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lettres de la campagne

posté le 05-01-2010 à 14:33:18

Chirico rue des Beaux Arts.

La découverte du monde de Chirico se sera toujours produite dans un moment de' stupéfaction.
 Est bien connue l'histoire du peintre Yves  Tanguy qui barbotait dans une peinture invertébrée, flottante, qui se cherchait un axe de vision,  et qui  d'une plate forme de l'autobus (quand il y en avait) rencontre, dans la vitrine d'une galerie, une toile de Chirico qui l'entraîne à sauter du véhicule pour aller à sa rencontre. D'autres témoignages corroborent cette histoire.
C'est rue des Beaux Arts, dans une librairie de livres anciens, située en face de la cour de l'Ecole des Beaux Arts que, fort jeune, et un jour de balade dans Paris je découvre un petit portefeuille (une édition italienne) de reproductions de Chirico qui me laissent sans voix et comme mentalement figé, comme projeté, d'un coup dans un autre monde. Il ne nous lâche plus, nous a en quelque sorte modelé à sa lumière, son silence, et cet état de stupeur qui accompagne les découvertes dont nous sommes pétris

 


Commentaires

 

1. Saintsonge  le 05-01-2010 à 21:49:20  (site)

Cette histoire a été rapportée aussi au musée des Beaux-Arts de Quimper, lors de ma visite à l'expo d'Yves Tanguy, après avoir vu sa maison natale , à Locronan ; ne s'agit-il pas , justement, de cette fameuse "perspective" (d'andré breton) qui titre votre précédente "approximation", pour reprendre un titre de Charles du Bos ?

 
 
 
posté le 05-01-2010 à 14:23:44

Gromaire le Flamand.

Traité comme des icônes, dans un hiératisme grave (presque religieux) le monde de Gromaire est celui du quotidien, avec ses paysages industrieux, géométrisés par la modernité qu'ils célèbrent (ou critiquent ?) le regard de Gromaire n'est pas celui de la complaisance ni de la coquetterie mais marqué par une certaine désespérance. Un monde rude, dont même la sensualité (si souvent évoquée) n'échappe pas à une certaine froideur. Tout en jeu de courbes et  d 'angles froids. Cet univers dénonce une réalité âpre, virile et un rien hostile.
Des bien faits de la modernité ! Gromaire reste "figuratif" en pleine période d'évolution de la peinture vers l'abstraction qui prend ses distances avec la réalité (encore qu'elle revendique, au besoin, une vision intériorisée du réel). Mais Gromaire a choisi de rester fidèle à la représentation dans ses conventions (cadrage comme celui de la photographie, vision frontale accusée), mais il puise dans les innovations (dont celles du cubisme), le goût de la synthèse, des formes ramenées à la simplification géométrique. Ce qui, au delà de la solution plastique innovante, propose une vision nouvelle de la réalité, plus directe, voire plus brutale. Et qui prend valeur de vision sociale. Homme du nord, et par le nord inspiré et son monde spécifique, il devient le chantre des Flandres modernes.

 


 
 
posté le 05-01-2010 à 13:09:52

En allant à Belleville.

C'était la Villa Faucheur. Une ruelle fleurie, bordée de petites maisons ouvrières, qui faisait un coude devant l'unique immeuble de l'ensemble, avec, au sixième étage, une vue unique sur Paris.
Elle avait son  entrée au terme de la rue des Envierges et en grimpant la rue Piat on croisait souvent Christiane Rochefort entre deux vins (les estaminets de l'endroit dataient encore du XIX° siècle) ou Alechinsky entre deux voyages aux extrémités du monde qui habitait une maison délabrée à flanc de coteau. Un escalier (souvent photographié par Doisneau entre autres) donnait accès à la rue Vilin (célébrée par Georges Perec). Et pour finir ce couronnement littéraire, traînait encore le souvenir de Léon Paul Fargue qui y venait dans sa jeunesse cueillir des fraises (c'est lui qui le dit).
Retour sur les lieux. Tout a disparu. Et ce qui n'était qu'un terrain  vague où se languissaient quelques carcasses de voiture (ai-je oublié une boulangerie avec son décor "à l'ancienne" mais certainement authentique)  est devenu un grand et noble jardin, plutôt bien dessiné, avec ses allées qui adoucissent l'ascension autrefois abrupte de cette étrange falaise dressée en plein Paris.
Je crois que la charmante Françoise Hahn qui écrit de délicats poèmes s'y est installée dans le décor épuré d'un quartier qui se veut moderne. Il a un peu perdu de son âme.

 


 
 
posté le 04-01-2010 à 15:34:37

Gustave Coquiot, le pari de la littérature.

La pratique de la critique d'art aura varié selon les époques, les modes, le système de la presse, et l'essor même de sa matière première : l'art lui-même.
Aujourd'hui elle s'inscrit dans une presse qui est entre les mains de groupes et d'homme d'affaires qui ne sont pas des spécialistes de la chose écrite et la traite comme un produit seulement rentable.
En raison même de sa pratique la critique d'art se choisira des modèles (des références) qui vont aussi évoluer selon les circonstances.
Dans les années 20 (du siècle dernier) elle fut, dans le sillage d'Apollinaire, d'André Salmon, de Blaise Cendrars, entre les mains d'écrivains. L'approche de l'art se fait par le biais de la "création" littéraire, en étroite collaboration avec elle. Elle est une manière d'écrire autant qu'une manière de voir, le tout étroitement mêlé, et pour une appréciation plus personnelle, et  sans doute plus enrichissante pour le lecteur qui n'aura pas un compte rendu de circonstance, mais une création littéraire qui prend son envol, trouve sa pleine justification en sa seule pratique.
Avec le surréalisme critique d'art et poésie se confondent si bien que le terme même perd son sens et l'art scintille sous les feux ardents de la prose d'un Adnré Breton, d'un Aragon, d'un Soupault, d'un Georges Limbour, d'un Ribemont-Dessaignes (et tant d'autres) qui assurent la jonction définitive entre art et littérature.
Gustave Coquiot aura été un jalon singulier dans ce passage de la critique vers la littérature. Ses nombreux essais sur la peinture sont non seulement d'une acuité exemplaire mais ils sont de merveilleux exercices littéraires. De titrer un ouvrage relatif à des peintres "Vagabondages" en dit long sur sa vision qui mêle l'art et la vie (les bêtes et les hommes). Un délice pour curieux.

