'elle aimera, elle s'en éloigne quand il devient fou. Et tombe dans
les bras de son frère, ce Louis d'Orléans assez vaniteux mais sans
doute "grand seigneur". A la folie du mari va s'ajouter la mort de
l'amant, au fond d'une impasse (elle existe toujours), qui débouche sur
la rue des Francs Bourgeois dans le Marais, et pas loin de son hôtel de
Bar
bette (il reste la rue) où elle fomentait des complots en s'alliant
aux Anglais. Ne va-t-on pas jusqu'à imaginer qu'elle est la mère de
Jeanne d'Arc ( de nombreux sites sur elle) et expliquer ainsi une
carrière hors du commun. On reste entre femmes susceptibles d'inspirer
un poète comme Gérard de Nerval qui sait si bien aller au coeur des
mystères qui entourent certains destins.
posté le 06-07-2009 à 15:57:20
Isabeau de Bavière et Paris.
La vie d'Isabeau de
Bavière est étroitement liée à celle de Paris. On peut encore
aujourd'hui suivre les traces de son passage dans le quartier du
Marais. Il n'existe plus de bâtiments (l'hôtel de la rue Barbette,
l'Hôtel Saint Paul -emplacement aujourd'hui du village Saint Paul) tout
au plus le goulet où son amant Louis d'Orléans est tué par les sbires
du duc de Bourgogne (rue des Francs Bourgeois). On a illustré son
"entrée" dans Paris, geste essentiel dans la reconnaissance d'un
souverain, prise de possession de son domaine et affirmation de son
pouvoir.
posté le 06-07-2009 à 15:41:08
La femme flambée dans tous ses états.
La femme flambée ( de la Saint Vierge à Brigitte Lahaie).
C'est
sous ce titre qu'un livre avait été imaginé (il y a plus de dix ans) et
qui n'est jamais terminé tant le sujet s'étend en multiples
ramifications. La femme flambée est celle qui dépassant les limites de
sa condition ( tant physiques que sociales) peut aller jusqu'au bout de
son destin, de ses aspirations, et naturellement de ses fantasmes. Soit
qu'elle tienne son destin en main, et l'accomplisse, soit qu'elle soit
désignée comme telle par l'histoire et l'image que l'on se fait d'elle.
Elle devient une icône.
Cela peut aller de Camille Claudel à la du
Barry en passant par Charlotte Corday, Carmen, Eugènie de Guérin,
Gabrielle d'Estrées, Jeanne Duval (la maîtresse malade de Baudelaire),
Jeanne d'Arc, Justine et Juliette (les héroïnes de Sade), Katherine
Mansfield, Laure Peignot (la maîtresse de Georges Bataille), Louise de
Lavallière, Lucile Desmoulins, Lucrèce, Messaline, Julie de Lespinasse,
Madame Roland, la reine Margot, Ninon de Lenclos, Olympes de Gouges,
Nancy Cunard (la maîtresse d'Aragon), Nana (l'héroïne de Zola), Saint
Thérèse d'Avila, Sarah Bernhardt, Salomé, Théroigne de Méricourt,
Valtesse de la Bigne, Virginia Woolf, Renée Vivien, la comtesse de
Noailles, Nadja (héroïne d'André Breton), Marguerite Moréno, Manon
Lescault, Nusch (la femme d'Eluard)....
Une liste enrichie chaque jour de nouveaux noms en fonction de lectures.
posté le 06-07-2009 à 15:11:37
Valtesse de la Bigne, une aventure galante.
Valtesse de la Bigne.
Il
était facile et tentant, quand on s'appelait Lucie Emile Delabigne, de
s'intituler pour la façade Valtesse de la Bigne. Ascension
sociale oblige. Cette fille d'une lingère normande ( née n 1848) va,
"via les planches", entrer dans les lits de quelques personnages
d'influence avant d'ouvrir le sien (devenu mythique) à de généreux
donateurs, admirateurs, et, il faut le reconnaître, un certain savoir
faire et un appétit de culture qui ne manque pas d'être touchant. On la
baptisera "l'union des artistes" en raison de son souci de conduire son
"salon" du 98 boulevard Malesherbes en un lieu de rencontre d'écrivains
et de peintres que son charme attirait. Elle fut même peinte par Manet,
ce qui excuse ses faiblesses pour le charmant Gervex qui en fit sa
muse. Elle se pique même d'écriture et commet un roman qui ne pouvait
qu'être autobiographique sous le titre Isola (et signé Ego ce qui est
une manière subtile d'avouer son tempérament). Ecoutons Zola évoquant
le fameux lit : "Un lit comme s'il n'en existait pas. Un trône, un
autel où Paris viendrait admirer sa nudité souveraine..."
posté le 06-07-2009 à 14:55:49
Un lit, un trône.
