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lettres de la campagne

posté le 10-05-2011 à 10:11:29

La princesse Bibesco pose pour Vuillard.

C'est bien le charme et l'attrait d'un portrait "mondain" de Vuillard qu'il ne tombe pas dans le cliché, jouant la flatterie et donnant de son modèle une vision stéréotypée qui répond à des exigences souvent futiles.
Avant d'être un portrait de la Princesse Bibesco (un caractère !), Vuillard fait un tableau qui est de son monde. Ouaté, appliquant religieusement la matière picturale sur une description minutieuse de ces choses que créent un cadre de vie, et en disent long sur ceux qui le choisissent.
La princesse Bibesco se fond dans un climat douillet qui est propre à Vuillard et fait l'exquise douceur de ses compositions déclinant des intérieurs feutrés (pas nécessairement luxueux). Avec ce sens unique de donner une sorte de chair à la matière, une vibration qui joue avec la lumière.


 


Commentaires

 

1. Saintsonge  le 10-05-2011 à 15:29:18

lA profondeur de champ depuis la fenêtre, et les couleurs mâtinées et tamisées, elles me font songer de suite à Matisse....

 
 
 
posté le 09-05-2011 à 20:32:30

Chériane dans l'ombre de Léon-Paul Fargue.

D'avoir été la compagne de Léon Paul Fargue (dont la célébrité couvre aussi bien le monde des lettres que celui des "salons") aura rejeté Chériane dans son ombre et sans doute occulté ce qu'elle apporte à la peinture alors que celle ci dans son ensemble (et que l'Histoire retient)  joue la modernité et la recherche de la nouveauté dans un rythme de surenchère, quand elle demeure dans un registre intimiste qui ne manque pas de charme. Mais n'est-ce pas le prix de la peinture qui ne cherche pas à défier la réalité et en tire des accents personnels et  nécessairement sentimentaux. Une peinture qui s'applique à dire l'instant, le quotidien dans son déroulement immuable, qui fait tout son prix à ceux qui savent le vivre avec intensité et par les sens plus que par la réflexion. Se laisser porter par les petites choses qui lient les êtres, confortent des amours, parent la vie de quelques uns de ses plus beaux atouts.

 


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1. Saintsonge  le 09-05-2011 à 20:44:01

Elle a l'intimisme d'un Balthus ; et, lui, "sous la lampe" - dans sa "Haute solitude" - , préféra-t-il entendre le doux nom de Chérie, ou le simple écho d' Anne , en Chériane ?....
Le ciel vous tienne en joie.
Soleil ici de fin de jour, comme un feu d'or sur les ombres sauvages...

2. sorel  le 10-05-2011 à 12:35:56  (site)

joli mot -valise non ?

3. Saintsonge  le 10-05-2011 à 15:26:09

Je vous l'accorde...
Les mots sont ainsi nos bagages pour les voyages intérieurs (ou valises, pour transporter économiquement plusieurs messages...)
Ah, je vous écris depuis la médiathèque de Quimper, après la Poste où je viens de vous envoyer mon livre publié chez l''éditeur belge (qui n'est pas vraiment cool dans sa méthode de diffusion ! M'enfin, sachez que vous êtes ainsi....le premier servi....Bonnes réception et lecture ; le ciel vous tienne en joie...

 
 
 
posté le 09-05-2011 à 10:44:49

Six patiences de René Char.

Le titre, d'emblée, incline à une lecture tranquille, un peu celle qu'on accorde à des textes qui demandent à mûrir en nous quand on les a assimilés. René Char apporte à la poésie la dimension de la maxime, de l'énoncé philosophique (voire moral) ce qui donne à chaque phrase le poids du temps qu'elle meuble, comme un souvenir très cher, une patience qui est celle de la sagesse.
Miro vient dans ce territoire si épuré, jetant taches et signes comme pour musarder dans un parterre de fleurs épanouies. C'est tout le charme de sa pratique, encore qu'il possède le savoir avec pudeur et la philosophie avec respect.
Il faut le voir, se promener rêveur dans son atelier et distribuer ça et là, sur des toiles en attente, ces signes qui sont non seulement les marques d'un passage mais la quintessence de la sagesse qu'il distille avec méticulosité, un rien de retenue, ce qui est bien un paradoxe quand on voit sa peinture en coulées, jetées, mais ce sont des instants fixés dans l'instantanéité de l'émotion. Philosophie et sentiments font bon ménage.

 


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1. Saintsonge  le 09-05-2011 à 12:28:28

Là, c'est assez amusant, je regarde mon exemplaire, du même, posé sur ma table, et votre, de l'article ; le reflet est des plus étonnants, à "faire la synthèse du monde autour de soi" ;

"merci, et la mort s'étonne, merci, la mort n'insiste pas ; merci, c'est le jour qui s'en va...."
Que le ciel vous tienne en joie !

2. katherine  le 09-05-2011 à 18:11:22

Ca y est, je viens de le retrouver !!!!

3. KATHERINE  le 09-05-2011 à 19:53:14  (site)

j'aime cette phrase : "ils disent des mots qui leur restent au coin des yeux" !

 
 
 
posté le 08-05-2011 à 11:09:46

Victor Hugo dessine.

Le dessin n'est-il pas souvent la promptitude de l'émotion. La dire en mots exige une recherche de ceux ci, pour trouver les mieux adaptés. La culture intervient alors que le dessin est l'instantané que la main délivre avec une fulgurance qui est naturel à l'homme. Le dessin spontané n'est pas une affaire de savoir mais de sensibilité. Hugo n'étant pas un dessinateur "formaté" par un enseignement, mais conduit par le seul plaisir de faire jaillir des images, atteint des trouvailles qui valent bien tous les discours. En marge de ses textes, peut-être pour en mieux cerner l'évolution, il croque des visages, ceux de ses personnages.
On rejoint là l'art de la caricature, on force sur l'expression, lui donne une intensité que le dessin académique est incapable de trouver.
Il ne manque plus ici que le mât de cocagne ? Non on l'imagine bien.

 


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1. katherine  le 09-05-2011 à 07:35:21

il a en effet, une jolie petite tête de titi parisien ! Il me faisait penser à quelqu'un et je viens de trouver : Tom Sawyer, le héros du dessin animé que regardaient mes enfants quand ils étaient petits !
Par chez nous, nous sommes fiers de notre compatriote, Hugo, et de Pasteur, né à Dole.

 
 
 
posté le 07-05-2011 à 10:41:09

Ducan Grant chez lui.

Sans doute la peinture de Ducan Grant peut paraître un peu "dépassée" mais est-ce si grave, et ce critère n'est-il pas périlleux qui élimine une quantité d'artistes de l'histoire de l'art sous prétexte de n'être pas dans le courant du "progrès".
Grant (comme les artistes liés au groupe de Bloomsbury, telle la merveilleuse Dora Carrington) pratique une peintre étroitement liée au quotidien et au cadre dans lequel elle s'exerce. On s'entoure de son monde  intérieur en créant un cadre qui le reflète. Ici aussi on ne se met pas au goût du jour. J'aime ces intérieurs qui en disent long sur ceux qui les habitent. Une maison est comme un nid. L'oiseau le fait avec patiente, obstination, dans le cours du temps pour y façonner une vie en harmonie avec les siens.
On peut imaginer des soirées tranquilles, ferventes dans un tel cadre plus intime que fastueux.


 


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1. katherine  le 08-05-2011 à 07:47:51

oui, une maison est un cocon, une protection contre le monde extérieur, un endroit où l'on met ses trésors, alors oui, quelquefois c'est trop chargé, d'un peu tout et n'importe quoi, mais c'est notre âme qu'on y dépose !
Je déteste ces maisons contemporaines minimalistes où tout est rangé, pas un poil de poussière, rien de superflu, aucune âme justement ! Mois je veux des tableaux-rêves encore et encore

 
 
 
posté le 06-05-2011 à 10:08:47

La dame de Bagdad.

On nous dit que c'est une "lady de Bagdad". Sans doute à une époque où la ville évoquait les "Mille et une nuits" et non pas la guerre, le terrorisme, la mort au coin de la rue. La femme sortie du harem et vouée au plaisir. Elle en tire une sorte de beauté épanouie que la peinture Orientaliste a si bien su exploiter répondant au goût un peu pervers d'une clientèle (la bourgeoisie "fin de siècle") par ailleurs si complexée et ne voyant la femme qu'au bordel ou au foyer.
Posant le problème du statut de la femme dans la société. Servile alors, et la beauté comme une monnaie d'échange. Libre, aujourd'hui, la femme vivra sa beauté pour son seul plaisir et non celui d'un homme qu'elle n'aimerait pas.
La peinture qui s'en tient à l'anecdote, avec toutes les réserves que l'on ne manque pas de prendre à son égard, a au moins le mérite de dire une réalité sociale que seule la photographie, aujourd'hui, peut traduire.
A la "lady de Bagdad" répondent les filles filiformes qui occupent les magazines féminins vantant la recherche du plaisir à travers des attitudes, des vêtures souvent inventées pour révéler les charmes du corps.