 


Commentaires

 

1. Saintsonge  le 04-01-2010 à 15:43:05  (site)

Est-ce l'amorce des anthologies poétiques éponymes ?..

 
 
 
posté le 04-01-2010 à 12:30:24

Alechinsky à la presse.

Crayon sur coquille.
La coquille indiquant un format type de papier, dont Alechinsy se sert pour cet album tiré sur les presses de  Clot - Bramsen, rue Vieille du Temple , Paris (le Marais). Il y a une boucherie chevaline qui fait l'angle de la rue (dans les années 70).
Voir Alechinsky au travail c'est entrer dans le mystère de la création. Sur la pierre lithographique, d'un crayon alerte, sautillant, il invente des circuits fabuleux, des niches à farce, des fleurs fastueuses, des histoires invraisemblables. Il fallait, dans les zones laissées libres à cet effet, donner des mots qui fussent en accord avec cette volubilité, cette ardeur communicative. Et la presse emportait cette moisson, le papier glissait sous le poids des rouleaux et l'afflux des encres. Il en sortait, sous le regard attentif, et professionnel des imprimeurs, des pages portant encore fraîche, l'odeur de la couleur (sans nul doute chaque couleur a son odeur, on n'est pas loin, là, des fantasmes de Rimbaud).
Peu à peu l'album se constituant  comme des figures de ballet : pas croisés, saut et gamineries de toutes sortes. On est dans un univers de fête chargée de symboles. Imperturbable, Alechinsky signe chaque estampe, qu'un manoeuvre lui présente, afin de libérer la main emportée dans la répétition de la griffe qui baptise l'oeuvre. C'est un peu comme un rite secret. L'art se fait ainsi à l'abri des regards indiscrets. A côté, sur une autre presse, c'est Asger Jorn qui s'invente des fêtes sombres, il est droit dans sa mission, avec sa figure de gourou (ou de prêtre maléfique). Tout attentif à faire sortir de la presse ses plus énigmatiques créations. 

 


 
 
posté le 02-01-2010 à 16:25:15

Le Chirico d'André Breton.

C'est un paysage urbaine à peu près semblable à celui-ci qu'André Breton avait dans son cabinet de curiosités. Il existe une célèbre photographie du poète devant le tableau qui disait bien l'importance qu'il pouvait avoir à ses yeux.
Un effet de perspective exagéré, empruntant au monde du théâtre ses effets, un jeu d'ombre fortement accusé, tout ce qu'il faut pour créer un climat d'angoisse. N'est-ce pas, avec ses angles accusés, dans l'esprit du cinéma expressionniste qui est alors contemporain? A quoi s'ajoute le jeu des ombres dont celle de cette statue que l'on devine au centre d'une vaste place (d'où les arcades).

 


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1. Fanny39  le 02-01-2010 à 16:49:58  (site)

André Breton : un pur génie !

 
 
 
posté le 02-01-2010 à 12:34:25

Arman dans sa grotte.

Dans la petite rue des Beaux Arts la façade de la galerie Iris Clert borne l'entrée d'un  immeuble où fut, dans les années 70, le bureau de rédaction de la revue "Galerie des Arts" (qui devint, peu après, "Galerie-Jardin des Arts").
Iris Clert pilotait une galerie où s'expérimentait tout ce qu'il y avait de nouveau (d'audacieux) dans les années 60. Tinguley y présentait ses trépidantes machines qui dessinaient automatiquement sur de longs rubans de papier des signes simples mais expressifs. Yves Klein y proposa "le vide" (recherche purement mentale de l'art) Arman, par effet de réplique, y proposa "le plein". Cela consistait à remplir la minuscule galerie de tout un  ramassis de vieux papiers, cartons, déchets de toutes sortes.
Arman s'installe à l'entrée et offre aux visiteurs un fragment de cette étrange "sculpture" improvisée (on pensait alors aux expériences de Kurt Schwitters). Progressivement, au rythme des visites, s'était constituée une sorte de grotte, la fin de l'exposition correspondant au  déblaiement total de l'entassement significatif Arman dénonçant là (déjà) l'abus et le péril des objets de simple consommation. Vivre dans une décharge, devenue "artistique" du fait même du choix de l'artiste, c'était souligner un phénomène social qui a depuis trouvé ses repères, ses règles et sa philosophie.  


 


 
 
posté le 01-01-2010 à 22:26:30

L'énigme de Chirico.

Plus que tout autre oeuvre de Chirico, pourtant si riche en suggestion et porteuse d'une stupeur reconduite de toile en toile, "L'énigme" s'imprime dans notre mémoire comme l'image absolue de toutes les interrogations qui nous assaillent.
A l'insolite de la figure voilée s'ajoute la position de vertige qui la met en danger absolu. Toute position dominante n'est pas nécessairement celle d'une conquête (en dépit de Rastignac !) elle peut aussi être celle d'une mise à l'écart. Qui n' a pas rêvé, dans la nuit, devant le miroitement lointain d'une citée qui lui est inaccessible (comme le Château de Kafka). La figure enveloppée n'est-elle pas aussi celle d'une momie virtuelle. Rendue à sa silhouette la plus élémentaire, privée de ses membres collés au corps elle rejoint l'immobilité des statues.

 


 
 
posté le 01-01-2010 à 15:38:00

Gromaire, une approche intime.