Femme flambée 6
Du côté des "lionnes" et autres "biches".
Une
promenade dans le territoire de la femme flambée ne pouvait éviter une
incursion, même légère ( ce qui serait de mise !) du côté de ces femmes
qui vont, à la fin du XIX° siècle, tenir le haut du pavé, étaler leur
richesse, épater le bourgeois et entraîner à la ruine les fils de
famille qu'elles dévergondent. Voir "Nana" de Zola qui campe
admirablement cette société et ces courtisanes souvent venues "du
ruisseau" et qui se donnent des noms nobiliaires, afin de se mieux
mêler à leurs victimes. Elles donnent le ton de la mode, émerveillent
les badauds et sont autant de destins souvent tragiques.
Le
théâtre dont elles tâtent souvent les planches, est un tremplin idéal
pour se faire remarquer. Ce qui ne manque pas de sel car, à tout
prendre, on sait bien que s'afficher avec une courtisane relève du
standing de ces dandys surtout hâbleurs et sans cervelle. D'amour il
n'est question que pour s'en jouer. Ces Valtresse de la Bigne, Blanche
d'Antigny, Alice Ozy, Cora Pearl, Edmilienne d'Alençon, Lina de Pougy
ont inspiré de nombreux commentateurs, historiens, chroniqueurs. A lire
Aurian, Françoise d'Eaubonne.
Photographie, le lit de Valtesse de
la Bigne dont Zola s'inspirera pour décrire celui de Nana. Un lieu
stratégique de la vie galante.
posté le 06-07-2009 à 11:09:29
Jardin secret, jardin perdu.
L'émancipation de nos pas
nous éloigne parfois des objectifs préalablement fixés. On parlait de
jardin, on tentait d'en découvrir quelques uns, mais l'amour des
bosquets peut aussi nous réserver des surprises. Faisons étape dans ce
qui est un jardin secret, un jardin de ville. C'est au 20, rue Jacob,
derrière une porte férocement défendue qui en interdit l'accès.
D'ailleurs il a perdu beaucoup de son charme et de son prestige. Il
entourait le "temple de l'amitié" qui avait été créé par l'étonnante
Nathalie Barnay ( une excellente biographie sur elle de Jean Chalon)
éprise de liberté et qui avait la moyens financiers d'en savourer les
plaisirs. Elle clamait son homosexualité féminine (elle est au coeur de
l'intense vie culturelle des lesbiennes au début du XX° siècle). C'est
à elle que sont adressés les "Lettres à l'amazone" du prodigieux Remy
de Gourmont, un voisin ou presque, de la rue des Saints Pères.
Le
"salon" de Nathalie Barnay est au coeur de la vie mondaine et
culturelle de son époque. Il est infiniment plus intellectuel que celui
de la duchesse de Guermantes (alias madame Grefhulle) héroïne de la
Recherche du temps perdu. Sans doute la féminité y est exaltée mais
l'homme, s'il est créateur, y a droit d'accès. Le jardin dans tout cela
? Il est un morceau échappé à la rage des urbanistes qui tente de
survivre au milieu des immeubles. On devine, derrière les murs, la rue
Visconti autre lieu inspiré.
posté le 06-07-2009 à 10:57:16
Artaud en passant.
Artaud, en passant.
On sait combien le passage
d'Artaud dans le ciel contemporain de la pensée pèse sur les âmes et
les consciences de ceux qui ont eu le bonheur (ou le risque) de le
rencontrer. Ame ardente et brûlée, elle conduit vers une lucidité (et
une colère) qu'il est difficile d'assumer quand on veut protéger un
quotidien rassurant, des relations de convention avec le monde. Il met
le doigt sur ce qui fait mal, il invective notre conscience, il milite
pour cet "ailleurs" invoqué par Rimbaud, un état supérieur de l'homme,
un dépassement des frontières de notre conscience des limites de notre
corps.
C'est du corps qu'il est question, parce que profondément
malade et à le merci du monde médical, Artaud s'insurge contre ceux qui
veulent s'emparer de sa conscience au nom de sa santé. On sait combien
il s'achemine vers un délabrement corporel d'autant plus injuste et
révoltant qu'il incarnait, dans sa jeunesse, une image d'archange (voir
les films dans lesquels il est amené à jouer).