 


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1. Saintsonge  le 06-05-2011 à 13:38:01

Le bordel est-il un "foyer" pour âmes perdues à consoler d'un sein, d'un mot, d'une confession (ce que j'ai pratiqué, une fois), ou de bien davantage, au su de la Maison Tellier ?
Tiens qui sait ? me suis-je demandé à la réception du titre de votre billet, qu'est-elle bien cette Dame de bien-être ?
Le ciel vous tienne en joie, ici il se couvre, ah j'aspire à la pluie, moi, trop de chaleur pour la terre bretonne (j'entends les cigales et les grillons, figurez-vous, quand je vais par les chemins creux, c'est dire ! Mais suis-je de nouveau en Avignon, ou qu'est-ce ?)

2. katherine  le 06-05-2011 à 18:46:39

la femme dont le but premier est d'être là pour le plaisir et le bien-être des hommes : Un fantasme masculin tenace ! (et me semble t'il encore souvent d'actualité !).
Libre, aujourd'hui, je dirais que la femme apprécie de se faire belle pour elle, oui, mais aussi pour voir les yeux de l'homme qu'elle aime remplis d'admiration . Vous savez, échange, partage, harmonie ... et la femme d'aujourd'hui apprécie de la même manière que l'homme qu'elle aime prenne soin de lui et qu'elle ait, à son tour, les yeux remplis d'admiration.
Quant aux filles filiformes des magazines, je crois qu'elles ne sont là que pour faire vendre des produits -bijoux, parfums, vêtements, etc....- et que montrer leur corps n'est qu'un moyen d'y parvenir ! Si l'on achéte ce parfum, on deviendra aussi séduisante, et séductrice, que le mannequin !
En tout cas, le tableau est très joli : rêve !

 
 
 
posté le 05-05-2011 à 20:41:19

Graffitis de Victor Hugo.

Touriste, Victor Hugo suit la mode qui est  au moyen-âge. On prend alors conscience de la valeur du patrimoine et à la réhabilitation des ruines fort nombreuses qui émaillent le territoire. Bientôt Mérimée va créer l'organisme qui recense ces trésors, militant pour la restauration de certains d'entre eux (Pierrefonds). Victor Hugo aime, dans ses voyages amoureux (avec Juliette Drouet), marquer son passage, retrouvant le geste (au fond iconoclaste) qui consiste à signer quelque phrase de son nom pour s'emparer moins du monument que du moment magnifié par l'échange amoureux dont il fut le témoin.
J'ai souvenir, au délicieux donjon de Septmonts (près de Soissons), qui avait failli devenir un domaine de la famille, d'avoir découvert parmi de nombreux graffitis une inscription de la main de Victor Hugo.
Mais c'est aussi l'attrait des châteaux qui balisent le cours du Rhin que Victor Hugo éternise par des dessins d'une sombre vigueur. Dans un climat de catastrophe, au coeur des "orages désirés", que l'on imagine le repaire de quelque seigneur farouche, emprisonnant quelque nièce encore vierge qui éveille sa concupiscence. Hugo frôle là le caractère emphatique des romans terrifiants sans y participer laissant ce soin à ces amis du cénacle romantique comme Charles Nodier. La promenade vaut le détour.


 


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1. saintsonge  le 06-05-2011 à 00:16:18  (site)

Curieux que ce grand esprit aime les choses ténèbreuses et noires, sombres gouffres amers, et précipices glauques, cloaques et autres cloîtres de la mémoire, "amant de la docte Uranie"...,
Jersey Marine, il raconte la mer à desseins en dessins aussi , aux "mixtures bizarres", de 1802 à 1885, semble-t-il, un député de la IIème République qui dessine, en exil du coup d''Etat de Napoléon III..., pas courant...Les amalg'âmes d'encre me plaisent et me séduisent bien, savez-vous !
"L'abîme est sombre. Autour de mon âme sereine / Rampent de tous côtés les formes de la haine"...........! C'est pour moi, peut-être, aussi, non ?

2. sorel  le 06-05-2011 à 10:10:54  (site)

moi aussi je très séduit pas les jeux d'encre, ce passage du mot vers la tache, l'image. Je ne connais pas ce député artiste. Je vais chercher dans google. Merci pour cette ouverture..... Beau soleil pour tout le monde.

3. Saintsonge  le 06-05-2011 à 13:52:29

ah, mea culpa, je vous ai mis en confusion par ma dé-construction de phrase, semble-t-il, et cela néanmoins peut donner un joli nom de personnage de roman (dois-je le prendre en celui que j'écris, actuellement ?), oui, ce Jersey Marine, cher ami, il n'existe pas, j'ai voulu préciser qu'à son époque de député, HUGO, a dessiné une Marine intitulé Jersey ! Oups de oups, j'ai divagué à l'écriture nocturne, voyez, il était à l'heure de mon commentaire le début de nuit ... Le bonjour à la "cité princesse"...Ne cherchez plus, c'est de Hugo dont je parlais...choisissant l'exil plutôt que de (mal) servir Napoléon III

 
 
 
posté le 04-05-2011 à 21:19:35

D.H.Lawrence et la femme de la terre féconde.

On ne peut concevoir Lawrence (Lorenzo) sans Frieda, l'anglais d'origine modeste et la baronne allemande, couple infernal dont  leurs amis affirment qu'ils vivaient dans une constante passion entre haine et désir. La vaisselle vole en éclat et les mots s'échauffent, laissant les témoins entre stupéfaction et désolation. Mais Lawrence a besoin de Frieda pour revitaliser sa vision de la femme. Plus Junon que Vénus et porteuse des forces primaires, de la terre féconde, des éléments déchaînés.
Du rôle de la compagne dans l'élaboration de l'oeuvre. Beaucoup auraient évoluées différemment, à commencer par celle de Lawrence qui cherchait dans l'humain ce qui l'avait sauvé le plus radicalement des méfaits de la civilisation. Au point d'atteindre ce "ridicule" que dénonçait  André Breton qui ne voyait en lui qu'un naïf égaré chez les intellectuels.
Lawrence le fut-il ?  Empli d'illusions. On connaît sa volonté de créer une sorte de phalanstère, préfiguration des tentatives de vie commune à la suite de Mai 68. Avec quelque chose de la philosophie orientale pour corser les rapports entre les êtres, les arracher à la civilisation occidentale, décadente et viciée aux yeux de l'auteur de Lady Chatterley.
Ceci conduit à cela : un livre qui aura beaucoup fait pour la libération des moeurs.

 


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1. Saintsonge  le 04-05-2011 à 22:46:15

Il est très vrai que la passion génère toujours le couple haine / désir ; l'ayant vécu l' été 2010, et vers 2000 , même schéma : les synapses sont étranges tout de même, à dix ans d'écart, cela que vous dites : haine et désir, dans une fusion très fougueuse et violente ! L'écrivain y laisse des plumes, si je puis facilement dire....Comme Lawrence eut beaucoup d'ennemis au sujet des femmes, justement, et autres, tels la sexualité, la politique....Notre époque ne protège pas plus les "amants"...
Ah que n'aviez-vous j'espère connu que de tendres époques sur ce plan si sentimental !... La Passion ne semblant pas avoir un autre portrait selon les générations...
C'est un acteur douanreniste qui joua le rôle pour le film L' amant de L. C...

2. Saintsonge  le 04-05-2011 à 22:49:53

PS / A la première du film sur douarnenez, j'ai rencontré l'acteur après la projection , ai failli lui demander si pendant les scènes très Hot, le mécanisme fonctionnait pareil : haine / désir de ..; SA partenaire, et si la bandaison s'opérait... Bon, nous avons parlé autrement, d'autre chose...

3. katherine  le 05-05-2011 à 00:13:57  (site)

enfin, quelque chose de connu !! pas l'histoire entre D.H Lawrence et sa femme ! J'ai lu le livre, une très ancienne édition de poche trouvé chez ma grand-mère lorsque j'avais 14 ans, et que je lisais le soir au lit ! Et j'ai vu le film avec Marina Hands, que d'émotions dans l'attente et les retrouvailles des deux amants, les frôlements de vêtements, tous ces petits gestes qui font un grand tout ! et Marina Hands, sublime en femme amoureuse et l'acteur également sublime en professeur d'éveil de la sensualité !
Heureusement que les salles de cinéma sont plongées dans l'obscurité, personne n'a vu que je rougissais ainsi !

 
 
 
posté le 04-05-2011 à 12:50:53

Louise Hervieu en marge de Baudelaire.

C'est la maladie (syphilitique de naissance et de santé très fragile) qui va dominer l'oeuvre de Louise Hervieu (roman et peinture). Et c'est bien un cas particulièrement émouvant que le sien, que l'on voit plongée dans une dépendance quotidienne à la souffrance. Elle en tire les sources mêmes de son travail, et il n'est pas étonnant qu'elle se soit spécialement attachée à l'illustration des oeuvres de Baudelaire. Elle leur donne un accent pathétique, très féminisé et plongé dans les affres et les tourments d'un corps livré aux ombres de l'angoisse et de la douleur.
Sans jamais tomber dans le sentimentalisme bon marché ni la vulgarité. La drapant de luxuriance et de troublantes rêveries morbides.
Elle sera spécialement mise en valeur (et reconnaissance) dans le milieu médical, non pour l'étrangeté de sa vision (ce sera le cas pour des oeuvres qui intéressent aussi la psychanalyse) mais la touche de forte sensibilité qui atteint la réalité et en tire des cris déchirant.

 


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1. Saintsonge  le 04-05-2011 à 15:45:46

Article en "marge" de ma boîte de réception : non reçu....
Avez-vous lu son Oeuvre Littéraire issue de votre époque ?... Je n'ai pu trouver "Sangs" (épuisé ?)...
Gainsbourg lui aurait chanté :
"Les femmes c'est du chinois
Le comprenez-vous ?
Moi : pas !
Celle-ci est une gamine
qui tient tellement à sa peau
qu'elle baisse ses yeux encre de chine
et jamais son kimono..."
Le ciel vous tienne en joie !