Pour ma génération les petits fascicules "Collection des  Maîtres" étaient pratiquement le seul instrument d'initiation à la peinture, d'autant qu'elle était largement ouverte sur les différentes écoles, les figures majeures de l'art jusqu'aux contemporains.
Reproduction en noir et blanc (ce qui ne manque pas de charme, comme pour la photographie) et bref texte d'introduction par les historiens de l'art dont certains avaient aussi une chaire à l'Ecole du Louvre où on les retrouvait.
M'est venue l'idée que l'approche de l'art n'est peut-être pas favorisée par une information trop "pointue". Cette dernière permet une approche scientifique plus efficace mais gomme une certaine distance favorable à notre propre interprétation, prise en charge qui laisse libre cours à  nos propres élans, à notre imaginaire.
Une oeuvre d'art doit, comme un être humain que l'on aborde (affronte), doit conserver un certaine mystère, se révéler progressivement, par une lente et savoureuse approche.
Et par un étrange phénomène mémoriel on a l'impression que l'on conserve plus intensément le souvenir d'une oeuvre à travers une reproduction "médiocre" qu'un document qui, de toutes manières, n'en donnera que l'aspect de surface. Une certaine glaciation d'une image, quand la reproduction plus modeste fait la part belle  à une connaissance plus intimiste. L'oeuvre y murmure, elle ne donne pas d'emblée la perfection formelle de ce sa nature, nous laissant séduit sans espoir d'aller plus loin dans notre reconnaissance de la chose vue, humer comme une fleur, un doux souvenir, l'envers mystérieux des choses.

 


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1. Saintsonge  le 01-01-2010 à 22:25:09  (site)

Nul doute que j'en aurais collectionner beaucoup !... Pour mon époque, je me suis octroyé la collection complète "écrivains de toujours"...........(que je ne possède plus, pour raison expliquée par ailleurs)

 
 
 
posté le 01-01-2010 à 12:24:25

Apollinaire en Homère.

A quoi tient la ressemblance quand le portrait vise surtout à donner à voir l'esprit de celui qui en est le modèle.
Sortir une "image" du modèle. Chirico ne fait pas autre chose avec Apollinaire dont le "portrait" est avant tout un poème plastique dans lequel on retrouve Apollinaire sans y reconnaître pour autant le poète dans sa corpulence de bon vivant. Il est spiritualisé, projeté dans l'espace de ses rêves,
Le peintre nous impose une icône qui chasse tout document plus directement engagé dans le quotidien du poète comme l'on fait ses familiers, dont Picasso presque toujours porté à la caricature . Non qu'il soit sublimé, mais affiné jusqu'à la formule de sa propre énigme. A travers lui c'est le portrait du poète. D'ailleurs n'est il pas (?) aveugle. Apollinaire a rejoint l'Olympe des plus grands. En lieu de place d'Homère.

 


 
 
posté le 01-01-2010 à 11:41:23

Christian Dotremont écrit sur la neige.

Tout est dit dans le titre, et d'emblée Christian Dotremont pose le problème de l'écriture qui n'est pas celle du simple énoncé narratif mais se cherche des chemins buissonniers pour se mieux connaître et comprendre le monde.
L'écriture est enfant du dessin, ou le contraire, de fait, c'est un constant mouvement de va-et-vient entre les deux. S'échappant de la discipline de la chose convenue l'écriture vagabonde, s'invente de nouveaux chemins, de nouveaux signes, une nouvelle reconnaissance. Le scripteur est comme l'homme perdu dans une épaisse forêt qui, à la machette, se fait un chemin. L'encre, c'est la  nuit sur laquelle on gagne sa marche. On touille l'encre comme quelque breuvage magique (et inquiétant) on la conduit avec la bâton (comme le pèlerin s'appuyant sur lui pour aller) sur la surface du papier. Dotremont en avait compris le sens quand, en Laponie, sur une surface neigeuse, il dessinait du bout de sa canne. Transposé sur le papier le dessin joue aussi de la virginité du support, il s'y étale, y vagabonde, y sautille, comme une figure du cirque sur la piste, et s'invente de fabuleuses figures. Ce sera l'invention du logogramme, l'écriture spécifique de Dotremont. Courant après son sens, en une danse folle, vertigineuse, qui nous entraîne.

 


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1. Saintsonge  le 02-01-2010 à 00:13:16  (site)

"j'ai eu des mots avec le soleil et des silences avec la nuit", il fit des "log notes" comme nous créons nos blog-notes ..., en approche de ces mouvements de feu dans "la neige" virtuelle...où "on est toujours entre la vie et la mort".;? AUSSI.
Idées de mélanges sur le papier de noir et de souffle blanc, pour lui, pour nous sur l'écran (de noir aussi pour vous ; de bleu, pour moi, tel un ciel , en fait, ou une mer, selon le texte ou l'envoi d'un écho), nos souffles idem, blancs.
J'aime cet "extrêmement distinct" à la Dotremont. Bien à votre création.
Bertrand (meilleurs voeux d'inspiration)

 
 
 
posté le 31-12-2009 à 11:53:51

Marcel Duchamp tisse sa toile.

Le suréalisme en aura annoncé la venue. D'un lieu d'exposition, faire une oeuvre d'art en soi. L'espace participe étroitement à l'esprit de ce qui y est présenté. Nous le savions bien, en créant le salon Donner à Voir (José Pierre, Gérard Gassiot-Talabot, Pierre Restany, Jean Clarence Lambert, Jean Jacques Lévêque) dans les sous sols labyrinthiques de la galerie Creuse, là où fut la maison de Balzac, celle dont il avait rêvé et agencé pour la venue de sa chère madame Hanska, et où il meurt, au milieu des splendeurs de ses collections.  Ce détail pour préciser qu'un lieu n'est pas qu'un espace creux, à remplir, mais un morceau de mémoire, une trace du passé avec laquelle on s'aménage.
Le surréalisme donc, lorsqu'il présente son Exposition Internationale dans les locaux de l'hôtel particulier du marchand de tableau Georges Windelstein, coincé entre la rue de la Boétie et celle du Faubourg Saint Honoré. Nous y aurons par la suite nos bureaux du journal "Arts et Loisirs" avec sa jolie bande jaune et ses sommaires époustouflants.
Dans la salle d'exposition, l'inventif Marcel Duchamp tisse une sorte de toile d'araignée comme un piège pour les visiteurs. Chaque oeuvre présentée répond de sa voisine, il s'est établi une sorte de dialogue entre elles et le regard se laisse capter par cette plongée stupéfiante dans les délires plastiques inventés par Dali, Max Ernst, Matta, Brauner, Hérold, Chirico, André Masson, Miro,  Magritte.

 


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1. Saintsonge  le 31-12-2009 à 14:09:55  (site)

Vous étiez dans un idéal balzacien dont les romans d'ailleurs tissent même "toile", un personnage se retrouvant quelques romans plus tard, ce qui m'ennuyait beaucoup si je n'avais pas lu celui où il apparut en premier temps et lieu !