Ses derniers
ouvrages, délicatement édités par les éditions K (un modèle du genre)
jalonnent une pensée moins pieuse qu'incandescente.
posté le 06-07-2009 à 10:38:22
Pierre Minet, dans les marges.
Célèbre ? Non. Estimé ? A
voir. Connu des amateurs de cette littérature qui se développe en marge
de l'Histoire ? Oui. Qui est-il ? Un gamin en rébellion, qui
fait, comme Rimbaud avant lui ( mais il y pense), le chemin qui mène
d'une province qui l'étouffe (Reims) à Paris, sorte de chaudron où
fermentent toutes les passions et tous les, vices. C'est Pierre Minet.
Pour des raison de facilité, et parce qu'on aime l'ordre, on le
considère comme un tenant du groupe du "Grand Jeu" ( René Daumal,
Roger-Gilbert Lecomte, Maurice Henry etc...) mais, de fait, il n'a de
commun avec eux que d'avoir suivi une scolarité rémoise. A l'ombre d'un
clocher qui porte en lui tout le poids de l'Histoire de France. Un
révolté à la semelle de vent et au coeur chaud. On le dit homme à
femme, homme d'amour et de rêverie. Je l'ai rencontré, vieillard
assagi, en galante compagnie.
C'était à propos de René Crevel
qu'il avait connu ( on reparlera longuement de René Crevel), et qui fut
une sorte de frère en rébellion. Il en résulte une oeuvre mince,
mais nullement négligeable. Quelques livres qui forment une
autobiographique entre complaisance et masochisme. Mais, est-ce
que l'on peut faire de la littérature uniquement "avec soi, son
histoire". N'est-ce pas un peu court. Balzac est un
inventeur de monde, l'autobiographie se justifie peut-être lorsqu'elle
est noyée dans une fiction, un au delà de son propre monde.
posté le 06-07-2009 à 10:27:07
Essai sur le labyrinthe.
Une affaire de Labyrinthe.
On
avait, à la revue Sens Plastique, organisé des expositions dont le
thème était le jardin. Il en fut une (présentée chez le peintre
Weinbaum, à Orsay) plus proche encore des ambitions qui en justifiait
la reprise. L'espace permettait de déployer les oeuvres de références
dans un circuit qui fut aussi celui d'une fête. Il y avait là tout le
gratin des arts des années 6O, de Rancillac à Christo. On se
rapprochait du thème du labyrinthe qui était le moteur de toutes ces
expositions qui se voulaient des itinéraires allégoriques.
On
revient ainsi à la tradition, dont celle qui fut à l'origine du fameux
Labyrinthe dessiné dans le parc de Versailles et qui fut
malheureusement détruit. Il avait été inspiré par des textes de
fabulistes ( La Fontaine, piètre courtisan fut un peu évincé) et conçu
comme un itinéraire d'initiation ( pour l'éducation des princes).
Il
y aurait long à dire sur l'étonnante force de persuasion que pouvait
avoir ce type d'enseignement qui mêlait l'utile à l'agréable. A quand
sa reprise dans le monde de l'éducation?
S'il n'existe plus, le
Labyrinthe de Versailles a laissé plusieurs témoignages dans le monde
de la peinture. Dont la série des compositions de Cotelle, d'une
aimable distinction. "L'esprit" de la nature y est respecté, mais la
description du labyrinthe lui même n'en est pas pour autant
négligée.
posté le 06-07-2009 à 10:08:22
K comme Kafka
K
la
lettre clef. Elle désigne le personnage ( c'est Kafka lui-même), elle
désigne le n'importe qui (propre à endosser l'histoire contée). Une
histoire d'absurdité, un chemin tragique. Prague est présente dans le
décor, encore qu'il sorte du pittoresque de la ville pour ouvrir sur
des atmosphères de nulle part. On va s'y promener. Angoisse
existentielle garantie. Rarement on a porté aussi mal la nécessité de
vivre, le poids du réel. Le fantastique n'y est pas de mise, la
frontière entre rêve et réalité n'est pas aussi flou que chez Nerval,
elle est plus ancrée dans le réel, mais l'absurde y règne qui fausse le
jeu, entraîne vers des catastrophes, des pièges où la vie est broyée.