2. sorel  le 04-05-2011 à 21:24:47  (site)

Oui SANGS mais il y a longtemps, en révanche les dessins sont tout à fait étonnants et peu connus.
Du soleil sur l'eau froide pour les bretons.

édité le 04-05-2011 à 21:25:13

3. Saintsonge  le 04-05-2011 à 22:37:35

Plus étonnants que ceux de Rops ?
Trop de "soleil" pour moi (ici) : peut-être pour les bretons aussi qui ne vénèrent que.... leur fameux crachin, ce qui est, pour eux, le meilleur temps !
La bonne soirée

 
 
 
posté le 03-05-2011 à 21:19:30

César Moro et l'amour.

C'est bien l'une des constantes de la poésie surréaliste (ou revendiquant son appartenance à l'esprit du groupe l'illustrant) que de se placer sous le signe de l'amour. Il est décliné en toutes les langues et c'est bien là la portée universelle du surréalisme que se s'adapter à toutes les cultures tout en l'infléchissant vers des thèmes fédérateurs et qui constituent sa base (et son matériau).
Encore que la référence à l'amour, sous le couvert de langues différentes, peut s'infléchir vers des traits spécifiques, une teneur qui est propre à chacune.
L'élan seul est universel. La femme en ligne de mire et comme du temps des troubadours, l'objet d'un culte qui englobe toutes les formes possibles, de l'invocation à l'érotisme, encore que l'érotisme est plus naturellement un langage universel dont les codes sont largement partagés.
C'est un autre poète André Coyné, qui avait introduit l'oeuvre de César Moro (peu connue en Europe et particulièrement en France) au Soleil dans la tête. On mis aussi l'accent sur le dessinateur. Sans prétention mais fécond et d'une imagination débordante.




 


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1. Saintsonge  le 03-05-2011 à 22:13:24

Jusqu'au Pérou Surréaliste, vous allez loin !... Ah doux voyage de la pensée permis lorsque le corps ne le peut, quo non ascendet !..

 
 
 
posté le 03-05-2011 à 12:07:52

L'enjeu de "La Quinzaine Littéraire".

Comment ne pas être admiratif d'une "carrière" comme celle de Maurice Nadeau prêtre marginal des lettres et grand lecteur devant l'éternel. Collégien, j'avais découvert le surréalisme grâce à "l'Histoire du Surréalisme" qu'il venait de publier, accompagnée du volume de documents qui constituait une sorte d'anthologie des textes fondateurs du mouvement.
Bien longtemps après j'avais le plaisir de collaborer à son journal "La Quinzaine littéraire", voisinant avec quelques unes de plus séduisantes signatures, car c'était un journal rédigé par des écrivains (c'est toujours). Pourtant, mon statut de journaliste professionnel m'interdisait de travailler gratuitement, ce qui était le cas dans cette publication qui restait confidentiel en dépit de son prestige.
Nous dûmes nous séparer et j'ai toujours regretté de ne pouvoir continuer cette  collaboration rendue agréable aussi par la présence d'Anne Sarraute (fille de Nathalie Sarraute) qui y assurait l'organisation de la Rédaction.
L'enjeu pour un critique d'art enfermé dans une catégorie trop limitée du journalisme (et sujette au scepticisme du lecteur ), c'était de s'ouvrir aux rapports féconds de l'art et de la littérature, ne jamais dissocier celle-ci de celui là. Voir la critique d'art avec le regard d'un Baudelaire ou d'un Apollinaire, dans une recherche d'écriture qui puisse devenir une création en soi.


 


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1. katherine  le 03-05-2011 à 12:47:28  (site)

Je dois avouer, qu'outre la compta et la déco, je me serais bien vue aussi grand reporter, sillonnant le globe pour relater l'information, dénoncer les abus. Je ne sais si je vous ai dit mais je suis un peu rebelle dans l' âme, et éprise de justice. Mais c'est un peu hors-sujet par rapport à votre article à vous, pardon !
Je viens de terminer le très beau livre de Laure Adler sur Françoise Giroud, je trouve que sa vie a été tellement riche, malgré ses zones d'ombre que je réprouve, et son histoire d'amour avec Servan Schreiber est un régal pour une romantique comme moi !

2. Saintsonge  le 03-05-2011 à 15:06:45

Ca met le coeur en joie, ça donne l'esprit clair, une telle "équipe" ; depuis Quimper où je suis vous ai transmis l'osalide d'un autre de mes ouvrages, en attente du récent publié... L 'odet est devenu un torrent de boue, eau totalement marron , suite à un violent orage de quelques minutes dessus la cité de Max Jacob, des magasins inondés...tandis que rien n'affligea Douarnenez hier...Le ciel vous tienne en Joie...........

 
 
 
posté le 02-05-2011 à 20:36:08

Le roman terrifiant conduit à Sade.

Le succès fut grand au XVIII° siècle lors de leur publication, et les noms d'Horace Walpole, Ann Radcliffe, Mathew Gregory Lewis, Hoffmann et Charles Robert Mathurin vont s'engouffrer dans l'histoire de la littérature anglaise sous le label de "Romans terrifiants" ou encore "Romans Gothiques". C'est que le décor y incitait qui déclinait de sombres châteaux où gémissaient de pauvres jeunes filles (vierges) tyrannisées par des oncles lubriques et cupides. Ne manquaient pas des religieux pervertis, des religieuses nymphomanes et tout un monde propre à jeter l'effroi aux yeux candides du lecteur. Le genre peu à peu perd de son acidité. Il va perdurer durant le Romantisme mais en perdant de la saveur de son parti pris si excessif qu'il en devient touchant. Le marquis de Sade lui donne une tournure infiniment plus radicale et philosophique avec "Les 120 journées de Sodome" cette espèce de rituel réglé par la logique mathématique qui décide des pratiques sexuelles d'un groupe de participants enfermés dans un château perdu dans la montagne.
Pour un esprit adolescent la découverte du roman terrifiant constitue une étape vers la révélation des littératures marginales et son territoire de prédilection, le Surréalisme.
Pour ma part je le découvre dans des ouvrages édités dans des officines douteuses, racoleuses, qui brochent de méchants petits volumes sous des couvertures, criardes et d'un si vulgaire laideur qu'elles en deviennent fascinantes.
Il manque à ce genre littéraire des illustrateurs de qualité, à moins que, par ses excès même, ce type de roman ne soit pas "illustrable". Sinon que chacun s'y fait son propre cinéma. C'est sans doute le meilleur.


 


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1. Saintsonge  le 03-05-2011 à 19:05:53

...Et donc "le con d' Irène", et donc..."les onze mille verges", ah que n'a-t-on Akhenaton qu'un seul organe bifide , et, de Sappho, "le désir" !
Nègre soie blanche fauve et veine
Lapine Bantham de Pékin !
(ne cherchez pas, c'est mon latin , comme d'une reconstitution de la cathédrale de Chartres, sans oublier une seule Ogive... !
On dit que Sade est osé, , mais quel "kama" n'ose "Roue d' amour" ?
A vos beautés !

2. sorel  le 03-05-2011 à 20:48:12  (site)

quelle verve. Parlez le latin revu et corrigé par Dubuffet, ça peut donner un jargon qui n'est que spirituellement de cuisine.

3. Saintsonge  le 03-05-2011 à 22:08:36

Tout à fait...

 
 
 
posté le 01-05-2011 à 10:34:34

Nusch la muse de l'orage amoureux.

En Nusch s'incarne l'idéal de la femme tel que le Surréalisme l'a instauré, célébré.
La compagne de Paul Eluard (rencontrée lors d'une drague dans la rue) fut sa muse et celle de ses amis (Man Ray, Picasso). Sa beauté fragile se profile en marge des poèmes qui l'exaltent, et à travers elle la femme, comme le firent les troubadours du moyen-âge, sinon qu'elle est accessible parce que libre et l'affichant, le revendiquant. L'amour vu par les surréalistes n'est pas marqué par les préjugés bourgeois (ou chrétiens) qui y associent une  notion de propriété, signe évident du misogyne qui veille en tout homme.
Elle préfigure la femme contemporaine qui dirige sa vie amoureuse en toute indépendance avec ou sans la complicité de ceux qui l'aiment et la désirent.
Elle traverse le Surréalisme comme l'éclair de la foudre un ciel de plein été.
Donnant à l'amour la dimension de la fulgurance.


 


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1. Saintsonge  le 01-05-2011 à 11:23:00

Merci de votre adresse, que j'ai noté - si vous ne tenez à ce qu'elle soit vue de tout le monde, vous pouvez l'effacer, si vous le souhaitez...
Oui, il est aussi des "muses" orageuses qui font frémir la spiritualité...
Il y a avec Nusch comme un rapt de beauté, le peintre la "volant" au poète, qui l'avait prise d'un autre... Le tournis des esprits par la ronde des sens (de nuit ?)
Curieux, pas de vendeur de muguet, ici ; il se vendait dès mi-avril. Preuve que la terre a eu un autre penchant aussi - pour un degré ou deux de vide supplémentaire, ce qui rend "violent" le soleil sur sa peau - croûte terrestre ! -...
Ah ! Les bouquinistes ! J'ai laissé un trésor de Pol Roux pour 65 euros !... Trop pour moi... Le ciel vous tienne en joie..!