 
 
 
posté le 31-12-2009 à 11:39:00

Jean Cocteau - Khill une quête de la beauté.

Les successives liaisons amoureuses de Cocteau tissent une trame visible dans son oeuvre, l'alimentent.
Le lien ? Le dessin qui accompagne chaque livre (l'illustrant ou l'ornant comme ici pour "Essai de critique indirecte" dédié à son ami Khill, un personnage majeur dans sa trajectoire).
Bizarrement, Cocteau unifie cette succession en transposant ses modèles dans une idéalisation qui participe à la fois de sa culture de la Mythologie, et d'une esthétique de "garçon de bain" (un mélange de beauté factice et de virilité) . Comme s'il était à la recherche d'un "type" précis, et que chacun en constitue une sorte d'approche. L'amour comme quête de la beauté ?

 


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1. Saintsonge  le 31-12-2009 à 14:07:26  (site)

Il affirmait toutefois savoir "mieux faire l'amitié que l'amour"-"que je m'éloigne de mes amis, j'en cherche l'ombre. Sans eux, je suis fantôme"...

 
 
 
posté le 31-12-2009 à 10:54:04

Karel Appel, un art barbare.

Donnant une jolie définition de ce qu'est la peinture pour lui, Karel Appel se situe d'emblée dans une catégorie qui est bien celle des libérateurs de l'art, des "sauvages", qui vont des primitifs à Gaston Chaissac et s'incarnent dans le mouvement Cobra dont il est l'un des membres actifs avec son compatriote Corneille.
"Un tableau n'est plus une construction de couleurs et de traits, mais un animal, une nuit, un cri, un être humain, il forme un tout indivisible".
Le groupe "Reflex" créé en 1948 sera le noyau de Cobra qui rassemble des artistes de COpenhagueBRuxellesAmsterdam. Etiquette magique, fière bannière de la contestation, enfant bâtard du surréalisme (avec lequel il aura des rapports complexes) Cobra offre un joyeux mélange des genres. On y peint, sculpte, écrit, et surtout fait la fête. Avec son allure de Gargantua débonnaire, sa verve envahissante, sa truculence incontrôlée, Karel Appel incarne la liberté d'être à travers les jeux de la couleur (expression de vitalité, de joie), une expansion qui s'empare de tous les supports (même les racines d'arbres pourtant si belles au naturel). C'est l'expression d'une vitalité qui entraîne le regard vers des fantasmagories que l'on dirait venues des contes et légendes, d'un monde de diables et de gnomes des profondes forêts de l'inconscient.
C'est bien la jonction de l'automatisme préconisé par le surréalisme, le naturel rustique de Chaissac, avec quelque chose de ce primitivisme qu'avait annoncé Picasso dans "Les demoiselles d'Avignon".

 


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1. Saintsonge  le 31-12-2009 à 11:21:01  (site)

Feu mon ami peintre Petersen créait dans ce style ; pour moi, ce nom est encore une nouveauté, ce qui démontre bien l'étendue d'un tel mouvement "bâtard", et, possible qu'ils soient des meilleurs, ceux de ces groupes qu'on écarte d'emblée ou qui naissent dans l'ombre des "trop" connus...

 
 
 
posté le 30-12-2009 à 15:19:29

Jean Raine le vol de l'oiseau de proie.

Dans les années 70, alors qu'il préparait une exposition au Soleil dans la tête, Jean Raine s'installe chez nous, faubourg Saint Honoré et médite quelque mauvais coup, tant l'homme à la tête ardente, véhicule toujours avec lui des projets, des éclats et des danses initiatiques autour de la toile qu'il peint, car il peint en dansant, en virevoltant comme un oiseau de proie, dans les hauteurs du ciel, repérant une victime potentielle, s'apprête à foncer sur elle. C'est une peinture d'ardeur et de violence qui abandonne sur son parcours tâches et bavures qui font alors partis du concours général de l'oeuvre traduisant ce moment de passion, de violence, une victoire sur l'inertie des âmes et des corps.
On est loin des recherches méditées et conçues dans un but esthétique. Encore qu'elles posent le problème de l'esthétique. S'agit-il d'une construction élaborée, pensée, méditée, dominée, ou d'une sensation violente juste dominée pour ne pas choir dans le caniveau. Elle fait penser à ces courses automobiles (rallye) où la voiture déboule dans un chemin qu'elle creuse d'ornières, malaxe comme une matière vivante, inscrivant le seul circuit de sa conquête sur le sol, la signature de sa vitesse comme oeuvre d'art.

 


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1. Saintsonge  le 30-12-2009 à 18:44:03  (site)

Peignait-il toujours "pieds nus", et fut-il longtemps associé au mouvement "Cobra" ?.. Et là, lequel des deux est vous-même ?..
Reçu par la poste, un troisième ouvrage commandé de vous : le Van gogh, qui fait bonne suite au Vuillard (lu hier) et Gauguin (lu cette après-midi).. J'irai donc bientôt vers "les chemins du soleil"... Bonne fin d'avant-veille de fin 2009 !

 
 
 
posté le 30-12-2009 à 14:36:59

Cocteau et le Coq.

Dès les débuts de sa "carrière" (il voulait certainement en faire une) Cocteau est sur tous les fronts. Peinture, poésie, théâtre, musique, rien ne lui échappe qui soit dans l'ordre de la nouveauté. Il veut être le monsieur Loyal de ce vaste cirque qui déboule dans l'après-guerre et rattrape l'horreur des combats, la multitude de morts qui sont enterrés avec le XIX° siècle. On ne peut qu'être moderne, inventif, audacieux, scandaleux au besoin.
Les nombreux talents qu'il exploite lui permettent aussi de toujours présenter sa version écrite des choses et des événements, dans l'enveloppe la mieux adaptée. Il importe (surtout en poésie) d'avoir un écrin qui soit non seulement en conformité avec ce qu'il contient, mais qui puisse signifier l'esprit de l'époque, qu'il ait une certaine impertinence et attire l'oeil avant de combler l'esprit. La production éditoriale de Cocteau sera, dans ce sens, toujours exemplaire. Peut-être jamais rattrapée.