On parlera, à propos de Kafka de "machines célibataires " (on en trouve
aussi chez Alfred Jarry, chez Raymond Roussel, d'où les liens de
parentés qui peuvent se créer de l'un à l'autre).
posté le 06-07-2009 à 10:01:47
Ecrasé par son père
Voici le jeune homme angoissé, écrasé par son père,
attaché à des riens qui font le quotidien familial et adouci par la
présences des soeurs. Pourtant il n'est pas tendre avec les femmes dans
ses récits, plutôt acide. Un visage qui porte toute la mélancolie du
mal être. Costumé pour le jeu social, mais sans doute totalement
"ailleurs". Ce sont les silencieux qui nous menacent de leur
connaissance "par les gouffres". A les suivre on chuterais
.
posté le 06-07-2009 à 09:46:49
Poésie dez jardins au moyen-âge
La poésie des jardins au moyen-âge.
Paradoxalement
le jardin au moyen-âge est plutôt urbain. Il se cache dans les cours
des hôtels particuliers, se développe (avec modestie et mesure) à
l'intérieur des enclaves et dans les couvents. Il peut aussi s'inclure
dans les défenses du château-fort. Le manque de place l'incline à se
nicher sur des terrasses, gagnant sa place dans un contexte guerrier,
apportant dans une architecture rude et sévère les agréments que l'on
accorde à la femme. Il participe à la cérémonie du repos du
guerrier. Les châteaux "accueillent dans leurs courtils, des
jardins sobres qui bientôt rendront plus mystérieux les labyrinthes de
buis et plus précieuses les variétés de fleurs odorantes apportées
d'Orient par les Croisés..."
Lieu de méditation et de douce
convivialité. Les miniatures qui se plaisent à le décrire y dispose des
figures sorties des romans de chevalerie. Il est le cadre d'une "cour
d'amour", où croisent gentes dames et troubadours. Déjà s'amorce
l'idée du jardin associé aux relations galantes qui va prédominer au
XVIII° siècle.
Il peut aussi être allégorique et d'essence
religieuse. N'est-il pas, à la mesure humaine, l'idée, retravaillée par
l'époque, du Paradis dont parle la légende.
Souvent il est le laboratoire des recherches menées sur les plantes et leurs vertus.
C'est la version du jardin médicinal.
On évoquera Saint Fiacre, "patron des jardiniers"
posté le 05-07-2009 à 19:05:11
Autour de la comtesse de Ségur.
Nous voici réunis autour de
la comtesse de Ségur. D'une famille liée à l'Histoire elle fait sa
pelote d'histoires qui relèvent du quotidien, jouant les grand-mères
avec une attention attendrie pour les jeunes enfants qui passent les
"grandes vacances" dans son château normand. L'époque voulait qu'il en
fut ainsi. Un lien étroit liant les générations, il est vrai dans des
milieux favorisés et en mesure de donner un cadre agréable aux premiers
émois enfantins. Le succès littéraire de la bonne comtesse, n'est-ce
pas, justement, cette exemplarité et l'attrait d'un milieu qui donne le
ton. Maintes petites filles de la fin du XIX° siècle, et durant tout le
XX° se sont abreuvées aux aventures de Camille, Madeleine et de la
turbulente Sophie. On dira aujourd'hui que tout cela est dépassé, non
sans raison sans doute. La petite fille d'aujourd'hui ( sauf dans
certains milieux privilégiés) ne ressemble guère aux "Petites filles
modèles" et, devenues adolescentes ,(précocement) elles ont plus
pour modèles les Lolita qui se trémoussent à Star académie. Le monde de
la comtesse de Ségur est inscrit dans le passé. Un grain de
nostalgie pour celui (et celle bien sûr) qui s'y attarde.
posté le 05-07-2009 à 18:46:35
Youki Desnos, une muse.
Youki la muse.
Elle doit son nom, "rose" en
japonais, au peintre Foujita qui l'avait pour modèle (voir "Le nu
allongé") et pour maîtresse. Elle était une "reine" de Montparnasse.
Bonne fille, légère, amie des artistes et menant une vie de fête
perpétuelle, d'ateliers en dancings, de cafés en parties de campagne.
Après Foujita ce fut Robert Desnos qui l'adopta comme muse. Elle lui
inspire de beaux et souvent pathétiques poèmes (comme le tout dernier,
retrouvé, lors de sa mort en camp de concentration). Robert
Desnos fut une des figures majeures du surréalisme. L'attrait de Youki
entre dans la mythologie de ce mouvement qui plaçait la femme au coeur
d'une vie sentimentale largement rendue publique pour autant que
peintres et poètes célèbrent leur muse et lui donne une célébrité.