2. Saintsonge  le 01-05-2011 à 11:25:47

PS / Me voilà plus au fait sur Vostell, merci... Voyez que mon mur a des lucarnes (pour ne pas dire : lacunes en art)

3. katherine  le 01-05-2011 à 18:18:56

c'est grâce à ces pionnières que nous, femmes d'aujourd'hui, pouvons vivre notre vie amoureuse aussi librement, loin des carcans bourgeois et des préjugés. Elles ont eu l'audace, le culot, l'impertinence et pour cela elles méritent tout notre respect.

 
 
 
posté le 28-04-2011 à 09:43:36

Vostell s'affiche.

Sa venue au Soleil dans la tête ressemblait à un cyclone. L'ampleur physique du personnage y était pour beaucoup. Une faconde souriante, dans un français fortement marqué par un accent d'outre Rhin qui avait quelque chose de caricatural. Mais de l'homme, dans sa fougue, se dégageait quelque chose de sympathique et de dynamique qui forçait l'attention. Sans doute son discours était un peu trop théorique. Paris était déjà "branché" sur les problèmes qu'il évoquait, mais je le voyais sous un angle nouveau, plus dramatique que son équivalent parisien. Sans doute Villeglé et Raymond Hains pratiquaient l'arrachage d'affiche (lacérations) mais avec une "clarté" qui traduisait bien  la banalité du quotidien que nous vivions alors. Chez Vostell (il sortait ses collages d'un grand carton d'étudiant aux beaux arts) il y avait quelque de pathétique de "profond"qui me touchait.
Tout comme Beuys, son contemporain (et rival), il était marqué par la tragédie  de son pays. A travers lui on lisait le Berlin de 1945, l'état de ruine et la désespérance allemande de l'après-guerre. Une volubilité graphique aussi qui était bien dans l'héritage de l'expressionnisme.
Un souvenir, pour le vernissage de son exposition il m'avait confié une bande magnétique d'une performance sonore de Stockahausen. Une correspondance sonore d'une étonnante acuité.


 


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1. saintsonge  le 30-04-2011 à 12:23:25  (site)

"A l'affiche" chez cet éditeur belge, mon livre dont vous êtes dédicataire avec P.Dhainaut et mon fils, d'un toucher d'âme.
Bon, eh bien, je ne sais comment vous l'envoyer.
Il est paru le jour du Mariage Princier et de la Pêche Miraculeuse (5ème Octave), j'ai place les àplats de couverture sur mon blog, à la date de Vendredi, hier. Dois-je y voir un signe ?
Le ciel vous tienne en joie (moi, suis en "période bleue", comme d'après accouchement)....
Je méconnais Vostell.

2. sorel  le 01-05-2011 à 10:32:25  (site)

l'adresse à la campagne
24 Grandvilliers 45330 Mainvilliers.
Je suis sensible à votre geste.
Vostell est mort aujourd'hui, il représente un courant de l'art allemand des années 70-80.
Belle journée sur Paris, il y a des brocantes près de chez moi. Je vais y faire un tour. Bien à vous.

3. Saintsonge  le 01-05-2011 à 12:44:25

Celui-ci ? " Wolf Vostell est un artiste plasticien allemand né à Leverkusen en 1932, mort à Berlin en 1998." (wikipédia)
Votre phrase m'a confondu ("il est mort aujourd'hui " - j'avais cru qu'il l'était, ce jour de votre article, 28/04 !)...

 
 
 
posté le 28-04-2011 à 09:38:37

L'écritoire d'Emily Brontë.

Le lieu de l'écriture, les instruments qui y participent en disent long sur les rapports de l'écrivain avec les mots. Le bureau ( lieu et meuble) assure le continu d'un travail, son "sérieux". C'est le propre de l'écrivain professionnel ( l'homme de lettres - de l'être ? -) tandis que seulement inscrit dans le rythme du quotidien, l'absence de bureau trahit un rapport moins pesant avec l'écriture encore qu'il n'en est pas moins intense pour autant (parfois même il l'est plus !).
On peut écrire n'importe ou, et de manière impromptue, entre d'autres activités. C'est alors sous le couvert d'une nécessité et  non d'un métier. Un rapport qui peut être plus sensuel et vécu avec l'intensité que l'on met à la pratique de chaque chose.
C'était le cas d'Emily Brontë dont on sait qu'elle fut une femme très attentive (et non esclave) aux activités domestiques.
C'est dans la cuisine de la maison familiale (à l'entretien de laquelle elle s'attachait) qu'elle écrivait. Comme une sorte de récréation entre les tâches du quotidien, portant en elle, en constante attention et vécue avec l'intensité de l'imaginaire, les pages brûlantes de son roman "Wuthering Heighs". Vivant dans l'intimité de ses personnages le plumeau à la main, sans croire déchoir à s'y astreindre. Se projetant dans le temps du labeur domestique dans les arcanes d'amours malheureuses et tragiques. C'est le cas des ouvrages qui répondent à une nécessité de leur auteur, une projection de leur vie intérieure.
Alors les instruments de l'écriture sont à l'égal des objets de la vie pratique, et dans la simplicité absolue de leur seule nécessité. L'écritoire c'est le résumé du bureau, sa miniaturisation, adaptable à toutes circonstances, en tout lieu. Pour une écriture de l'urgence.

 


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1. katherine  le 28-04-2011 à 12:48:15

je ne suis qu'une minuscule "écrivaine", de celles qui écrivent sur des blogs, mais aussi sur de nombreux carnets, chosisis avec soin et souvent payés un peu chers. J'ai aussi tout un stock de jolis crayons, que je ne supporte pas que l'on m'emprunte, tout cela sur un joli bureau peint en noir et bleu, tous mes carnets sont sous clef, et il faut avoir beaucoup de ma confiance pour que je les laisse lire ! Et pourtant, je ne suis pas une écrivaine professionnelle, juste une comptable qui prend beaucoup de plaisir à regarder les mots courir ou ralentir sur la feuille.
Et je ne sais si Emily Brontë s'habillait d'une certaine façon pour écrire, mais moi, j'aime m'envelopper dans un vieux gilet gris tout doux, qui git sur le dossier de ma chaise, mais je sais que cela ne suffira pas à faire un chef d'oeuvre !

2. sorel  le 28-04-2011 à 14:54:01  (site)

Qu'importe le chef d'oeuvre et c'est si relatif. En revanche ce qui compte c'est le plaisir d'écrire. Une sorte de jouissance accordée à l'esprit. Alors, comme pour l'amour, on se glisse dans un rituel pour écrire. Chacun le sien. Que vos crayons courent d'allégresse sur le papier (et les carnets !)

3. sorel  le 28-04-2011 à 22:20:14  (site)

autre chose encore, et pour vous amuser : Diderot écrivait en portant une vieille robe de chambre et il essuyait ses plumes sur les manches. Quand sa mécène Catherine II tzarine lui offrit une robe de chambre neuve il l'a négligea ; Balzac écrivait en se vêtant d'une robe de bure comme un moine, et Henry Miller écrivait nu ou au mieux avec un maillot de bain. Alors portez heureuse votre gilet gris.

 
 
 
posté le 26-04-2011 à 09:59:36

Gina Pane face au ciel.

Que l'on se souvienne de la terrible photographie de Robert Walser, tombé (mort) dans la neige, la face contre le sol. Et voici Gina Pane, face au ciel, mais au sol adhérant dans un mouvement de confiance ( de jouissance) qui souligne les rapports étroits du corps avec le sol, son destin. Mais de s'offrir au ciel (au soleil ?) donne un sens dynamique, l'idée d'une naissance qui est bien dans l'esprit d'une démarche qui questionne le corps, n'évitant pas la souffrance.
A quoi s'ajoute le choix du site. Dans une rue, parmi la circulation, avec la présence de témoins (gênés, curieux ?), la signification aurait été toute autre.
Ici la butte écrase la ligne d'horizon. On en ignore tout et qu'elle soit pierreuse lui donne l'aspect d'un chantier. Des ouvrages puissants ont remué la terre, l'on brassée. Le corps peut aussi être celui d'un cadavre jeté là (le complexe du film policier où la scène est assez fréquente).
Je regrette de n'avoir (du temps où la chose aurait été possible) demandé à Gina Pane le sens "secret" de ce qui peut être la phase d'un rituel (la phrase d'un itinéraire symbolique comme l'est "Le Songe de Poliphile"). Sa version "Série noire"
Et si c'était l'étape ciblée d'une quête amoureuse ?

 


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1. saintsonge  le 26-04-2011 à 10:23:42  (site)

Allongé en travers d'une voie ferrée, ce corps serait celui de Georges Henein , cigarette au bec !...Vous en souvient-il autant que cette figure du poète tombant dans la neige (dont je me souviens bien, après l'avoir lu en quelque livre de lui), pour cette invitée de chez vous par l'article de ce matin, ne préfigure-t-elle pas le Body Art, et les photos de Catherine Millet ?...
Le ciel vous fasse Joie !

 
 
 
posté le 25-04-2011 à 13:13:34

Mopse, la Garçonne.