 


 
 
posté le 29-12-2009 à 14:37:17

Picabia et le bonheur de peindre.

Picabia aura fasciné notre génération. Moins pour la qualité de son oeuvre (contestable) mais pour l'extraordinaire vitalité dont elle témoigne, une vie d'homme pressé qu'évoquait son ami Paul Morand dont il aura pu être un personnage (peut-être l'a-t-il était sans qu'on le soupçonne). Bref une aventure artistique hors pair. Dans le désordre, la bonne humeur ( encore que l'homme fut un angoissé à en croire ses séjours en des cliniques suisses et le ton de certains de ses poèmes).
L'angoisse peut-être fut-elle le moteur de sa création. C'est souvent le cas. Créer pour se camoufler les horreurs de la réalité, les déboires de son quotidien.
Né riche, il avait pourtant, pour lui, maintes facilités matérielles que peu d'autres avaient autour de lui. Il a souvent financé des manifestations dada , en particulier les écrits et tracts qui entourent son existence et participent à sa reconnaissance.
L'oeuvre de Picabia donne "du plaisir". Elle nous bouscule dans nos habitudes, nous interpelle par sa force, ses inventions, ses clowneries. L'art, pour le plaisir, quel programme !

 


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1. Saintsonge  le 29-12-2009 à 16:12:10  (site)

"Créer pour se camoufler" , oui, bien évidemment : on lit, pour fuir un réel qui nous déplait (je vous lis, en ce moment = Vuillard : le rideau d'un théâtre s'ouvre, penser : le décor, c'est du (un) Vuillard, tout en suggéré tel un sfumato !..), puis on écrit, pour s'inventer un autre monde, pour créer un réel nouveau.
Ainsi l'Art ; l'architecture étant elle-même une simple tournure d'esprit.
Bonne fin de journée.... PS : très bon vos ouvrages.

 
 
 
posté le 29-12-2009 à 12:29:30

André Breton milite pour Picabia.

C'est un André Breton moins connu, porte drapeau de Picabia,  celui de l'aventure dada et qui ne s'est pas encore construit sa stature de "pape du surréalisme". Il est là dans une silhouette d'étudiant partagé entre la révolte et l'esprit potache qui s'affuble des instruments du  chahut qui accompagne les manifestations un peu naïves, style monômes. Soupault, Aragon , Ribemont-Dessaignes, Eluard vont ,dans leur jeunesse, à peine sortis du monde étudiant, multiplier les manifestations faisant appel à des slogans, des pancartes, des tracts qui veulent affirmer leurs convictions, agresser le monde bourgeois (ils sont pourtant des bourgeois), Ce n'est pas encore la constitution d'une théorie, d'un Manifeste (il va venir) mais les prémices, les frissons qui annoncent le séisme surréaliste

 


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1. Saintsonge  le 29-12-2009 à 13:41:30  (site)

Curieusement, n'ai pas été "averti" de ce nouvel article (un bug informatique ?) Je reçois , par la poste, deux magnifiques ouvrages de vos analyses picturales :
le monde du silence (Vuillard) et L'oeil sauvage (Gauguin), ne sais s'il me faut commencer par l'oeil pour atteindre ce monde-là ou par le "silence" afin d'arriver à mieux percevoir le mysticisme de cet "oeil" de Pont-aven, en autres ; un répondant à la pancarte ici présente (j'avais donc "vu", j'apprécierai...)

 
 
 
posté le 28-12-2009 à 14:59:41

Picabia en revues.

Picabia l'écrit frondeur.

En multipliant les écrits, les brochures, les tracts, les  prises de position,  les provocations verbales, Picabia se situe bien dans la dynamique qui soutien l'aventure dada et celle du surréalisme.
Le tract a sa préférence. Même ce qui circule sous le label "revue" tient plus de l'affichette, du tract que l'on glisse dans les mains du badaud à la sortie du métro (politique, publicité, appel à pétition).
Sa verve incroyable, sa position de pilote au sein de l'aventure dada, son riche carnet d'adresse, son aisance financière (elle ne sera pas constante) lui permet de piloter toute une activité ayant l'écrit pour véhicule de sa pensée et de celle de ses complices. Il a le sens de la formule, la tire volontiers vers le persiflage, un humour corrosif.
Ses poèmes sont plus des confessions, des incursions dans son inconscient souvent trouble et pathétique. Avec un rythme, une phrase qui tient plus de celle d'un Arthur Cravan ou d'un Blaise Cendrars (un ami, il a fait son portrait) qui relève d'une conception moderne et énergique de la réalité de son temps.

 


 
 
posté le 28-12-2009 à 13:56:27

Picabia figuratif.

Avec Picabia (et c'est ce qui fait son charme) tout est possible, même le pire.
L'un des inventeurs du système "dada", le pourfendeur des académismes, venait d'une peinture très sage et déjà dépassée, l'impressionnisme, qu'il avait pratiqué dans le sillage de Sisley est justement sur le site de Moret sur Loing dont il a fait quelque très convenus paysages.
La vague dada l'a porté aux avants-postes de la modernité. Il est un inventeur né, sautant d'une idée sur une autre et toujours avec fracas et efficacité.
On le voit, pendant la deuxième guerre mondiale, multiplier les scènes langoureuses, souvent équivoques traitées dans une manière qui le ferait cousin d'un Van Dongen, peintre qu'il avait vomis avec ses compagnons. On s'est interrogé sur cette brisure de sa trajectoire vers une "non peinture". Donnant pour explication qu'il faisait de la peinture pour le commerce et avait trouvé une riche clientèle assez peu au courant de  l'art et achetant des images pour satisfaire leur libido. On peut aussi y voir une attitude de simple défi (comme le fera souvent son concurrent Picasso). Aller vers une peinture qui contredisait tout ce qu'il avait affirmé depuis tant d'années de militantisme. Picabia trouble le jeu, c'est encore une manière de remettre la peinture en question.

 


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1. Saintsonge  le 29-12-2009 à 07:41:47  (site)

Monsieur Ripolin lui doit quelques "monstres" ; ce choix-ci semblerait de sa première mouture impressionniste plus qu'avant-gardiste, les suivantes ; on le connaît moins en temps qu'écrivain, aussi ...