Je
me souviens lui avoir rendu visite dans les années 50, dans le fameux
appartement de la rue Mazarine. Elle y vivait dans un désordre
confinant à la misère. C'était la fin de la matinée, elle était
dépoitraillée, sans doute un peu soûle.
Avec ce naturel propre aux
femmes qui ont vécu la bohème, elle m'offrait comme apéritif, le
vin rouge qu'elle devait probablement boire quand j'arrivais chez elle,
accompagné d'un camembert étalé dans son emballage.
J'avais en mémoire le magnifique poème de Desnos :
J'ai rêve tellement fort de toi,
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres
D'être cent fois plus ombre que l'ombre
D'être l'ombre qui viendra et reviendra dans ta vie ensoleillée.
posté le 05-07-2009 à 18:31:03
Philippe Dereux, l'artisan des épluchures.
L'artisan des épluchures.
Ce
qu'une bonne ménagère jette à la poubelle, Philippe Dereux le conserve
précieusement. Ce sont les épluchures des fruits et légumes dont il se
sert pour créer tout un petit monde narquois, des personnages d'une
sorte de guignol intime et savoureux. Il a aidé Dubuffet dans sa chasse
aux papillons quand celui-ci voulait en faire la matière première d'une
série d'oeuvres chatoyantes. Plus modestement, dans sa cuisine,
Philippe Dereux conçoit un monde à la ressemblance d'une réalité qu'il
transpose non sans parfois une pointe d'amertume, un brin d'acidité.
Ambiguïté fondamentale d'une oeuvre qui n'a d'autres références que le
quotidien de son auteur, constituant une sorte de journal intime de sa
vie. D'ailleurs il a écrit une Traité des épluchures d'une lecture
salvatrice, comme quoi la sagesse vient souvent de ceux qui savent rire
d'eux-mêmes et plonger à vif dans ce que l'art, d'ordinaire, refuse.
C'est là son caractère contemporaine ( on dira "moderne") qu'il ne vise
pas le beau tel qu'on le concevait jusqu'alors mais une certaine
vérité. Faute de mieux on classe Philippe Dereux parmi les artistes de
"l'art brut". A revoir !
posté le 05-07-2009 à 18:14:22
Max Jacob un parrain caché.
Ma Jacob un parrain caché
Même
absents ( ici, mort dans l'horreur de la déportation), certains poètes
influent profondément sur la vie et les rapports entretenus en un lieu
qui fédère des passions, nouant des liens entre des personnes qui s'y
retrouvent comme, disait-on, dans les "salons", ou surtout les cafés au
XIX° siècle.
Un
café voisin, d'ailleurs, à l'enseigne du Petit Suisse, servait
d'antichambre voire d'annexe à la fébrilité de la vie sociale de la
librairie du 1O, rue de Vaugirard.
Absent
donc Max Jacob était la référence obligée pour tous ceux qui
revendiquaient une appartenance plus ou moins souple avec l'Ecole de
Rochefort. Comme le voyait Roger Toulouse c'était un homme de cabinet
(proche du moine) mais aussi de terrain. A la rude épreuve de la vie.
Et Max Jacob incarne bien cette étrange dualité qui le voit à la fois
noceur et repentant. La nuit dans les orgies et au petit matin servant
la messe, ayant remonté toutes les marches menant au Sacré Coeur sur
les genoux, comme dans l'humilité de la confession.
De
Max Jacob on reparlera souvent. Il est unique, lumineux derrière ses
facéties. La morale peut jaillir derrière la farce. De ce côté là Max
Jacob rejoint Alfred Jarry.
Commentaires
1. natalys le 07-07-2009 à 15:26:48 (site)
Un jour mon cœur m'a dit De t'aimer,
De t'aimer à jamais,
De t'aimer pour la vie…
Mais ma raison, elle m'a dit
Que je ne pouvais t'aimer,
Car tu étais une amie…
Plutôt que mon cœur,
C'est ma raison que je voulais écouter,
Mais c'est mon cœur,
Qui a décidé…
Quand je me suis avoué,
Que je t'aimais,
Ma raison m'a conseillée
De, tout au fond de moi, le garder…
Mais je n'ai pas pu,
Mon cœur a pris le dessus,
Et puis tu l'as su.
Mon cœur me dit,
Qu'il y a une petite chance à espérer,
Mais ma raison elle me dit,
Que rien n'est possible, c'est désespéré…
Le cœur et la raison ne sont jamais sur la même longueur d'onde,
Mais aucun des deux ne se trompe au final, même si ça fait mal…
tu en penses quoi toi sincèrement de ce poème ????????
bisous de nat