Son nom est Dorothea Sterheim. Elle est la fille du dramaturge Carl Sternheim, mais tout le monde l'appelle Mopse. Elle évolue dans un milieu très intellectuel et dominant la scène culturelle du Berlin des années 20.Ce Berlin qui attire tous les artistes de l'époque par la liberté de ses moeurs et le règne largement partagé de l'invention et de l'intelligence (comme Montparnasse à Paris).
Elle est une sorte de figure emblématique de ce que résume le roman (scandaleux à l'époque) de Victor Margueritte : "La Garçonne"
René Crevel l'a rencontre lors de son séjour berlinois et tombe follement amoureux d'elle. Lui, l'homosexuel sans complexe, trouve en elle l'incarnation de l'être hybride libre et ses idées et de son corps.
C'est un personnage à la dimension de ceux qu'il invente (sur quels modèles ?) dans ses romans toujours un peu autobiographiques : "La mort difficile", "Mon Corps et moi".
Elle préfigure singulièrement la jeune femme d'aujourd'hui, vivant sa liberté, sa séduction, avec une liberté qui renvoie l'homme à sa solitude.

 


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1. Vraimentami  le 25-04-2011 à 13:46:48  (site)

beau blog !!

2. saintsonge  le 25-04-2011 à 14:54:21  (site)

Voilà quelqu'un(e) qui m'est inconnu(e)...J'ai faible pour les "garçonnes" aussi, portant chemise sur l'échancrure, il y a un reflet délicat chez elles qui m'intrigue,m' interroge, consulte ma propre féminitude non avérée, un côté mâle-soeur attrayant (que j'ai retrouvé chez Sagan, ou plus affirmé en mâlitude, chez Duras)...J'aime les garçonnes, donc. Plus que les femmes-femmes qui fragilisent l'ensemble, pouvant en détruire l'artiste. Ou qui joue aux Féministes, au plus-qu'homme,....(raté) !
Elle a un charme évident, celle-ci...m'oups de Mopse !

3. katherine  le 28-04-2011 à 07:04:12

Bonjour,
Si je devais bien me manifester c'est sur un tel article :
Je crois, qu'aujourd'hui -comme dans les années 20- il existe encore et toujours malheureusement des gens -et surtout des hommes- qui n'acceptent pas les femmes libres. Quand je parle de femmes libres, je parle de celles qui ont fait suffisamment de chemin dans leur vie pour savoir quelle est leur place, quelles sont leurs idées, et qui se sont réconciliées avec leur corps et la sexualité qui va avec, et malheureusement, certains hommes quand ces femmes leur parlent librement se mettent à juger -alors qu'ils avouaient quelques minutes avant être des esprits éclairés- et surtout à condamner !
Mopse, si elle vivait aujourd'hui, devrait encore se battre contre les préjugés, contre les petits esprits, et subirait encore bien des déconvenues !

 
 
 
posté le 24-04-2011 à 11:40:25

Le Paris de J.K.Huysmans.

J.K.Huysmans l'affirme d'entrée de jeu dans ses "Croquis parisiens" : "la nature n'est intéressante que débile et navrée" et d'ajouter "au fond, la beauté d'un paysage est faite de mélancolie". Son regard aigu porté sur le Paris qu'il explore en piéton méthodique, en tire l'essentiel de son inspiration. Il est le contemporain des grandes transformations qui adaptent la ville (jusque dans ses coins les plus reculés encore marqués par le moyen-âge) aux règles de la vie moderne et d'une industrialisation ravageuse. Elles rabotent la nature, la métamorphose, non dans le sens d'une mise en valeur de ses atouts (de ses atours), mais en privilégiant les exigences de la production intensive.
Raffaëlli, un peintre qu'il aime et sur lequel il écrit des pages sensibles, le rejoint dans cette exploration d'un Paris qui va créer la fange aux abords des industries polluantes.
Crayon en main, l'écrivain et le peintre croquent un Paris qui détruit sa mémoire, bafouant celle-ci, créant des zones d'où l'homme est exclu, qui n'est pas l'esclave de cette nouvelle aventure. Zola prendra le relais. A l'un le cadre, à l'autre le destin des personnages qui y sont plantés.
C'est bien l'aventure prodigieuse de ce XIX° siècle finissant de prendre conscience d'une métamorphose qui écrase l'homme du quotidien. Il n'est pas étranger à ce phénomène que l'artiste, dans le même temps, se lance dans l'exploration des raffinements les plus excentriques. Huysmans n'est pas le dernier.


 


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1. saintsonge  le 24-04-2011 à 12:31:32  (site)

Votre première phrase le suppose comme on a dit qu'il fut : "un faux doux", avec des bouffées de violence (qu'il retrouvait sans doute dans cette "nature débile et navrée")
Eructations dans ces "croquis", moins ornées que son Drageoir aux épices ?.
Les naturalistes ont-ils tous l'esprit aussi retors que les succubes ?
Le style "nouille" des "modern-style" ?
André Breton a écrit que votre auteur du jour a inventé le terme "humour noir", vous confirmez ?...
J'approche ici même de la solitude volontaire du duc Jean Des Esseintes, voire des Pères du Désert en ces temps Pascals, que le ciel vous tienne en Joie ...loin des Foules de Lourdes !

 
 
 
posté le 22-04-2011 à 18:21:00

Kafka, quatre jours pour Milena.

N'aurait-elle été l'un de ces singuliers amours de Kafka (si éloigné de la chair) que le souvenir de Milena Jesenska n'aurait pas survécu à la terrible meule du temps. Jeunes, à Prague, ils se croisent dans les cafés intellectuels de la ville.
Devenue madame Polak, (et résident à Vienne) elle découvre un texte, de Kafka qu'elle souhaite traduire (c'est son métier ainsi que celui de journaliste). Elle lui écrit pour obtenir son aval, une correspondance des plus intime s'en suit. Et après la magie de mots vient le désir de se rencontrer. Kafka lui apportait ce qui lui manquait le plus avec son volage époux : le réconfort, un sentiment de chaleur et de protection.
"Après trois mois d'intenses échanges épistolaires, elle voudrait enfin voir Frank. Leur rencontre ne se fait pas sans une préalable lutte intérieure chez Kafka. Il voudrait bien voir Milena, mais il redoute aussi la rencontre immédiate,physique. Les "je viens" et "je ne viens" pas se succèdent dans ses lettres écrites en mai et juin. Milena peut sans doute comprendre son hésitation, tout en ayant du mal à l'accepter. Mais les quatre jours à Vienne, quatre jours de bonheur qui comblent le présent et ne laissent rien à désirer, font oublier ces petites dissonances. Quatre jours lui ont suffi pour libérer Franz de ses angoisses."(Alena Wagnerova)
Des projets de retrouvailles sont évoqués mais la soudure ne se fait pas, (trop d'obstacles) et une fois encore Kafka recule devant la perspective d'une vie de couple pour laquelle il ne sent pas mûr. Lui reste la solitude.
Et Milena, cette brève fiancée, va poursuivre une carrière de journaliste assez tumultueuse mais avec aussi de beaux succès.

 


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1. saintsonge  le 23-04-2011 à 08:09:13  (site)

Tiens,
c'est Kafkaïen
- mon précédent à disparu,
le commentaire et ma venue..
mais j'y revois des retouches....
ah, hier sur la plage, parlé à une jeune parisienne (élève CM2), venue en week-end pascal avec ses grands-parents, elle se prénommait.... LOU.... J'ai failli lui demander s'il avait des accointances avec une "Andréa Salomé".... Puis elle me dit son nom, Sempé ! ....Ah bah décidemment....
Le ciel vous tienne en joie;...

2. sorel  le 23-04-2011 à 11:21:37  (site)

j'ai tenu compte de votre judicieuse remarque. Pâque à Paris c'est du Chirico...Que la journée vous sois sereine.

3. Saintsonge  le 23-04-2011 à 12:16:47

Sérénité totale, en effet... Pâques au Balcon, enfin dans la cour (hier sur la plage, lisant Perros, grand amateur de Kafka, tiens, au fait...Il le citait souvent : "quand on a peur, il ne faut pas aller dans la forêt. Mais nous sommes tous dans la forêt. Chacun autrement, et à un autre endroit..."
Oui, c'est que ma pertinence peut irriter parfois (quand je n'y mets que de la générosité pure et simple...) ; souvent, mes professeurs me rabrouaient d'un : bon , oui, ça suffit jeune homme..., je n'avais pas douze petites années dont j'entends ma petite voix encore : ben, monsieur, pourquoi vous avez ça là ?...Faut pas...
C'est pourquoi je devins quasi autiste après, puisque mes parents firent de même, quand je les "reprenais" vite...
Après, jusqu'à trente, vous savez quoi ? Je "corrigeais" uniquement mentalement les erreurs possibles d'aucuns, d'aucunes, sans jamais plus le leur dire. J'y avais trouvé une sorte de "juste milieu" Confucianiste !!!
Le ciel vous tienne en joyeuses Pâques !

4. Saintsonge  le 23-04-2011 à 12:37:56

PS/ Cela peut être aussi une "énigme" , un ciel de Chirico, surtout si cela est un bleu pur dessus Paris, non ?..

 
 
 
posté le 20-04-2011 à 12:35:57

Victor Hugo à la tache.