 
 
 
posté le 28-12-2009 à 12:16:06

Picabia et la Sainte Vierge.

Il entre dans la vocation de Francis Picabia le "devoir" de profanation de toutes les valeurs bourgeoises que "dada" réfutait. Il en fut (avec Tzara, son complice) l'un des artisans les plus féconds en inventions tant verbales que plastiques et, de fait, si étroitement mêlées en leurs effets, qu'il émarge sur les deux disciplines et fait feu de tous bois. Etonnant humoriste, et fort bien armé par l'aisance de sa condition sociale, pour donner libre cours à ses penchants. Il ose tout ce que les autres rêvent et ne peuvent (pour diverses raisons) réaliser.
Le surréalisme naissant fera largement usage de ses propres ambitions et de son énergie créatrice.  Il est significatif qu'il est  été positionné sur un plan historique, respectivement par Apollinaire et André  Breton. Il illustre les ouvrages de ses amis, donne des dessins pour leurs publications (Littérature, Le surréalisme et la révolution). Après une période d'incertitude, et un retour (fort discutable) à une peinture commerciale (traitée avec une heureuse désinvolture), il refait surface dans les années 50, en partie grâce à l'action fraternelle de Pierre André Benoit, éditeur, et de ceux qui veulent imposer les nouveaux courants (l'abstration, dans ses deux courants - géométrique et lyrique- l'informel, bref toutes les tendances de l'époque qui vont de l'avant).
Avec la revue Temps Mélês on a milité pour une reconnaissance (tardive alors) de son génie spécifique. Il incarne l'éternelle jeunesse d'une pensée en liberté.

 


 
 
posté le 25-12-2009 à 14:46:48

Max Ernst un prince.

C'est un prince. Il en a l'allure, la silhouette, un rien de morgue aussi qui lui sied bien. Premier vision. Dans une sorte de studio haut perché d'un immeuble du quai Saint Michel, avec vue plongeant sur Notre Dame. Il ouvre la porte brusquement, il a une poêle dans la main. Il faisait sa cuisine. Je ne me souviens pas pourquoi je venait le déranger, peut-être un projet d'exposition. Il y eut conciliabule, et je repartais avec l'oeuvre  souhaitée pour un accrochage consacré au surréalisme. Deuxième approche. Dans sa ferme à Huismes, en Touraine. Il descendait un escalier à vis, dans une grande cuisine où le repas était préparé. On ouvrira des bouteilles du vin local et on visita les ateliers.
Son monde multiforme me fascinait. Des collages bavards qui défiaient les livres d'histoire comme on s'en racontait à la veillée, à en croire les légendes, aux compositions théâtrales déployant les fastes de fêtes étranges et vaguement érotiques.

 


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1. Saintsonge  le 25-12-2009 à 16:12:43  (site)

Jolie rencontre enrichissante, pour vous !.. Gérard Nordmann eût-il collectionné dans son Secretum privé ce genre d'approche érotique comme d'un Louys "trois filles et leur mère", ce à quoi ce cliché me fait penser, aussi fortement que les 12 mètres de rouleau d'un papier de toilette embastillés deux cent ans, avant qu'on ne puisse en lire le Sodome du divin Marquis, ou encore, aussi précieux qu'un doublon Musset / Sand : "une nuit d'excès" publié en Bruxelles 1833, cet artiste m'y amène par le souvenir en surimprimé d'un Verlaine imprimé sous le manteau et qui "ne se vend pas" : "Femmes" ; Ernst fit en moi de bien étranges "collages" d'idées, toujours, encore en ce jour de Noël à vous lire, jour que je vous souhaite le meilleur possible. Kenavo du site, bertrand

 
 
 
posté le 23-12-2009 à 11:47:11

Ilarie Voronca brisé par la vie.

Roumains, l'un et l'autre, et dans un pays largement ouvert à la culture (et à la langue) française, ils vivent une version locale du dadaïsme. Une revue en découle, elle sera fugitive mais l'histoire de la poésie passe par ces publications éphémères  qui, de surcroît, établissent les liens suffisants et nécessaires pour émerger, se reconnaître en d'autres qui s'engagent dans la même aventure qui n'est pas sans risque. Dont de buter contre l'indifférence, ce qui est bien la pire des choses.
Mais Paris exerce, en ce début du XX° siècle, une irrésistible attraction. Voronca va multiplier les éditions de poèmes, avec de prestigieux illustrateurs, dont Chagall, Sonia et Robert Delaunay, Brauner . C'est une oeuvre portée par une profonde humanité, affirmant qu'il se sentait "frère des hommes avec ferveur, aussi frère des bêtes et des choses, des livres et des villes, de l'espoir et du malheur".
Une ferveur brisée par la réalité d'une vie, et d'un désenchantement qui le conduit au suicide (le 4 avril 1946).




 


 
 
posté le 23-12-2009 à 10:30:37

Pierre Albert-Birot à la presse.

La  poésie, parce qu'elle reste condamnée à un public restreint, mais sensible au support des mots que sont les livres, trouve souvent son meilleur véhicule dans l'ouvrage "composé" par l'auteur lui-même, dans une suite logique qui  veut que le mot gagne son cadre le mieux approprié à sa lecture dans un objet artisanal.
On pensera toujours à Restif de la Bretonne (bien qu'il ne soit pas poète) qui compose lui-même ses ouvrages. La maniement des lettres déposées sur le "composteur" suppose une plongée radicale dans le corps même du texte (jusque dans ses faiblesses, ses lacunes, ses erreurs).  J'ai toujours admiré cette pratique où l'on trouve aussi bien Pierre Bettencourt que Jean Vodaine, et je dois en oublier tant, sinon que l'édition artisanale (comme celle pratiquée par René Rougerie) participe du même cérémonial.
Pierre Albert-Birot est du lot de ces poètes qui confectionnent leur propre ouvrage qui en conserve quelque chose du charme de la chose sans doute imparfaite sur le plan technique mais qui traduit ce rapport intime du poète avec l'univers des lettres agencées pour traduire leur pensée. A quoi s'ajoute, dans le meilleur des cas, la pratique du dessin, sur des supports qui accompagnent tout naturellement l'impression directe, comme la gravure (sur bois, sur linoléum). On est alors là en face du "produit" le plus parfait, en totale adhésion avec l'univers du poète, dans l'intimité même de sa création.