Que le dessin soit l'inévitable (et fécond) prolongement du mot, qu'il soit le frisson de la main en activité, le jet d'un première lecture de l'imaginaire, Victor Hugo le prouve dans toute son activité de dessinateur. Il y cherche moins une représentation que l'ouverture sans contrainte et fort rêveuse de ce que la main traduit des divagations de l'esprit. C'est le territoire de cette aventure tumultueuse et fébrile qui active l'apport successif des matières qu'il met en jeu, confronte dans une énergie à l'aune de la puissance rêveuse qui l'habite.
Il y aura toujours des références sombres et violentes (romantisme oblige) et une curieuse adéquation de l'image au texte, comme fonctionnant dans le même sens, en parallèle, étant, finalement le meilleur illustrateur de sa prose.
Ce qui fait tout l'attrait de ses dessins c'est qu'on le voit se constituer, on perçoit les couches d'apports de matières diverses (et d'impact) qui donnent cette transparence, cette vibration si particulière par quoi l'image vibre avant de montrer ;  ce qu'elle décline c'est aussi sa naissance, son surgissement des entrailles de la mémoire, des recoins de l'imaginaire laissé libre de s'épancher.

 


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1. saintsonge  le 22-04-2011 à 07:20:33  (site)

Le noir d'Hugo dans ses dessins lugubres
apporte la lumière à la couleur de l'âme..

(mon inédit pour vous, à lecture de votre article)

2. saintsonge  le 22-04-2011 à 07:25:25  (site)

PS / A-t-il dessiné celui-ci à la maison des Metz, lors de ses tumultueuses amours d'avec l'actrice Drouet (qui , rabrouée par le poète, s'enfuit avec sa soeur par ici , jusqu'à Brest - en 1834) ?

3. sorel  le 23-04-2011 à 11:24:49  (site)

Je ne connais pas cette histoire. Vous voyez ma culture a de sérieux trous de mémoire.

4. Saintsonge  le 23-04-2011 à 12:01:18

C'était en la maison des Metz, à Jouy-en-Josas (jouissance jouasse ? Nom prédestinée pour une dispute : jeux de mains, jeux de vilains !) Vous êtes sous un ciel de Chirico, si vous pouvez retrouver le poème "Cérigo" (1855), je pense qu'il en fait écho (oh, que de rimes en eau..sous ce grand soleil, trop fort pour la bretagne, je cherche l'ombre...(des jeunes filles en fleurs ?).. - vous découvrirez l'évolution du sentiment du poète pour la belle.. - ils se retrouvent au château des Roches (les Berlin les y loge) et dans ce hameau des Metz (appartement loué pour Juliette par le poète) En une des lettres de la belle, en 1835, elle note "il est temps de faire cesser le scandale de deux amoureux vivant dans la plus atroce chasteté.." Chaque année de son exil, ils voyagent ainsi (clandestins ? ô amants des clans/destins de sang bouillant !) Hugo aimait les longues marches, elle s'offrait dans l'amour de la nature, la Juliette (ah ! la "bête" que voilà, biche aux abois !) Elle ne désirait poser ses valises qu'à l'ombre du génie, c'est tout, s'abriter, trouver une épaule forte, comprenez-vous ? Elle l'aidait pour ça, matériellement (ben mince alors !) en recopiant ses manuscrits, jusqu'à le protéger lors du célèbre coup d'état !.. Voilà... Rassurez-vous, j'ai des lacunes comme des trous d'obus de 14, parfois ici;;; Il y en a qui disent avoir un grand savoir, mais sans en connaître la saveur !.. Restons modestes (comme vous avez dit)... Elle l'accompagne en exil. Mais une mouche l'a piqué au vif. Je ne sais (là) ce qu'il fut dit (ou pas fait), mais il a donné - je crois - force coups de canif au contrat de fidèlité ! Gros baiseur, le génie !.. Comme Simenon, d'ailleurs (trois femmes : la sienne, la servante et une péripatéticienne dont il changeait chaque fois ! ) - Je suis plus chaste qu'un moine, ne suis pas "génie", non plus, c'est pour ça... Donc, elle a souffert de ses fougues parallèles. Sur sa tombe, elle a fait graver :"Quand je ne serai plus qu'une cendre glacée / Quand mes yeux fatigués seront fermés au jour, / Dis-toi, si dans ton coeur ma mémoire est fixée : / Le monde a sa pensée / Moi j'avais son amour ! (vers que Hugo lui adressa d'ailleurs en 1835...)
BELLE JOURNEE...!

 
 
 
posté le 18-04-2011 à 20:44:01

D.H.Lawrence en son ranch.

Eternel voyageur (sublime pèlerin) D.H. Lawrence n'aura jamais de logis fixe et personnel. Toujours de passage chez l'un ou l'autre de ses amis (nombreux) ou dans des locations qui s'inscrivent dans un budget aléatoire, dépendant des droits d'auteur. On est loin de l'image de l'écrivain à son bureau attaché, de ses livres entouré, et dans un climat de confort qui lui donne l'assise propice à la création à en croire ce qui n'est après tout peut-être qu'un préjugé.
Ecrire est-ce la confirmation d'une position stable ou, au contraire, la revanche d'une fuite en avant, d'une errance alors bienfaitrice car elle va nourrir l'oeuvre en devenir.
D.H. Lawrence, de surcroît, a des goûts modestes, sans doute dus à ses origines, et il ne rechigne pas devant les tâches ménagères et les contraintes du quotidien. Tous les témoins, ceux qui ont partagé sa vie, ne manquent pas de souligner qu'il était un parfait "homme d'intérieur" (ce qui est peut-être paradoxal) et engagé volontiers dans ce qui alors semblait devoir échoir à la femme (temps dépassés)  
C'est cette proximité du balais et du cahier sur lequel il écrivait de puissants et épais romans, qui donne à ces derniers ce ton si particulier et séduisant d'une approche fine et sensible de tous les aspects de la réalité, un regard dans l'intériorité de celle-ci. Il fait passer sur le quotidien le lent frisson des passions qui exaltent la moindre tâche, fut-elle pragmatique. Ce n'est pas une explorateur du rêve (un luxe ?) mais un chroniqueur sensible du quotidien le plus ordinaire, dans des débats amoureux.
Le ranch qu'il occupe lors de son séjour chez Mabel Loge Luhan, au Nouveau Mexique, donne bien la mesure de cette modestie. Non un refuge, mais la tentative d'un encrage au coeur de la nature. Pour en mieux palper le souffle et l'ardeur cachée.

 


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1. Saintsonge  le 19-04-2011 à 13:24:21

J'ai balayé ce matin, épousseté , et je viens de finir la vaisselle après mon omelette-pommes de terre, un yaourt... dans ma modeste location du bord de mer.... Vous savez alors pourquoi l'ensemble de votre article me sied à me redonner du baume au moral !... Ah l'aventure, l'aventure par-delà nos pensées... Humaine Diderotiénéïté (quel néologisme , je viens d'inventer là, dites-moi !)

2. sorel  le 20-04-2011 à 12:38:55  (site)

Pensionnaire (chez les curés) l'omelette aux pommes de terres était mon plat préféré. Ciel transparent, comme une aquarelle. Je vis dans un aquarium.

3. saintsonge  le 20-04-2011 à 14:13:11  (site)

ah oui, carrément comme Onfray, chez"les curés" (diantre - j'allais écrire Diable !... Comme POL vient pour la 3ème fois de me "diaboliser" d'un refus sur autre manuscrit (je suis prolixe, mais contre-productif, voyez.... QUE faire contre ces temps "perdus" ?...Une autre omelette ?...cette fois-ci aux trompettes-de-la-mort ?...) Heureux toutefois d'apprendre que j'aurais pu vous en réserver une part de mon omelette....
Du signe du poisson, si vous vivez ainsi dans "un aquari-homme" ?....
Le ciel bleu vous tienne en Joie.
- Personnellement, je ne sais plus quoi faire (ni comment) avec ces foutus éditeurs....(pardon, excusez mon allant)

 
 
 
posté le 16-04-2011 à 20:22:04

Sur les pas de Léon-Paul Fargue

Bernard Delvaille me l'avait appris, c'est la nuit que la ville se révèle dans sa profondeur et délivre ses fantômes. Nous errions aux abords des jardins strictement fermés aux visiteurs (au nom de la morale), mais d'où montaient les lourdes odeurs de la terre rafraîchie par l'arrosage municipal et d'où l'on prétendait entendre des rumeurs s'élever comme de très anciennes invocations sacrées.
Chacun, dans son histoire, détient des secrets qu'on ne peut confier aux chastes oreilles, mais que le savoir a retenu qui confie la malignité des hommes et les tristes sévices dont sont victimes les femmes trop coquettes, et que dire des orgies organisées par le duc d'Orléans dans les fourrés du Luxembourg aux délices pervers d'une fille volage. Les chroniques du Paris nocturne (Restif de la Bretonne, Louis Sébastien Mercier) sont riches d'historiettes salaces dans un cadre de verdure.
Mais à l'attrait des chemins détournés de la morale s'ajoute le pittoresque des rencontres, et l'on évoquait le fabuleux (qui conte des fables) Léon Paul Fargue, errant de bistros en coins saugrenus pour alimenter des petites poèmes en forme de camées où le délice d'une image se colore aux odeurs et aux secrets d'une ville endormie. Le pas du rêve se met dans celui des heures où l'honnête citoyen dort, quand l'aventurier s'égare, jusqu'au petit matin, pour trouver la réponse à toutes ses angoisses.