 


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1. Saintsonge  le 23-12-2009 à 10:45:43  (site)

Figurez-vous que je n'ai pas décollé de vos pages depuis sept heures, ce matin !... C'est que j'ai du retard de découverte-lecture : tout 2008, comme n'ayant internet que depuis janvier cette année, délaissant cette moderne technologie en ne vénérant que la plume, le système arrive toujours à vous broyer quelque chose, quand ce n'est pas du "noir" !
De ce fait, vous avez donc aussi d'autres "commentaires" en retard, s'il vous dit de les lire. Ce jour, je vous attendais. PAB, de nouveau... Personnellement, j'ai toujours refusé publier à compte d'auteur, façon "sic", uniquement pour raison financière (aussi pour une certaine complaisance qui peut empêcher la sévère autocritique que je m'afflige), j'irai donc dénicher chez les libraires ou bouquinistes douarnenistes et quimpérois cet auteur, si on peut encore le trouver, comme ces Bettencourt ou Vodaine (à 52 ans , sonnés le 16 décembre dernier, je suis toujours aussi curieux que je le fus à 20 ans ! Contrairement à Céline, je ne vendrais pas tout Baudelaire pour une jolie prostituée !
La littérature, ma seule maîtresse, clamé-je déjà en 76 - quand des femmes m'approchèrent ! Je ne dois pas être de ce siècle..) 87 miens manuscrits attendent "leur(s)" éditeur(s), ne pouvant "bâtir" du "sic"!

 
 
 
posté le 22-12-2009 à 15:44:53

Eluard éclaire Arp.

L'intensité des rapports de sympathie et la complicité qui s'en suit, entre peintres et poètes, à l'intérieur du Surréalisme, offre un unique éclairage sur les deux disciplines qui se croisent pour un réciproque enrichissement de leurs effets propres. Paul Eluard est un complice généreux et lucide de bien  des entreprises artistiques qu'il accompagne de ses poèmes. De Max Ernst à Man Ray en passant par Vulliamy, Ubac, Picasso, Léger, Roger Chastel...). Une dédicace à Arp, un compagnon des années "dada", a valeur de plus vastes commentaires car il entre aussi dans le pouvoir de la poésie de serrer dans le bonheur d'une expression, d'une formule, toute une vision, d'offrir une ouverture lumineuse sur l'oeuvre considérée.

 


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1. Saintsonge  le 22-12-2009 à 17:04:24  (site)

Il faut qu'Eluard dise ce que Verlaine n'ose !.. Je faisais miens "amour et poésie", en ces temps de jeunesse indécise... L'assertion de cet athée :
"il y a bien un autre monde, et il est ici" convient-elle après le raté de Copenhaguate ? Quel bonheur, dès ce jour, désormais ?..Je dis avec lui "amis, êtes-vous tous là ?" Les vrais miens sont morts. Ils m'ont laissé seul dans un pays finistérien du bout du monde, lui-même quelque peu "mort" dans ce monde fou... sans l'amour véritable ! Il faut encore une "Poésie ininterrompue" (le travail du poète) : "âne ou vache coq ou cheval / Jusqu'à la peau d'un violon .." pour rendre encore hommage "à Marc Chagall (" l'or de l'herbe le plomb du ciel...) Mes juges bourreaux ne connaissaient pas "l'amour de la justice et de la liberté, qui m'ont mené à cette vie d'hésychaste, en retrait de tout et de tous. Pfft ! Un article comme le vôtre me rend à la vie vénérable , déjà.
Ouf, je respire , "je vis toujours"...!

 
 
 
posté le 22-12-2009 à 11:42:48

Victor Brauner et l'ésotérisme.

Si André Breton en particulier manifeste un vif intérêt  pour l'ésotérisme, il n'est pas le seul à l'intérieur du groupe surréaliste. L'attrait pour le merveilleux, l'insolite, les espaces de l'imaginaire (Gérard de Nerval n'est pas loin), conduit presque obligatoirement vers les sciences occultes. Victor Brauner en nourrira tout particulièrement sa peinture. En Roumanie (dont il est originaire), il avait, avec le poète Ilarie Voronca, inventé la picto-peinture, une tentative de lier le mot à l'image. Déjà s'affirmait son désir de sortir la peinture de son unique fonction de représentation (ou même d'expression, ce qu'elle était devenue) pour en faire le territoire d'une recherche qui rejoint bientôt l'alchimie, les sciences démoniaques.  D'autant qu'il découvre des méthodes nouvelles, toute une "cuisine" un peu secrète pour lever des images dont l'étrangeté n'est pas gratuite, mais chargée d'une signification codée. Usage de cires qui donnent une matité particulière à des compositions dont elles renforcent le caractère hiératique. On n'entre pas dans un tableau de Brauner (comme dans un paysage statufié de Tanguy, une machine molle de Dali, un espace structuré de Matta, une ville de stupéfaction de Chirico, une orgie de Masson, un cortège d'étoiles de Miro). La toile se présente comme une icône. Impénétrable. Hautaine et portant toute la pesanteur de son énigme.

 


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1. agenceweb  le 22-12-2009 à 11:55:27  (site)

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2. Saintsonge  le 22-12-2009 à 14:15:18

Je méconnais cet artiste. Je le découvre à travers votre "don" ; il me rappelle néanmoins ces images symboliques de tarots tel l'Oracle du Belline...

 
 
 
posté le 21-12-2009 à 13:24:49

André Warnod chroniqueur de Montmartre.

La pétulante Jeanine Warnod recevait ( dans les années 70), dans sa maison toute en hauteur (du côté des Buttes Chaumont) le Tout Paris des arts et militait alors pour la reconnaissance de son père le truculent chroniqueur de Montmartre : André Warnod. Il avait été l'ami de tous les peintres de l'Ecole de Paris, le témoin de la vie artistique qui n'avait pas encore quitté la Butte Montmartre pour Montparnasse, et centrée autour du Bateau Lavoir ce haut lieu de la peinture qui se refondait sur de nouvelles valeurs  dont Picasso restait le leader incontesté. Mais l'attrait des souvenirs d'André Warnod tenait aussi au fait qu'il liait à l'aventure artistique celle des lettres. On était là dans le voisinage de Roland Dorgelès, Francis Carco, avec cette verve si particulière inspirée par la misère, la priorité donnée à l'esprit contre les attraits du "matériel". André Warnod illustrait lui-même ses livres avec un  trait de plume vif et savoureux qui rendait hommage à ces maîtres du dessin qu'il célébrait (Kisling, Pascin, Foujita). Il reste un témoin majeur de la vie artistique des débuts du XX° siècle.