 


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1. Saintsonge  le 16-04-2011 à 20:41:32

Comme vous, il n'a pas "quitté Paris", en fut-il plus le "pièton" que le Psychanalyste, en ce cas ?...
Comme moi, j'ai une grande "idée de retard" face à tout ce dont j'ai "pondu" qui n'est qu'en forme tapuscrite totalement inédite (prête à être jetée, si j'écoutais mon ennui-que-rien-ne-bouge) !
Mais suis-je selon vous, déjà, parvenu à la maturité de la "succulence intérieure" ? Je ne sais.... Ai-je le "délire" suffisamment "cosmique" pour intéresser plus outre ?..
Auteur que je lus à Paris , justement, dans les années 80... Je chuchotais sur les "sentiers humides" du Luxembourg "espaces", je crois.... ou un titre approchant.... Que le ciel vous tienne en Joie, par cet heureux retour...(du lieu où vous n'êtes jamais parti, comme ce L.P F, oui, tout comme... Etes-vous un bon "pièton", en ce cas ?)

2. sorel  le 18-04-2011 à 20:45:12  (site)

Soyons modeste !

3. Saintsonge  le 19-04-2011 à 13:16:58

Soit, douce élégance, mais la "modestie, c'est la housse du talent (Aurélien Scholl), elle argente l'or (Hugo)...."
Vous avez sûrement une housse en or.
Le ciel vous tienne en joie !

 
 
 
posté le 16-04-2011 à 16:26:13

Dorothea Tanning entre en surréalisme.

Difficile pour une artiste de rester elle-même, (de s'affirmer) dans la voisinage d'un peintre dont l'oeuvre irradie, flamboyante (ou mystérieuse) à ses côtés. Le feu peut prendre, auquel il sera bien difficile de s'abstraire. Dorothea Tanning, dans le compagnonnage fertile avec Max Ernst, a parachevé son audience auprès d'un public raffiné sensible à la dose de son  ensorcellante beauté qu'elle impose en des scènes souvent tirées de sa mémoire de jeune fille américaine vivant dans le pays profond, une province où la culture est affaire personnelle, souvent revanche sur la banalité du quotidien.
Elle aura opté pour le surréalisme qui fait sa percée en Amérique (devenue, lors de la dernière guerre, une terre d'exil pour André Breton et ses amis).
Et parce que le surréalisme va privilégier l'introspection, la  remontée en surface (de la toile) de l'inconscient, des images fulgurantes qui façonnent notre sensibilité (notre personnalité), Dorothea Tanning va en opter sinon les principes du moins cet attachement aux images "d'au delà le miroir". Nouvelle Alice elle se cherche en d'étranges contrées, croisant sur son chemin les faiseurs de sortilèges qu'elle aimait, de Poe à Anne Radcliffe, de Walpole aux soeurs Brontë, et les fantômes de sa propre enfance errants dans d'étranges demeures qui rappellent ces couloirs d'hôtel de province qui n'en finissent pas et cachent d'étranges maléfices à qui les explore l'oeil ouvert.
C'est cette Dorothea là qui subjugue Max Ernst alors qu'il visite les ateliers des jeunes artistes américains dans le but d'organiser une exposition d'obédience surréaliste. Voyant en elle une exploratrice inspirée des continents souvent interdits où la rêve et la sexualité font un ménage infernal et sulfureux.
L'artiste le séduit avant que la femme n'entre dans sa vie. Ils partagent les heures périlleuses d'un séjour en Arizona où l'art de Max Ernst va évoluer tandis que celui de Dorothea s'affirmer sans qu'aucun d'eux ne viennent empiéter sur le terrain de l'autre. Exercice dont on connaît les risques et comptabilise les échecs.
Côté à côte ils poursuivent l'investigation de leur monde intérieur. Lumineux et traversé d'éclairs. Quant à Dorothea, elle va amorcer un long parcours dans les méandres sinueux des lumières savantes et secrètes, venues dirait-on des voilages soulevés par un air capricieux qui vient encadrer ses sorcelleries adolescentes. La continuité dans la fixation des images traumatisantes.

 


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1. saintsonge  le 16-04-2011 à 16:45:16  (site)

J'apprécie beaucoup les perspectives érotiques.

 
 
 
posté le 16-04-2011 à 16:13:57

Béatrice Hastings sous le regard de Modigliani.

Compagne-amante de Modigliani (il la peindra maintes fois, mais curieusement  surtout dressée et de tête allant jusqu'à l'épure graphiqie ) Béatrice Hastings est de la race de ces passionnées qui dans l'Angleterre du XX° siècle débutant (dans le bruit et la fureur), militeront pour la cause des femmes et la conquête de leur liberté. Pour s'en faire l'icône elle affiche une vie bafouant les codes et les conventions de l'époque héritage de l'ère victorienne dont la société bourgeoise (dont elle est issue) se montre fort dépendante.
Avec l'écrivain journaliste A.R. Orage elle anime l'une des revues les plus importantes de l'époque (New Age) où Katherine Mansfield fait ses débuts et qui fut l'une de ses amantes.
"Béatrice écrivait régulièrement dans le New Age sous différents noms. La plupart de ses articles consistaient en des polémiques féministes, certaines rédigées dans un langage exalté, en particulier lorsqu'elle traitait de la soumission sexuelle  des femmes à leurs maris" (Claire Tomalin)
On la retrouvera ensuite dans l'effervescence de Montparnasse, amante de Modigliani et quand celui-ci la quitte pour Jeanne Hébuterne elle entame une liaison "orageuse" avec Raymond Radiguet.
Elle incarne (et c'est sans doute ce qui la rapproche de Katherine Mansfied) la femme qui dispose de son corps pour son plaisir et accumule les liaisons vivant dans un climat d'incertitude où règne le refus du quotidien et de ses règles, mais comme poussée par une avidité sexuelle et intellectuelle qui au final la brise.

 


Commentaires

 

1. saintsonge  le 16-04-2011 à 16:40:01  (site)

Quelle "avidité" la brisa ?
La "sexuelle", l ' "intellectuelle", ou les deux, puisque tout excès est nuisible, c'est ce que j'ai formulé à notre amie (l'ancienne à qui vous fîtes des billets, et conseilla la lecture de Mansfied, et, passagère-visiteuse qui ne m'embrasa que de la première...fougue, durant votre absence), est-ce une lecture saphique qu'elle fit ?

2. sorel  le 20-04-2011 à 12:40:21  (site)

La lectrice de Katherine Mansfield est venue vous voir...... je suis jaloux.

3. Saintsonge  le 20-04-2011 à 21:07:04

Oh.... Cher ami....

4. katherine  le 23-04-2011 à 07:53:41  (site)

Loin de moi l'idée de régler mes comptes sur votre blog, monsieur Sorel, mais quelquefois les relations virtuelles peuvent vous laisser un goût amer dans la bouche, la morale de cette histoire est que l'on ne m'y reprendra plus.

5. katherine  le 23-04-2011 à 07:56:50

et d'ailleurs je vous avais écrit à vous aussi et vous n'aviez laissé aucun commentaire ce jour là (voir page 258) le très joli article que vous aviez fait avec une photo de mon blog, un paysage italien, souvenez-vous !

6. sorel  le 23-04-2011 à 19:37:22  (site)

pour Katherine. Je n'avais pas vu le message sans cela j'aurai répondu de suite. Serait heureux de ne pas perdre le fil avec vous. Douce nuit.

7. katherine  le 24-04-2011 à 10:49:52

alors, laissez-moi réfléchir un peu, les relations virtuelles me laissent un goût amer, et je ne suis pas sûre de pouvoir encore faire confiance et sans confiance réciproque et sans honnêteté, l'amitié n'a aucun sens pour moi.

 
 
 
posté le 29-03-2011 à 15:38:17

entre actes.

Interruption du blog jusqu'au 17 avril.

 


Commentaires

 

1. Saintsonge  le 29-03-2011 à 19:41:05  (site)

Retraite en quelque lieu saint, sur quelques ruines ou dans quelque demeure hantée de projets nouveaux, façonner votre l' autre-et-amont ?..OU en quelque Tour Montaignienne ? L'individu insoluble est toujours un "animal" travailleur, laborantin de ses moyens d'existence : savoir / être / vivre / penser / "suivre les voix, d'une ouïe trouble et incertaine, qui semble ne donner qu'aux bords de l'âme... Bonne "assiette" (état et disposition selon Eyquem...) Que le ciel vous tienne en Joie (et bonne Inspir) ; au plaisir....

2. saintsonge  le 02-04-2011 à 18:05:44  (site)

- Ciel gris souris en ce début de week-end qu'on nous annonçait caniculaire sur la Bretagne ; votre ciel est-il bleu sourire, là où vous êtes ?

3. saintsonge  le 04-04-2011 à 13:18:46  (site)

Vu Le Clézio à la poste de Douarnenez, il était derrière moi ; allure très décontracté, sous une casquette de sportif, baskets, tee-shirt sous un pull tout simple, veste-blouson, il sort de sa poche une boîte de chewing-gums, s'en "jette" un dans la bouche, machouille ; je l'ai trouvé un peu amaigri de visage aussi jeune - nous nous sommes bien regardés, sans rien nous dire.... C'était mon tour pour le guichet.... Il passa ensuite pour l'envoi d'un mandat international.... Et, que le ciel vous tienne en joie;... Ici , à la Magritte, très mitigé... La canicule annoncée est plus vers le Nord, mon pays natal....25°c dans les vérandas...

4. saintsonge  le 06-04-2011 à 20:56:06  (site)

L'été..............

5. saintsonge  le 15-04-2011 à 15:12:24  (site)

Persuadé plus que jamais, par le corps subtil de la mémoire traumatique :
- Mon père n'est pas mon père.
Les cris vains de ce faux géniteur m'ont mené à l' écrivain que Je suis, dans une certaine vérité d'un autre corps-texte (cortex) !
Bien à votre retour.
(ces billets, comme des petits galets de mon Poucet, style Cosette, voyez... J'étais chez d'autres Thénardier, tout ce temps de l'existence !)...

6. sorel  le 16-04-2011 à 16:16:14  (site)

De retour, mais définitivement parisien. Merci pour les galets ils font bel effet sur mon chemin.

7. saintsonge  le 16-04-2011 à 16:30:38  (site)

Enchanté, je craignais avoir abusé de l'octroi...
Ah difficile de fairequitter un parisien de son beau Lutèce ! (sauf l'été, si j'ai bonne mémoire)

 
 
 
posté le 27-03-2011 à 12:22:16

Paul Eluard amoureux.

La sublimation du corps.

Elle n'est pas au premier plan de la pensée surréaliste. C'est plutôt la volonté de franchir le miroir, d'aller au delà d'une réalité refusée qui conduit la création. Hormis René Crevel qui est à l'écoute des bruits de son corps, de la douleur qu'il en retire, l'hymne au plaisir est assez absent du registre des poètes qui revendiquent le label surréalisme.
En revanche il est au coeur du traitement verbal de l'imaginaire que Paul Eluard conduit en compagnie des peintres nombreux qui l'illustrent.
La femme, ( son idéalisation ) conduit le poème vers cette espèce de perfection lumineuse et pleine d'une grave  sensualité qui fait le propre de sa poésie.
Des femmes qu'il a aimées et dont il célèbre le corps dans l'ardeur du désir Nusch a une place de choix. Elle se prête volontiers à l'objectif de Man Ray.

 


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1. saintsonge  le 27-03-2011 à 13:13:28  (site)

Avec Magritte, votre titre choisi n'était pas une fable, celui-ci est forcément un pléonasme, je ne connais d'Eluard, que l'Amour, la Poésie , cher ami !
Que le ciel vous tienne en Joie !
"Il y a bien un autre monde, et il est ici..."
"Il ne faut pas de tout pour faire un monde, il faut du bonheur, et rien d'autre !" (voyez que c'est bien un pléonasme, votre titre. d' Hui (parlons ancien françois !)

2. silicium  le 11-09-2011 à 17:46:24  (site)

je suis venu faire un tour chez vous...
Impressionnant, pour moi, votre culture..
Je ne saisis pas tout. Je reviendrais....
A bientôt....

3. silicium  le 11-09-2011 à 17:46:25  (site)

je suis venu faire un tour chez vous...
Impressionnant, pour moi, votre culture..
Je ne saisis pas tout. Je reviendrais....
A bientôt....

 
 
 
posté le 27-03-2011 à 12:16:24

Sur les pas de La Fontaine.

On mettait nos pas dans ceux du bon Jean de la Fontaine. Il était né dans la petite citée toute proche dominée par des remparts mangés de lierre et croulant sous les âges. Son métier le conduisait à sillonner les bois alentours pour régler tous les problèmes liés à l'exploitation des forêts qui y croissaient d'abondance. Il en reste quelque chose et de leur splendeur passée de beaux instants frémissants qui sont comme des étapes dans nos errances pieuses.
La forêt faisait partie de notre quotidien. Pour y guetter la progression des saisons et le ravage criminel des chasseurs qui y construisaient de misérables abris pour leurs agapes dominicales entre des battues sauvages. On n'aimait pas les chasseurs qui faisaient la loi dans les fourrés et barraient les allées avec leurs véhicules de gros calibre dénonçant d'agressifs instincts de propriétaires.
Notre forêt était plus pacifique, tout au plus habitée par les mythes qui nous rattachaient à notre enfance. Nous avions appris à lire dans les grands volumes dorés sur tranche qu'illustrait Gustave Doré, lui même hanté par la magie des forêts qu'enfant il découvrait dans la compagnie d'un père soucieux de lui révéler les beautés de la nature.


 


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1. saintsonge  le 27-03-2011 à 12:31:40  (site)

Nous avons "goûté" aux mêmes volumes de Doré !... J'en suis ravi.
Longues flâneries à travers livres et forêts, aussi, ainsi que notre ami La Fontaine, un bon garçon que celui-là qu'un acte daté de 1649 appela " avocat à la cour du Parlement" (licences prises sans avoir suivi de cours de droit !) Il fut de ces "Chevaliers de la Table ronde" (séjours parisiens de 1646 parmi les jeunes poètes palatins ; les Furetière-Antoine Rambouillet de La Sablière-des Réaux-Charpentier, etc..), on ne le vit pas si assidu , en fait !..."Vivre au gré de mon âme inquiète, ne point errer est au-dessus de mes forces", dit-il...
Il fut logé nourri rue Saint-Honoré, à ce que j'ai appris...Il n'avait aucune ressources régulières, en ces temps d'abondantes écritures peu goûtées du public (déjà ?..Eh oui !)
Bonne après -midi sous le ciel d'où vous êtes, dans "l' Hymne à la Volupté" ?

 
 
 
posté le 26-03-2011 à 22:28:36

Magritte et les oiseaux.

Proposition pour des légendes de tableaux.

C'était une fillette pâle et malingre dont on disait en la voyant : "Mon Dieu qu'elle a mauvaise mine". On la surprit, un jour, au pied d'un arbre, se nourissant  innocemment d'oiseaux fraîchement cueillis.


 


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1. saintsonge  le 26-03-2011 à 22:52:34  (site)

Ceci n'est pas une fable !
Mais un mystère Poètique
Toile pour peu Maiëutique
d'où renaît l' indéniable ....

La bonne nuit Magrittique !
(tout tombe double des étoiles)

 
 
 
posté le 25-03-2011 à 10:46:36

Picabia et la femme.

Derrière les facéties dont il était si friand, l'humour ravageur dont il se faisait le champion, Picabia avait une vision éminemment poétique de la femme, une sensualité que l'on disait douloureuse (il fait de nombreux séjours dans des maisons de santé).
Son dessin, quand il n'est pas une manière de se libérer des conventions bourgeoises dont il avait fait sa cible, comme tous ses amis du mouvement Dada, se montre délicieusement intimisme et d'une sensualité élégante. Il suit le cours de la pensée (comme le feraient les mots), d'où cette ligne fusée, d'un trait, épousant l'émotion tout en distinguant la forme qu'il exalte.
D'où cette idée de la femme naissant d'une simple union des mains (Michel Ange n'avait-il pas imaginé la naissance de l'homme d'un simple doigt tendu par Dieu, à la fois impératif et bienveillant !).
Cette union charnelle et délicate pourrait accompagner un poème d'Eluard. On songe aux expériences menées par ce dernier avec Man Ray où poème et dessin se répondent.

 


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1. saintsonge  le 25-03-2011 à 12:07:28  (site)

Sillage de Duchamp, l'univers des machines, et cet autre aussi pur qu'une musique de Satie ! Sur mien blog, page au 21 Décembre 2010, titré "archives du temps", je vous avais placé les mains en prière, mais d'Albrecht Dürer, à quoi celles-ci me font re-penser ! En priant, songe-t-on à femme nue ? à Vierge Marie ou à Autrui ?

2. corail  le 26-03-2011 à 17:12:31  (site)

c'est la journée des bonheurs : merci de nous faire découvrir ce dessin, et toutes les belles autres choses

 
 
 
posté le 24-03-2011 à 10:30:38

Gina Pane le corps en souffrance.

Un imbécile a porté à la déchéterie une sculpture de Gina Pane démontée et qui pour un non averti pouvait passer pour de simples lames de métal, dont, de surcroît, on ne pouvait bien identifier l'usage. C'est le problème de bien des oeuvres d'aujourd'hui qui se confondent souvent avec des objets de notre vie quotidienne (et ne deviennent artistiques que par le choix de l'artiste : voir l'exemple de Duchamp). On cite toujours en exemple, le tas de charbon (de l'italien Merz) balayé par un ouvrier du Musée d'art moderne de la ville de Paris, ignorant qu'il s'agissait d'une oeuvre éminemment reconnue par les spécialistes.
La sculpture de Gina Pane était un cadeau de cette dernière, du temps où elle pratiquait encore (mais avec des vues pénétrantes sur son futur) l'art qui se voulait "géométrique". Ses premières expositions parisiennes la situait dans cette voie.
Assez rapidement elle s'éloigne de ces recherches strictement plastiques pour se donner toute entière dans l'art corporel.
C'est à l'usage strict de son corps, des mises à l'épreuve auxquelles on le soumettait, que l'artiste exprimait ses sentiments, ses concepts, sa notion de la destinée qui lui était accordée.
A l'époque de la lutte des femmes pour une reconnaissance de leur sexe (les années 70,) Gina Pane mettait en lumière les aspects spécifiques de la condition féminine.
Rapports du corps avec la douleur, irruption du sang comme facteur d'expression de cette douleur. Elle se manifestait en public (galerie Stadler) et les photos que l'on faisait alors devenaient non seulement des preuves de l'action mais des oeuvres d'art.
C'est cette suite logique de l'action à sa mémorisation photographique qui met la photographie en première position et lui donne le statut d'oeuvre d'art, témoin d'un instant fugitif mais intense.


 


 
 
 

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