 


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1. horizon66  le 21-12-2009 à 14:32:31

Salut, très belle article, oui j'aime bien cette lettre, belle après-midi à toi. A +

 
 
 
posté le 21-12-2009 à 10:58:49

Crevel dessine pour se moquer.

Mondain, René Crevel n'est pas tendre avec les personnages qu'il rencontre et avec lesquels il fait la fête (une fête triste). Sa verve n'épargne pas ceux qui le fréquentent et vantent son charme. Il cache une grande angoisse, un mal de vivre qu'il camoufle derrière le masque mondain.
Ses dessins (rares et toujours en marge de l'écriture - comme ceux de Proust) empruntent l'allure ordinaire au dessin de mode c'est à dire une ligne acérée, n'accordant de détails qu'au vêtement. Ils alignent une galerie de figures masquées, travesties et en représentation.  
Ils n'ont pas une visée esthétique et sont plutôt des notes d'humeur. Ce que les mots ne peuvent dire ( ou imparfaitement), quelques traits "enlevés" y parviennent.

 


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1. Saintsonge  le 21-12-2009 à 14:38:36  (site)

Peu lu ce "docile aux voies souterraines", "mon corps et moi" ne voulaient peut-être pas entrer dans l'oeuvre du suicidé (un Van Gogh ou un Artaud à la verve virulente) qui m'eût incité également à commettre l'irréparable à l'époque où jeunesse allait mal, la mienne, qui avait ses "sommeils hypnotiques" comme femme à ses menstrues, et, cet autre René qui vivait le Surréalisme plus qu'il n'en soutint l'écriture, il me décontenança vite, parce que ,j'avais alors même "incapacité de vivre poético-révolutionnairement" une existence en proie à beaucoup d'interrogations sur mon corps, moi, et l'Ecriture-Vie, aussi quand vous lisez de lui "le suicide est la plus vraisemblablement juste et définitive des solutions", vous refermez l'ouvrage, sans plus y revenir ; il y a encore de ces restes d'ombre en mon intérieur bouleversé, parfois, des pans d'amertume qui crèvent d'eux-mêmes, la nuit, quand , sans oser, j'ai "voulu ouvrir la porte..." aux fantasmes / fantômes...Bien à vous. Avez-vous réussi à "ouvrir" la page "commentaires" de mon blog ?

 
 
 
posté le 20-12-2009 à 12:10:06

Chagall proche des poètes.

Chagall parmi les poètes.

Venus d'ailleurs, porteurs de leur propre culture, de leurs moeurs et de leurs légendes, les artistes qui affluent à Montparnasse au début du XX° siècle sont amateurs de poésie, souvent tentés par la littérature, et proches des mots qui est un complément, voire un aliment de leur propres recherches plastiques.
Jamais (sinon dans l'aventure surréaliste) poètes et peintres furent aussi solidaires et soucieux de dialoguer.  Cendrars et Apollinaire rendent visite à Chagall à la Ruche, ce formidable phalanstère d'émigrés (elle existe toujours). C'est un peu, à Montparnasse l'équivalent du Bateau Lavoir à Montmartre. Un lieu de création, ou ce que Max Jacob avait joliment baptisé un "laboratoire central". Lieu d'amitié et de création, d'échange, pour avancer, ensemble, dans cette idée de progrès (qui a fait depuis long feu), qui était nécessaire pour sortir du conformisme bourgeois dans lequel la culture était alors engluée.
Chagall y fait merveille. Inventeur d'une imagerie qui hésite entre la naïveté et le fantastique, le merveilleux et l'humour. Recueillant l'héritage du cubisme (sans tomber dans la théorie) et annonçant le décalage par rapport à la réalité que le surréalisme va exploiter.

 


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1. Saintsonge  le 20-12-2009 à 14:40:21  (site)

Je vénère ce peintre-poète mystique depuis la "crucifixion blanche" que vous avez pu voir sur mon site, mais surtout les "poète - 1911 -, poète allongé, ses bleus plus que ceux de klien peut-être, et surtout, ses vitraux" ; toute son oeuvre rejoint un univers que je fais mien dans ce barattage des sentiments et des émotions intérieures

 
 
 
posté le 20-12-2009 à 11:50:34

Le jardin ouvrier, c'est partager.

La création du "jardin ouvrier" est liée à des actions sociales qui, à la fin du XIX° siècle, visaient à combattre la misère. Des municipalités allouaient aux familles déshéritées des lopins de terre afin d'y créer des potagers.
L'urbanisme galopant de la fin du XIX° siècle laisse en friche des pans entiers du territoire qui sont alors occupés par des cultures potagères. Ce sont les jardins ouvriers bientôt appelés jardins familiaux. Certains théoriciens politiques y voient non seulement une solution à des problèmes économiques mais un moyen de mieux maîtriser une société en désarroi. Fédérer la famille autour de l'effort, établir  un rapport plus intense de l'homme avec la terre "nourricière". Le gouvernement de Vichy l'aura bien compris qui milite pour "travail-famille".
Ils font aujourd'hui partie intégrante du paysage urbain en ses lisières, ses espaces en mouvement, en perspective d'avenir.
Je me souviens que c'est mon ami le peintre Giai-Miniet qui m'avait, dans les années 70, ouvert les yeux sur ce phénomène social et urbanistique (en sillonnant la banlieue parisienne). Lui-même, à l'époque, faisait de percutants petits dessins qui traduisaient ce thème en manière de blasons. Ceux d'un retour à la terre mâtiné de vertus sociales.
On ne pouvait dans la perspective de "propositions pour un jardin" ignorer cet aspect devenu pittoresque au delà de ses fonctions pratiques. D'ailleurs il décide d'une esthétique qui lui est propre.

 


 
 
 

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